TroisiĂšme partie Chapitre 11
FRATERNITĂ
Gurratan et moi formions tout un duo quand on est allĂ©s lâinscrire Ă sa nouvelle Ă©cole secondaire, dans une Mercedes noire. Dead Prez sortait de mes haut-parleurs de voiture, jâavais adoptĂ© un style inspirĂ© du hip-hop du dĂ©but des annĂ©es 2000, et je portais la barbichette, un pantalon de jogging lĂ©gĂšrement ample et un t-shirt gris ajustĂ©. Gurratan dĂ©couvrait sa propre identitĂ©, dĂ©veloppant un style possiblement inspirĂ© du mien, mais par rapport auquel il Ă©tait beaucoup plus confiant que moi je lâĂ©tais, Ă son Ăąge. Notre diffĂ©rence dâĂąge avait sans doute peu de sens pour quiconque y aurait portĂ© attention. On est sortis de la voiture. Jâai marchĂ© vers les portes bleu acier en tentant de dĂ©gager de la confiance. Gurratan mâa regardĂ© dâun air sceptique.
â Tu sais ce que tu fais?
â Ă quel point ça peut ĂȘtre difficile dâinscrire quelquâun Ă lâĂ©cole? ai-je dit.
On a montĂ© les escaliers et marchĂ© dans les couloirs dĂ©corĂ©s des chansons thĂšmes de lâĂ©cole composĂ©es de lettres en forme de bulles. On est arrivĂ©s Ă une porte ouverte sous un Ă©criteau indiquant BUREAU. Jâai regardĂ© mon frĂšre et jâai vu quâil Ă©tait Ă lâaise et emballĂ© : il avait assurĂ©ment hĂąte Ă ce nouveau dĂ©part. Jâai souri Ă lâidĂ©e de le voir sâĂ©panouir.
â Jagmeet Singh Dhaliwal, ai-je dit, me prĂ©sentant Ă lâadministratrice. Et voici mon frĂšre, Gurratan.
Lâadministratrice mâa regardĂ©, puis lui, puis moi de nouveau.
â EnchantĂ©e de vous rencontrer tous les deux, a-t-elle dit. Ătes-vous dâanciens Ă©lĂšves, Gou⊠Zut, je suis dĂ©solĂ©e, vos noms encore?
â Gu-ra-tann, a dit mon frĂšre.
â Et Jagmeet. Ăa se prononce jog-meet, ai-je dit. Gurratan a 15 ans, il vient dâarriver de Windsor. Jâaimerais lâinscrire en onziĂšme annĂ©e pour septembre.
Elle a imprimĂ© un formulaire et lâa placĂ© sur un porte-bloc pour que je le remplisse avec le nom de Gurratan, son numĂ©ro dâassurance sociale et tout le reste. Ă la surprise de mon frĂšre, jâĂ©tais prĂ©parĂ©. Jâai signĂ© mon nom sur la ligne au-dessus du mot tuteur.
Sur le chemin du retour, jâai passĂ© en revue notre arrangement.
â On tâa inscrit Ă lâĂ©cole, ai-je dit. Ăa fait ça de moins sur la liste de choses Ă faire.
â Quâest-ce quâil y a dâautre sur cette liste?
â Jâai promis Ă maman que tu ferais tes devoirs, que tu irais Ă lâĂ©cole, que tu serais bien nourri et que tu rĂ©ussirais Ă lâĂ©cole.
â Pour lâinstant, concentrons-nous sur me nourrir, a dit Gurratan. Je meurs de faim.
Quand on est rentrĂ©s au condo, jâai disposĂ© le dĂźner sur lâĂźlot de cuisine dans des plats de service. Gurratan sâest assis sur un tabouret et sâest servi plusieurs grosses cuillerĂ©es de dhal, de roti et de riz dans son assiette. Un autre Ă©lĂ©ment de rayĂ© de la liste, ai-je pensĂ©, savourant mon sentiment dâaccomplissement. Ăa va ĂȘtre facile.
