Tiers-lieux
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Tiers-lieux

Travailler et entreprendre sur les territoires: espaces de co-working, fab labs, hack labs...

  1. 220 pages
  2. French
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Travailler et entreprendre sur les territoires: espaces de co-working, fab labs, hack labs...

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À propos de ce livre

ÉpiphĂ©nomĂšnes d'une mutation sociĂ©tale, fruit de l'Ă©conomie numĂ©rique, les tiers-lieux interpellent les dĂ©cideurs publics territoriaux sur l'attitude Ă  adopter, de l'intĂ©rĂȘt bienveillant Ă  une tutelle complĂšte. L'ouvrage rĂ©unissant une Ă©quipe pluridisciplinaire de chercheurs prĂ©sente un matĂ©riau empirique original sur cette rĂ©alitĂ© Ă©mergente, encore mal connue: celle de la multiplication des tiers-lieux dans les villes et hors des centres mĂ©tropolitains. Il pose de nouvelles questions, encore peu traitĂ©es dans la littĂ©rature, en s'intĂ©ressant Ă  la trajectoire sociale des fondateurs d'espaces de coworking, aux nouvelles maniĂšres des jeunes gĂ©nĂ©rations de travailleurs du numĂ©rique de conjuguer leurs aspirations de libertĂ© et d'Ă©panouissement dans les domaines professionnel et privĂ©, ainsi qu'Ă  leurs nouveaux rapports Ă  la collaboration, au travail, au territoire, Ă  la mobilitĂ© et aux questions Ă©cologiques.

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Informations

Année
2019
ISBN
9782760552173

DEUXIÈME PARTIE

Le tiers-lieu comme objet des attentions institutionnelles territoriales parce que creuset potentiel d’emplois et d’innovation

