Culture et éducation non formelle
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Culture et éducation non formelle

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Culture et éducation non formelle

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Qu'est-ce que l'éducation non formelle (ENF)?? Cet ouvrage permet de le découvrir et de comprendre en quoi l'ENF se distingue de l'enseignement scolaire officiel dans les domaines de la culture et de l'éducation.L'éducation non formelle prend la forme d'actes volontaires effectués dans la période de loisirs, sans programme imposé et sans contrôle ni évaluation. Elle est un irremplaçable moyen d'enrichissement intellectuel et affectif chez les individus et les groupes sociaux. Elle couvre un secteur extrêmement large et dispose de moyens remar­quables, tels ceux des industries culturelles, ce qui permet au livre, au cinéma, à la télévision, aux musées et bien sûr au réseau Internet de toucher une masse considérable de personnes et d'exercer, parfois implicitement, un effet continu d'acculturation.Ce volume, rédigé par des chercheurs en communication, s'adresse aux professionnels de l'éducation non formelle et notamment à ceux de la médiation, aux ensei­gnants, aux amateurs autodidactes et aux spécialistes de la pédagogie. Premier ouvrage en français sur le sujet, il ouvre de nouvelles voies de réflexion aux étudiants et aux chercheurs.

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Informations

Chapitre 1
UNE INTRODUCTION À L’ANALYSE DE L’ÉDUCATION NON FORMELLE
Daniel Jacobi
Est-il possible d’apprendre en dehors de l’école? De quelles façons? La culture savante s’acquiert-elle seulement par l’enseignement à l’école? Et si la culture s’enrichit après la période de formation initiale, selon quelle(s) voie(s) le fait-elle? Les sociétés contemporaines ont vu se manifester un développement sans précédent de l’école et de ce que l’on désignera dans la suite de ce texte du nom d’«enseignement académique» ou mieux d’«éducation formelle». Sous l’appellation d’«éducation formelle», on regroupe toutes les institutions d’enseignement de la maternelle à l’université. C’est-à-dire des institutions académiques qui ont pour seule mission d’enseigner et de faire apprendre quelque chose à différentes catégories d’enfants, de jeunes ou d’adultes (école maternelle, école primaire, collège, lycée, grande école, université, etc.).
Toutes ces institutions partagent, en effet, un certain nombre de principes et de modalités de fonctionnement qui en font un ensemble homogène. Elles sont spécialisées dans leur fonction d’éducation et sont libérées de toute autre préoccupation; elles emploient des professionnels diplômés et qualifiés qui n’ont que cette activité à accomplir; elles sont soumises à un ensemble de règles et d’obligations communes qui sont, de plus, imposées nationalement (conditions d’accès, programmes, horaires, évaluation, délivrance des diplômes, etc.). Et, atout incommensurable, l’école est non seulement indispensable mais, comme le précise la loi, obligatoire. De sorte que ses publics sont dits parfois des publics captifs.
On a observé au cours du dernier demi-siècle deux tendances très fortes dans le secteur de la formation des enfants et des jeunes des pays développés (ce qu’il est convenu d’appeler la «formation initiale»): une augmentation considérable de la population scolarisée et un allongement conséquent de la durée des études. Et ce n’est pas prendre grand risque que d’affirmer que l’école, et au-delà toutes les institutions scolaires qui constituent «l’appareil d’éducation» (au sens d’Althusser, 1976), est devenue dans notre société non seulement le premier outil de socialisation (comme le notait Durkheim en 1922), mais aussi l’instance première de diffusion des savoirs et de la culture.
La place et le poids de l’école sont tels qu’il est pratiquement devenu impossible d’analyser n’importe quelle déficience ou lacune de la population, qu’elle soit cognitive ou culturelle, sans d’abord en rechercher les causes dans le fonctionnement de l’école. Les Français n’aiment guère l’art et sont peu musiciens? C’est parce que l’on a quasi supprimé ces enseignements à l’école. La culture scientifique du citoyen moyen est superficielle, les Français communiquent mal en langues étrangères? C’est que l’enseignement n’est ni adapté ni modernisé… Et ainsi de suite.
1.1.
UNE ÉCOLE PARALLÈLE?
