Vivre un deuil périnatal
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Vivre un deuil périnatal

Mort d'un diamant brut

  1. 170 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Vivre un deuil périnatal

Mort d'un diamant brut

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

La perte d'un nourrisson est l'un des deuils les plus éprouvants qui soient pour des parents. La honte, le déni, la colère, la peur, l'angoisse s'enfouissent profondément à l'intérieur de soi, dans un silence que les années rendent de plus en plus lourd.Dans cet ouvrage, Magda Vandendorpe, TRA, Thérapeute en relation d'aide, raconte un parcours – le sien – dans lequel de nombreux parents se reconnaîtront. Après la perte brutale de son bébé de trois mois, en 1973, elle s'enferme derrière un mur de silence qui résistera plus de trente-cinq ans. Affichant un air de maîtrise, elle aura cinq autres enfants, s'imaginant inconsciemment que cela pourrait lui faire oublier le premier-né disparu trop tôt. Mais lorsque la carapace s'est fissurée, elle a dû faire face à ce deuil non résolu.Vivre un deuil périnatal est le témoignage de la démarche suivie par Magda, tantôt par l'écriture, tantôt par les marionnettes, et tantôt avec sa thérapeute, afin de vivre son deuil, s'épanouir et résolument choisir la vie.Un livre tout en sensibilité et qui pourra inspirer, tout en les guidant, de très nombreux parents.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782897211240

Prélude au chapitre 1

L’enfance

Sur la terre rouge d’Afrique, une multitude de petites lettres jonchent le sol. Celles de l’alphabet, qui sautillent en tous sens et tentent en vain de s’unir, pour reproduire des mots
La petite M, juchée sur la cime d’un arbre, les regarde.
Elle aspire à trouver comment décrire les sensations qui existent en elle.
Et les lettres continuent de rebondir… Joli rêve!
La petite M n’est pas très bavarde; elle préfère écouter que parler.
Le chant des oiseaux, la stridulation de la cigale, le murmure du vent et, bien sûr, le cri des singes qui déambulent de branche en branche.
Aussi, la petite M. sent. Le parfum rude de la forêt, les arômes âcres du manioc qui cuit dans les huttes, les effluves de la lessive qui bout dans une grosse chaudière… un bouquet d’odeurs qui la rassure.
Au loin, elle voit sa maison et ses parents qui, sur la terrasse, jouent aux cartes avec des amis. Tout le monde semble heureux par cette chaude après-midi. La petite M. est bien, elle se sent en sécurité. Du haut de son arbre, elle est ravie de ressentir avec autant d’acuité ces bruits et ces odeurs profondes et chaudes de l’Afrique. Elle est en communion intime avec la nature.
Mais il est l’heure de rentrer, maintenant.
M. est très intimidée par les grandes personnes. En leur présence, elle a toujours eu beaucoup de mal à s’exprimer avec des mots. Son père et sa mère, pour l’aider, trouvent souvent les phrases à sa place. Parfois, lorsqu’elle se sent devinée, M. est heureuse, car cela rejoint ses sensations intérieures. Ainsi, lorsque ses parents disent qu’elle est câline, sage, timide, courageuse, travaillante… oui, oui, la petite M. sent qu’elle a toutes ces belles qualités en elle.
En revanche, lorsque la symphonie des mots ne lui ressemble pas, elle se sent triste à l’intérieur. Lorsqu’ils disent qu’elle n’est pas très maligne, parce qu’elle a des difficultés scolaires, elle est incapable de se dire qu’elle se sent intelligente! Car lorsqu’elle est seule, en osmose avec son imaginaire débordant, elle sait bien qu’elle trouve, et qu’à ce moment-là, des phrases magistrales jaillissent à profusion!
La petite M. souffre. Elle est à la fois «éprise» des mots, et «prise» avec ceux-ci, qui ne sortent pas de sa bouche en présence des adultes.
Elle va grandir dans un cocon douillet et protecteur, où sa famille va souvent exprimer pour elle. La petite M. va trouver cela normal, car en société, elle devient souvent muette.
À l’âge adulte, M. va parler, bien sûr, socialement. Dire ses joies, ses peines, ses rêves, ses espoirs, elle en sera incapable, et ce même si elle ressent le besoin viscéral d’utiliser son intelligence pour communiquer et écrire!
Bien des années plus tard, Dame M. est arrivée sur la terre saine et sauvage du Québec, où elle a rendez-vous avec les lettres de l’alphabet. Celles-ci sautillent joyeusement dans son cœur, et à la surface du Lac St-Louis, refuge privilégié pour son inspiration, elle a appris, enfin, à communiquer en relation.
La petite Magda devenue grande va enfin ouvrir son cœur au deuil non résolu de son premier bébé, une histoire enfouie au plus profond d’elle-même depuis plus de trente-cinq ans.
Il était une fois

