Influences
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Influences

Préface de Josée Boudreault

  1. 322 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Influences

Préface de Josée Boudreault

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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

À travers ce récit à la fois biographique, initiatique et anecdotique, Jean-François Baril nous montre une facette plus humaine et intime de sa personnalité. Usant d'humour et de profondeur, il présente un message qui saura rejoindre chacun d'entre nous. Influences est en effet non seulementl'histoire de l'humoriste et animateur que nous connaissons si bien, mais celle de toute une population qui se souvient, se questionne parfois, et cherche à trouver sa place dans cette société folle qui nous mène.Depuis ses débuts à l'École nationale de l'humour vers son aventure avec les Mecs Comiques, en passant par Caféine et La guerre des clans, Jean-François Baril proposera des réflexions qui vous feront prendre conscience des influences que nous avons sur les autres.

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Informations

Année
2018
ISBN
9782897867850
Je viens d’apprendre que ma mamie Jeanine a fait un AVC, son deuxième, plus grave cette fois puisqu’elle est demeurée seule dans sa maison quelques heures avant que quelqu’un s’en rende compte et appelle les ambulanciers. C’est ma mère qui l’a trouvée en faisant sa visite quasi quotidienne lors de sa marche matinale. Elle n’en parle pas beaucoup, mais je sais qu’elle a subi un léger choc cette journée-là. Lorsque l’on cogne à la porte de la résidence de sa mère de 80 ans et qu’elle ne vient pas répondre, le pire nous vient à l’esprit. Inquiète et intriguée, elle a alors sorti son double de clé pour débarrer avec hâte la serrure et entrer. À l’intérieur régnait un silence complet.
MA MÈRE, INQUIÈTE. — Maman ? Maman ? Y’a quelqu’un ?
Elle s’est avancée lentement dans la maison, s’est dirigée avec appréhension vers la chambre, où elle croyait découvrir sa mère inanimée. Heureusement, ce n’était pas le cas : ma mamie respirait toujours et priait tous les saints du ciel pour qu’un de ses enfants lui rendre visite cette journée-là, son AVC l’ayant laissée paralysée sous ses couvertures, incapable de bouger ou de pousser un simple son.
Ayant un lien particulier avec ma mamie, je fais donc la route jusqu’en Mauricie pour la visiter à l’hôpital. Moi qui déteste les hôpitaux ! Mais je lui dois bien ça, et je sais qu’elle apprécie mes visites. Je crois avoir le don de la faire rire et de la mettre de bonne humeur, elle qui est l’une de mes plus grandes fans, elle qui ne rate jamais une de mes présences à la télévision.
Lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur son étage, une certaine nervosité s’empare de moi. Je dois me forcer pour m’accrocher un sourire au visage. Je sais que ça me perturbera de la voir dans cet état. Ma mère m’a prévenu que ma grand-mère est encore à demi paralysée et que nous n’aurons pas une grande conversation. Effectivement, dès les premières minutes à son chevet, je constate que la parole n’est pas au rendez-vous, et le moral non plus. Remarquez, je la comprends ! Selon les médecins, elle demeurera probablement partiellement paralysée pour le reste de ses jours. Je suis là, dans la chambre, maladroit, malhabile. J’essaie de lui remonter le moral tout en me disant intérieurement que, si j’étais dans son état, je préférerais peut-être ne pas survivre… Qui sait ce que l’avenir nous réserve ?
Après quelques minutes à monologuer, je suis interrompu par une infirmière qui entre dans la chambre. Elle vient s’assurer que ma mamie va bien et nous aviser qu’elle va prodiguer des soins à un autre patient qui partage la chambre. J’aperçois une petite lueur dans les yeux de mamie Jeanine lorsque l’infirmière lui dit : « Vous avez de la belle visite ! Vous êtes chanceuse… un visage connu, je crois ! »
La gentille infirmière va de l’autre côté du rideau qui sert de mur peu subtil, dans cet endroit où la dignité n’est pas une priorité, puisque nous pouvons entendre la conversation avec l’autre patient. Soudainement, un étrange sentiment m’envahit : je ne vois pas la personne qui se trouve derrière le rideau, je ne reconnais pas sa voix, mais j’ai l’impression que je la connais. J’ai la certitude que nos destins se sont croisés un jour ou l’autre, qu’elle a changé le cours de ma vie. Mais comment ? À quel moment ? Qui est-ce ? Puis, le son de sa voix me plonge au cœur de mon existence : je suis en route pour un voyage dans le temps, dans mon passé, où nous pourrons découvrir ensemble son influence quelque part dans mon existence.
