Monsieur Lecoq - Volume2  L'honneur du nom
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Monsieur Lecoq - Volume2 L'honneur du nom

  1. 567 pages
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Monsieur Lecoq - Volume2 L'honneur du nom

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Le premier dimanche du mois d'aout 1815, a dix heures precises, - comme tous les dimanches, - le sacristain de la paroisse de Sairmeuse sonna les trois coups qui annoncent aux fideles que le pretre monte a l'autel pour la grand'messe.

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Informations

Éditeur
pubOne.info
Année
2010
ISBN
9782819909644
XXXI
Chupin avait perdu le sommeil, presque le boire, depuis ce matin funeste où il avait vu flamboyer, sur les murs de Montaignac, l'arrêté de M. le duc de Sairmeuse, promettant à qui livrerait Lacheneur, mort ou vif, une gratification de 20,000 francs.
L'odieuse provocation s'adressait à de telles âmes. – Vingt mille francs, répétait-il, d'un air sombre, vingt sacs de cent pistoles chaque, pleins à crever, de pièces de cent sous, où je puiserais à même comme un richard !... Ah ! je découvrirai Lacheneur, fût-il à cent pieds sous terre, je le dénoncerai et la toucherai la récompense !...
L'infamie du crime, le nom de traître et d'infâme qui lui en reviendrait, la honte et la réprobation qui en résulteraient pour lui et les siens ne l'arrêtèrent pas un instant.
Il ne voyait, il ne pouvait voir qu'une seule chose... la prime, le prix du sang...
Le malheur est qu'il n'avait pour guider ses recherches, aucun indice, même vague.
Tout ce qu'on savait à Montaignac, c'était que le cheval de M. Lacheneur avait été tué à la Croix-d'Arcy, on l'avait reconnu en travers de la route.
Mais on ignorait si M. Lacheneur avait été blessé ou s'il s'était tiré sain et sauf de la mêlée. Avait-il gagné la frontière ?... Était-il allé demander un asile à quelque fermier de ses amis ?...
Donc Chupin se «mangeait le sang,» selon son expression, quand le jour même du jugement, sur les deux heures et demie, comme il sortait de la citadelle après sa déposition, étant entré dans un cabaret, son attention fut éveillée par le nom de Lacheneur prononcé à demi-voix près de lui.
Deux paysans vidaient une bouteille, et l'un d'eux, d'un certain âge, racontait qu'il avait fait le voyage de Montaignac pour donner à Mlle Lacheneur des nouvelles de son père.
Il disait comment son gendre avait rencontré le chef du soulèvement dans les montagnes qui séparent l'arrondissement de Montaignac de la Savoie. Il précisait l'endroit de la rencontre, c'était dans les environs de Saint-Pavin-des-Grottes, un petit hameau de quelques feux.
Certes, ce brave homme ne croyait pas commettre une dangereuse indiscrétion. À son avis, sans doute, Lacheneur, si près de la frontière, pouvait être considéré comme hors de tout danger.
En quoi il se trompait.
Du côté de la Savoie, la frontière était entourée d'un cordon de carabiniers royaux, – gendarmes du Piémont, – qui, ayant reçu des ordres, fermaient aux conjurés tous les défilés praticables.
Franchir la frontière présentait donc les plus grandes difficultés, et encore, de l'autre côté, on pouvait être recherché, arrêté et emprisonné, en attendant les brèves formalités de l'extradition.
Avec cette promptitude de coup d'œil, trop souvent départie à des scélérats, Chupin jugea ses avantages et comprit tout le parti qu'il pouvait tirer du renseignement.
Mais il n'y avait pas une seconde à perdre.
Il jeta une pièce blanche dans le tablier de la cabaretière, et sans attendre sa monnaie il courut jusqu'à la citadelle, entra au poste et demanda au sergent une plume et du papier...
Le vieux maraudeur, d'ordinaire, écrivait péniblement; ce jour-là, il ne lui fallut qu'un tour de main pour tracer ces quatre lignes: «Je connais la retraite de Lacheneur, et prie Monseigneur d'ordonner que quelques soldats à cheval m'accompagnent pour le saisir. «CHUPIN.»
Ce billet fut remis à un homme de garde avec prière de le porter au duc de Sairmeuse, qui présidait la commission militaire.
Cinq minutes après, le soldat reparut, rapportant le billet...
En marge, le duc de Sairmeuse avait écrit de mettre à la disposition de Chupin, un sous-officier et huit hommes, choisis parmi les chasseurs de Montaignac dont on était sûr, et qu'on ne soupçonnait pas, comme tout le reste de la garnison, d'avoir fait des vœux pour le succès du soulèvement...
Le vieux maraudeur avait demandé un cheval de troupe, on lui en accorda un... Il l'enfourcha d'une jambe nerveuse, et prenant la tête du petit peloton, il partit au galop, en cavalier qui sait avoir sa fortune sous les fers de sa bête...
