Pourquoi suis-je différent?

Accepter et découvrir la puissance de l'hypersensibilité

Johanne Grant

• Éditeur: Performance
• Année: 2019
• ISBN:
  9782924941355
• Sujet: Psicología
• Sous-sujet: Emociones en psicología

L'hypersensibilité est un trait de caractère que possèdent de nombreuses personnes. Plusieurs enfants ont aussi ce trait que leurs parents comprennent difficilement. Nous ne sommes pas anormaux, mais bien surdoués sur le plan émotionnel. L'hypersensibilité, une fois reconnue et comprise, devient un plus pour nous et pour notre entourage. Vous sentez-vous différent des autres, comme si vous étiez un étranger en ce monde? Des gens que vous ne connaissez pas viennent-vers vous pour vous raconter leur vie? Vous souffrez de TDA ou de TDAH? Vous vous sentez inconfortable dans une foule? Vous arrive-t-il souvent de vouloir être seul? Vos émotions changent-elles en un clin d'oeil? Êtes-vous souvent fatigué tout à coup, sans raison? Avez-vous de la difficulté à dire non? Êtes-vous perfectionniste? Avez-vous du mal à arrêter vos pensées de tourner? Avez-vous de la difficulté à prendre des décisions, de crainte de déplaire aux autres? Vos besoins passent-ils après ceux des autres? Pensez-vous que vous n'avez pas droit au bonheur? Ce livre vous aidera à comprendre qui vous êtes, vous et vos enfants, et vous aidera à bien vivre avec votre hypersensibilité grâce entre autres à des exercices qui vous permettront de vous comprendre.

CHAPITRE 1
La connaissance de soi

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En quoi consiste l’hypersensibilité?

L’hypersensibilité est un trait de caractère. Dans son livre, Ces gens qui ont peur d’avoir peur; mieux comprendre l'hypersensibilité ², Elaine N. Aron se demande si c’est un trait inné ou héréditaire.

Selon mes clients, je vous dirais que c’est autant inné qu’héréditaire. Tous ceux que j’ai rencontrés en consultation avaient soit un père, une mère ou un des grands-parents hypersensibles.

Une personne hypersensible n’est pas une personne qui est près de ses émotions et qui pleure toujours comme certains le pensent. Ce n’est pas cela. L’hypersensible est une personne surdouée émotionnellement. Elle a tous les sens en hyperstimulation plus que la majorité des gens. Donc, elle voit, entend, sent, ressent et goûte beaucoup plus que tout le monde. C’est pour cela qu’elle est qualifiée de personne surdouée. Ce n’est pas tous les hypersensibles qui ont les cinq sens stimulés à l’extrême, des personnes en ont deux sur cinq et d’autres quatre, c’est ce qui qualifie les degrés d’hypersensibilité.

Les personnes hypersensibles sont comme tout le monde, elles n’ont pas de caractéristiques physiques particulières, rien ne les différencie des autres. La différence est plutôt sur le plan mental et émotionnel.

Les gens disent d’eux qu’ils sont timides, introvertis et sensibles. Quant à eux, ils se considèrent comme des êtres humains gênés, rejetés et renfermés.

En réalité, il existe aussi des hypersensibles qui sont extravertis, par contre, ils restent timides et sensibles. Leurs grandes extravagances font juste partie de la protection qu’ils mettent en place pour ne pas être atteints ou touchés par les autres.

Qui peut-on qualifier de personne hypersensible?

L’hypersensible est une personne qui peut être très intuitive. C’est quelqu’un qui peut, en entrant dans une pièce où il y a vingt personnes, dire qu’un tel est triste, qu’un autre est colérique ou en deuil. Ou encore, il peut ressentir qu’il n’approcherait pas une autre personne, car celle-ci ne convient pas à son tempérament, ou qu’il n’a aucune affinité avec une autre.

C’est une personne qui se sent anormale, pas comme les autres, presqu’un extraterrestre parce qu’elle sait tout sur tout, sans rien avoir étudié.

C’est une personne qui souhaite être aimée par tous et que ceux qui l’entourent soient heureux.

C’est une personne qui ressent toutes les émotions des gens autour d’elle, même ceux qu’elle ne voit pas ou ne connaît pas.

C’est une personne qui a souvent besoin d’être seule et qui n’aime pas les foules.

C’est une personne qui voit tout, ressent tout et entend tout. Elle peut être envahie par une quantité très importante d’informations, d’idées, de perceptions et de paroles internes qui peuvent être très difficiles à gérer.