Le poids attribué à l’école et à l’appareil d’éducation formelle dans la genèse des conduites et des intérêts des adultes insérés socialement et professionnellement a complètement fait perdre de vue une donnée pourtant très connue et, par ailleurs, parfois dénoncée par les professionnels de l’enseignement: il existe d’autres sources de diffusion et d’acculturation dans les sociétés modernes. Ces sources sont puissantes et souvent concurrentes au point que Friedmann (1963) les avait appelées l’«école parallèle».
Quand on convoque la notion «d’école parallèle», on songe au cinéma, au livre, à la musique, à la presse, à la radio, à la télévision, aux musées et au dernier-né: les médias numériques diffusés et échangés, essentiellement sous la forme de vidéos visionnées sur l’écran de son téléphone. Au rôle et à l’impact de ces médias, comme à leur contribution aux processus d’acculturation, les Anglo-Saxons ont donné le nom de «informal education», expression que nous avons préféré traduire en français par éducation non formelle (Jacobi et Schiele, 1990). Nommer ce secteur par sa traduction littérale – l’éducation informelle –, à cause de la valeur habituellement péjorative de l’épithète informel, pourrait laisser croire que les diverses composantes de ce secteur de la diffusion des savoirs et de la culture sont faibles, inorganisées et dépourvues de moyens conséquents. Or, comme on le verra, c’est tout le contraire: cette école parallèle est par nature différente de l’autre. Elle est déjà ancienne, très professionnelle, compétente, forte de grandes institutions disposant de ressources et de financements conséquents… Et par ailleurs, pour ce qui concerne l’éducation populaire et le secteur parascolaire (interventions en dehors du temps de l’école et en complément de celle-ci), elle mobilise des méthodes innovantes, elles aussi élaborées et efficaces.
Les caractéristiques du large secteur, aux contours indécis, que constitue l’éducation non formelle sont hétérogènes et ne peuvent être résumées de façon synthétique. Les acteurs de l’éducation non formelle constituent une phalange hétérogène, quantitativement importante. En laissant de côté l’univers des journalistes et des médias, l’éducation non formelle est le domaine d’action de ce qu’on appelle aujourd’hui la «médiation». Dans ce secteur coexistent les associations et leurs volontaires souvent bénévoles et les médiateurs culturels (autrefois dénommés «animateurs») qui sont des professionnels à temps plein, dorénavant formés, reconnus et rémunérés à cette seule fin. Ils sont chargés de diffuser, en direction de différentes catégories de publics jeunes et adultes, la culture artistique, esthétique ou scientifique. Ils sont employés dans des institutions qui, par définition, ne sont pas scolaires: musées, institutions de spectacle vivant, bibliothèques, services culturels, collectivités territoriales, ministères techniques spécialisés.
Les médiateurs, qu’ils soient associatifs ou professionnels, diffèrent des enseignants sur plusieurs plans. Par exemple, ils ne sont pas astreints, comme les enseignants, à respecter les obligations et les contraintes des programmes ou des normes scolaires. Il est impossible de les assimiler à des enseignants puisqu’il est rare qu’ils travaillent en continu avec des publics captifs, homogènes et regroupés par niveau. Ils s’adressent par principe au plus grand nombre, pendant la période des loisirs, aux familles, voire aux exclus et aux laissés-pour-compte.
Les médias quant à eux ont des missions qui ne sont pas par nature éducatives ou culturelles puisqu’ils doivent aussi informer et distraire. De plus, ils sont entrés, et parfois depuis longtemps, dans le secteur marchand de l’économie et dépendent de financements hétérogènes comme les ressources de la publicité. Ils se soucient en permanence de leur audience puisqu’ils ne disposent que rarement de publics captifs. En principe, la participation des publics et leur exposition aux médias sont libres et volontaires. Bref, sur bien des plans, l’éducation non formelle se différencie nettement de l’enseignement académique.
