La vague nationale des années 1968
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La vague nationale des années 1968

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Les «?années 1968?» se caractérisent par une forte résurgence des nationalismes minoritaires, des régionalismes protestataires et des aspirations autochtones dans le monde occidental – de la Bretagne au Québec en passant par la Catalogne, le Pays de Galles, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Cet ouvrage passe en revue des cas parmi les plus représentatifs ainsi que des exemples moins connus, s'attardant à la chronologie, aux causes et aux conséquences du renouveau nationaliste de la période. Cette collection d'essais s'inscrit dans un horizon international et les cas abordés permettent, à partir du particulier, d'éclairer la dynamique globale à l'œuvre.
Plusieurs hypothèses y sont avancées. Les profonds changements socioculturels provoqués par les Trente Glorieuses obligent les groupes sociaux et les individus à réinterroger leur environnement dès lors qu'ils quittent la reproduction de l'existant. De plus, l'influence interne des luttes décolonisatrices et anti-impérialistes fragilise l'État-nation et offre un nouveau répertoire discursif. Enfin, l'impact cognitif des luttes sociales des années 1960-1970 autour de la «?nouvelle gauche?» et de l'esprit contestataire, symbolisé par l'année 1968, prépare la voie à une transformation idéologique sans précédent.
Ce livre propose une analyse historiographique des «?années 1968?» dans toutes leurs dimensions (politique, socio-économique, culturelle), en même temps qu'une réflexion théorique et sociologique sur la dynamique et la coloration des revendications nationalistes et régionalistes.
Voici la première étude comparative d'envergure internationale à jeter un éclairage sur la simultanéité de ces résurgences revendicatrices à caractère nationalitaire.
Publié en français.

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Informations

CHAPITRE 1

Le réveil des nationalismes minoritaires dans les années 1968 : analyse d’une « vague » nationale