Chapitre 1

La perte d’un bébé

Nous sommes le 16 octobre 2013. Je suis émue de reprendre le flambeau de l’écriture, pour faire jaillir en moi cette paix, cette sérénité, cet apaisement profond que je ressens aujourd’hui face à mon bel Alexandre, décédé il y a si, si… longtemps!
Mon «diamant brut de souffrance» s’est transformé petit à petit lors cette convalescence, voulue et nécessaire, en un «diamant incolore», finement ciselé. Cette pierre précieuse est la plus belle et me semble bien illustrer, par son passage de l’état brut à ouvragé, le processus de la résolution du deuil. De plus, la République démocratique du Congo, où je suis née de parents belges, est le berceau de mon enfance (dans mes tripes résonnent encore aujourd’hui les tam-tams de l’Afrique), mais aussi l’un des plus importants producteurs de diamants au monde.
Devant mon deuil non résolu, l’Afrique et la Belgique ont porté mes silences, mes incompréhensions et mes peines solitaires; l’Amérique, quant à elle, porte mes souffrances, certes, mais aussi mes chagrins partagés et ma renaissance. En tant que petite européenne, je porte dans mon âme et mon être ces deux continents d’adoption avec respect et gratitude.
Le 8 novembre 2008, j’ai arrêté d’écrire mes souffrances: j’avais besoin de me soigner le cœur et l’âme. Je suis alors entrée dans une longue, longue période d’hibernation.
Me voici, quelques années plus tard, prête à raconter cette histoire.