« Il en reste dâautre? » a demandĂ© Gurratan devant son assiette vide.
Je suis descendu de mon nuage. « Tâes sĂ©rieux? »
PremiĂšre leçon du mĂ©tier de tuteur : rien ne peut vous prĂ©parer Ă vous occuper dâun adolescent en pleine croissance. Gurratan Ă©tait insatiable. Jâappelais constamment ma mĂšre pour quâelle me partage des recettes. Je suivais ses instructions et je faisais dâĂ©normes sautĂ©s, vĂ©ritables montagnes dans la poĂȘle, pour ensuite voir Gurratan nâen faire quâune bouchĂ©e. Il ne laissait aucun restant pour les lunchs du lendemain et, aprĂšs la plupart des repas, il avait encore besoin de fouiller dans le garde-manger pour satisfaire son appĂ©tit.
Par la suite, ma formation en biologie sâest rĂ©veillĂ©e et jâai trouvĂ© une solution : les pĂątes. Mais, pas nâimporte lesquelles â les pĂątes les plus complĂštes, les plus riches en glucides et en protĂ©ines que lâon puisse imaginer. Rigatoni de blĂ© entier, morceaux de tofu, blocs de beurre. Je faisais fondre le mozzarella directement dans la sauce tomate, jây ajoutais des oignons et de lâail sautĂ©s, puis je garnissais chaque assiette dâun autre monticule de fromage. Ăa lâassommait.
Heureusement, on a vite eu beaucoup de soutien de la part de maman. Elle nous rendait visite toutes les quelques semaines pour prendre des nouvelles, et remplissait notre congĂ©lateur de repas. Une fois, la grand-mĂšre dâune amie de Gurratan, une sympathique Polonaise, nous a fait ce qui semblait ĂȘtre assez de pierogis pour un an, Ă un prix trĂšs raisonnable. Et certains amis pendjabis de Gurratan nous envoyaient des plats quâon mettait au frigo. Manjot vivait aussi Ă London maintenant, et elle mâaidait Ă mâoccuper de Gurratan. Elle mĂ©ritait toutefois dâavoir son espace pour dĂ©couvrir et profiter de son indĂ©pendance comme jâavais pu le faire. Je sentais quâen tant quâaĂźnĂ©, jâĂ©tais responsable de prendre soin de mon frĂšre.
Le pendjabi rĂ©sume en un mot lâexpression « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. » : sangat. LâidĂ©e est que lâon devient notre sangat. Heureusement, Gurratan en avait un solide, une clique de camarades de classe avec de bonnes tĂȘtes sur les Ă©paules. Ils sortaient, sâamusaient et finissaient souvent chez nous, mais ils ne faisaient jamais rien qui me prĂ©occupait. Gurratan Ă©tait toujours le bienvenu chez ses amis, dont les parents le chouchoutaient comme un fils.
Comme Gurratan Ă©tait digne de confiance, jâai peut-ĂȘtre eu le rĂ©flexe de lui donner trop de libertĂ©. Mais câĂ©tait de cette façon que jâavais Ă©tĂ© Ă©levĂ©. Je savais quâil avait de bonnes valeurs et jâĂ©tais certain de pouvoir lui faire confiance, jâĂ©tais donc plutĂŽt dĂ©tendu. Peut-ĂȘtre un peu trop, quand il sâagissait de lâĂ©cole, par contre.
Je me souviens de mâĂȘtre rĂ©veillĂ© Ă onze heures un matin et dâavoir trouvĂ© Gurratan en train de manger des cĂ©rĂ©ales devant la tĂ©lĂ©.
â Yo, quâest-ce que tu fais encore ici? ai-je demandĂ©.
â Jâai pas envie dâaller Ă lâĂ©cole, a-t-il dit.
â Tâes malade?
â Non, jâai juste pas envie dây aller.
â Tâes sĂ»r?