C’est une personne qui a beaucoup de peurs et de phobies, sans savoir pourquoi.

Elle peut entrer dans des colères soudaines pour des raisons que son entourage ne comprend pas, car ce dernier ne ressent pas les émotions aussi intensément qu’elle.

C’est souvent aussi une personne qui n’a pas confiance en elle, qui n’a pas beaucoup d’estime d’elle-même non plus, qui se sent rejetée ou qui se rejette elle-même.

C’est une personne qui a souvent des chutes rapides d’énergie.

Elle peut passer des larmes au rire en quelques secondes. La colère, la joie, la tristesse peuvent prendre beaucoup de place dans sa vie.

C’est une personne qui veut apporter quelque chose au monde, qui veut aider. Elle veut apprendre continuellement des choses nouvelles.

Si je pouvais vous le démontrer en images, je dessinerais deux personnes face à face avec un lien qui ressemblerait à une balayeuse dont le boyau part de l’un et va vers l’autre. La personne hypersensible étant celle qui aspire les émotions négatives de l’autre par ce lien.

Et si tout se jouait durant l’enfance?

Il y a de nombreux hypersensibles qui ont eu une enfance difficile : des parents indifférents, alcooliques, dépressifs ou qui ne voulaient pas d’enfants, qui ont subi des sévices moraux, physiques et sexuels, séparation, deuil, etc. Ces personnes, dont la vie sera plus difficile, auront tendance à souffrir plus souvent d’anxiété et de maladies reliées au stress et à la dépression, car elles sont toujours hyperstimulées et n’ont aucun répit. C’est souvent le résultat du manque de protection durant l’enfance de la part de leurs parents. Ils démontrent beaucoup plus de caractéristiques d’hypersensibilité qu’un enfant dont les parents l’auront habitué à affronter les difficultés et qui l’auront ainsi mieux préparé à affronter les défis de la vie.

Sur le plan scientifique, il a été constaté que les émotions naissent dans le système limbique et que l’amygdale joue un rôle important dans le décodage des émotions. Cette dernière est essentielle à notre capacité de ressentir et de percevoir chez les autres certaines émotions comme la peur. Elle se situe tout près de l’hippocampe dans la partie frontale du lobe temporal. Si elle est endommagée par un accident, une commotion cérébrale ou autre, il a été constaté que la personne ressent moins ou pas du tout d’émotions.

Dans le livre de Daniel Goleman intitulé L’intelligence émotionnelle¹, il est mentionné que :

« Tous les enfants craintifs ne deviennent pas de grands timides en grandissant, leur destin n’est pas inscrit dans leur tempérament. S’il vit les expériences appropriées, l’enfant réussira à dompter son amygdale hypersensible. C’est l’expérience émotionnelle de l’enfant qui est le facteur déterminant. Pour l’enfant timide, c’est la façon dont le traitent ses parents, donc la manière dont il apprend à maîtriser son appréhension, qui importe le plus au départ.

Environ un enfant sur trois qui vient au monde avec une amygdale hypersensible perdra sa timidité avant d’entrer à l’école maternelle.

En observant ces enfants dans leur cadre familial, on constate que c’est l’attitude des parents, et de la mère en particulier, qui détermine en grande partie leur évolution… Il semble qu’en protégeant son petit enfant hypersensible contre tout ce qui pourrait le frustrer et le contrarier, la mère aggrave apparemment son manque d’assurance et aboutit à un résultat opposé à celui recherché. »

Il y a aussi les hypersensibles qui ont une belle enfance, sans expérimenter trop de difficultés, ceux-là sont les hypersensibles du premier degré appelés « sensibles ». Ils seront moins hyperstimulés et auront une vie plus normale.

Pour un hypersensible, le mot normal ne signifie pas la même chose que pour une personne normale. L’hypersensible aura quand même l’hyper, c’est-à-dire, le trop ou le plus que les autres. Plus de vision, plus de sensation, plus de réactions aux émotions des autres, etc.

L’histoire de Nancy

Nancy est rendue à l’âge adulte et n’a pas vraiment de métier. Elle occupe des emplois dans lesquels elle est certaine d’être performante tout de suite, car Nancy est très perfectionniste. Quand elle fait quelque chose, ça doit être bien fait la première fois, sinon elle se dévalorise et devient très négative. Elle a peur de tout : d’avancer, de faire mal, de parler aux gens. Elle en vient même à avoir peur d’elle-même, de ce qu’elle pourrait dire aux gens qui pourrait les blesser. Plus que tout autre chose, elle a peur de tout ce qui est nouveau et, surtout, des examens scolaires. À l’école, quand arrivait la période des examens, son cerveau n’était plus au rendez-vous. Elle avait des étourdissements et un mal de cœur intense qui l’amenait jusqu’à vomir, même à s’évanouir.