Ce voyage m’amène des années et des années en arrière, à une époque où je n’existais même pas. Je crois reconnaître quelques visages — ils me semblent familiers, mais je n’en suis pas certain. En tout cas, si c’est eux, ils sont beaucoup plus jeunes. J’atterris au beau milieu d’une conversation entre une mère et ses grands enfants. La femme leur annonce qu’elle et son mari partiront quelques jours et que le plus vieux devra s’occuper des plus jeunes — quoique pas si jeunes puisqu’on parle de quatre frères et sœurs qui ont entre 15 et 20 ans. La mère explique les règles de base, le plan de repas et les mesures de sécurité. L’aîné ne semble pas avoir de problème avec ces consignes, lui qui, si je me fie à sa nonchalance, a déjà vécu pareil week-end de gardiennage.
Quelques jours plus tard, comme prévu, les parents s’en vont. Ils ne sont pas sitôt partis que l’aîné, l’homme de confiance, celui qui représente l’autorité parentale, ne fait ni une ni deux et profite de la situation pour organiser un party à la maison avec quelques amis. Il annonce à ses chums de gars qu’ils ont la maison libre pour une petite fête. Le mot se passe et, le soir venu, ce n’est pas sept ou huit amis qui débarquent, mais plutôt une quinzaine. Des gars, des filles, certains sont des amis, d’autres des connaissances. Il y a de la bière, du fort et de la bonne musique ; rien de bien vilain. Peu importe l’époque : plus ça change, plus c’est pareil. Certains dansent, d’autres jasent ; il y en a qui fument, qui boivent et, même si nous sommes plusieurs années avant Occupation Double, les rapprochements sont déjà inventés. Le party s’étire jusqu’aux petites heures du matin et la plupart des invités couchent sur place.
Tous garderont un très beau souvenir de cette belle soirée, tous sauf une jeune femme de 19 ans qui découvre, quelques semaines plus tard, qu’elle est enceinte. C’est la stupéfaction. À la fin des années 70, être enceinte à 19 ans, sans mari, c’est l’équivalent aujourd’hui d’une jeune fille qui tomberait enceinte à 15 ou 16 ans. C’est un drame, un problème, une mésaventure, une honte, quelque chose que l’on cache et une situation complexe que la jeune future maman doit gérer. À l’époque, il fallait évidemment choisir de garder ou non l’enfant, mais il fallait aussi le faire sans éclabousser sa réputation et celle de toute sa famille. Souvenons-nous qu’en ces temps, l’Église avait encore son emprise sur les valeurs de la population.
Le premier réflexe de la jeune fille est d’aller rencontrer en cachette le père biologique pour lui annoncer que le plaisir qu’ils ont eu l’autre soir leur apporte aujourd’hui tout un casse-tête. Boom, cette annonce lui arrive comme un coup de pelle au visage. Il l’écoute lui expliquer la délicate situation et elle lui fait part de son intention de garder l’enfant. Sa réaction est tranchante et directe : il n’a aucune envie d’être papa. Il est trop jeune, il n’est pas rendu là, il n’a même pas d’emploi. Il est hors de question qu’il s’embarque là-dedans. Si la jeune fille se sentait seule lorsqu’elle a réalisé qu’elle attendait un enfant, elle se sent encore plus seule après cette rencontre.
Les deux jeunes gens promettent de réfléchir à la situation chacun de leur côté et de se revoir. Lors de cette deuxième rencontre, les choses évoluent quelque peu. Du côté du père, il n’a pas changé d’avis, mais a trouvé des options. Il y a l’avortement, les crèches qui accueillent les nouveau-nés et même des gens dans sa famille qui sont incapables d’avoir un enfant et qui souhaiteraient peut-être en adopter un. Du côté de la mère, une seule chose est claire : elle est incapable d’envisager l’interruption de grossesse ; elle mettra au monde cet enfant coûte que coûte. Du côté du duo, c’est plus qu’évident qu’ils ne formeront pas un couple et qu’on ne les forcera pas à se marier.
Pauvre jeune femme ! La voilà aux prises avec sa conscience et ses valeurs qui l’empêchent d’interrompre la vie. Bon nombre d’incertitudes lui rongent l’esprit : Que fera-t-elle pour camoufler sa grossesse ? Quelle sera la réaction de son entourage ? Que faire avec l’enfant une fois qu’elle l’aura mis au monde ?
Elle n’est certainement pas la seule jeune femme de sa ville ou de sa génération à vivre cette situation, mais la raison pour laquelle je m’intéresse à son histoire, c’est que le tout petit embryon qui cherche à grandir pour devenir un fœtus… c’est moi !
