Penser le dialogue en éducation éthique
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Penser le dialogue en éducation éthique

  1. 224 pages
  2. French
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Penser le dialogue en éducation éthique

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Les réflexions dialogiques sur l'éducation éthique présentées dans cet ouvrage s'adressant aux chercheurs, formateurs et acteurs dans le domaine de l'éducation montrent que le dialogue joue un rôle fondamental à cet égard.

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Informations

Année
2012
ISBN
9782760535800

ÉDUQUER AU DIALOGUE

EN ÉDUCATION ÉTHIQUE

Perspectives éthiques

sur la notion d’attention

CLAUDE GENDRON
Professeure
Université du Québec à Trois-Rivières

RÉSUMÉ

La notion d’attention détient un statut particulier dans plusieurs théories éthiques conçues par des femmes. Ainsi, dans ces théories, le concept représente régulièrement le socle à partir duquel se développe une conception de l’éthique fréquemment en rupture avec les fondements des courants dominants. J’examine plus particulièrement dans ce texte les significations attribuées à l’attention par deux philosophes, Nel Noddings et Iris Murdoch, et je décris, lorsque tel est le cas, le lien posé entre attention et dialogue. Après avoir défini les principaux éléments distinguant ces deux éthiques de l’attention, je présente une analyse de leurs propositions concernant l’éducation à celle-ci.
Si l’attention morale apparaît souvent, au mieux, comme une notion en périphérie des champs de l’éthique, du dialogue et de l’éducation morale, ce concept occupe une place centrale dans les théories de plusieurs éthiciennes. Ainsi, à titre d’exemples, Simone Weil, Iris Murdoch, Carol Gilligan, Sara Ruddick, Joan Tronto, Martha Nussbaum, Sarah Lucia Hoagland et Nel Noddings ont chacune réservé une place importante à la notion d’attention dans les éthiques respectives qu’elles ont élaborées. Comme le remarque Diller (1996, p. 91) : « Une autre caractéristique importante qui réapparaît constamment dans les éthiques des femmes est la haute considération à l’égard de certaines formes d’attention [notre traduction]. » Alors que l’attention constitue un élément majeur pour l’ensemble de ces femmes pratiquant la philosophie, on peut se demander si la signification attribuée à cette notion dans les écrits de celles-ci demeure sensiblement la même. Ce texte propose, dans un premier temps, d’analyser comment deux de ces éthiciennes (en l’occurrence Iris Murdoch et Nel Noddings) ont défini l’attention et de dégager les principaux impacts de leurs réflexions sur la façon d’appréhender l’activité morale. Dans un deuxième temps, le texte vise à examiner comment ces philosophes ont traité du problème complexe de l’éducation à l’attention.