Précisons aussi que, de notre point de vue, l’éducation non formelle se distingue sans la moindre équivoque de l’éducation informelle telle qu’elle a été proposée par l’UNESCO et définie par certains chercheurs en éducation. En effet, cette proposition, pourtant intéressante en soi, ne coïncide que très partiellement avec la définition que nous venons de tracer à grands traits. L’UNESCO, lors de sa déclaration de Hambourg (1997) consacrée à l’éducation des adultes, a formulé une définition de référence de l’éducation tout au long de la vie:
L’éducation des adultes désigne l’ensemble des processus d’apprentissage, formels ou autres, grâce auxquels les individus considérés comme adultes dans la société à laquelle ils appartiennent développent leurs aptitudes, enrichissent leurs connaissances et améliorent leurs qualifications techniques ou professionnelles ou les réorientent en fonction de leurs propres besoins et de ceux de la société. Elle englobe à la fois l’éducation formelle et l’éducation permanente, l’éducation non formelle et toute la gamme des possibilités d’apprentissage informel et occasionnel existant dans une société éducative multiculturelle où les démarches fondées sur la théorie et sur la pratique ont leur place.
Reprenant et élargissant ce propos, certains chercheurs en éducation ont essayé de reconsidérer le rôle de l’école au regard du rapport entre formel, informel et non-formel (Brougère, 2007). Ils ont tout particulièrement envisagé ses conséquences du point de vue du rôle des maîtres. Ce qui les conduit à repenser la place des apprentissages académiques et non formels dans tout le cours de l’éducation tout au long de la vie:
Il importe de mettre l’accent sur le fait que les apprentissages ne relèvent pas uniquement d’une éducation formelle, de situations qui sont conçues, reconnues ou vécues comme éducatives. Ce que porte cette expression au-delà de toutes ses ambiguïtés, c’est l’idée qu’en participant à diverses activités, qu’il s’agisse de travail, de loisir, de vie associative, du plus ordinaire de la vie quotidienne ou d’événements exceptionnels qui traversent une vie, les personnes apprennent sans que la situation ait été pensée pour cela, sans qu’elles en aient l’intention, voire, parfois, sans qu’elles en aient conscience. C’est donc refuser de limiter l’apprentissage à des moments construits pour cela, à la présence d’une intention d’apprendre, voire à la conscience d’apprendre (Brougère, 2007, p. 11).
En somme, ces chercheurs prennent acte du fait que l’éducation n’est pas seulement l’affaire de l’école et des maîtres qui y enseignent. Ils soulignent, et ils ont raison de le faire, que la famille, les situations de travail où l’on apprend par imitation jouent aussi leur rôle. Pour eux, donc, le non-formel côtoie le formel et il existe toujours une dimension non formelle même au sein de l’enseignement académique.
Tout aussi restrictive et incomplète est la description de l’éducation non formelle telle qu’elle est proposée par les chercheurs qui s’intéressent à l’éducation populaire (Bordes, 2012). Décrivant l’animation et l’intervention d’organismes souvent liés à l’enseignement dans le secteur des vacances et dans le temps hors école, ils ont eux aussi qualifié de «non-formel» ce secteur. Cette extension du non-formel est très stimulante même si elle tend à brouiller les limites du périmètre que nous sommes en train de dessiner. Nous reviendrons ultérieurement sur les relations de nature dialectique qui s’établissent à tous les niveaux de l’éducation entre formel et non-formel. Les acteurs de la culture savent très bien ce qu’ils doivent à l’enseignement et réciproquement, les enseignants admettent tous l’importance des activités volontaires et librement consenties dans le temps des loisirs (autrement dit sans l’école) et l’influence des médias. Sans oublier évidemment le temps passé à consulter pendant des temps longs les médias numériques diffusés par vidéo et visionnés sur un téléphone.
Dans ce volume, l’appellation «éducation non formelle» recouvre, en premier lieu, tous les espaces, les équipements et les institutions qui, en dehors de l’école et de ses apprentissages académiques, favorisent:
la diffusion des savoirs et de la culture, qu’elle soit savante ou populaire;
l’éducation et l’acculturation des enfants, des jeunes et des adultes;
et que cela soit fait de façon consciente, volontaire et organisée ou de façon inconsciente, implicite, par imprégnation.
Cependant, nous intégrerons autant que de besoin les interrelations entre formel et non-formel. Ainsi, parallèlement à l’école, certains enseignants se sont depuis longtemps engagés dans un travail militant et plus ou moins bénévole d’éducation populaire ou d’animation pour favoriser des activités culturelles de loisir (théâtre, musique, cinéma, lecture, etc.) peu enseignées à l’école, voire ignorées à cause des contraintes de temps et de programmes. De même, les militants des méthodes actives, qui ont d’abord pratiqué celles-ci et les ont mises en œuvre dans les vacances et les loisirs, ont pu les faire migrer parfois vers la classe.