Dans les jours suivant leur deuxième rencontre, ils vont ensemble recueillir discrètement de l’information sur les orphelinats et l’adoption. Ces rencontres sont gênantes, cartésiennes et pragmatiques. Elles mettent en relief le manque de complicité flagrant des deux géniteurs. On leur présente une option courante de l’époque : lorsque ma mère arrivera au dernier stade de sa grossesse, elle sera conduite et prise en charge à Montréal. Dès qu’elle accouchera, le responsable de l’adoption prendra le nouveau-né et l’emmènera avec lui à l’orphelinat. Jamais elle ne verra son bébé, jamais elle ne saura où il sera amené, pour éviter d’éventuels conflits. Le père considère cette option comme la « moins pire » des solutions, dans les circonstances. Il est prêt à signer les papiers, mais ma mère en est incapable. Elle ignore où elle prend la force de lui tenir tête, mais elle refuse, pour l’instant, de m’abandonner ainsi.
La religieuse rencontrée à la crèche sent bien son indécision. Elle voit que ma mère est prise entre ses émotions, la logique et le père biologique. Cette gentille et compréhensive sœur la retient après leur rencontre pour lui parler seule à seule. Elle prend le temps d’expliquer que ma mère a le droit de choisir pour elle-même, que c’est à elle de prendre la décision. Elle le fait avec une telle véracité qu’on pourrait croire qu’elle est déjà passée par là.
Ma mère n’a d’autre choix que de couper les ponts avec mon père biologique qui, de toute façon, a fait son choix : il ne veut ni de cet enfant ni du mémérage qui pourrait ternir sa réputation et celle de sa famille.
Étrangement, je ne porte aucun jugement sur son choix, je ne lui en veux pas du tout. Il y a le contexte de l’époque. En toute honnêteté, j’ignore comment j’aurais réagi si j’avais mis une fille enceinte dans ma jeunesse. C’est facile de juger, des années plus tard, mais ça ne me traverse même pas l’esprit d’aller dans cette direction.
Ce qui me préoccupe, par contre, c’est la décision de ma mère : que fera-t-elle de moi ? Plus les jours de 1975 passent, plus elle me sent. Je suis là, en elle, je prends vie. Si son corps se transforme lentement pour devenir une maman, son cœur, lui, semble déjà prêt à m’accueillir. Malgré son désarroi, sa vie et son avenir chamboulés, elle ne peut se résigner à m’abandonner, mais la décision reste entière et lourde de conséquences. Elle entrevoit avec crainte la suite, à 20 ans, avec un enfant qu’elle élèvera seule.
Puis, un bon soir, la sachant triste, cachottière et songeuse depuis quelques semaines, sa mère Jeanine lui demande ce qui ne va pas. Ma mère se résigne, décide d’arrêter de mentir et se confie sur ce qu’elle vit, sur ses recherches, sur l’opinion du mâle alpha et sur son désir profond d’avoir cet enfant. Peu importe les époques, les jeunes ont tendance à croire que leurs parents ne savent rien et ne comprennent rien. La plupart du temps, c’est tout faux. Cette fois ne fait pas exception à la règle. Je dirais même que, ayant eu sept enfants, Jeanine s’est presque doutée que ça arriverait à l’un d’eux. De plus, avec l’expérience des années, ce n’est pas la première fois qu’elle voit une jeune femme enceinte contre son gré.
Je me permets un aparté. Il y a quelques années, je discutais avec ma grand-maman Gaby, qui avait alors 89 ans, mais qui avait l’énergie et le discours d’une dame de 50. Quand elle était dans la place, on n’avait pas l’impression d’être en compagnie d’une grand-mère. Gaby avait un regard très juste sur les jeunes et leur façon de vivre. Un jour, lors d’un souper, elle nous lance : « Vous autres, les jeunes, vous pensez que vous avez tout inventé. Ce n’est pas parce que la religion était plus sévère dans notre temps qu’il ne se passait rien avec les petits gars. Les balles de foin dans les granges, on a découvert ça bien avant votre naissance, vous saurez ! » Ça m’avait jeté par terre ! Mais, à bien y penser, les jeunes de 1940 avaient les mêmes pulsions que les jeunes des années 2000.
Donc, après une intense et profonde discussion avec sa mère Jeanine, à peser les pour et les contre, ma mère demeure convaincue qu’elle veut avoir cet enfant, qu’elle s’arrangera seule, s’il le faut. Un silence s’ensuit — c’est tout de même une grosse décision, ça mérite quelques secondes de réflexion profonde. Puis le verdict tombe :
JEANINE. — Parfait. Je ne te juge pas et je me fous de ce que les autres diront. Tu peux l’avoir, cet enfant-là. Amenez-le icitte ; on va s’en occuper. Il reste encore cinq de mes enfants à la maison. Ce n’est pas un de plus qui va faire une différence.
Je suis trop minuscule pour en être conscient, mais je viens probablement de vivre la plus importante journée de ma vie, celle qui changera et tracera toute la suite. Merci, mamie !
