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Le temps des pourquoi - Itinéraire peu banal d'une Jurassienne

  1. 450 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le temps des pourquoi - Itinéraire peu banal d'une Jurassienne

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À propos de ce livre

Du haut de ses dix ans, Juliet passe des jeunesses hitlĂ©riennes Ă  une jeunesse rurale Ă  Bassecourt dans le Jura suisse, pour fuir le nazisme avec sa mĂšre. AprĂšs des Ă©tudes rudimentaires, elle travaille successivement Ă  Berne, Londres, Salzbourg puis GenĂšve oĂč Juliet entre aux Nations Unies. Trois ans aprĂšs, elle est envoyĂ©e en mission en Tunisie alors que la Guerre d'AlgĂ©rie fait rage. OEuvrant dans le domaine des Droits de l'Homme, Juliet passera prĂšs de vingt ans dans ce pays et sera amenĂ©e Ă  rencontrer des gens qui ont comptĂ© dans l'Histoire comme d'autres qui deviendront ses amis. Un diffĂ©rend conjugal obligera Juliet Ă  quitter prĂ©cipitamment Tunis. Elle sera sĂ©parĂ©e de ses enfants pendant cinq ans: un enfer pour une mĂšre. TenaillĂ©e par cette situation qui va se dĂ©nouer par surprise, elle rĂ©siste et surmonte les pires ennuis. Dans le mĂȘme temps, Juliet se lie avec une avocate argentine exilĂ©e. Toutes deux partagent les mĂȘmes aspirations pour les populations prĂ©caires. C'est en France, Ă  Paris, que les deux jeunes femmes se retrouvent, heureuses de vivre cette amitiĂ© particuliĂšre. Par leurs mĂ©tiers respectifs, toutes deux rencontrent des personnalitĂ©s et croquent la vie Ă  pleines dents. Juliet va affronter d'autres Ă©preuves avant de profiter pleinement des petits bonheurs que la vie et les siens lui offrent. Ce livre est le rĂ©cit d'une vie mouvementĂ©e emplie d'opportunitĂ©s qui ont conduit son personnage dans des situations aussi invraisemblables qu'imprĂ©visibles. Toutes les personnes qui s'intĂ©ressent Ă  la construction de leur identitĂ© dans un environnement multiculturel trouveront, Ă  travers ce vĂ©cu, des rĂ©ponses Ă  certaines de leurs questions.