3

Action publique locale et espaces collaboratifs de travail

Le cas des villes petites et moyennes

Clément MARINOS

Depuis les annĂ©es 1980, les pouvoirs publics intĂšgrent dans leurs stratĂ©gies les externalitĂ©s positives liĂ©es Ă  la collaboration entre acteurs Ă©conomiques. En France, cette prise en compte s’est notamment traduite par un soutien aux Ă©cosystĂšmes locaux, rĂ©gionaux et nationaux prenant la forme de politiques publiques (voir Ă  cet Ă©gard aussi la contribution de Liefooghe dans ce prĂ©sent ouvrage) comme celles des systĂšmes productifs locaux, des grappes d’entreprises et, dans les annĂ©es 2000, des pĂŽles de compĂ©titivitĂ©, toutes considĂ©rĂ©es comme des figures territoriales du dĂ©veloppement Ă©conomique (Guillaume, 2008). De nouvelles formes de (micro) clusters (Capdevila, 2013), les espaces collaboratifs de travail (ECT) dont font partie les espaces de coworking, ont Ă©mergĂ© plus rĂ©cemment et se dĂ©veloppent rapidement dans la plupart des territoires, y compris ceux avec une faible densitĂ© de population et d’activitĂ© Ă©conomique.
En 2017, on recense 600 espaces de coworking en France et leur nombre a doublĂ© en cinq ans. À l’échelle mondiale, ce sont prĂšs de deux millions de travailleurs qui frĂ©quentent ces plateformes d’intermĂ©diation ouverte (Fabbri et Charue-Dubosc, 2016). Ces nouvelles pratiques rĂ©sultent de plusieurs tendances. Avec le dĂ©veloppement du secteur des services et des outils et infrastructures numĂ©riques, l’activitĂ© Ă©conomique se transforme et devient plus mobile (Rallet et al., 2009). L’externalisation des fonctions de l’entreprise conduit par ailleurs Ă  la montĂ©e en puissance des travailleurs indĂ©pendants 1. Cette progression est renforcĂ©e par la figure de l’entrepreneur comme modĂšle de rĂ©ussite dans la sociĂ©tĂ© contemporaine (TounĂ©s et al., 2006). Ces populations de travailleurs solitaires restent en recherche de lieux de socialisation, le travail Ă  domicile ne satisfaisant pas toujours leur besoin d’ancrage et d’encastrement social (Besson, 2017).
Car les espaces collaboratifs de travail sont autant des lieux physiques que des configurations sociales permettant la collaboration et l’échange d’idĂ©es entre individus (Merkel, 2015). À la diffĂ©rence des rĂ©seaux et clubs d’entreprises qui ne rĂ©unissent que ponctuellement leurs membres dans un mĂȘme espace, les ECT sont des lieux ouverts qui regroupent physiquement des professionnels avec la perspective de crĂ©er des proximitĂ©s organisationnelles Ă  l’échelle locale, celle de la ville, du quartier ou du village (Marinos, 2018). On peut les considĂ©rer comme des Ă©quipements de proximitĂ© et c’est sans doute une des raisons qui incite de nombreuses collectivitĂ©s territoriales, y compris les municipalitĂ©s et groupements de communes plus modestes, Ă  les soutenir. Il reste que ces nouveaux espaces interrogent les pouvoirs publics qui y voient aussi une opportunitĂ© de dĂ©veloppement de leur territoire (Moriset, 2016) se traduisant par une volontĂ© d’appui Ă  l’entreprenariat et Ă  l’innovation. S’engager dans une dĂ©marche de soutien Ă  ces structures contribuerait Ă  attirer une population plutĂŽt jeune et diplĂŽmĂ©e et Ă  faire entrer son territoire dans l’économie de la connaissance dans l’espoir de gĂ©nĂ©rer de nouvelles dynamiques de dĂ©veloppement.
Issue d’entretiens avec des fondateurs et animateurs d’ECT en Bretagne rĂ©alisĂ©s dans le cadre du projet INTIMIDE 2, cette contribution Ă  visĂ©e comprĂ©hensive propose d’analyser, dans le contexte spĂ©cifique des villes petites et moyennes, le rapport entretenu entre les collectivitĂ©s locales et ces espaces. La thĂ©matique se retrouve Ă©galement dans d’autres contributions de ce prĂ©sent ouvrage, comme par exemple celles de Le Nadant et Marinos, Liefooghe ou encore Baudelle et Marinos. PrĂ©cisĂ©ment, notre recherche rĂ©pond au questionnement suivant :
– Quels sont les principaux motifs qui incitent les collectivitĂ©s Ă  s’engager au profit des ECT ?
– À quels enjeux locaux et territoriaux rĂ©pondent-ils ?
– Quelles sont les modalitĂ©s et les limites de ce soutien ?
La littĂ©rature, sur laquelle nous revenons dans un premier temps, ne semble rĂ©pondre que partiellement Ă  ces interrogations. Si elle met en avant les risques de confusion d’objectifs de la part des dĂ©cideurs publics et la nĂ©cessitĂ© d’hybrider les actions publiques, elle ne revient que briĂšvement sur les conditions de ces actions. En termes de rĂ©sultats, nous montrons que la revitalisation urbaine et l’attractivitĂ© apparaissent comme deux enjeux venant lĂ©gitimer un soutien public. Les modalitĂ©s opĂ©rationnelles de ce soutien aux espaces par les collectivitĂ©s, la plupart du temps financiĂšres et matĂ©rielles, sont ensuite explicitĂ©es. Enfin, nous soulignons le rĂŽle que certaines collectivitĂ©s jouent dans la labellisation et la mise en rĂ©seau des ECT.

