Le tourisme comme expérience
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Le tourisme comme expérience

Regards interdisciplinaires sur le vécu touristique

  1. 378 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le tourisme comme expérience

Regards interdisciplinaires sur le vécu touristique

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À propos de ce livre

Ce que les touristes éprouvent physiquement et intellectuellement pendant leurs séjours ou leurs déplacements n'a curieusement été abordé que tardivement par la recherche en tourisme. Pourtant, l'expérience touristique, c'est-à-dire l'ensemble des états engendrés par ce que l'individu vit avant, pendant et après un séjour touristique, est un aspect essentiel du tourisme, une activité qui engage globalement l'individu.Cet ouvrage, rassemblant une vingtaine de textes issus des 4es Rendez-vous Champlain sur le tourisme, fournit différents éclairages complémentaires tant sur l'expérience des touristes eux-mêmes que sur les dispositifs conçus pour en infléchir le cours. Les contours de l'expérience touristique sont d'abord tracés, puis ses modalités et ses singularités sont explorées. Les dispositifs expérientiels élaborés et les enjeux de cette mise en scène touristique sont enfin analysés.L'expérience touristique renvoie à de multiples dimensions du tourisme?: la demande touristique, dont il est dit aujourd'hui qu'elle est non seulement exigeante, versatile, paradoxale, mais aussi en quête d'expériences nouvelles?; les pratiques touristiques, qui articulent performances et expériences tant intellectuelles et émotionnelles que corporelles?; l'offre touristique, dans sa capacité ou non à produire de l'expérience. C'est pourquoi il importait de consacrer un ouvrage entier à ce concept multiforme et intégrateur.

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Informations

Année
2015
ISBN
9782760543591
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LES CONTOURS
DE L’EXPÉRIENCE
TOURISTIQUE

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L’EXPÉRIENCE TOURISTIQUE

La complexité conceptuelle et le pragmatisme de la mise en scène

Boualem Kadri
Maria Bondarenko
L’expression «expérience touristique» comporte un certain paradoxe: elle appartient au groupe des notions les plus utilisées en tourisme, comme celles de destination et d’événement, mais sa définition reste encore difficile à saisir dans le discours touristique (professionnel et scientifique). Par ailleurs, le discours professionnel exerce aussi une certaine influence sur le discours scientifique, lequel reproduit l’usage des mots en évitant leur définition. À l’instar du mot «destination» qui semble se suffire à lui-même par sa puissance sémantique (Kadri, Khomsi et Bondarenko, 2011), l’expression «expérience touristique» est également porteuse d’un potentiel d’imaginaire n’obligeant pas à la définir. Si l’expression «expérience touristique» a été forgée dans le creuset du tourisme traditionnel (espaces de nature/culture, modèle du long séjour), le contexte de la postmodernité et celui de la ville touristique (diversité des territoires touristiques, simulation, participation du touriste et des résidents, etc.) fournissent à l’expérience des conditions nouvelles pour son approche. Constatant un déficit définitionnel et d’intérêt propre au concept d’expérience touristique dans la communauté des chercheurs francophones en tourisme, nous interrogerons le discours sur la postmodernité et celui sur le tourisme. Quelle place occupe l’expérience dans le discours sur la postmodernité? Les approches conceptuelle et sémantique peuvent-elles nous éclairer sur le concept d’expérience touristique? Comment l’expérience touristique urbaine est-elle saisie et définie dans les écrits scientifiques?