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Informations

Année
2016
ISBN
9782897262419

Chapitre 1

GlĂŒckskind, l’enfant porte-bonheur

L’Allemagne essuyait les consĂ©quences de sa dĂ©faite de la PremiĂšre Guerre mondiale, et non sans peine. Le pays Ă©tait en proie Ă  des problĂšmes sociaux et Ă©conomiques Ă©normes qui n’avaient cessĂ© de croĂźtre. Le taux de chĂŽmage Ă©tait dĂ©mesurĂ© et la vie quotidienne n’était pas facile.
En ce dĂ©but des annĂ©es 30, en raison de la crise financiĂšre de 29, l’Allemagne avait dĂ©cidĂ© de ne plus honorer ses dettes. En avril, le marĂ©chal Hindenburg fut Ă©lu prĂ©sident de l’Allemagne avec plus de 50% des voix contre Ă  peine 40% pour Adolf Hitler. Alors que l’Allemagne se reconstruisait, mes parents vivaient cette Ă©poque avec un certain dĂ©tachement.
Ma mĂšre se prĂ©nommait Juliette. Originaire de Suisse romande, elle Ă©tait la fille de LĂ©on Meyer et de Marie Philippe. Ma mĂšre arriva en Allemagne en 1929, suite aux revers de fortune et aux problĂšmes de santĂ© de mon grand-pĂšre LĂ©on. Elle avait Ă©tĂ© engagĂ©e pour enseigner le français et le piano Ă  Nuchi et Lola, deux jeunes filles d’une riche famille juive polonaise installĂ©e Ă  Berlin.
Mon pĂšre, Hellmuth Klotz, fils de Paul et de Hedwig, Ă©tait nĂ© et avait toujours vĂ©cu dans la ville de Berlin. La famille habitait un quartier rĂ©sidentiel dans la partie ouest de la ville. Commerçant aisĂ©, Paul Klotz tenait un grand Delikatessen Ă  Berlin, dans les quartiers chics. Occasionnellement, mon pĂšre donnait un coup de main dans ce magasin de produits d’épicerie fine.
Mes parents se rencontrĂšrent dans un moment opportun, sur fond de plaisanterie. Leurs premiers regards se croisĂšrent dans la jolie boutique de mon grand-pĂšre. Un jour, ma mĂšre s’y rendit pour faire quelques courses pour les enfants dont elle s’occupait. PrĂ©sent ce jour-lĂ , mon pĂšre se retrouva en face d’elle lorsqu’elle demanda une chose pour une autre. Ma mĂšre, qui ne s’exprimait pas encore bien en allemand, le fit Ă©clater de rire. Elle avait demandĂ© un vieux pantalon (Buxen), au lieu d’une boĂźte de petits pois (BĂŒchse Erbsen). Ce premier Ă©change se transforma trĂšs vite en fou rire, qui se propagea Ă  toute la boutique. Ces rires furent certainement le dĂ©clic de leurs complicitĂ©s futures.
Cet incident mineur fut loin de dĂ©plaire Ă  mon grand-pĂšre. Quant Ă  mon pĂšre, il prĂ©textait vouloir aider cette jeune Suissesse dans son apprentissage de la langue allemande, mais pas seulement. RĂ©guliĂšrement, il l’emmenait visiter Berlin. Mon grand-pĂšre voyait ce manĂšge se renouveler frĂ©quemment et vivait avec bonheur l’intĂ©rĂȘt soudain que mon pĂšre portait au magasin. Les invitations et les sorties se multipliĂšrent, et ce fut ainsi qu’ils tombĂšrent amoureux.
MariĂ©s, ils s’installĂšrent dans le joli quartier de Wilmersdorf-Charlottenburg, Ă  la Kaiserallee prĂšs de Hohenzollernplatz. À cette Ă©poque-lĂ , les autoritĂ©s allemandes ne permettaient pas aux femmes de garder leur nationalitĂ© en se mariant. Ma mĂšre fut donc contrainte d’abandonner sa nationalitĂ© suisse pour la nationalitĂ© allemande.
Ce fut dans un bel immeuble berlinois que je naquis le 24 octobre 1932. À peine avais-je ouvert un Ɠil sur le Monde, j’étais dĂ©jĂ  l’hĂ©ritiĂšre de deux cultures.
Durant mes premiĂšres annĂ©es, je ne vivais pas encore ce que l’on commençait Ă  nommer le nazisme. Le dĂ©veloppement du parti national socialiste, les annĂ©es suivantes, amena Adolf Hitler Ă  ĂȘtre Chancelier du Reich, en mĂȘme temps qu’il se proclamait FĂŒhrer. Dans cette Allemagne, mes premiers souvenirs ont encore un goĂ»t sucrĂ©. Je vivais dans un bonheur de petite fille choyĂ©e. Lorsque ma maman me promenait dans les parcs, les gens s’arrĂȘtaient. Ils posaient un regard sur moi et demandaient Ă  ma mĂšre la permission de me toucher. Toute souriante, je me laissais faire. J’étais un GlĂŒckskind, un enfant porte-bonheur.
Je ne me rappelle pas si mes parents s’intĂ©ressaient ou non Ă  la relĂšve du pays. Seule certitude, mon pĂšre dĂ©laissa la boutique de mon grand-pĂšre pour trouver un autre travail. Il vendit d’abord des assurances pour entrer, ensuite, chez Siemens oĂč il occupa un poste d’ingĂ©nieur Ă©lectricien. Les toutes premiĂšres annĂ©es, j’étais constamment Ă  ses cĂŽtĂ©s lorsqu’il rentrait du travail.