ECT, territoire et action publique dans la littérature

À travers l’accueil de porteurs de projet et l’aide au dĂ©veloppement de l’activitĂ© via la mise en rĂ©seau de pairs, les ECT sont considĂ©rĂ©s comme des parties prenantes de l’écosystĂšme local (Ribeiro et al., 2014). Les collectivitĂ©s peuvent y voir un moyen d’agir dans l’économie de la connaissance et des rĂ©seaux, gĂ©nĂ©ratrice d’emplois et crĂ©atrice de richesse. Pour les villes petites et moyennes, c’est Ă©galement une opportunitĂ© de renouvellement des bases productives anciennes et en perte de vitesse (Santamaria, 2012).
Les travaux s’intĂ©ressant au lien entre ECT, territoires et action publique, quoiqu’encore modestes sur le sujet (Tremblay et Scaillerez, 2017), mettent en avant la participation de ces espaces Ă  la revitalisation territoriale (Liefooghe, 2016 ; Jamal, 2018). Ils sont envisagĂ©s par les pouvoirs publics comme de nouveaux outils au service de la rĂ©gĂ©nĂ©ration des territoires Ă  faible densitĂ© (Besson, 2017). Les travaux insistent sur la nĂ©cessitĂ© de dĂ©velopper un maillage territorial Ă©quilibrĂ© (Beaume et Susplugas, 2010) justifiĂ© par leur capacitĂ© Ă  rĂ©duire les temps et les distances au lieu de travail (Foth et al., 2016 ; Poslad et al., 2015) et, d’une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, par l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de vie des travailleurs (Foth et al., 2016 ; Jebli et Tremblay, 2016 ; Poslad et al., 2015). Il s’agit d’une opportunitĂ© pour les pouvoirs publics locaux de prendre en compte, dans leurs actions et leurs dĂ©cisions, les transformations contemporaines des modes de travail.
En termes de dĂ©veloppement Ă©conomique, les ECT seraient de nouveaux lieux d’innovation pour les territoires (Suire, 2013), contribuant Ă  les rendre plus compĂ©titifs et dynamiques. Certains auteurs prĂ©viennent que « les communautĂ©s collaboratives ne doivent pas seulement ĂȘtre un objet de politiques ou d’initiatives Ă©clatĂ©es. Elles peuvent et elles doivent ĂȘtre le module et le cƓur de politiques publiques en matiĂšre d’entrepreneuriat, d’innovation, d’urbanisme, d’insertion, de culture et d’éducation au cƓur de la citĂ© » (De Vaujany, 2016). Mais cette multifonctionnalitĂ© les rend peu compatible avec les grilles sectorielles classiques d’action publique. S’ils doivent certainement ĂȘtre envisagĂ©s comme des outils au service du dĂ©veloppement Ă©conomique territorial, ils s’intĂšgrent aussi aux politiques de transport, de cohĂ©sion sociale ou d’amĂ©nagement numĂ©rique. Pour les dĂ©cideurs publics locaux, cette pluralitĂ© implique une certaine confusion des objectifs attribuĂ©s aux ECT. Dans le cas français, cela signifie que la plupart des strates des collectivitĂ©s, des communes aux rĂ©gions, peuvent lĂ©gitimement s’en emparer pour en faire des attributaires de leur action.
Deux logiques s’affrontent dans le rapport entre collectivitĂ©s locales et ECT (Liefooghe, 2018) : celle de l’institutionnalisation bureaucratique basĂ©e sur la hiĂ©rarchie et un partage clair de compĂ©tences et des responsabilitĂ©s d’une part et d’autre part le dĂ©veloppement d’un mouvement des tiers-lieux qui repose fondamentalement sur l’initiative individuelle et communautaire, c’est-Ă -dire spontanĂ©, Ă©volutif et instable. La premiĂšre se traduit par une prise en compte des ECT comme de nouveaux services publics, s’inscrivant dans la continuitĂ© des pĂ©piniĂšres d’entreprises, voire comme un soutien public Ă  l’immobilier de bureau. L’ECT constitue alors, en prioritĂ©, une rĂ©ponse de la collectivitĂ© aux besoins directs des acteurs locaux. La seconde logique relĂšve davantage d’une dĂ©marche d’entreprenariat social dont l’objectif gĂ©nĂ©ral est de crĂ©er un bĂ©nĂ©fice pour la communautĂ© avec un degrĂ© variable d’innovation et de transformation sociale (Fontan, 2011). Dans ce cas, le soutien public intervient indirectement. Il est alors envisagĂ© comme un accompagnement Ă  la crĂ©ation et au dĂ©veloppement d’activitĂ©s communautaires contribuant au dĂ©veloppement local. Cette double logique oblige les pouvoirs publics qui se positionnent vis-Ă -vis de ces objets aux multiples facettes et aux contours flous Ă  revoir leur mode d’action et adopter de nouvelles postures.
Certains travaux de recherche proposent par ailleurs des typologies d’espaces au regard du degrĂ© d’implication des pouvoirs publics. Fiorantino (2018) prĂ©sente un modĂšle croisant l’origine de l’initiative (bottom-up ou top-down) avec la nature du projet (public ou privĂ©). L’auteure identifie quatre types d’espaces allant de ceux financĂ©s et gĂ©rĂ©s par des grands groupes privĂ©s comme WeWork ou Regus aux espaces crĂ©Ă©s et administrĂ©s par les autoritĂ©s publiques, en passant par les initiatives individuelles privĂ©es et les formes hybrides (cf. figure ci-dessous).
Figure 1 : Typologie des espaces de coworking, Marinos, adapté de Fiorantino (2018)
image
Pour Rus et Orel (2015), ce sont plutĂŽt les initiatives bottom-up qu’il faut privilĂ©gier. Selon eux, l’enjeu principal pour les dĂ©cisionnaires publics n’est surtout pas de crĂ©er des espaces ex-nihilo avec l’objectif de lutter contre le chĂŽmage des jeunes ou de dĂ©velopper un secteur d’activitĂ© donnĂ© mais plutĂŽt de s’efforcer de repĂ©rer et de soutenir les communautĂ©s de travail existantes ou Ă©mergentes sur leur territoire. Cette stratĂ©gie, que l’on peut qualifier d’intĂ©gratrice, suppose d’adopter des nouveaux modes opĂ©ratoires en hybridant leur action avec le middleground (Chantelot et al., 2015), ce qui, pour des institutions publiques, nĂ©cessite de sortir des schĂ©mas traditionnels d’actions publiques. En consĂ©quence, la question des modes de soutien pertinents se pose, dans l’attente d’une contribution plus ou moins directe au dĂ©veloppement Ă©conomique local.