Tudi KERNALEGENN,
Université catholique de Louvain
Constructions sociales récentes, les nations et les aspirations et imaginaires nationalistes qui les façonnent ne sont pas apparus simultanément sur l’ensemble de la planète. Comme le suggère Benedict Anderson 1, les revendications nationalistes sont largement cycliques, et semblent fonctionner par « vagues », qui se caractérisent par une temporalité relativement restreinte, une identité idéologique similaire et une géographie particulière. Quatre vagues principales scandent l’histoire de l’émergence des nations modernes.
La première vague nationale pour Benedict Anderson, qu’il qualifie d’« ère des pionniers créoles », est celle qui aboutit à l’indépendance des États d’Amérique latine au début du XIXe siècle, par le biais des guerres d’indépendance en Amérique du Sud (entre 1808/1810 et 1825/1833). Cette vague s’inscrit largement dans la dynamique des révolutions de la fin du XVIIIe siècle à plus d’un titre : sur le plan conjoncturel, les nations qui en sont issues tirent profit de l’invasion de l’Espagne par les armées napoléoniennes en 1808 pour s’émanciper de la métropole ; sur les plans structurel et idéologique, elles s’inspirent fortement du processus d’indépendance des États-Unis et de la dynamique idéologique de la Révolution française 2.
La deuxième vague, déclenchée par le « printemps des peuples » autour de 1848, est probablement la plus déterminante pour les nations sans État d’Europe, caractérisée par la « redécouverte » des cultures populaires (du Kalevala finnois au Barzaz Breiz breton) puis par l’émergence des revendications nationales dans toute l’Europe 3. Une double dynamique centripète (constitution de l’Italie et de l’Allemagne, politiques uniformisantes de la IIIe République française à partir des années 1870, etc.) et centrifuge (émergence de velléités autonomistes puis indépendantistes en Hongrie, Irlande, Norvège ou encore Roumanie) 4 est à l’œuvre qui voit notamment l’implosion des Empires, dont les composantes aspirent à se constituer en États-nations, et l’affirmation d’un principe des nationalités basé tout particulièrement sur un argument de valorisation politique et sociale des spécificités culturelles. La conclusion, l’aboutissement, de cette vague est à bien des égards les traités de Versailles (1919), de Saint-Germain-en-Laye (1919) et du Trianon (1920), qui consacrent le principe des nationalités et aboutissent à la création de nombreux nouveaux États en Europe centrale et de l’Est, sur les décombres, tout particulièrement, de l’Autriche-Hongrie.
La troisième vague est constituée des mouvements de décolonisation qui, affirmant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, usant d’une rhétorique largement inspirée du champ discursif de la nation, aboutissent à ce qu’entre 1947 et 1963 la majeure partie des anciennes colonies d’Afrique et d’Asie obtient l’indépendance. Produits des frontières coloniales, aucun des nouveaux États n’est homogène ethniquement, incitant les nouveaux dirigeants à se lancer dans une politique de nation-building, ce qui n’est pas sans provoquer certaines tensions, notamment au Zaïre, avec la sécession du Katanga (1960-1963), et au Nigeria, avec la guerre du Biafra (1967-1970) 5.
Une quatrième vague enfin, à partir de 1985-1989, est provoquée par la glasnost puis la crise du bloc communiste qui aboutit à l’éclatement de l’URSS et de la Yougoslavie en 1991 puis à la partition de la Tchécoslovaquie en 1992. Dynamisée notamment par « l’éveil » des pays baltes, qui les premiers prennent leur indépendance 6, cette vague se caractérise par des processus indépendantistes très rapides, bien que nombre des conflits nationaux qui en sont issus perdurent.
Une « vague » toutefois semble largement négligée par la littérature scientifique : le réveil des nations périphériques des années 1960 et 1970. Les études monographiques ne manquent certes pas, mais il n’existe que peu de réflexions globales et comparatives 7 permettant de comprendre pourquoi, au même moment, se produit la Révolution tranquille au Québec, le nouveau dynamisme des revendications nationalitaires en Europe occidentale (Bretagne, Catalogne, Pays de Galles, etc.) ou encore l’émergence de nouvelles revendications autochtones dans de multiples pays d’Océanie et des Amériques.
L’hypothèse que souhaite dès lors défendre et éclaircir le chapitre liminaire de cet ouvrage est qu’une vague supplémentaire a débuté au cours des années 1960, s’inspirant historiquement (en y cherchant notamment une filiation) très fortement des luttes de décolonisation (de la troisième vague donc), mais concernant cette fois directement l’intérieur des États qu’on pourrait qualifier d’économiquement développés (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande principalement). Ce chapitre est largement exploratoire et heuristique, visant à proposer une grille de lecture pour appréhender dans toute sa complexité la vague nationale des années 1968. Il cherche essentiellement à identifier les dénominateurs communs de la période qui peuvent expliquer la simultanéité et la similarité des résurgences nationalitaires des années 1968. Il s’intéresse donc aux transformations structurelles partagées, aux dynamiques d’historicité communes et aux possibilités culturelles et cognitives nouvelles.