J’étais trĂšs proche de mon pĂšre. DĂ©jĂ  quand j’étais toute petite, il empruntait des motos Ă  des amis, et assise entre ses cuisses, il me baladait dans la ville. Mon papa Ă©tait fier de moi. J’étais une enfant trĂšs sage. Si maman me demandait de ne pas bouger, j’obĂ©issais. Elle pouvait quitter l’appartement, et me retrouver assise sur le fauteuil, celui-lĂ  mĂȘme oĂč elle m’avait laissĂ©e.
TrĂšs peu d’enfants vivaient dans l’immeuble de la Kaiserallee. Aussi, rĂ©guliĂšrement, les voisins m’invitaient chez eux. Ils me considĂ©raient comme leur petite mascotte ; ils me gĂątaient de pĂątisseries et autres friandises que je dĂ©gustais avec dĂ©lectation, surtout en ces temps de restrictions. Nous recevions souvent des amis de mon pĂšre. EntourĂ©e, j’étais une petite reine au centre de toutes leurs attentions.
Mon pĂšre avait une sƓur, Trude. MariĂ©e Ă  mon oncle Fritz, ils tenaient un magasin de primeurs Ă  Berlin et Ă©taient bien plus aisĂ©s que nous. De leur part, je recevais beaucoup de cadeaux et de jouets. Ma tante Trude faisait Ă©galement venir Ă  la maison des petites toilettes pour moi. J’avais beaucoup de chance, car, pour nous conseiller, Trude Ă©tait accompagnĂ©e d’une ou de deux vendeuses du grand magasin. Les essayages duraient, et ce n’était pas pour me dĂ©plaire. J’avais le sentiment d’ĂȘtre une personne importante.
Ma tante Trude et mon oncle Fritz m’emmenaient tantĂŽt au club nautique, tantĂŽt au thĂ©Ăątre, ou bien je les accompagnais pour assister Ă  des Ă©missions radiophoniques. Ils Ă©taient trĂšs attentionnĂ©s envers nous. Pourtant, ils m’impressionnaient Ă  chaque fois que je les voyais. Ils Ă©taient imposants, me paraissaient Ă©normes, difformes, tels des personnages de bandes dessinĂ©es. Lorsque je m’apprĂȘtais Ă  leur dire bonjour, je leur donnais parfois la main gauche, la main de la honte. Voyant ce geste, ma tante Trude rĂ©primait sĂ©vĂšrement maman en lui reprochant de ne pas savoir Ă©duquer sa fille. J’avais honte pour maman. Je n’y pouvais rien, et cela fut ainsi Ă  chaque fois que je les voyais, je perdais tous mes moyens.
De Berlin, j’aimais tout. J’aimais traverser les larges boulevards ou les arpenter, ma main dans celle de mon pĂšre. Dans les grands parcs, des arbres majestueux surplombaient de vastes plates-bandes fleuries. Nous nous y promenions souvent pendant la belle saison. C’était dans ces parcs que je jouais avec mes camarades. Souvent, nous y organisions des goĂ»ters ou des pique-niques. De nombreux rires d’enfants envahissaient alors ces espaces.
RĂ©guliĂšrement, nous nous rendions Ă  Potsdam. Visiter le beau ChĂąteau de Sans-Souci et ses splendides jardins Ă©tait l’excursion prĂ©fĂ©rĂ©e de ma mĂšre. Nous aimions parcourir les chemins forestiers de Grunewald oĂč des milliers de pins nordiques se dressaient au-dessus de nos tĂȘtes. À leurs pieds, les aiguilles formaient d’épais tapis, tels des parterres d’oĂč les essences se dĂ©gageaient. Enivrantes, elles bousculaient nos sens, et nous permettaient de nous Ă©vader. Parfois, sous un champignon, je trouvais une friandise. Mon pĂšre me disait que des petits nains avaient dĂ©posĂ© ces petits cadeaux Ă  mon intention. Jamais je ne pus imaginer qu’il Ă©tait Ă  l’origine de cette surprise.
En famille ou en compagnie d’amis, nous aimions Ă©galement nous baigner dans le Wannsee1. C’était et cela reste encore un endroit « magique » de Berlin ; isolĂ© sur une Ăźle entre trois lacs : le grand lac, le petit lac et le lac Griebnitzsee, nous prĂ©fĂ©rions le grand lac qui est un lieu de repos rĂ©putĂ©. Les plages de sable y sont trĂšs Ă©tendues et le bĂątiment des bains construit dans les annĂ©es vingt par l’architecte Richard Ermisch, est d’une grande beautĂ©. Sportif accompli, mon pĂšre aimait y nager. Il avait Ă©tĂ© champion berlinois de natation et de barres fixes.
Boute-en-train, mon pĂšre Ă©tait aussi un rassembleur trĂšs admirĂ© des jeunes qui venaient spontanĂ©ment Ă  lui. Il aimait s’entourer d’amis que nous recevions Ă  la maison. Il faisait des tours de magie qui me surprenaient chaque fois, faisant disparaĂźtre des cartes ou des piĂšces de monnaie qui rĂ©apparaissaient Ă  des endroits improbables. L’une de ses spĂ©cialitĂ©s Ă©tait de faire danser une canne au clair de lune sans la toucher. J’étais Ă©blouie par sa dextĂ©ritĂ© et son pouvoir magique.
Conteur, il avait une façon unique de raconter les « Witz » de son cru. FrĂ©quemment, il inventait de petites histoires. Je savais qu’il dĂ©veloppait ces compositions juste dans l’idĂ©e de me plaire et de me faire rire. Mais, sous couvert de plaisanterie, elles avaient souvent un contenu Ă©ducatif. Ses petits contes Ă©voquaient des ...