MĂ©thodologie par Ă©tude de cas

Notre mĂ©thodologie de recherche repose sur une Ă©tude de cas instrumentale multiple (Stake, 1995) qui vise Ă  Ă©tudier un phĂ©nomĂšne de portĂ©e gĂ©nĂ©rale Ă  partir de plusieurs situations de ce phĂ©nomĂšne. La confirmabilitĂ© des rĂ©sultats est ici assurĂ©e par l’adoption d’un protocole et d’une grille d’analyse communs Ă  huit cas d’étude, soit huit ECT (cf. tableau ci-contre). Un entretien systĂ©matique avec le gĂ©rant et fondateur de l’espace, complĂ©tĂ© par deux Ă  trois entretiens avec des membres utilisateurs, ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s pour chaque ECT. Afin de garantir la crĂ©dibilitĂ© et la complĂ©tude des analyses, nous avons retranscrit intĂ©gralement ces Ă©changes. Une grille d’entretien a servi de fil conducteur des rendez-vous en face-Ă -face pour discuter des points suivants :
– dĂ©marche de crĂ©ation du lieu (origine, principales motivations) ;
– modalitĂ©s de fonctionnement (modĂšle Ă©conomique, ressources mobilisĂ©es) ;
– relations avec les acteurs locaux (tissu Ă©conomique, acteurs publics) ;
– rĂŽle des dĂ©cideurs publics (en phase de crĂ©ation et au quotidien, type d’intĂ©gration Ă  la gouvernance locale).
Ces donnĂ©es primaires ont Ă©tĂ© complĂ©tĂ©es par une recherche documentaire : sites internet d’ECT, interviews en ligne de fondateurs et de membres, articles de presse et notes de blogs.
Tableau 1 : Espaces collaboratifs visitĂ©s dans le cadre de l’enquĂȘte
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Le choix de la Bretagne comme terrain d’étude s’est avĂ©rĂ© particuliĂšrement intĂ©ressant du fait d’un nombre relativement Ă©levĂ© d’ECT non mĂ©tropolitains et d’une rĂ©partition homogĂšne sur l’ensemble du territoire. Brest et Rennes, les deux mĂ©tropoles rĂ©gionales, ne concentrent pas spĂ©cialement les ECT puisqu’elles n’hĂ©bergent environ que la moitiĂ© des espaces recensĂ©s, les autres se situant dans les villes petites et moyennes et en zones rurales 3. Cette dynamique entre donc en cohĂ©rence avec l’équilibre du maillage urbain rĂ©gional.

