Chapitre 1
La situation socioéconomique et la dynamique de développement
En 2009, on recensait 87 251 Autochtones au Québec, selon le Registre des Indiens du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Par ailleurs, on dénote que trois Autochtones sur quatre (74,7 %) vivent dans des réserves. Si l’intégration d’une partie de la population autochtone à la population allochtone est acquise, ce qui implique une relative assimilation à l’économie moderne, il n’ en est pas de même pour la grande majorité de la population vivant dans les réserves. Cette population présente des caractéristiques relativement différentes dépendamment de ses spécificités et de son détachement du reste du Québec. Cette situation suscite des interrogations sur leur niveau de maturité économique, aussi bien au sein de leur communauté que par rapport au reste de la province.
Au-delà de la démarche de compréhension des éléments déterminants de la maturité économique, ce chapitre cherche à fournir un diagnostic de la situation des communautés autochtones. À la suite de la présentation succincte de leur condition par rapport aux facteurs sociodémographiques, le tableau de synthèse retraçant les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces[4] sera utilisé dans la perspective de caractériser leur situation socioéconomique.
1.1 La situation socioéconomique des communautés autochtones
Les données relatives aux caractéristiques sociodémographiques et économiques des nations autochtones sont essentiellement tirées des publications et des recensements des années 2001 et 2006 de Statistiques Canada ou du ministère des Affaires indiennes du Nord Canada dans des perspectives autant statiques que dynamiques. Il ne sera toutefois pas question, dans le cadre de nos travaux, de faire une plate restitution des sources précitées, mais plutôt d’en tirer les éléments qui semblent le mieux éclairer la maturité économique des communautés[5].
1.1.1 La faiblesse des revenus
Les données montrent un faible niveau des revenus des communautés autochtones du Québec par rapport aux populations allochtones. Les différences de revenus sont très importantes entre les populations, dépendamment de leur statut. Ainsi, les deux-tiers (67 %) des communautés ont des revenus médians nettement inférieurs à 20 000 $ comparativement au niveau provincial qui se situe à 24 430 $.
Certaines communautés enregistrent des niveaux assez inquiétants. C’est le cas, par exemple, de celle de la Romaine, où le revenu médian est de 9 248 $. Un grand nombre de ces communautés dispose de revenus médians qui tournent autour de 13 000 $. C’est le cas, entre autres, des collectivités suivantes : Manawan, Pikogan, Winneway, Obedjiwan, Betsiamites, Matimekosh, Mingan, Natashquan, Pakuashipi, Uashat et Kangiqsualujjuaq. Par contre, pour les habitants de Kuujjuaq, qui ont un taux d’activité de 81 %, le revenu médian avant impôt est de 36 032 $ (comparativement à 24 430 $ pour l’ensemble du Québec). Cette situation est malheureusement loin de traduire le cas général, puisque dans cette région centrale, capitale des collectivités inuites, on compte beaucoup de cadres de haut niveau, de médecins, d’avocats, etc. au sein de la population.
L’appréciation du niveau de vie des communautés autochtones s’est accompagnée d’une augmentation des disparités entre elles, comme le démontrent les figures comparées du niveau de vie des communautés sur les deux périodes de recensement. En effet, à l’aide d’un tableau d’analyse biva...