Table des matiĂšres

  1. PRÉFACE
  2. Avant propos
  3. Chapitre 1
  4. Chapitre 2
  5. Chapitre 3
  6. Chapitre 4
  7. Chapitre 5
  8. Chapitre 6
  9. Chapitre 7
  10. Chapitre 8
  11. Chapitre 9
  12. Chapitre 10
  13. Chapitre 11
  14. Chapitre 12
  15. Chapitre 13
  16. Chapitre 14
  17. Chapitre 15
  18. Chapitre 16
  19. Chapitre 17
  20. Chapitre 18
  21. Chapitre 19
  22. Chapitre 20
  23. Chapitre 21
  24. Chapitre 22
  25. Chapitre 23
  26. Chapitre 24
  27. Chapitre 25
  28. Chapitre 26
  29. Chapitre 27
  30. Chapitre 28
  31. Chapitre 29
  32. Chapitre 30
  33. Chapitre 31
  34. Chapitre 32
  35. Chapitre 33
  36. Chapitre 34
  37. Chapitre 35
  38. Chapitre 36
  39. Chapitre 37
  40. Chapitre 38
  41. Chapitre 39
  42. Chapitre 40
  43. Chapitre 41
  44. Chapitre 42
  45. Chapitre 43
  46. Chapitre 44
  47. Chapitre 45
  48. Chapitre 46
  49. Chapitre 47
  50. Chapitre 48
  51. Chapitre 49
  52. Chapitre 50
  53. Chapitre 51
  54. Chapitre 52
  55. Chapitre 53
  56. Chapitre 54
  57. Chapitre 55
  58. Chapitre 56
  59. Chapitre 57
  60. Chapitre 58
  61. Chapitre 59
  62. Chapitre 60
  63. Chapitre 61
  64. Chapitre 62
  65. Chapitre 63
  66. Chapitre 64
  67. Chapitre 65
  68. Chapitre 66
  69. Chapitre 67
  70. Chapitre 68
  71. Chapitre 69
  72. Chapitre 70
  73. Chapitre 71
  74. Chapitre 72
  75. Chapitre 73
  76. Chapitre 74
  77. Chapitre 75
  78. Chapitre 76
  79. Chapitre 77
  80. Épilogue
  81. Remerciements