RĂ©sultats

Dans un premier temps, nous proposons de faire Ă©tat des diffĂ©rentes modalitĂ©s de soutien public aux ECT issues des communes et de leur groupement. Nos propos mettent notamment en lumiĂšre certaines difficultĂ©s de dialogue et l’obligation de coopĂ©rer. Dans un deuxiĂšme temps, nous exposons deux principaux motifs qui nous semblent justifier l’aide publique des collectivitĂ©s : la revitalisation urbaine et l’attractivitĂ© du territoire. Enfin, une autre forme d’interaction que l’appui financier et matĂ©riel, prĂ©cisĂ©ment la labellisation des ECT et leur mise en rĂ©seau, est explicitĂ©e.

Les modalités de soutien des municipalités et groupements de communes aux ECT

Dans les huit ECT visitĂ©s, dont aucun d’entre eux n’est sous statut public, le soutien des pouvoirs publics, quelle que soit sa forme, est perçu par les fondateurs comme un Ă©lĂ©ment indispensable Ă  leur bon fonctionnement, non seulement lorsqu’il s’agit d’association Ă  but non lucratif mais Ă©galement dans le cas de structure sous statut d’entreprise privĂ©e. Habituellement, ce soutien se traduit par une aide financiĂšre visant Ă  prendre en charge une part du loyer ou plus directement par une mise Ă  disposition de locaux. L’autre modalitĂ© frĂ©quemment rencontrĂ©e consiste au versement d’une subvention de fonctionnement qui n’est pas spĂ©cifiquement affectĂ©e Ă  un poste de dĂ©pense mais permet de financer l’animation de l’espace. En phase d’installation, les ECT peuvent aussi ĂȘtre soutenus par une aide ponctuelle Ă  l’amĂ©nagement des locaux : « la mairie nous a donnĂ© une enveloppe de 30 000 euros et on a mis 80 000 de notre poche » explique l’un des fondateurs concernĂ©s.
Du point de vue des institutions publiques, la crĂ©ation de certains ECT rĂ©sultent d’une opportunitĂ© fonciĂšre : un local est disponible et il faut trouver une activitĂ© pour l’occuper. Un appel Ă  projets est alors lancĂ© par la collectivitĂ© en vue de rechercher une structure porteuse rassemblant une communautĂ© d’usagers, qu’elle soit prĂ©existante ou non. La structure occupe alors les lieux au moyen d’une convention d’occupation. L’amĂ©nagement prĂ©alable des locaux et son premier Ă©quipement sont gĂ©nĂ©ralement cofinancĂ©s et rĂ©alisĂ©s par la collectivitĂ©, en concertation avec l’animateur des lieux qui prend en charge les dĂ©penses de fonctionnement.
Dans cette phase de montage, l’aide publique s’avĂšre essentielle, mĂȘme si elle pose par ailleurs certaines difficultĂ©s : « on ne peut pas faire sans, mais c’est compliquĂ© » rĂ©sume le manager d’un ECT. Il tĂ©moigne ainsi : « ça a Ă©tĂ© difficile car je n’avais pas accĂšs aux Ă©lus mais Ă  force j’ai rĂ©ussi Ă  les convaincre de notre utilitĂ© ». Un autre ajoute que « ça a Ă©tĂ© une partie compliquĂ©e, ils ne comprenaient pas ce qu’on voulait faire ». Le dialogue laborieux s’explique par une distance cognitive, culturelle et parfois gĂ©nĂ©rationnelle entre des Ă©lus mĂ©connaissant ces objets Ă©mergents d’une part et d’autre part des porteurs de projet immergĂ©s depuis longtemps dans ces nouvelles pratiques. Certains fondateurs contournent ces obstacles en mettant au point des « stratĂ©gies de contournement ». Pour favoriser la comprĂ©hensio...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. PREMIÈRE PARTIE : La diversité des tiers-lieux avec coworking : Le tiers lieu est aussi divers que les parcours et profils de ses fondateurs et utilisateurs
  6. DEUXIÈME PARTIE : Le tiers-lieu comme objet des attentions institutionnelles territoriales parce que creuset potentiel d’emplois et d’innovation
  7. TROISIÈME PARTIE : Le tiers-lieu comme expression d’une aspiration rĂ©elle Ă  travailler, se dĂ©placer, s’organiser et Ă©ventuellement innover, le tout autrement (travail collaboratif)
  8. Conclusion
  9. Les auteurs