Management par projet
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Les identités incertaines

  1. 216 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Management par projet

Les identités incertaines

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À propos de ce livre

Si les organisations sont des lieux de réalisation de projets qui fonctionnent grùce à la coopération de ses employés, elles n'en restent pas moins des espaces de domination. Les auteurs étudient cette réalité dans le management par projet pour donner au lecteur les moyens de penser le développement d'une organisation.

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Informations

Année
2012
ISBN
9782760534544
Sous-sujet
Management
Le schĂ©ma cellulaire en rĂ©seau marque aujourd’hui la rupture la plus significative avec le modĂšle taylorien. L’organisation des activitĂ©s en mode projet est sans doute la forme typique de cette Ă©volution, Ă  la fois caractĂ©risĂ©e par la dĂ©centralisation orientĂ©e vers le marchĂ©, les formes multiples de rĂ©gimes contractuels et la mobilisation de savoirs, de statuts et d’acteurs multiples pour la rĂ©alisation d’un programme (Veltz, 2000, p. 176). Cette tendance peut ĂȘtre Ă©galement observĂ©e, Ă  une Ă©chelle plus fine, au plan des collectifs de travail autrement appelĂ©s Ăźlots de production, Ă©quipes de projet ou cellules autonomes. Si les ouvrages de conseil en management et les politiques de gestion de ressources humaines ont largement cĂ©lĂ©brĂ© les vertus de la flexibilitĂ© cellulaire (rĂ©munĂ©ration au mĂ©rite, individualisation des objectifs, plans de formation individualisĂ©s, etc.), les approches critiques en revanche, notamment en sociologie du travail (Linhart, 2009), en ont dĂ©noncĂ© les pratiques perverses : harcĂšlement, « placardisation », dĂ©localisation, prĂ©carisation du travail, mobilitĂ© forcĂ©e. Dans cette Ă©tude, nous essaierons de dĂ©montrer que la communication cellulaire se rĂ©sume Ă  l’emploi de protocoles ou de langages de commande de processus (overhead) auxquels doivent se conformer des individus supposĂ©s compĂ©tents1. La polyvalence, la compĂ©tence, le savoir ĂȘtre, la mobilitĂ©, et bien d’autres qualitĂ©s requises par le management, sont des postures normatives ou des portraits types auxquels l’individu concret est censĂ© s’ajuster et s’identifier au point, justement, de s’effacer en tant qu’individu singulier. On peut alors se demander ce que deviennent les relations interpersonnelles et sociales dans une organisation cellulaire pilotĂ©e par les normes visant l’explicitation et la codification absolues des comportements, des processus et des objectifs au prĂ©texte d’évaluation des performances et, en derniĂšre instance, de rentabilitĂ© financiĂšre.