1.LA MÉTHODOLOGIE

Nous avons réalisé notre recherche en effectuant une double observation: d’une part, une analyse des définitions de dictionnaires et encyclopédies, du discours sur la postmodernité et des approches liées à l’expérience touristique basées sur des écrits francophones et anglophones; d’autre part, une analyse sémantique effectuée sur un corpus de 73 écrits francophones liés au tourisme urbain et dont le traitement a été effectué à partir du logiciel Sémato d’assistance sémantique à la catégorisation et à l’exploration des données textuelles développé à l’Université du Québec à Montréal (<http://semato.uqam.ca>). La méthode statistique s’abstrait des opinions individuelles des experts et permet de considérer le discours (celui en tourisme) en tant que corpus des énoncés anonymes (l’auteur ne constitue que l’une des instances discursives). La méthode générale de l’analyse sémantique automatique des données textuelles se rapporte aux principes de la linguistique distributionnelle (Ducrot et Schaeffer, 1995, p. 60-67) qui postule que les éléments ayant une distribution (entourage) contextuelle semblable possèdent une ressemblance sur le plan de la signification. Il devient possible de préciser la signification d’un terme en étudiant ses rapports avec d’autres mots cooccurrents. Ce sont donc les entourages lexicaux du terme expérience et leurs caractéristiques sémantiques que nous avons tenté de révéler au cours d’une série de requêtes.

2.LE CONCEPT D’EXPÉRIENCE: AMBIGUÏTÉ ET DÉFICIT DÉFINITIONNEL

À l’instar du concept de destination auquel il est étroitement lié, le concept d’expérience est au carrefour de plusieurs catégories conceptuelles. Le dictionnaire étymologique en ligne du Centre national des ressources textuelles et lexicales (CNRTL) nous fait observer que l’origine du mot expérience remonte au XIIIe siècle (1265) et est le résultat d’une «connaissance acquise par la pratique». Cette dimension cognitive de l’expérience acquise dans une situation quotidienne où l’on subit l’objet (p. ex. lien avec une activité) est enrichie au XVIIe siècle (1667) par la situation scientifique qui permet alors de comprendre l’objet dans une situation donnée: «Fait de provoquer une observation dans l’intention d’étudier certains phénomènes.» Le tourisme qui commence à voir le jour à la fin du XVIIe siècle, notamment avec le Grand Tour anglais, peut aussi être vu à travers cette nouvelle acception de l’expérience. Si cette dernière nourrit surtout la science, elle servira à comprendre le touriste qui provoque la rencontre avec les autres, pour apprendre (p. ex. le Tour anglais sert à parfaire l’éducation), comprendre le monde hors de chez lui et mieux se connaître lui-même.
Dans l’Encyclopædia Universalis, la notion d’expérience est présentée par le biais de deux caractéristiques essentielles, celle de la subjectivité (état mental éprouvé face à un objet) et celle de la connaissance rationnelle/objective basée sur l’expérimentation (empirisme) et la vérification des faits en vue d’éprouver une théorie (rationalisme). Cela montre la complexité à laquelle est confrontée la démarche scientifique en matière d’expérience touristique.
Malgré l’importance de cette notion pour le tourisme et le champ des études touristiques, le mot est ignoré des dictionnaires en tourisme, notamment francophones. Ainsi, le dictionnaire en ligne (<http://geotourweb.com>) ne propose pas d’entrée pour le mot expérience, seulement à travers le mot recréation où l’on peut saisir que l’expérience peut être vue comme «une conscience d’être autrement que dans la vie courante», selon l’Équipe MIT (2002, p. 102).
L’Encyclopedia of Tourism de Jafari (2000, p. 214) propose une analyse plus poussée. Ainsi,
l’expérience est l’état intérieur de l’individu, provoquée par quelque chose qui est personnellement rencontré, subi ou vécu. Les expériences touristiques sont des états engendrés au cours d’un voyage, notamment une visite guidée ou des vacances. Le principal problème sociopsychologique dans l’étude des expériences touristiques est leur caractère unique et leur relation avec la vie quotidienne.
On reconnaît ici la dimension phénoménologique, mais aussi psychologique/psychosociologique dans la mesure où l’expérience est construite par les souvenirs et le vécu de la réalité quotidienne, une complexité qui pose des difficultés sur les plans théorique et méthodologique. Deux aspects de l’expérience y sont introduits: 1) l’amélioration des conditions de voyage (sécurité, transport, etc.) qui a fait passer l’expérience de voyage d’une dimension de la peur à celle du plaisir; 2) la question de la nature de l’expérience et sa relation avec l’authenticité recherchée par les touristes comme le propose MacCannell. Cette problématique permet de se poser la question sur la motivation des touristes, que l’on peut relever dans le texte proposée par l’Encyclopedia of Tourism: «Est-ce que les touristes cherchent à découvrir l’authenticité d’autres lieux et d’autres temps (comme MacCannell le pensait), ou sont-ils simplement satisfaits de l’artificiel, des offres non authentiques, mises en scène (l’authenticité mise en scène) par l’industrie touristique? Cependant, le concept d’authenticité est une construction sociale.» Il s’agit ici de concevoir l’authenticité selon une perspective socioconstructiviste, permettant d’aller vers l’élaboration d’une typologie des touristes qui met en évidence un attachement plus ou moins profond à l’idée d’authenticité recherchée en contexte de postmodernité où le simulacre et la mise en scène deviennent les marques du tourisme urbain aujourd’hui. Comment apparaît l’expérience dans le discours sur la postmodernité?