1.2.
QUEL(S) PUBLIC(S) POUR L’ÉDUCATION NON FORMELLE?
Quand on évoque la question des publics du secteur non-formel, il est assez paradoxal de constater qu’on ne dispose que d’idées reçues très convenues et en grande partie erronées. La première, celle qu’on entend surtout dans la bouche des producteurs et des professionnels de l’éducation non formelle, consiste à dire que leur public est très large. Ils affirment qu’ils s’adressent à tout le monde, au grand public ou au récepteur lambda. En somme, à une foule immense, un public sans qualité et constitué par hasard.
La seconde, de nature différente, qualifie péjorativement ce public. Il serait docile, passif, se laissant facilement duper par les contenus et serait comme envoûté par des contenus certes médiocres, mais dont il serait devenu dépendant (Adorno, 1964). Une sorte de dépendance qui lui permettrait de vivre dans un monde d’illusions et d’échapper au quotidien. Pourtant, si on s’intéresse de près au fonctionnement de l’éducation non formelle, ce qui n’est possible qu’en abandonnant tout préjugé pour ou contre et en acceptant de conduire des études fines et approfondies sur un tout petit secteur de l’offre et des usages par le public, on s’aperçoit très vite que ces deux images sont tout aussi fausses et réductrices l’une que l’autre.
Que savons-nous de l’étendue du public et des caractéristiques sociodémographiques des usagers de l’éducation non formelle? Assez peu de choses, car peu d’enquêtes sont conduites à ce propos. Ou plutôt celles qui le sont (quant aux publics des médias) sont seulement destinées à connaître leurs modes de vie et leurs revenus afin de mieux déterminer les cibles potentielles des publicités qui parsèment les médias.
Il faut par ailleurs distinguer les contenus purement distractifs de ceux qui veulent informer ou cultiver. Les contenus culturels ne sont en effet a priori pas écartés de la mission des médias dans lesquels cohabitent les trois dimensions bien connues (informer, distraire et cultiver). En admettant la critique fréquente qui dénie tout rôle culturel aux médias aux heures de grande écoute (prime time), opinion qui mériterait cependant discussion ainsi que l’a montré Wolton (1990), il faut remarquer que le volet culturel des médias est loin d’être négligeable. Les émissions de télévision ou de radio de la seconde partie de soirée, ou les chaînes culturelles sur le câble et le satellite sont fort nombreuses. Les collections de livres documentaires, les équipements muséographiques et les expositions se sont multipliés.
Réservés à des canaux culturels particuliers ou diffusés en dehors des créneaux de très grande écoute, ces contenus sont réputés n’intéresser que des audiences réduites. Le public de l’éducation non formelle est-il restreint à un petit cercle d’amateurs passionnés et d’autodidactes?
Les médias qui offrent des productions culturelles d’excellent niveau (dites de culture savante) occupent pourtant une place non négligeable. Ce à quoi on oppose habituellement le fait que les médias culturels demeurent marginaux puisqu’ils n’atteignent qu’une fraction du public. Dire que ces productions sont sans grande portée, en soulignant par exemple qu’elles font moins de deux points d’audience, c’est oublier un peu vite qu’il s’agit néanmoins d’un public considérable de plusieurs centaines de milliers de personnes, qui représente donc bien plus qu’une élite rare et clairsemée.
Autre remarque, l’éducation non formelle concerne non pas un public anomique et indifférencié, mais au contraire des audiences sélectives et structurées, généralement motivées et déjà compétentes...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page légale
  3. Table des matières
  4. Liste des tableaux
  5. Liste des abréviations
  6. Avant-propos
  7. 1. Une introduction à l’analyse de l’éducation non formelle
  8. 2. L’éducation dans les musées: une forme d’éducation non formelle
  9. 3. L’éducation artistique: entre médiation culturelle et éducation non formelle
  10. 4. Éducation non formelle à l’image et éducation non formelle au regard
  11. 5. Les serious games: éducation, apprentissage et changements psychosociaux
  12. 6. La culture, la valorisation et l’encouragement de l’expression
  13. 7. La mobilisation du savoir non formel, la participation et l’engagement
  14. Notices biographiques
  15. Quatrième de couverture