Dans un premier temps, il s’agira d’éclaircir et d’illustrer la simultanéité de l’émergence de revendications nationalitaires dans les années 1960 et 1970, pour prouver qu’il existe bien une vague nationale dans les années 1968. Dans un second temps, en nous inscrivant dans une approche cognitive de l’ethnicité et du régionalisme 8, l’ambition sera de comprendre comment les grandes transformations sociales, politiques, culturelles et idéologiques de la période, mises en évidence par la littérature sur les années 1968, peuvent participer à expliquer et comprendre cette vague nationale. Notre ambition est de dépasser les contingences des histoires régionales spécifiques en appréhendant les macro-tendances supranationales qui influencent transversalement des sociétés géographiquement et politiquement éloignées les unes des autres.
Les années 1968 et la multiplication des revendications nationales
Les revendications ethnorégionales dans le monde occidental ont émergé au XIXe siècle, d’abord avec une dimension culturelle, lors du Printemps des Nations, puis avec une dimension politique, à partir de la fin du XIXe siècle (création, par exemple, du Parti nationaliste basque en 1895). Ces revendications sont arrivées sur le devant de la scène dans de nombreux pays dans les années 1930, notamment grâce aux succès électoraux des partis ethnorégionalistes en Espagne (Catalogne, Pays basque et Galice), avant de retourner à une certaine discrétion dans les années 1940 et 1950. Dans les années 1960, pourtant, ces revendications reviennent en force, quasi simultanément dans tout le monde occidental. Elles concernent non seulement les minorités nationales d’Europe occidentale, mais aussi, cette fois-ci, les peuples autochtones d’Amérique du Nord et d’Océanie. Comme première étape de notre démonstration, l’objectif est ici de comprendre la portée, la largeur géographique et la chronologie de cette vague nationale des années 1968.
L’émergence politique des peuples autochtones
Les années 1960 et 1970 se caractérisent incontestablement par un renouveau identitaire sans précédent des peuples autochtones et indigènes. C’est particulièrement visible en ce qui concerne les Amérindiens aux États-Unis, qui s’inspirent très fortement du mouvement noir américain 9 (cf. le slogan de « Red Power »), qui s’était développé dès 1955. Les actions revendicatives se multiplient à partir des années 1960 avec de nouvelles formes, de nouvelles revendications, une nouvelle idéologie (qui s’inscrit entre traditionalisme et modernité, avec un profond ancrage écologiste). C’est l’occupation de l’île d’Alcatraz, dans la baie de San Francisco, en 1969, qui marque, aux yeux de l’opinion publique, la (re)naissance de la revendication amérindienne. Celle-ci culmine en 1978 avec une Longue Marche de San Francisco à Washington 10. Une résurgence synchronique des revendications, quoique moins spectaculaire, a lieu au Canada, que ce soit chez les Amérindiens 11 ou les Métis 12.
Les années 1960 marquent également une renaissance, sous une forme totalement différente, des revendications aborigènes en Australie, notamment à partir d’une série de longues marches (Freedom Ride) en 1965, organisées par un jeune leader, Charles Perkins, qui obtient le soutien...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Demi-page de titre
  3. Page titre
  4. Page de droits d’auteur
  5. Table des matières
  6. Introduction: Penser la vague nationale des années 1968
  7. Chapitre 1: Le réveil des nationalismes minoritaires dans les années 1968 : analyse d’une « vague » nationale
  8. Chapitre 2: Tiers-mondisme, anticolonialisme et ethnonationalisme en Europe occidentale (1955-1975)
  9. Chapitre 3: Des années 1960 aux années 1980 : l’occitanisme en proie à la politique
  10. Chapitre 4: Entre anticolonialisme et émancipation sociale, le nationalisme corse de 1966 à 1986
  11. Chapitre 5: Une île et son Autonomia : la Sardaigne des années 1960-1970, entre identité et indépendance
  12. Chapitre 6: Du nationalisme bourgeois au nationalisme populaire : un aperçu de l’idéologie de la gauche indépendantiste catalane au cours de la vague nationale des années 1968
  13. Chapitre 7: Le renouveau nationaliste en Écosse (1967-1979) : de la renaissance du Scottish National Party au référendum sur la dévolution
  14. Chapitre 8: Le « moment 68 » en Acadie : enjeux locaux, contexte transnational et naissance du néonationalisme acadien
  15. Chapitre 9: Les années 68, les étudiants québécois et le temps des petites nations
  16. Chapitre 10: Les années épineuses de la Question jurassienne : entre contestation et utopie progressiste (1959-1974)
  17. Chapitre 11: La réémergence politique autochtone des décennies 1960 et 1970 au Canada, ou le pari d’un recadrage conceptuel
  18. Chapitre 12: « Nous sommes la nouvelle nation » : le regain nationaliste métis des années 1960 et 1970
  19. Chapitre 13: La « vague nationaliste » dans les îles Féroé et au Groenland pendant les années 1960 et 1970
  20. Chapitre 14: La lutte des Maori pour l’autonomie, 1960-1980
  21. Chapitre 15: La montée du Black Power en Australie dans le contexte des mouvements anti-impérialistes à l’échelle mondiale
  22. Résumé des chapitres
  23. Chapter Abstracts
  24. Biographies des auteurs
  25. Bibliographie générale
  26. Couverture arrière