1. RETOUR SUR UNE UTOPIE COMMUNICATIONNELLE

Un regard sur l’évolution des idĂ©es et des pratiques en management depuis presque trente ans en tenant compte de l’actualitĂ© la plus rĂ©cente, la plus brĂ»lante, rĂ©vĂšle la fin d’une utopie communicationnelle. Sans doute, sur cette question – et on nous pardonnera de consulter un corpus pour nous trĂšs accessible –, les dossiers de la revue Communication & Organisation sont-ils de bons indicateurs. Du sentiment d’appartenance (1992) aux mĂ©moires d’entreprise (1995), en passant par le management de la qualitĂ© (1999) et les nouvelles Ă©thiques d’entreprise (2004), nous rĂ©perons les enjeux d’une Ă©poque marquĂ©e par la quĂȘte du consensus social. La communication, qu’on le veuille ou non, est normative, fonctionnelle et euphorique. La littĂ©rature de management fait l’apologie de l’équipe : il faut produire de l’entente, de la coopĂ©ration au sein de collectifs dont on ne discerne pas toujours les particularitĂ©s culturelles, professionnelles et encore moins individuelles. Au plan global, il faut construire un projet et une culture d’entreprise, mettre une Ă©quipe en mouvement au profit d’une idĂ©e forte. Toute l’activitĂ© de normalisation dans ce domaine est fondĂ©e sur la croyance en la force socialisatrice de l’innovation et de la gestion de la qualitĂ©. Dans le domaine du management, la mode Ă©ditoriale de la dĂ©cennie 1990 est Ă  la culture de l’équipe, l’empowerment, le team building, le reengineering, etc. Aux mĂ©tiers et Ă  leurs communautĂ©s succĂšdent des processus d’entreprise, lesquels redistribuent radicalement les rapports de pouvoir et les jeux d’acteurs. Ce qui se pense, se ressent, se partage du social ne trouve plus sa source dans la complicitĂ© solidaire des collectifs au travail – ce que nous appelons simplement des groupes –, mais (et ce n’est pas le moindre des paradoxes) dans la production des rĂ©cits sur l’entreprise, dans la sublimation des contraintes au travail, dans l’exaltation des valeurs d’engagement, d’affirmation de soi, de l’entreprise de soi-mĂȘme (Vercellone, 2009, p. 93). Dans le management de l’équipe, la part symbolique de l’action consacre les attitudes moralement qualifiĂ©es (la responsabilisation, la confiance, la prise de risque, l’esprit de compĂ©tition, la capacitĂ© d’engagement, etc.). Elle sublime ces postulats Ă©conomiques qui affirment que la problĂ©matique et la justification de la cohĂ©sion sociale sont celles du marchĂ©, que la solidaritĂ© peut se construire en termes de compĂ©titivitĂ© et de rentabilitĂ©, que l’entreprise peut, dans un contexte de croissance observable et quoi qu’en dise Castel, « porter le poids de la rĂ©solution de la question sociale2 ». Cet argumentaire libĂ©ral imprĂšgne la grande fresque prophĂ©tique d’auteurs comme Peter et Waterman, dont l’ouvrage, Le prix de l’excellence (1982), devait se vendre Ă  plus de cinq millions d’exemplaires mĂȘme si, comme beaucoup de grandes entreprises amĂ©ricaines, Boeing devait connaĂźtre bien des dĂ©boires
 Au fond, le sens du travail est affaire de discours : l’apprentissage du « vivre ensemble » au travail devient l’objet et l’enjeu de prophĂ©ties, d’exhortations, de sublimation, donc. Le manager – la figure type du pouvoir – tient enfin le discours de la rĂ©conciliation entre la vertu de l’engagement collectif et la performance Ă©conomique : le sujet individuel se fond dans un sujet collectif au titre de valeurs comme le sens des responsabilitĂ©s, la prise de risque, le goĂ»t d’entreprendre. Dans cette Ă©popĂ©e industrielle, les contradictions logiques sont enfin rĂ©solues : par exemple, entre les comportements exigibles et le don de soi, l’autonomie requise et la contrainte assumĂ©e, la prĂ©carisation de l’emploi et l’exigence d’investissement (Lallement, 2010). Mais aujourd’hui encore, il y aurait beaucoup Ă  dire sur ce qui persiste de cette utopie communicationnelle et de la narration Ă©pique dans les formes de revendication du mouvement Ă©cologique ou encore dans les politiques de gestion des crises (financiĂšres ou sociales).

2. VERS LE PARADIGME CELLULAIRE

Les annĂ©es 2010 annoncent d’autres approches3 : l’innovation organisationnelle, l’individu au travail, la communication Ă  l’épreuve des mutations Ă©conomiques, l’évaluation des performances et des organisations, etc. À l’ordre imaginaire de l’utopie se substitue l’épreuve du rĂ©el, avec ses stratĂ©gies, ses apories, puis ses souffrances et ses impasses. L’environnement de l’entreprise devient complexe, imprĂ©visible, instable. Les facteurs sont connus : crises Ă©conomique et financiĂšre, unions monĂ©taires, mutations politiques et sociales, concurrence mondialisĂ©e
 Les rĂ©ponses, radicales, sont structurelles : fusions, acquisitions, internationalisation des fournisseurs, dĂ©localisation des sites de production, etc. Le discours modernisateur met l’accent sur la fonction et non plus sur le mĂ©tier. La modernisation est dans une mauvaise passe, dit DaniĂšle Linhart (2009), et les technologies de l’information et de la communication n’y changeront rien. Pour entrer, comme le dit cette auteure, dans le jeu rentabiliste de l’entreprise, il faut apprendre Ă  se mesurer Ă  soi-mĂȘme ou faire comme si la dĂ©solidarisation devenait une condition de la performance individuelle. Les signes perceptibles pour soi-mĂȘme du dĂ©sordre ? La souffrance, le stress, la peur, la solitude, l’isolement, le dĂ©classement
 Le licenciement n’est plus seulement la nĂ©gation du travail, il est aussi celle de l’imaginaire collectif associĂ© au mĂ©tier, Ă  ses formes multiples de solidaritĂ© et Ă  sa continuitĂ© gĂ©nĂ©rationnelle
 Le salariĂ© doit se conformer Ă  des rĂ©fĂ©rentiels de compĂ©tences dans un contexte marquĂ© par la dĂ©collectivisation des rapports de travail et par la personnalisation du rapport salarial sous la contrainte des systĂšmes qualitĂ© et de leurs indicateurs. Au point que le paradigme cellulaire paraĂźt pertinent aujourd’hui pour rendre compte de la maniĂšre dont sont utilisĂ©s les protocoles de gestion de crise et les mĂ©thodes d’enfermement du salariĂ© dans la « cage » des normes. Dans cet espace de travail saturĂ© de codes et de consignes (Grimand, 1996, citĂ© par Everaere, 1999), « il s’agit d’obtenir des salariĂ©s l’intĂ©riorisation des objectifs dĂ©finis par la direction afin de bĂ©nĂ©ficier gratuitement de leur mobilisation totale » (Vercellone, 1999, p. 93). Dans la technique de coordination cellulaire, la multiplication et l’empilement des procĂ©dures forment ce que Jean-Michel Camin (voir chapitre 8) appelle un phĂ©nomĂšne d’information de commande ou overhead. Tous les rĂ©seaux de communication au sein de la formation cellulaire sont rĂ©gulĂ©s par le processus overhead, ce temps passĂ© par un systĂšme Ă  ne rien faire d’autre qu’à se gĂ©rer lui-mĂȘme
 L’information de commande, l’optimisation des temps et des coĂ»ts, la gĂ©nĂ©ralisation des pratiques comptables, les « modes d’organisation reposant sur l’optimisation continuelle des processus » (jargon de la RĂ©vision gĂ©nĂ©rale des politiques publiques [RGPP], citĂ© par Roy, 2009, p. 240) forment l’esquisse d’un modĂšle de gestion que nous proposons d’appeler gestion cellulaire.