1. L’ATTENTION DANS L’ÉTHIQUE DU CARE DE NEL NODDINGS

Noddings est une éthicienne et une philosophe de l’éducation américaine qui a particulièrement contribué à développer les assises philosophiques de l’éthique du care1 dont la psychologie morale fut auparavant élaborée par Carol Gilligan (2008/1986). Bien que le care ne puisse se résumer au déploiement de l’attention, cette notion est néanmoins estimée la plus fondamentale de cette éthique (Noddings, 1992, p. 16).
L’importance que revêt ce concept est liée au rôle majeur exercé par la réceptivité, laquelle constitue le socle de la sensibilité morale. Ainsi, la réceptivité manifestée par l’attention suppose une décentration, un déplacement de l’intérêt que je porte à ma réalité vers celle de l’autre. Il est possible à cet égard de relever certaines affinités avec la pensée de Kierkegaard lorsqu’il propose d’appréhender la réalité de l’autre en tant que possibilité personnelle.
La décentration s’effectue d’abord par le partage d’un sentiment et s’accompagne d’un déplacement d’un mode de conscience analytique (qualifié aussi de rationnel/objectif), où nous imposons une structure au monde, vers un mode de conscience affectif/réceptif où nous nous laissons transformer. Plus concrètement, cela peut signifier que je reçois le sentiment éprouvé par la personne énonçant son besoin avant de chercher à analyser la situation problématique vécue. Ainsi, à titre d’enseignante, je reçois par exemple le sentiment de frustration éprouvé par un enfant ne souhaitant pas travailler en équipe avec tel autre enfant avant de chercher à déterminer ce qu’il convient de faire relativement à la situation. Le mode analytique ou rationnel/objectif entre donc en jeu au moment de la détermination de la solution à apporter au problème. Selon Noddings (2003, p. 26), l’un des plus grands dangers du care est d’entrer prématurément dans ce dernier mode de conscience :
Si la pensée rationnelle-objective est à mettre au service du caring, nous devons la détourner aux bons moments de l’abstraction vers laquelle elle tend et la ramener au concret. Nous devons parfois la suspendre en faveur de la pensée subjective et de la réflexion, nous donnant temps et espace pour voir et ressentir [son accentuation] [notre traduction].
Noddings identifie par ailleurs l’attention à ce qu’elle nomme l’engrossment. Ce dernier terme évoque l’idée d’une absorption de ma concentration par l’autre. La philosophe précise cependant que cette attention tournée vers l’autre n’est pas synonyme d’engouement, de ravissement ou d’obsession, mais qu’elle signifie plutôt qu’il y a présence d’une réceptivité complète à elle/ à lui. Une telle réceptivité survient lorsque je parviens à susciter en moi une disponibilité, une présence à autrui. Pour décrire ce qui se produit lorsque l’attention interpersonnelle ou engrossment se réalise, la théoricienne, reprenant la terminologie du philosophe Martin Buber, énonce que l’autre devient alors un Tu pour moi et emplit mon univers. Il est important de noter que faire preuve d’attention ne suppose pas de chercher à me départir de mon identité pour fusionner totalement avec ce que l’autre ressent. À l’aide de l’attention, je deviens plutôt une dualité. Pour illustrer ce passage vers la dualité, Noddings raconte une situation qui s’est produite au cours d’un repas avec un groupe de collègues. L’un d’entre eux, qu’elle estimait peu, y avait alors fait part d’une expérience vécue en temps de guerre, expérience ayant provoqué certains sentiments qui l’ont par la suite conduit à devenir enseignant. À l’écoute de ses paroles, l’éthicienne affirme avoir été touchée « non seulement par un sentiment mais par quelque chose d’autre. C’est comme si mes yeux et les siens s’étaient joints pour regarder la scène qu’il décrivait. Je savais que j’aurais agi différemment dans la situation mais ceci ne comptait pas. Mon univers a été empli par cet autre » (Noddings, 2003, p. 30-31 ; notre traduction).
Le partage de sentiments associé à l’attention n’est pas considéré comme de l’empathie : la philosophe estime que les définitions de cette notion suggèrent trop souvent une projection, une propulsion de soi vers l’autre plutôt qu’un accueil de ce qu’il ou elle ressent.
Je ne me mets pas pour ainsi dire « à la place de l’autre », en analysant sa réalité en tant que donnée objective et en me demandant par la suite « Comment me sentirais-je dans cette situation ? » Au contraire, j’écarte ma tentation d’analyser et de planifier. […] je reçois l’autre en moi et je vois et ressens avec l’autre. Je deviens une dualité [notre traduction] (Noddings, 2003, p. 30).
L’attention cristallise en quelque sorte une conception du dialogue jugée fondamentale dans cette éthique : celle du dialogue comme rencontre. Ainsi, lorsqu’il y a préoccupation envers l’autre et la relation, qui s’exerce par-delà les mots échangés, on retrouve selon Noddings (1994, p. 5) un dialogue moral2. Notons au passage que cela n’exclut pas la possibilité de retrouver au sein du dialogue des intervalles polémiques :
Le dialogue, tel que décrit ici, rejette le « modèle guerrier du dialogue ». Ce n’est pas un débat et son but n’est pas de gagner une argumentation. Il peut certainement inclure des intervalles polémiques et chacun des participants peut apprécier ces intervalles. Mais, tout au long du dialogue, les participants sont conscients l’un de l’autre, ils sont tour à tour carer et cared-for, et, en dépit de la présence de différences idéologiques, ils tendent le bras au-dessus de la brèche idéologique pour se relier l’un à l’autre [notre traduction] (Noddings, 1995, p. 141).
Il existe cependant certaines limites au déploiement de la réceptivité liées à l’exigence de réciprocité de la part de la personne qui est objet de l’attention. Ainsi, le critère de la réciprocité suppose que, lorsque cette personne ne répond pas au souci manifesté, il convient de se retirer de la relation :
Dans la mesure où j’en ai le contrôle, si nous conversons et si je me soucie de vous, je demeure présente à vous durant la conversation. Il est certain que si je me soucie de vous et que tel n’est pas votre cas, il est possible que je me mette à distance, vous permettant ainsi de profiter de l’absence que vous avez choisie. C’est là la voie de la dignité [notre traduction] (Noddings, 2003, p. 19).
Si l’attention interpersonnelle s’exerce par le partage du sentiment vécu par l’autre, elle s’enracine aussi dans une réceptivité intérieure tournée vers l’identification de ce qui est personnellement éprouvé et une capacité à se départir d’émotions entravant la réceptivité à la personne dont on se soucie. Dans cette éthique, l’attention est donc associée à une connaissance de soi approfondie. Au cours d’un dialogue par exemple, l’un des partenaires peut prendre conscience du fait que des sentiments de mépris ou d’antipathie ressentis à l’égard de quelqu’un entravent la possibilité de faire preuve d’accueil de ce qu’il exprime en matière d’idées, de langage corporel ou d’émotions. Selon Noddings (1994, p. 9) :
[Les personnes capables d’attention] savent ce qui a été suspendu ou évacué [notre accentuation]. De telles personnes reconnaissent la montée de la colère, de la pe...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Copyright
  3. Remerciements
  4. Présentation de l’ouvrage
  5. PREMIÈRE PARTIE: DE L’ENSEIGNEMENT RELIGIEUX À L’ÉTHIQUE ET CULTURE RELIGIEUSE La place de l’éducation morale et l’importance du dialogue critique
  6. DEUXIÈME PARTIE:ÉDUQUER AU DIALOGUE EN ÉTHIQUE ET CULTURE RELIGIEUSE
  7. TROISIÈME PARTIE:ÉDUQUER AU DIALOGUE EN ÉDUCATION ÉTHIQUE
  8. QUATRIÈME PARTIE:L’ECR ET LA COMPÉTENCE DIALOGIQUE De l’enseignement religieux à l’éthique et culture religieuse. La place de l’éducation morale et l’importance du dialogue critique
  9. Notices biographiques
  10. Tous les textes de ce collectif d’auteurs ont été soumis à l’évaluation du comité de lecture
  11. Quatrième de couverture