Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom) 3
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Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom) 3

Entre idioroman et protoroman

  1. 596 pages
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Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom) 3

Entre idioroman et protoroman

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À propos de ce livre

The third volume of the DÉRom contains about forty new lexicographical articles, documenting mainly hereditary Protoromance etyma, but also Gallic borrowings. The theoretical section gathers chapters discussing questions such as the Idioromance infrastructure of the DÉRom, polysemy, synonymy, and the substrates of Protoromance.

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Informations

Éditeur
De Gruyter
Année
2020
ISBN
9783110652901

I Partie théorique et méthodologique

1 Réflexions soulevées par la pratique lexicographique

Victor Celac
Académie roumaine, Institut de linguistique « Iorgu Iordan – Al. Rosetti », Bucarest

1.1 À partir de l’expérience de révision du DÉRom

Les articles */ˈkɔrd-a/ et */ˈruɡ-i-/ face à l’étymologie roumaine

1 Introduction

L’orientation méthodologique du Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom), dont l’approche est foncièrement comparatiste et reconstructionniste,1 comporte un certain nombre d’avantages, parmi lesquels le fait que les étymons protoromans reconstruits constituent des unités lexicales pourvues de propriétés phonologiques, sémantiques et morphosyntaxiques bien établies et sont donc des lexèmes « en chair et en os », tandis que les étymons traditionnellement mis en avant dans les ouvrages de référence comme le REW3 ressemblent davantage à des « étiquettes » un peu abstraites.2 La notion de déclinaison étymologique, conçue comme « la différence entre les résultats de recherche de la méthode traditionnelle, latinisante, et ceux de la reconstruction comparative » (Buchi 2014, 262), permet de se rendre compte que le recours à la reconstruction comparative dans le domaine de l’étymologie romane aboutit souvent à des résultats intéressants inaccessibles à la méthode traditionnelle (cf. notamment Buchi/Chauveau/Gouvert/Greub 2010 et Buchi 2014).
La solidité des résultats du DÉRom, fondées en première approche surtout sur la rigueur des analyses qu’il met en avant, dépend forcément aussi de la fiabilité des données romanes convoquées pour la reconstruction. Il s’ensuit que deux tâches essentielles incombent au rédacteur et aux réviseurs d’un article du dictionnaire : dans un premier temps, ils doivent s’assurer par tous les moyens disponibles de l’existence réelle des unités romanes potentiellement disponibles pour la reconstruction, puis il leur revient d’établir leur caractère héréditaire. Dans ce qui suit, nous illustrerons ces deux étapes du travail rédactionnel sur la base de deux articles : */ˈkɔrd-a/ s.f. ‘boyau ; corde d’un arc ; corde d’un instrument de musique ; corde ; tendon’ (cf. Schmidt 2018/2019 in DÉRom s.v.) et */ˈruɡ-i-/ v.intr. ‘rugir ; gronder’ (cf. Groß 2019 in DÉRom s.v.), pour lesquels nous avons assuré la révision pour le domaine roumain.3