3.LA PLACE DE L’EXPÉRIENCE DANS LE DISCOURS SUR LA POSTMODERNITÉ ET LE TOURISME

L’expérience occupe une place importante dans le discours sur la postmodernité tant chez les auteurs francophones que chez les anglophones. Pour Lipovetsky (1983, p. 11), par exemple, le passage d’une modernité centrée sur les pouvoirs politique et scientifique à une postmodernité centrée sur l’individualisation et l’autonomie du sujet engendre chez ce dernier un sentiment de «vide intérieur et émotionnel» malgré les conditions offertes par les grandes villes pour limiter cette détresse. C’est alors
la fuite en avant dans les «expériences» qui ne fait que traduire cette quête d’une «expérience émotionnelle forte». Cette fuite dans l’expérience s’intensifie dans le contexte d’évolution accélérée de la modernité à l’hypermodernité, perçue comme le 3e âge de la modernité, celui «d’une consommation plus expérientielle ou émotionnelle que statutaire. On consomme davantage pour soi (santé, détente, forme, sensations, voyage) qu’en vue de la connaissance de l’autre» (Lipovetsky, 2004, p. 118).
L’expérience devient une catégorie conceptuelle essentielle de la postmodernité permettant au discours de prendre tout son sens et surtout de couvrir un large spectre de la transformation sociale, celui de «l’hypermodernisation du monde», dans lequel sont plongés l’individu et la société: développement du marché et radicalisation du capitalisme, urbanisation croissante, gigantisme des grandes villes et attractivité touristique, hyperconsommation, développement accéléré et intensification des technologies de l’information (Lipovetsky, 2004, p. 51). La notion d’expérience permet de relier les catégories exprimant les transformations sociales et culturelles – l’individu, la société, les technosciences, le marché – et aussi de montrer la tension existant entre ces catégories. Cette tension, qui exprime déjà la vie urbaine, qualifie notamment la ville postmoderne. Selon Harvey (1990), la ville postmoderne est le résultat d’une transformation économique (mode de production capitaliste) permettant, grâce aux technologies, une contraction du temps et de l’espace ainsi que l’accélération des flux de communication et d’échanges. De nouvelles formes urbaines surgissent, produisant une «expérience urbaine» née du rapport entre «les pratiques esthétiques et culturelles» (Harvey, 1990, p. 228). Dans ce contexte, le tourisme urbain participe aux nouvelles formes esthétiques et culturelles des villes, procurant une expérience changeante. L’urbanisme touristique produit une ville différente de la ville fordiste, autour d’une spécialisation de territoires dédiés à la consommation, au simulacre et aux expériences (Page et Hall, 2003, p. 35), tout en contribuant à faire de ces territoires des lieux d’intégration réunissant les visiteurs et les résidents (p. ex. les Halles de Paris, le Vieux-Port à Montréal, etc.).