3. GESTION CELLULAIRE

La cellule dĂ©signe, dans son sens organisationnel, le collectif d’experts chargĂ©s de restaurer, en situation de crise, de grand danger ou de catastrophe, au moins un ordre provisoire. Sa prioritĂ© est de rechercher des solutions de prĂ©vention d’un plus grand risque encore et de dĂ©velopper une coordination intense pour mettre en application un plan de secours destinĂ© Ă  des victimes rĂ©elles ou potentielles. Cellule de crise4, d’urgence, de coordination ou d’appui technique, elle est astreinte Ă  proposer des solutions ad hoc et rapides Ă  des problĂšmes souvent mal diagnostiquĂ©s, faute de temps ou de moyens. Elle fait preuve d’une grande capacitĂ© Ă  se connecter Ă  diverses structures d’un mĂȘme rĂ©seau, auxquelles elle puise, dans l’urgence, les ressources dont elle a besoin. Elle est Ă©videmment prioritaire dans la consommation de ces ressources et dispose d’une grande latitude d’action. Nous faisons l’hypothĂšse que ce qui s’applique aux pompiers et aux urgentistes s’applique aux organisations par « lots de travail », ces petites unitĂ©s interdisciplinaires affectĂ©es Ă  la rĂ©alisation d’un sous-ensemble d’un projet. Un critĂšre majeur d’organisation est leur capacitĂ© Ă  s’intĂ©grer dans un vaste processus de conception ou, plus simplement dit, Ă  composer avec des contraintes, souvent drastiques, de budget et de temps5. Les modes temporels de la cellule sont l’urgence, la prioritĂ©, le « coup de feu » ; sa mission Ă©conomique est affaire de compĂ©titivitĂ© (en termes de matiĂšre de coĂ»ts, de qualitĂ©, de rĂ©activitĂ© face au marchĂ©). Sa forme organisĂ©e est celle d’une petite unitĂ© combinant des activitĂ©s opĂ©rationnelles (conception, production) et des activitĂ©s fonctionnelles (qualitĂ©, maintenance, gestion des coĂ»ts). Son environnement est formĂ© d’un ensemble cellulaire organisĂ© en rĂ©seau. Sa mise en Ɠuvre est effective dans les grandes entreprises de technologie avancĂ©e (tĂ©lĂ©communications, aĂ©ronautique, Ă©lectronique, chimie, armement) et dans les ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Presses de l'Université du Québec
  3. Management par projet - LES IDENTITÉS INCERTAINES
  4. Page légale
  5. REMERCIEMENTS
  6. LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
  7. INTRODUCTION
  8. PARTIE 1 - CONSTRUCTIONS IDENTITAIRES DANS LES COLLECTIFS ORGANISATIONNELS
  9. PARTIE 2 - IMPLICATION ET CRISES IDENTITAIRES DANS LES ORGANISATIONS
  10. PARTIE 3 - POSTURE DES ACTEURS ET CONTRAINTES ORGANISATIONNELLES
  11. PARTIE 4 - PATHOLOGIES DANS LES ORGANISATIONS
  12. NOTICES BIOGRAPHIQUES
  13. DANS LA MÊME COLLECTION
  14. QuatriĂšme de couverture