2 Un cas relativement simple : */ˈkɔrd-a/

L’article */ˈkɔrd-a/ s.f., signé par Uwe Schmidt, se distingue par une riche polysémie de l’étymon, qui présente pas moins de cinq sens reconstruits à partir des données romanes : ‘boyau’ (I.), ‘corde d’un arc’ (II.1.), ‘corde d’un instrument de musique’ (II.2.), ‘corde’ (III.1.) et ‘tendon’ (III.3.). Dans ce qui suit, nous nous focaliserons exclusivement sur le sens ‘corde d’un instrument de musique’.
Une première version de cet article contenait un cognat dacoroumain et un cognat aroumain dans la subdivision II.2. des matériaux :
« dacoroum. coardă [s.f. ‘tortis de boyau ou d’un autre composant tendu sur le corps d’un instrument de musique et qu’on actionne pour produire un son, corde d’un instrument de musique’] (dp. 1691/1697, CorbeaDictiones 63 ; DA ; Tiktin3 ; EWRS ; Cioranescu n° 2187 ; MDA ; DELR ; ALR SN 1280), aroum. coárdă (DDA2) ».
Les ouvrages de référence cités confirment en effet, sans aucun doute possible, l’existence de cette unité lexico-sémantique dans les deux variétés diatopiques en question du roumain – encore fallait-il s’assurer de son caractère héréditaire. Malheureusement, les dictionnaires historiques du roumain ne sont d’aucun secours pour répondre à une telle question, qu’ils ne se posent même pas : à l’instar de ce qui a été identifié comme une pratique courante de la lexicographie historico-étymologique de toutes les langues du monde (cf. Buchi 2016, 346), ils se contentent d’une étymologie globale du type « dacoroum. coardă < lat. chorda », sans rentrer dans les détails de l’origine de la polysémie du vocable. Ainsi, même les ouvrages de référence de la linguistique historique roumaine jugent dépourvu d’intérêt de déterminer systématiquement le statut génétique (donc étymologique) des différents sens des vocables polysémiques traités. Il existe bien des exceptions, mais elles demeurent tout à fait sporadiques (ainsi, quelquefois, dans le Candrea-Densusianu, dans le DA et dans le DELR). Heureusement, une exception de ce genre relevée dans le DELR (volume paru en 2018) nous avertit que certains sens de dacoroum. coardă (ceux du domaine de la musique, des mathématiques, de l’anatomie et du sport) sont calqués sur fr. corde et ne sont donc pas héréditaires : « cu sensurile din muz., mat., anat., sport, după fr. corde ». Dès lors, le DÉRom se devait de prendre position par rapport à cette affirmation du DELR : dacoroum. coardă ‘corde d’un instrument de musique’ et aroum. coárdă ‘id.’ sont-ils héréditaires ou bien constituent-ils des calques sémantiques du français intervenus à époque moderne ?
Afin de tenter de répondre à cette question, nous avons examiné les attestations textuelles disponibles de tous les points de vue pertinents et avons consulté plusieurs collègues spécialistes, que nous remercions chaleureusement pour leur aide : Iulia Mărgărit, dialectologue, Cristian Moroianu, étymologiste, enfin Manuela Nevaci et Nicolae Saramandu, dialectologues et locuteurs natifs de l’aroumain. Après une étape de réflexion et d’incertitude, nous avons abouti à la conclusion que ni dacoroum. coardă ‘corde d’un instrument de musique’ ni aroum. coárdă ‘id.’ ne sont héréditaires.
Les principaux arguments qui nous amènent à cette conviction sont d’essence historique, textuelle et dialectologique. Dacoroum. coardă ‘corde d’un instrument de musique’ est attesté pour la première fois dans le dictionnaire latin-roumain de Teodor Corbea (1691/1697), resté sous forme de manuscrit jusqu’à son édition par Alin-Mihai Gherman en 2001, puis, peu de temps après, dans le roman allégorique Istoria ieroglifică (1704/1705) de Dimitrie Cantemir. Ce dernier, un polyglotte réputé, maîtrisait très bien le latin. Pour cette raison, il nous semble probable qu’aux 17e/18e siècles, dacoroum. coardă ‘corde d’un instrument de musique’ constitue un calque du latin. Puis le lexème réapparaît au 19e siècle, à une époque marquée par une intense occidentalisation du roumain (littéraire) : il est attesté de façon continue à partir de Iancu Văcărescu (1812/1819, Cârstoiu 1985, 106). Pour cette période, un calque du français, tel que proposé par le DELR, nous semble plausible, d’autant que Văcărescu connaissait bien cette langue : il avait traduit plusieurs ouvrages français. Cette analyse est corroborée par les variétés populaires et dialectales du dacoroumain, qui recourent majoritairement au slavonisme strună s.f. (dp. 1500/1510 [date du ms.], Psalt. Hur.2 113, 211) pour désigner une corde d’un instrument de musique (ALR SN 1280 [mold. transylv. maram. ban.] ; cf. aussi DLR [polysémie et phraséologie]). Le type coardă, restreint à une aire assez compacte (ALR SN 1280 [munt. olt. ban.]), se dénonce comme le résultat de l’influence de la langue littéraire. Pour ce qui est d’aroum. coardă du même sens, c’est un terme figurant dans des sources textuelles aroumaines récentes, tributaires d’une influence dacoroumaine : on y verra un calque du dacoroumain.

3 Un cas plus complexe : */ˈruɡ-i-/

3.1 Présentation
Lors de la rédaction de son article */ˈruɡ-i-/ (inf. */ruˈɡ-i-re/) v.intr. ‘rugir ; gronder’, dont le corrélat du latin écrit de l’Antiquité est rugire, Christoph Groß nous a sollicité pour identifier les possibles cognats roumains qui pourraient participer à la reconstruction dudit étymon. Cette demande nous a poussé à entreprendre une recherche qui s’est avérée plus complexe qu’on aurait pu se l’imaginer a priori.
Suite à nos investigations, nous pensons pouvoir affirmer que le roumain ne connaît pas de continuateur de protorom. */ˈruɡ-i-/. Les verbes dacoroum. rugi et aroum. (a)rugíre, que les ouvrages de référence (REW3 s.v. rūgīre, EWRS, Cioranescu no 7279 etc.) mentionnent comme des issues héréditaires de cet étymon, représentent, en réalité, un ensemble de faits linguistiques tout à fait hétérogènes : il s’agit tantôt (en aroumain) d’un emprunt au protoslave, tantôt (en dacoroumain littéraire du 19e et du début du 20e siècles, avec trois possibles attestations isolées du 17e siècle) d’un emprunt savant (latinisme, italianisme ou gallicisme), tantôt, enfin, de formes évolutives d’un autre verbe héréditaire (quelques rares attestations en dacoroumain dialectal du 20e sièc...

Table des matières

  1. Title Page
  2. Copyright
  3. Contents
  4. I Partie théorique et méthodologique
  5. II Partie lexicographique
  6. 2 Abréviations et signes conventionnels
  7. 3 Bibliographie: Victoria Costa, Pascale Baudinot et Jessika Perignon