â Ouais, a-t-il dit.
Jâai pris une pause, essayant de rĂ©flĂ©chir Ă comment rĂ©pondre. Je nâavais pas vraiment Ă©tabli un bon modĂšle. Moi-mĂȘme, ce nâĂ©tait pas ma force dâassister Ă mes propres cours, surtout ceux du matin.
â OK, ai-je enfin dit, mais assure-toi dâavoir fait tes devoirs et dâĂȘtre prĂ©parĂ© pour les tests Ă venir.
Mon attitude détendue était en partie le fruit de mon « style parental », et en partie due au fait que je voulais que Gurratan passe du bon temps aprÚs ses moments difficiles à Windsor.
Mon rĂŽle parental non conventionnel comprenait aussi lâexposition Ă mes amis, qui venaient rĂ©guliĂšrement chez nous. Mes amis Ă©tudiaient dans diffĂ©rents domaines : certains en biologie humaine en annĂ©e prĂ©paratoire de mĂ©decine, dâautres en ingĂ©nierie, en programmation informatique ou en philosophie. On parlait dâun sujet ou dâun autre et Gurratan Ă©coutait, comme une Ă©ponge. Plus tard, quand il Ă©tait Ă lâuniversitĂ©, jâai constatĂ© que lâavoir exposĂ© Ă toutes ces discussions allait me coĂ»ter cher; encore aujourdâhui, nos querelles sur la sĂ©mantique et les erreurs logiques ou nos dĂ©bats hypothĂ©tiques peuvent rapidement vider une piĂšce.
MalgrĂ© quelques erreurs et grasses matinĂ©es, je me suis engagĂ© Ă enseigner de saines habitudes Ă Gurratan et Ă faire de lui un jeune homme confiant. Je lui ai appris des techniques dâautodĂ©fense dans le stationnement et je lui ai montrĂ© Ă soulever des poids. Je lâai emmenĂ© magasiner pour mâassurer que son apparence reflĂ©tait sa confiance intĂ©rieure, et je lui ai montrĂ© comment attacher ses cheveux pour le sport. Jâaimais pouvoir partager mes passions avec mon petit frĂšre, et chaque jour nous rapprochait. Mais certaines choses Ă©taient plus difficiles Ă enseigner.
â Au fait, il y a une danse Ă lâĂ©cole la semaine prochaine, a dit Gurratan, un soir.
â Ăâa lâair le fun, ai-je dit.
Gurratan mâa regardĂ© en silence jusquâĂ ce que je mâen rende compte.
â Attends, Gurratan, tu sais danser?
â Pas vraiment, a-t-il dit.
â Câest quel genre de danse?
â Le genre oĂč je pourrais danser tout seul ou peut-ĂȘtre avec dâautre monde.
â Quel genre de danse avec dâautre monde?
â Genre un slowâŠ, a-t-il dit timidement.
â Oh, ai-je dit en souriant. Jâimagine quâon ferait bien de tâapprendre Ă danser un slow.
On a tassĂ© la table basse sur le cĂŽtĂ© pour faire de la place dans le salon, et jâai mis une chanson de Mary J. Blige.
â Je vais te montrer comment diriger, ai-je dit.
HĂ©sitant, jâai mis mes mains sur ses hanches et je lui ai dit de me prendre par les Ă©paules. On sâest retrouvĂ©s dans un two-step maladroit.
â ArrĂȘte de regarder tes pieds, ai-je dit.
â Je suis pas capable, sâest-il plaint.
â Regarde-moi, ai-je ordonnĂ©.
Il a levĂ© la tĂȘte. Pendant un bref instant, on sâest regardĂ©s dans les yeux, avant dâĂ©clater de rire. Impossible quâil prenne ça au sĂ©rieux en me regardant dans les yeux.
â OK, peut-ĂȘtre pas. Regarde le mur, mais essaie quand mĂȘme de sentir le rythme. Laisse-moi diriger pour te faire une idĂ©e et Ă la prochaine chanson, ce sera ton tour.