De ce billet, venait l'air triomphant du duc de Sairmeuse, quand il entra brusquement dans le salon où Marie-Anne et Martial négociaient déjà l'évasion du baron d'Escorval.
C'est parce qu'il avait pris à la lettre les promesses en vérité fort hasardées de son espion, qu'il s'était écrié dès la porte: – Par ma foi !... il faut convenir que ce Chupin est un limier incomparable !... Grâce à lui...
Alors, il avait aperçu Mlle Lacheneur et s'était arrêté court...
Ni Martial ni Marie-Anne, malheureusement, n'étaient dans une situation d'esprit à remarquer la phrase et l'interruption.
Questionné, M. le duc de Sairmeuse eût peut-être laissé échapper la vérité, et très-probablement M. Lacheneur eût été sauvé.
Mais il est de ces malheureux qui semblent poursuivis par une destinée fatale qu'ils ne sauraient fuir...
Renversé sous son cheval, après une mêlée furieuse, M. Lacheneur avait perdu connaissance...
Lorsqu'il revint à lui, ranimé par la fraîcheur de l'aube, le carrefour était désert et silencieux. Non loin de lui, il aperçut deux cadavres qu'on n'était pas encore venu relever.
Ce fut un moment affreux, et du plus profond de son âme, il maudit la mort qui avait trahi ses suprêmes désirs.
S'il eût eu une arme sous la main, sans nul doute il eût mis fin, par le suicide, aux plus cruelles tortures morales qu'il soit donné à un homme d'endurer... mais il était désarmé.
Force lui était donc d'accepter le châtiment de la vie qui lui était laissée...
Peut-être aussi, la voix de l'honneur lui cria-t-elle que se soustraire par la mort à la responsabilité de ses actes est une insigne lâcheté... Si irréparable que paraisse le mal qu'on a fait, il y a toujours à réparer.
Enfin ne se devait-il pas à sa fille, si misérablement sacrifiée !... Avant tout, il devait se retirer de dessous le cadavre de son cheval, et sans aide, ce n'était pas chose facile; outre que son pied était resté engagé dans l'étrier, tous ses membres étaient à ce point engourdis qu'à grand'peine il parvenait à se mouvoir.
Il se dégagea cependant, et, s'étant dressé, il s'examina et se palpa...
Lui qui eût dû être tué dix fois, il n'avait d'autre blessure qu'un coup de baïonnette à la jambe, une longue éraflure qui, partant du coup de pied, remontait jusqu'au genou.
Telle quelle, cette blessure le faisait beaucoup souffrir, et il se baissait pour la bander avec son mouchoir, lorsqu'il entendit sur la route un bruit de pas...
Il n'y avait pas à hésiter; il se jeta dans les bois qui sont sur la gauche de la Croix-d'Arcy...
C'étaient des soldats qui regagnaient Montaignac, après avoir poursuivi le gros des conjurés pendant plus de trois lieues, la baïonnette dans les reins.
Ils pouvaient être deux cents, et ramenaient des prisonniers, une vingtaine de pauvres paysans, attachés deux à deux par les poignets, avec des lanières de cuir coupées aux fourniments.
Blotti derrière un gros chêne, à moins de quinze pas de la route, Lacheneur reconnut, aux premières clartés du jour, quelques-uns de ces prisonniers...
Comment ne fut-il pas découvert lui-même ?... Ce fut une grande chance.
Il échappa à ce danger, mais il comprit combien il lui serait difficile du gagner la frontière, sans tomber au milieu d'un de ces détachements qui sillonnaient le pays, observant les routes, battant les bois, fouillant les fermes et les villages.
Cependant, il ne désespéra pas.
Deux lieues à peine le séparaient des montagnes, et il croyait fermement qu'il serait à l'abri de toutes les poursuites aussitôt qu'il aurait atteint les premières gorges.
Il se mit donc courageusement en route...
Hélas, il avait compté sans les fatigues exorbitantes des jours précédents qui maintenant l'écrasaient, sans sa blessure dont il ne pouvait arrêter le sang...
Il avait arraché un échalas à une vigne, et s'en servant en guise de béquille, il se traînait plutôt qu'il ne marchait, restant sous bois tant qu'il pouvait, et rampant le long des haies et au fond des fossés quand il avait à traverser un espace découvert. À tant de souffrances physiques, aux plus cruelles angoisses morales, un supplice venait se joindre, plus douloureux de moment en moment: la faim.
Il y avait trente heures qu'il n'avait rien pris et il se sentait défaillir de besoin.
Bientôt, la torture devint si intolérable, qu'il se sentit prêt à tout braver pour y mettre un terme. À une portée de fusil, il apercevait les toits d'un petit hameau; il résolut de s'y rendre, projetant de pénétrer dans la première maison par le jardin...
Il approchait, il arrivait à un petit mur de clôture en pierres sèches, quand il entendit un roulement de tambour...
Instinctivement il s'aplatit derrière le petit mur.
