Littérature française et savoirs biologiques au XIXe siècle
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Littérature française et savoirs biologiques au XIXe siècle

Traduction, transmission, transposition

  1. 289 pages
  2. French
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Littérature française et savoirs biologiques au XIXe siècle

Traduction, transmission, transposition

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À propos de ce livre

Par la puissance métaphorique et la force de modélisation qu'ils revêtent, les savoirs biologiques et leurs représentations suscitent au XIX e siècle la fascination des écrivains. Ceux-ci y trouvent la source d'une nouvelle poésie, d'un imaginaire dépassant la logique positiviste, mais aussi des formes textuelles nouvelles, une poétique, voire une esthétique permettant de redéfinir l'idée du « beau ». Le présent volume étudie l'impact des savoirs biologiques sur la création littéraire du XIX e siècle, en se donnant trois objectifs: (1) étudier la diffusion et la réception des savoirs biologiques par les écrivains du XIX e siècle, en prêtant une attention particulière aux travaux étrangers majeurs en la matière; (2) analyser l'usage et les fonctions des savoirs biologiques dans les textes littéraires, leurs transformations sur le plan du contenu, de l'écriture et de la poétique, ce qui présuppose aussi l'identification des enjeux idéologiques de ces savoirs; (3) penser les rapports ou les décalages entre l'histoire des sciences et l'histoire de la littérature, qui tantôt rend compte de débats d'actualité, tantôt au contraire s'inscrit dans des savoirs plus anciens.

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Informations

Éditeur
De Gruyter
Année
2019
ISBN
9783110665963

III Exposition et réécriture des savoirs

Les Mémoires du baron Georges Cuvier (1833) de Mistress Lee : mémoires scientifiques, pacte biographique, ou réécriture des savoirs ?

Mary Orr
University of St Andrews
En 1833 paraissent simultanément à Paris, à Londres et à New York les Mémoires du baron Georges Cuvier publiés par Mistress Lee en français et en anglais.1 La bonne réception de cet ouvrage des deux côtés de l’Atlantique et de la Manche est liée à la réputation à la fois étendue et problématique de ce grand homme scientifique après sa mort en 1832, aussi bien qu’à l’autorité réputée de sa mémorialiste maintenant oubliée, Sarah Bowdich/Mistress R. Lee (1791–1856). Quoique l’importance de Cuvier dans l’histoire et le développement des sciences au Muséum national d’histoire naturelle parisien soit éclipsée en 1870 par ses successeurs à la chaire d’anatomie comparée, les mérites de ces Mémoires (version française) étaient toujours reconnus en cette période d’échec national. Cet ouvrage témoigne de la disparition parmi tant d’autres de leur traducteur en français, l’entomologiste renommé Théodore Lacordaire (1801–1870). Le fait que Charles Morren2 le biographe de Lacordaire lui attribue également leur rédaction, en raison de son autorité scientifique, tient à son rôle ambigu dans la production du texte d’après la page de titre dans l’édition Fournier [Figure 1]. Lacordaire occupait en 1830, sous Cuvier, un poste au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Il avait ainsi assisté de très près aux débats amers de 1830 concernant la célèbre « Querelle des Analogues » entre Cuvier et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire autour de la notion de fixité, ou de transformisme des espèces.3 La mort inattendue de Cuvier en 1832 tombe à la fin de cet échange amer et passionné, qui n’avait remporté aucune victoire pour lui, leur vainqueur supposé.
Figure 1: La page de titre de l’édition Fournier des Mémoires du baron Georges Cuvier (1833).
Ces faits divers et diversement bio(lo)graphiques soulignent l’importance du xixe siècle français comme le siècle de grandes révolutions politiques, sociales et scientifiques.4 Les débats importants concernant les formes de la vie biologique qu’incarnent la Querelle de 1830 et ses suites – comme par exemple le transformisme, l’adaptation, l’extinction, la tératologie, les origines humaines – signalent aussi un changement séismique de paradigmes scientifiques. La Vie avec une majuscule d’un biologiste éminent, ou d’un grand explorateur scientifique de cette période possède ainsi une valeur biographique supplémentaire, qui se distingue qualitativement d’une grande vie artistique par son objet. Le curriculum vitae scientifique exceptionnel, parce que voué à de nouvelles recherches de la biosphère, non seulement augmente les savoirs humains, mais les repense aussi plus radicalement et définitivement. Cependant, pour les détracteurs de Cuvier depuis 1832, c’est lui l’instigateur des classifications et théories intransigeantes et antirévolutionnaires – même s’il les a nommées « les révolutions du globe »5 – du fait qu’il avait mis en évidence plusieurs extinctions cataclysmiques expliquant les espèces sans semblables modernes. De la même manière dans ses fonctions politiques à l’Institut et au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, Cuvier était considéré comme l’obstacle principal au progrès et à l’évolution naturelle de la science moderne (transformiste), ainsi qu’aux carrières de ses chercheurs.
La mort d’un génie scientifique signalerait ainsi un tournant majeur, un état potentiel d’échec et de rupture, susceptible de mettre en marche un changement de paradigmes. La signification de la disparition inattendue de Cuvier en 1832 se voit peut-être le plus visiblement dans l’absence surprenante d’Éloge scientifique officiel en son honneur, ou prononcé lors de ses funérailles.6 Dans son rôle de Secrétaire perpétuel du Muséum national, Cuvier avait rédigé des rapports scientifiques annuels publics sur les découvertes et publications de ses collègues. Au moment du décès de l’un d’eux, il publiait l’Éloge scientifique qui rendait hommage à ce collègue et à ses contributions aux sciences naturelles.7 Son dernier Éloge publié avait célébré la vie scientifique de son antagoniste transformiste, Jean-Baptiste Lamarck (1744–1829). Cuvier, le maître de cette forme biographique scientifique, n’avait donc ni prédécesseur ni successeur, et ne reçut pas d’Éloge, quoiqu’il ait lui-même préparé d’avance le sien (qui ne fut pas utilisé).8 En l’absence d’un confrère mémorialiste parmi les chaires du Muséum, il fallut attendre 1834 pour que soit publié l’Éloge historique de Cuvier par son disciple, Jean Pierre Flourens (1794–1867).9 En imitant fidèlement le modèle et le titre officiel de son prédécesseur, son emploi de l’adjectif « historique » n’eut pour effet que de souligner davantage une forme générique en train de disparaître, voire dépassée, parce que privée de l’autorité scientifique que Cuvier lui avait conférée à son zénith.
L’absence de biographe officiel et de biographie nationale et internationale est pourtant comblée en 1833 par les Mémoires du baron Cuvier/Memoirs of Baron Cuvier de Mistress Lee. En France, cette publication à double portée ne fait que mettre en lumière l’embarras causé par Cuvier quant à la possibilité de le remplacer dans sa fonction de mémorialiste officiel du Muséum, mais aussi du fait de son statut de grand homme scientifique mondial et de cause célèbre nationale. Comment commémorer cette grande Vie scientifique sans parler de ses activités scientifiques, qui dans le cas de Cuvier dépassent les compétences d’amateur d’un biographe « historien des sciences » ? Comment aussi rendre hommage à ses rôles nationaux officiels quand on n’est pas Français ? Abordant directement ces deux sujets capitaux qu’incarne l’Éloge scientifique à la Cuvier – dont deux longues parties élaborent avec une lucidité rare l’importance des œuvres de Cuvier, et de ses rôles scientifiques administratifs – cet ouvrage de Lee représente un choc profond que nous considérons ici pour la première fois. Sa plume d’auteure étrangère lance un grand défi ouvertement caché à l’ordre fixe de la science établie et de ses pratiques, étant donné l’impossibilité pour une femme de faire figure d’autorité scientifique à l’époque.10 Comment Mistress Lee arrive-t-elle alors à écrire ce qui est l’Éloge officiel de Cuvier sous d’autres termes ? Et si elle imite par cette réécriture les genres du modèle paradigmatique de la biographie scientifique nationale, réussit-elle aussi à le transformer ?