Vie et décès d’Alexandre

1972. Nouvellement mariés, mon conjoint Marc et moi-même vivions heureux en Afrique, en pleine forêt. Ravie d’être enceinte, nous allions débuter notre mission: celle de fonder une famille. Comme nous habitions loin de tout centre médical, nous avions décidé que je m’installerais, quelques semaines avant l’accouchement, dans un sympathique petit hôpital, où j’attendrais patiemment – et parfois impatiemment – l’arrivée de notre enfant. J’ai depuis toujours un amour particulier pour le côté sauvage de la forêt africaine. Aussi, pour tuer le temps, je faisais de longues balades au milieu de ces arbres magnifiques, à écouter les oiseaux chanter. J’en profitais également pour discuter avec ce petit, chaudement installé dans mon ventre.
Et, un beau matin, mes eaux ont crevé! Alexandre est né à midi, plein de vie. Un beau gros et grand bébé, qui ressemble à son papa. Si je me suis sentie experte pour accoucher, grâce au personnel soignant, je ne savais pas quand, ni comment, il fallait nourrir l’enfant. Je me sentais inadaptée, quelque peu perdue et tellement maladroite. Dans la solitude de ma chambre, persuadée que j’aurais dû connaître les rudiments de l’allaitement, j’avais tenté de l’allaiter, sans grand succès. Mes seins étaient si engorgés et durs qu’il ne parvenait pas à boire. On me conseilla alors de nourrir Alexandre à la bouteille. D’abord déçue, je m’exécute sans attendre. Et me voilà ravigotée, heureuse de voir Alexandre boire goulûment le biberon et s’épanouir.
Je me fais une joie de prendre l’avion pour aller retrouver mon homme et lui présenter enfin notre petit bébé. Ça y est! Notre rêve de fonder une grande famille commence à prendre forme. J’aime profondément Alexandre, et ne me prive pas de le lui montrer, même s’il m’arrive de me sentir très malhabile avec lui par moments (je suis d’ailleurs aujourd’hui très empathique face à la gaucherie de certaines mamans avec leur premier-né). Au fil du temps, une routine s’installe, rythmée de câlins, de pleurs, de dodos et de périodes de veille.
Puis, soudainement, arrivent ces quelques jours et quelques nuits durant lesquels Alexandre ne mange presque plus. Il pleure, il crie. Je me sens seule, angoissée, inquiète et tellement inadéquate comme mère. Que faut-il faire? Qu’est-ce que je fais de mal? La peur et l’horreur m’habitent, mais aussi parfois la honte de vivre de l’impatience. Surtout, je ne supporte pas de le regarder souffrir. Mes bras, mon amour semblent ne servir à rien. Impuissants, mon conjoint et moi décidons de faire venir un médecin.
Très vite, il constate une déshydratation. Alexandre et moi gagnons en urgence l’hôpital par avion médical. Je suis terrorisée. Je parle à mon fils, je le rassure, lui promet qu’on va bien s’occuper de lui. Au fond, c’est bien plus moi que j’essaie de rassurer.
Mon Alexandre moura quelques heures plus tard, dans mes bras, âgé tout juste de deux mois et vingt-deux jours. Nous n’avons malheureusement jamais su exactement de quoi il est décédé…
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Mon conjoint et moi vivrons la tristesse ensemble, mais chacun de nous restera enfermé dans sa solitude, dans un profond silence intérieur, qui va s’installer insidieusement, et se prolonger durant de longues années à l’égard de ce deuil non résolu, ravivé lorsque je verrai naître mes premiers petits-enfants.
Merci à eux de m’avoir fait renaître.
Il reste que, dans notre urgence de ne plus souffrir, nous avons tous deux porté notre attention sur une volonté de créer une famille, et ce malgré le drame que nous venions de vivre. Celle-ci sera désormais bâtie grâce à une certaine résilience, fondée sur le silence face à la perte d’Alexandre, et sur une soif de bonheur. De là naîtront cinq beaux enfants, le rêve de notre couple.
Notre mission de vie.