En plus d’être très négative, elle vient me consulter pour le stress des examens, car elle est dans une période où elle veut changer de vie et elle est retournée aux études. Durant la séance, je vois que son problème en est un d’hypersensibilité. Je lui pose des questions sur son enfance.

Elle est née d’une mère hypersensible et d’un père qui ne savait pas aimer. Ses parents ont divorcé et sont revenus ensemble à deux occasions. Sa mère a été diagnostiquée schizophrène et a fait une dépression majeure sur une longue période de temps.

Nancy a eu une enfance non sécurisante. Elle se sentait mal aimée et rejetée. Elle sentait également qu’elle devait se débrouiller seule pour survivre, tout en se sentant responsable du bonheur de sa famille. Vers l’âge de quinze ans, elle a même eu la responsabilité d’élever son frère.

Elle avait peur de sa mère quand elle était plus jeune, car elle lui disait qu’elle voyait des personnes décédées. Sa mère ressentait également toutes les émotions des gens. Elle voyait qui ils étaient vraiment et ce qu’ils essayaient de montrer d’eux, de faire paraître. Nancy m’a dit que sa mère n’était pas sortable. Elle a peur de sortir avec sa mère, car celle-ci dit des choses méchantes aux gens qu’elle ne connaît pas. Quand sa mère est en public, elle voit, entend et ressent tout des autres donc, par le fait même, devient hyperstimulée. Son système nerveux devient très actif. Elle dit aux gens tout ce qu’elle voit ou entend même si les gens ne veulent pas le savoir. Par ses paroles, elle transmet surtout du négatif aux gens : « Elle est en colère. Elle est une menteuse parce qu’elle ne reflète pas ce qu’elle est vraiment. Elle devrait se faire soigner. » Elle parle également des personnes décédées qui sont venues la voir et lui parler.

Nancy a été élevée dans ce contexte et elle a extrêmement peur de devenir comme sa mère. Alors, elle fait bien attention de se fermer face aux autres et de ne pas voir ou entendre le ressenti des autres. Elle ne veut pas voir des défunts et ne veut en aucun cas en parler, ni même que sa mère essaie de lui mettre des idées dans la tête. Nancy a peur d’être schizophrène ou de faire une dépression. Elle ne veut pas s’ouvrir à qui elle est ni à son potentiel à cause de toutes ses peurs.

Donc, son inconscient envoie un message à son cerveau chaque fois qu’il y a quelqu’un qui tenterait de parler d’émotions, de personnes décédées ou de toute autre forme de relations humaines avec elle. C’est ce qui fait que Nancy ne comprend rien quand elle est en présence de gens émotifs. Son cerveau se ferme à entendre et à comprendre pour ne pas trop solliciter son système nerveux et pour que son subconscient n’ait pas trop peur de mourir.

À notre naissance, et durant toute notre vie, notre subconscient est là pour nous protéger du danger. Si votre mère n’était pas heureuse, ne voulait pas d’enfants ou vous a rejeté et que votre subconscient a paniqué et est tombé en mode survie afin que vous puissiez manger, boire et subvenir à vos besoins vers l’âge de deux ans, il se peut très bien qu’il reste en mode survie toute votre vie ou jusqu’à ce que vous en preniez suffisamment conscience. À ce moment-là, il pourra arrêter d’être en survie ou d’avoir peur de mourir.

Quand le subconscient a peur de...

Table des matières

• Couverture du livre
• Titre
• Droit d’auteur
• Table des matières
• Remerciements
• Préface de Anick Lapratte
• En appréciation à Johanne Grant
• Introduction
• Qui suis-je?
• Pourquoi ai-je écrit ce livre?
• À qui s’adresse ce livre?
• Chapitre 1 La connaissance de soi
• Chapitre 2 Un regard sur votre vie
• Chapitre 3 La conscience de soi et de son corps
• Chapitre 4 La confiance en soi et l’estime de soi
• Chapitre 5 Les peurs et l’autosabotage
• Chapitre 6 Prendre sa place et le rejet
• Chapitre 7 L'alimentation de l'hypersensible
• Chapitre 8 Des exercices pour gérer l'hypersensibilité
• Chapitre 9 L’aspect positif de l’hypersensibilité
• Conclusion
• Couverture arrière