1 Le modèle paradigmatique de la Vie scientifique : mémoires et pacte biographique

Pour l’histoire et la littérature des sciences du xixe siècle français, les figures et les formes principales qui inspirent les mémoires d’une grande Vie savante et sa représentation, sont doubles. Cuvier exemplifie le premier modèle : ce génie et grand fondateur de systèmes scientifiques novateurs opère principalement dans son laboratoire. Si l’anatomie comparée et la paléontologie lui sont dues, leur développement dépend des collections croissantes du Muséum national, qui arrivaient des quatre coins du monde. Le grand explorateur scientifique international, qui les fournissait et les enrichissait par ses nouvelles découvertes, constitue l’autre grand modèle exemplaire qu’incarne Alexandre de Humboldt. C’est à lui que l’on doit un certain nombre de paradigmes scientifiques nouveaux – la géographie des plantes, l’écologie et les connaissances relatives à des courants climatiques intercontinentaux entre autres – phénomènes qu’il avait observés au cours de ses voyages dans les régions équinoxiales et russes du globe. Ces deux hommes ont ainsi perfectionné les deux genres biographiques paradigmatiques de l’époque, présentant dans une sorte d’équivalence leur approche scientifique majeure et le mode empirique de communication de la vie savante. En ce qui concerne Cuvier, l’Éloge historique scientifique de ses pairs en France et à l’étranger rend aussi possible sa propre inscription à venir dans une « grande galerie » d’hommes scientifiques notables. Dans le cas de Humboldt, la rédaction de ses grands voyages scientifiques allait toujours de pair avec ses réflexions synthétiques géo-métaphysiques. Son Cosmos couronnera sa carrière vouée à la revendication de la Vie biogéographique, qui ne célèbre l’être humain qu’en tant qu’il pa...

Table des matières

  1. Title Page
  2. Copyright
  3. Contents
  4. Avant-propos
  5. Introduction
  6. I Traductions et transmissions
  7. II De la notion à la fiction
  8. III Exposition et réécriture des savoirs