Maintenant qu’elle a le soutien de ses proches, ma mère peut regarder vers l’avant. Regarder vers l’avant, certes, mais avec la tête basse tout de même puisque, avec cette décision, vient le regard désapprobateur de certaines personnes dont la façon d’être laisse transpirer le jugement. Ma mère sait très bien que sa situation n’est pas idéale ; elle n’est pas totalement fière de ce qui lui arrive, mais elle est sereine et en paix avec son choix. Elle apprend à l’assumer de jour en jour, son bedon ne laissant aucun doute sur son état. Plus jamais elle ne doutera, plus jamais elle ne regardera en arrière.
Pauvre petite maman, je l’aime tellement ! J’ai de la difficulté à concevoir la peine, la solitude qu’elle a pu vivre à cause de ma présence dans son corps. Je sais que je n’y suis pour rien, mais je me sens coupable aujourd’hui du souci que j’ai pu lui causer. Je l’ai toujours connue forte et rassurante, mais, à l’époque, à 19 ans, elle devait, comme n’importe quelle jeune adulte, douter, regretter et pleurer.
Ma mère m’a eu seule et ne m’a jamais laissé entrevoir une seconde que j’aie pu être un fardeau, une inquiétude, une source de stress pour elle. J’imagine sa force de caractère lorsque, dans la matinée du 9 juillet 1976, elle s’est rendue à l’hôpital pour terminer le travail qui avait débuté quelques heures plus tôt. L’accouchement d’un premier enfant, c’est déjà épeurant ; j’imagine mal le vivre seul. Remarquez, c’était une autre époque, une époque où l’homme ne suivait pas toujours sa femme en maternité pour l’épauler.
Le 9 juillet, à 21 h 15, je suis né. Dans les minutes qui ont suivi, je me suis retrouvé dans les bras de ma mère pour la première fois. J’étais beaucoup trop jeune pour comprendre que ma venue n’était pas un classique, que ça n’avait pas été fait dans les règles de l’art. Toutefois, je suis certain que je devais déjà sentir tout l’amour que ma mère me portait et qu’elle me protégerait à jamais. Je n’ai peut-être qu’un seul nom sur mon certificat de naissance dans l’espace réservé aux parents, mais c’est un détail, puisque j’ai une mère qui m’aime pour deux. On pourrait dire que toute mon histoire est une malchance. Eh bien, moi, j’ai plutôt envie de dire que c’est une chance : je suis tombé sur une maman aimante, douce, qui s’est toujours oubliée pour ses enfants.
J’ai d’ailleurs l’impression que la chance m’habite depuis toujours, que je suis né sous une bonne étoile. Comme si la vie essayait de se reprendre du faux départ dans lequel elle m’a placé en se disant : « Ouais, lui, on l’a mal parti, on va l’aider un peu. » D’ailleurs, la providence me sourit dès le jour 1, lorsque vient le temps d’amener ma mère à sa chambre pour son séjour à l’hôpital. Les infirmières l’installent dans une chambre pour deux personnes en compagnie de… mamie Jeanine, que l’on venait d’admettre à l’hôpital pour une opération. Au moins, maman a le soutien, le réconfort, la présence et les conseils de sa mère. Et moi, je n’ai que quelques heures et, déjà, je me fais prendre et cajoler par les bras confortables de ma mamie. Beau hasard de la vie tout de même !
Ma mère est une force tranquille qui mène à terme ce qu’elle entreprend en ne ménageant pas ses efforts. À preuve, ma première année d’existence. Nous habitons chez mes grands-parents, en compagnie de cinq des sept enfants, qui sont mes oncles et tantes. Ma mère travaille de nuit dans une usine de fabrication de lunettes. De cette façon, elle peut s’occuper de moi le jour. Quand dort-elle ? Je n’en ai aucune idée. Ce que je sais, c’est que je ne manque de rien, bien au contraire, car j’ai beaucoup de monde pour s’occuper de moi. Petit à petit, je grandis, je rampe, je fais quelques pas et je prononce mes premiers mots : maman et « tateur », pour tracteur.
Un soir, vers 19 h, tout juste après le souper, un commerçant d’animaux vient rencontrer mon grand-père Germain pour une possible transaction. Il est accompagné d’un jeune homme, son helper, au cas où il repartirait avec quelques bêtes. Mon grand-père remet donc ses bottes de travail et retourne à l’étable en compagnie du commerçant pour examiner le troupeau. Ne voulant ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Table des matières
  5. Préface de Josée Boudreault
  6. Présentation
  7. 1. Don de soi
  8. Influence express — Au bon moment
  9. 2. Probabilités
  10. Influence express — Qui l’eût cru
  11. 3. Le plus grand des hasards
  12. Influence express — Ainsi de suite
  13. 4. De fil en aiguille
  14. Conclusion