Ce modèle de production de l’espace, qui favorise l’étalement des objets de consommation et la réalisation d’expériences, est critiqué depuis les années 1960, notamment par une réflexion de type marxiste. Citons ici quelques analyses: celle de Debord datant de 1967 sur la «société du spectacle» comme expression du capitalisme (Debord, 1992); la critique de Boorstin (1963) du touriste américain très friand de «pseudo-événements» qui remplacent la réalité sociale; la réflexion de Lefèvre (1974) à propos de la tension entre valeur d’échange et valeur d’usage, qui s’exprime souvent avec le tourisme (requalification d’espaces); la critique développée par Harvey (1990) et poursuivie par Davis (2008) concernant l’exportation du modèle du «paradis infernal» (ségrégation sociale et spatiale, spéculation financière) vers les pays du Sud (p. ex. Dubaï). Faut-il s’interroger sur le tourisme vecteur de marchandisation et sur le touriste qui se prête à la mise en scène urbaine? Selon Fainstein et Glastone (1997, p. 132), l’analyse par la marchandisation ne permet pas de comprendre la globalité de la réalité sociale et touristique, car le touriste ne devrait pas être perçu comme un consommateur dupe. Cela se confirme avec la perspective marketing où le consommateur est placé dans un nouveau rôle, celui de coproducteur (Winkin, 2001; Decrop, 2008).
Nous sommes dans une perspective socioconstructiviste concernant l’expérience du touriste, cette expérience étant comprise comme une construction sociale née d’une adaptation à une situation nouvelle que le touriste rencontre lors de son déplacement. Nous proposons d’appréhender l’expérience touristique à partir d’un processus de type transitionnel-transactionnel-transformationnel, en nous appuyant sur 1) le modèle théorique de Piaget (1975), selon lequel l’adaptation se fait à partir des processus d’assimilation (intégration de nouveaux objets et informations), d’accommodation (modification d’une structure de l’organisation de la pensée) et d’équilibration (transformation, retour à l’équilibre après le déséquilibre cognitif); 2) le concept d’objet transitionnel de Winnicot (1975) repris par Amirou (1995) pour définir l’espace transitionnel du touriste; 3) la réflexion de Rémy (1998, p. 366) montrant que cet espace transitionnel est aussi transactionnel; 4) le concept de conflit sociocognitif (intervention d’un acteur externe) facilitant l’adaptation à une situation nouvelle. L’expérience serait alors un état sociopsychologique résultant d’une adaptation organisée autour d’espaces transitionnels (telle «une scène de théâtre où sont retravaillées les émotions», conceptualisées les sensations [Jakubowicz, 2012]) et de lieux transactionnels (lieux facilitant la participation pour mieux apprendre sur la société), aboutissant ainsi à un état transformationnel (état d’adaptation à la situation touristique). Comment l’expérience est-elle analysée en tourisme?

4.L’EXPÉRIENCE TOURISTIQUE: ENTRE COMPLEXITÉ CONCEPTUEL...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page légale
  3. Table des matières
  4. Avant-propos
  5. Liste des figures
  6. Liste des tableaux
  7. Introduction Au cœur de l’expérience touristique
  8. PARTIE 1 – LES CONTOURS DE L’EXPÉRIENCE TOURISTIQUE
  9. PARTIE 2 – LES MODALITÉS DE L’EXPÉRIENCE TOURISTIQUE
  10. PARTIE 3 – LES SINGULARITÉS DE L’EXPÉRIENCE TOURISTIQUE
  11. PARTIE 4 – LES DISPOSITIFS EXPÉRIENTIELS
  12. PARTIE 5 – LES ENJEUX DE LA MISE EN SCÈNE TOURISTIQUE
  13. Notices biographiques
  14. Quatrième de couverture