â Je pense pas pouvoir passer Ă travers une autre chanson.
Au mĂȘme moment, on a laissĂ© retomber nos bras et on a ri.
â Ăa marche pas, ai-je conclu.
â Pas vraiment, a dit Gurratan.
â Jâai une idĂ©e, ai-je dit en prenant le tĂ©lĂ©phone.
â Tâappelles qui? a-t-il demandĂ©.
â Une experte, ai-je dit.
Quelques heures plus tard, mon amie de lâuniversitĂ© est arrivĂ©e Ă la rescousse. Mon frĂšre la connaissait, donc il Ă©tait Ă lâaise avec elle, et en prime, câĂ©tait une grande danseuse. Je suis parti faire quelques courses et chercher Ă manger avec Jugnu. Quand je suis rentrĂ© chez moi, Gurratan menait le two-step comme sâil lâavait inventĂ©. Ă la moitiĂ© de la chanson, il mâa fait signe que tout allait bien.
Jâai comptĂ© sur la gĂ©nĂ©rositĂ© de nombreux dâamis qui se sont impliquĂ©s et ont veillĂ© sur Gurratan comme sâil Ă©tait leur petit frĂšre. Peu importe ce dont il avait besoin â se faire reconduire Ă lâĂ©cole, de lâaide avec ses devoirs â, je savais que je pouvais appeler nâimporte quel ami et quelquâun de notre groupe serait lĂ pour nous. Notre appartement Ă©tait un peu comme une maison de jeunes. Les tĂ©lĂ©phones cellulaires nâĂ©taient pas encore courants, donc la plupart du temps, nos amis passaient Ă lâimproviste et, trop paresseux pour marcher jusquâĂ la sonnette de lâautre cĂŽtĂ© de lâimmeuble, ils criaient nos noms sous le balcon pour quâon les laisse entrer par la porte arriĂšre.
Lâun dâeux, Amneet Singh, un ami proche de mon frĂšre, Ă©tait un garçon de quatorze ans Ă lâesprit vif et involontairement drĂŽle. Je nâoublierai jamais le jour oĂč je lâai rencontrĂ© chez sa famille Ă London, quelques annĂ©es avant dâemmener Gurratan vivre avec moi.
â Câest quoi ta verticale? mâa-t-il demandĂ© quand jâai enlevĂ© mes chaussures.
Je lâai regardĂ©, ce garçon dont le patka mâarrivait Ă peine au menton, qui me fixait avec lâexpression la plus sincĂšre.
â Ma quoi?
â Ă quelle hauteur tu peux sauter? a-t-il demandĂ©.
â Pourquoi cette question?
â Tu joues au basket? a demandĂ© Amneet.
â Des fois, ai-je dit.
â Cool, a-t-il dit.
Et il est parti.
Je nâaurais jamais imaginĂ© que ce garçon me pousserait un jour Ă me lancer en politique et deviendrait mon premier conseiller de campagne. Ă lâĂ©poque, je nâaurais jamais imaginĂ© devenir un politicien. En fait, je ne savais plus ce que je voulais faire.
Alors que le compte Ă rebours du vingtiĂšme siĂšcle sâachevait, mon parcours professionnel semblait lointain. Pendant la plus grande partie de ma vie, jâavais prĂ©vu devenir mĂ©decin, mais maintenant, je nâĂ©tais plus certain, mĂȘme si jâĂ©tais toujours fascinĂ© par le corps humain et la guĂ©rison. Ă ma derniĂšre annĂ©e de baccalaurĂ©at, je devais faire un choix quant Ă mon cheminement professionnel. Je ne me suis toutefois pas laissĂ© stresser par cette dĂ©cision. Jâavais bien dâautres soucis que lâĂ©cole et ma carriĂšre.