Cinq nouvelles vies

Des bonheurs, des cauchemars, des peurs, des mala-dresses… et les conséquences de mon isolement, qui renforce le piège du silence.
J’en ai voulu aux personnes qui m’affirmaient qu’un nouveau bébé m’aiderait à oublier Alexandre. Il est vrai que j’ai su bâtir avec bonheur une belle famille. J’ai su, et je sais encore aujourd’hui, aimer chacun de mes enfants comme un joyau précieux, auquel je voue un amour d’une force inébranlable.
Merci à ces personnes d’avoir mis à l’époque un espoir – sans doute inconsciemment – dans cette tristesse, au sein de laquelle je ne pouvais concevoir le bonheur. En suivant la piste proposée de l’oubli, j’en suis arrivée, bien malgré moi, à dissimuler la souffrance du décès d’Alexandre, m’amenant à un «deuil non résolu», le sujet de ce livre.
Avec l’arrivée de chacun de mes cinq enfants, il y a eu des pointes de tristesse et de peur. Ainsi, à chaque nouvelle naissance, et lorsque s’approchait le date du décès d’Alexandre, je revivais ce cauchemar. Chaque fois, j’étais bouleversée, terrassée par la peur. Effrayée et tremblante, je me blottissais dans les bras de mon homme, pour y chercher consolation et oubli. À cette époque, nous ne communiquions pas l’un à l’autre nos émotions. Ainsi, la tristesse et la souffrance cachée de ce deuil nous réunissaient dans le silence. Ce fut un lien invisible mais indélébile, qui fait encore partie de notre amour.
Après ces sombres nuits, lorsque j’entendais les petits pas débouler les escaliers pour venir sauter dans notre lit, comme chaque matin, je refoulais mes angoisses et ma peine, pour m’adonner au bonheur, et ainsi croquer la vie à pleines dents. Ma douleur, je la cache aux enfants, mais aussi à moi-même, laissant l’isolement se solidifier de plus en plus habilement.
Ainsi, après la perte d’Alexandre, je suis tombée enceinte une nouvelle fois. Nous étions alors en Belgique, en congé. Peu de temps après, pour le travail de mon homme, nous sommes partis vivre en Algérie. Je portais avec fierté un joli bedon tout rond. Lorsque je ressentais ressurgir mes angoisses et mes peurs, avec cette crainte sourde et toujours présente de perdre mon bébé, je les dominais en me promenant dans cette ville extraordinaire qu’est Oran, où il règne une luminosité extraordinaire. Les murs des habitations, d’un blanc éclatant, conjugués à des ciels d’un profond bleu azur, me coupaient le souffle de bonheur, m’enveloppant d’un calme qui dissolvait instantanément mes terreurs intérieures. Malgré tout, les circonstances ont voulu que l’on retourne en Belgique avant la naissance de mon fils. C’est là, qu’après huit mois de grossesse, j’ai donné naissance à un beau petit garçon.
Il y eut aussitôt cette grande peur viscérale de la mort. Comme pour consolider nos doutes et nos angoisses, notre bébé, soudainement devenu tout bleu, a dû être transféré d’urgence à l’hôpital des enfants pour y être soigné. Depuis le lit où je venais d’accoucher, j’entendis l’ambulance. Mon cœur de maman était bouleversé. J’étais déchirée et submergée par le chagrin.
Au plus profond de mon intimité psychique, j’entendais hurler «non, non! Pas question de perdre un deuxième enfant!». Je me sentais à la fois affolée et impuissante. On me soigne, on me recoud. La solution naturelle qui me vint alors spontanément – et qui fait depuis partie de mon essence de vie –, fut de prier pour apaiser mon angoisse.
Quelques jours plus tard, je suis rassurée. Mon conjoint est allé visiter notre petit: il est fragile, mais en vie. Il ne veut pas boire le lait artificiel, aussi me demande-t-on de tirer mon lait pour lui. Au moment de sa naissance, nous devions l’un et l’autre, chacun de notre côté, rester huit à dix jours couchés, à l’hôpital. Mon homme m’aidera à tirer ce précieux breuvage, que notre Frédéric daignera ingurgiter. Je souffrais de ne pas pouvoir prendre mon fils dans mes bras, et me nourrissais des paroles de mon conjoint, qui m’affirmait qu’il buvait de mieux en mieux et sortait de sa couveuse. Les infirmières me demandèrent bientôt si elles pouvaient utiliser le trop-plein de mon lait pour d’autres bébés prématurés. Chose que j’acceptais, bien sûr. J’étais fière d’aider d’autres enfants. C’est une contribution invisible que je trouve belle, et qui me donne du courage.
Finalement, le grand jour est arrivé. Je suis sortie! Frédéric, mon fils, suivra quelques jours plus tard, avec l’avertissement du corps médical qu’il y a de grandes chances pour que notre petit refuse l’allaitement. Foi de moi, il est hors de question de ne pas nourrir notre enfant. Depuis Alexandre, j’ai lu, j’ai écouté, j’ai appris sur l’allaitement. Je sais que je vais y arriver.
Et je gagne la bataille!
En Algérie, nous avions rencontré des gens sympathiques en provenance du Lac-Saint-Jean, qui estimaient que pour fonder une grande famille, le Canada était le meilleur des pays. Aussi en avons-nous fait notre choix. Je n’avais pas vraiment le temps de penser à Alexandre, occupée à prendre soin de Frédéric, et à préparer notre départ pour Montréal, où nous avions été acceptés par l’immigration. J’ai peur lorsque mon lait diminue, à notre arrivée, lorsque le bébé atteint les tro...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Du même auteur
  3. Page légale
  4. Table des matières
  5. Introduction
  6. Prélude au chapitre 1
  7. Chapitre 1 – La perte d’un bébé
  8. Prélude au chapitre 2
  9. Chapitre 2 – Un deuil non résolu
  10. Prélude au chapitre 3
  11. Chapitre 3 – Processus du deuil
  12. Préambule
  13. Chapitre 4 – Un deuil résolu
  14. Épilogue
  15. Témoignages
  16. Annexe
  17. Remerciements
  18. Bibliographie
  19. Quatrième de couverture