Mais ce n'était qu'un de ces «bans» comme en battent les crieurs de village pour amasser le monde.
Aussitôt après une voix s'éleva, claire et perçante, qui arrivait très-distincte à M. Lacheneur.
Elle disait: «C'est pour vous faire assavoir que les autorités de Montaignac promettent de donner une récompense de vingt mille livres – vous m'entendez bien, vous autres, je dis deux mille pistoles ! – à qui livrera le nommé Lacheneur, mort ou vif. Vous comprenez, n'est-ce pas ?... Il serait mort que la gratification serait la même: vingt mille francs !... On paiera comptant... en or.»
D'un bond, Lacheneur s'était dressé, fou d'épouvante et d'horreur...
Lui qui s'était cru à bout d'énergie, il trouva des forces surnaturelles pour courir, pour fuir...
Sa tête était mise à prix... Cette horrible pensée le transportait de cette frénésie, qui, à la fin, rend si redoutables les bêtes traquées.
De tous les villages, autour de lui, il lui semblait entendre monter des roulements de tambour et la voix du crieur publiant l'infâme récompense.
Où aller, maintenant, qu'il était comme un vivant appât offert à la trahison et à la cupidité !... À quelle créature humaine se confier !... À quel toit demander un abri !...
Et mort, il vaudrait encore une fortune.
Quand il serait tombé d'inanition et d'épuisement sous quelque buisson, quand il y serait crevé comme un chien après la lente agonie de la faim, son corps vaudrait toujours vingt mille francs.
Et celui qui trouverait son cadavre se garderait bien de lui donner la sépulture.
Il le chargerait sur une charrette et le porterait à Montaignac.
Il irait droit aux autorités et dirait: «Voici le corps de Lacheneur... comptez l'argent de la prime !...»
Combien de temps et par quels chemins marcha ce malheureux, lui-même n'a pu le dire.
Mais sur les deux heures, comme il traversait les hautes futaies de Charves, ayant aperçu deux hommes qui s'étaient levés à son approche et qui fuyaient; il les appela d'une voix terrible: – Eh ! vous autres !... voulez-vous mille pistoles chacun ?... Je suis Lacheneur.
Ils revinrent sur leurs pas en le reconnaissant, et lui-même reconnut deux des conjurés, des métayers dont les familles étaient aisées et qu'il avait eu bien de la peine à enrôler.
Ces hommes avaient un demi-pain dans un bissac et une gourde pleine d'eau-de-vie. – Prenez... dirent-ils au pauvre affamé.
Ils s'étaient assis près de lui, sur l'herbe, et pendant qu'il mangeait, ils lui disaient leurs infortunes. Ils avaient été signalés, on les recherchait, leur maison était pleine de soldats. Mais ils espéraient gagner les États sardes, grâce à un guide qui les attendait à un endroit convenu...
Lacheneur leur tendit la main. – Je suis donc sauvé, dit-il. Faible et blessé comme je le suis, je périssais si je restais seul...
Mais les deux métayers ne prirent pas la main qui leur était tendue. – Nous devrions vous abandonner, dit le plus jeune d'un air sombre, car c'est vous qui nous perdez, qui nous ruinez... Vous nous avez trompés, monsieur Lacheneur !...
Il n'osa pas protester, tant le juste sentiment de ses fautes l'écrasait. – Bast !... qu'il vienne tout de même, fit l'autre paysan, avec un regard étrange.
Ils partirent, et le soir même, après neuf heures de marche, dont cinq de nuit, à travers les montagnes, ils franchirent la frontière...
Mais cette longue route ne s'était pas faite sans d'amers reproches, sans les plus cruelles récriminations.
Pressé de questions par ses compagnons, l'esprit affaissé comme le corps, Lacheneur avait fini par reconnaître l'inanité des promesses dont il enflammait ses complices. Il reconnut qu'il avait dit que Marie-Louise, le roi de Rome et tous les maréchaux de l'Empire devaient se trouver à Montaignac, et c'était là un monstrueux mensonge. Il confessa qu'il avait donné le signal du soulèvement sans chance de succès, sans moyens d'action, en s'en remettant presque au hasard. Enfin, il avoua qu'il n'y avait de réel que sa haine, la haine implacable qu'il avait vouée aux Sairmeuse...
Dix fois pendant ces terribles aveux, les paysans qui soutenaient la mar...

Table des matières

  1. SECONDE PARTIE
  2. I
  3. II
  4. III
  5. IV
  6. V
  7. VI
  8. VII
  9. VIII
  10. IX
  11. X
  12. XI
  13. XII
  14. XIII
  15. XIV
  16. XV
  17. XVI
  18. XVII
  19. XVIII
  20. XIX
  21. XX
  22. XXI
  23. XXII
  24. XXIII
  25. XXIV
  26. XXV
  27. XXVI
  28. XXVII
  29. XXVIII
  30. XXIX
  31. XXX
  32. XXXI
  33. XXXII
  34. XXXIII
  35. XXXIV
  36. XXXV
  37. XXXVI
  38. XXXVII
  39. XXXVIII
  40. XXXIX
  41. XL
  42. XLI
  43. XLII
  44. XLIII
  45. XLIV
  46. XLV
  47. XLVI
  48. XLVII
  49. XLVIII
  50. XLIX
  51. L
  52. LI
  53. LII
  54. LIII
  55. LIV
  56. LV
  57. Copyright