* * *
Quelques mois plus tard, mon frĂšre, ma sĆur et moi avons cĂ©lĂ©brĂ© lâarrivĂ©e du nouveau millĂ©naire Ă Brampton avec ma famille, rĂ©unis chez mon cousin Sharanjeet.
Le pĂšre de Sharanjeet, Baljinder Singh, mon mama-ji (oncle maternel), est arrivĂ© tĂŽt dans la soirĂ©e pour le souper. Baljinder Ă©tait chauffeur de taxi et, comme pour beaucoup dâautres immigrants rĂ©cents qui ont fait de la conduite leur gagne-pain, câĂ©tait difficile de le faire prendre une pause de son emploi. Chaque heure sans compteur Ă©tait une heure sans revenu. Ce soir-lĂ , il sâest vite mis Ă faire les cent pas quand la table a Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©e. Peu de temps aprĂšs, il a annoncĂ© quâil partait Ă la recherche de passagers. Son frĂšre cadet, Satnam, a rechignĂ©.
â Yâa rien Ă faire aujourdâhui, tout le monde se repose Ă la maison. Relaxe.
â Yâa toujours du travail, a dit Baljinder.
Il a mis son manteau et est parti dans son taxi. Quand le téléphone a sonné quelques heures plus tard, Satnam a quitté la piÚce pour y répondre. Il est revenu dans le salon le teint vert :
â Baljinder est blessĂ©, a-t-il dit.
â Quâest-ce qui sâest passĂ©? a dit Sharanjeet en se levant.
â Il sâest fait dĂ©valiser, a dit Satnam. Ils lâemmĂšnent Ă lâhĂŽpital.
On a tous sautĂ© dans nos voitures vers lâhĂŽpital. Quand on est arrivĂ©s, mon oncle Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©, laissant dans le deuil sa femme et ses deux fils.
Au cours des heures qui ont suivi, on a Ă©tĂ© mis au courant des horribles circonstances qui ont causĂ© sa mort. Baljinder nâavait pas seulement Ă©tĂ© cambriolĂ©. Peu de temps aprĂšs avoir quittĂ© la maison, il a embarquĂ© deux passagers, des hommes de 18 et 19 ans, et a Ă©tĂ© poignardĂ© Ă plusieurs reprises au cou et aux Ă©paules aprĂšs sâĂȘtre fait voler tout lâargent quâil avait. Ce nâĂ©tait probablement pas plus de 100 $, peut-ĂȘtre mĂȘme aussi peu que 25 $. On lâa laissĂ© se vider de son sang dans une partie dĂ©serte de la ville. Baljinder a rĂ©ussi Ă remonter dans la voiture et Ă se rendre Ă une pizzeria, oĂč il a alertĂ© les passants. Mais câĂ©tait trop tard.
Plus tĂŽt cette semaine-lĂ , lors dâun incident non reliĂ©, un immigrant afghan â un ancien mĂ©decin qui subvenait aux besoins de sa famille au Canada en conduisant un taxi â sâĂ©tait fait trancher la gorge et Ă©tait mort au bout de son sang, dans son auto. Les dizaines de chauffeurs de taxi prĂ©sents aux funĂ©railles de mon oncle connaissaient trop bien cette violence. Plusieurs ont dâailleurs pris le micro pour condamner les trĂšs nombreuses attaques contre eux, rarement reconnues. Lâanglais des chauffeurs Ă©tait imparfait, mais leur indignation Ă©tait sans Ă©quivoque. Ils en avaient assez que la police et le grand public traitent la violence faite aux chauffeurs de taxi comme Ă©tant un danger courant inhĂ©rent Ă lâemploi. Ils avaient le sentiment quâen tant que personnes Ă la peau brune, quâen tant quâimmigrants, leur vie avait moins de valeur.
La nuit oĂč mon oncle a Ă©tĂ© tuĂ©, Gurratan, Manjot et moi avons dormi dans le sous-sol de la maison de Sharanjeet, pour les consoler, sa famille et l...