CHAPITRE 1
Le début
Dans ce chapitre, j’explique comment les difficultés relationnelles prennent naissance afin de vous aider à mieux comprendre vos schèmes de pensée et vos comportements en vue de pouvoir les modifier. À la fin du chapitre, vous serez en mesure de reconnaître les fragilités qui ont pu s’installer en vous dès votre conception. Quand nous savons comment a été érigée notre fondation, il nous devient alors possible de la remodeler, à condition de disposer de bonnes clés.
Comment sont nées vos premières relations? C’est habituellement au sein de la famille qu’a lieu ce premier contact avec un autre être humain, et de ce contact découlent plusieurs modes de fonctionnement.
Commençons donc à la base avec le développement de notre personnalité afin de mieux comprendre pourquoi certains ont des relations interpersonnelles si difficiles, alors que pour d’autres tout semble aller de soi. J’examinerai avec vous certaines facettes de la personnalité, en fonction des enseignements que je tire de mes études et de mes formations.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que nous avons tous plusieurs traits de caractère. C’est un peu comme si divers mini nous occupaient ce véhicule qu’est notre corps, où certains traits cohabitent en harmonie tandis que d’autres s’opposent ou s’affrontent. Certaines personnes sont d’une nature plus calme, d’autres sont plus explosives, plus réfléchies ou plus impulsives. Chacun est doté de traits qui lui sont propres et qui font qu’il est unique.
Nos traits de caractère nous viennent pour la plupart de notre hérédité. Nous ne les avons pas choisis, nous en avons hérité, que nous en voulions ou non. Ils sont innés et certains se sont développés plus que d’autres selon les circonstances : parents, milieu social, éducation, etc. Il arrive que certaines facettes de votre personnalité prédominent tandis que d’autres restent en arrière-plan, et ce, à votre insu. D’où l’importance de disposer de bonnes clés pour ainsi avoir le plein contrôle de sa personnalité.
La nationalité peut aussi teinter notre personnalité, chaque pays ayant ses caractéristiques propres, selon sa culture. Il y a des nationalités pour qui la famille est plus importante et où la fratrie est encore très présente. Les grands-parents s’occupent encore beaucoup des petits-enfants et les enfants de leurs aînés. On dit souvent qu’il faut un village pour élever un enfant. Ce n’est plus la réalité de bien des familles de nos jours, où l’individualité importe plus que la communauté.
Il y a aussi des nationalités où les gens semblent plus froids déjà de nature, ou alors plus craintifs en raison d’une guerre civile ou d’un régime totalitaire qui interdit la liberté d’expression. Curieusement, les troubles de la personnalité sont quasi inexistants dans les petites communautés plus fermées ou dans les régions reculées de la planète. Cependant, ces troubles sont omniprésents en Amérique du Nord et en Europe, plus particulièrement dans les grandes villes. Lors de la première édition du Colloque francophone sur les troubles de la personnalité : Avancées cliniques et empiriques de la dernière décennie4, qui s’est tenue à Québec en 2019, les experts s’entendaient pour dire que l’enfant qui n’a pas de bonnes relations avec ses parents trouvera auprès de sa famille élargie (grands-parents, oncles, tantes, cousins et cousines) qui habitent le même village ou la même petite ville le réconfort dont il a besoin pour garder un équilibre mental et émotionnel. Dans les grands centres urbains, où la famille est souvent éparpillée aux quatre vents, ce même enfant sera laissé à lui-même, aux prises avec des difficultés qu’il n’est pas en mesure de comprendre et encore moins de régler et qui l’amènent à adopter toutes sortes de comportements dits de survie plus ou moins appropriés afin de composer du mieux qu’il peut avec la situation. Ce sont ces comportements qu’il traînera avec lui comme des boulets même après avoir quitté le foyer familial, qui lui rendront la vie dure tant qu’il n’en aura pas pris conscience et qu’il ne les aura pas remplacés par des comportements mieux appropriés à sa vie d’adulte.
Pour bien comprendre les relations, il faut commencer du début, avant même la conception. L’enfant qui est désiré sera accueilli différemment de celui qui ne l’est pas. Un petit qui est attendu depuis longtemps fera le bonheur de ses parents.
Le foetus dont les parents ont une relation harmonieuse et une belle qualité de vie connaîtra une gestation plus douce et une arrivée au monde plus facile. Pourtant, des parents même très aimants peuvent involontairement créer chez leurs enfants une certaine dépendance s’ils ne leur permettent pas de développer leur autonomie en veillant à ce qu’ils ne manquent jamais de rien. Tout est question d’équilibre. Il existe sur le marché un grand nombre de manuels pratiques de toutes sortes sur la naissance, mais il reste que les nouveaux parents sont bien souvent anxieux, n’en déplaise aux soi-disant experts des applications pour parents et des réseaux sociaux. Ces parents croient devoir suivre à la lettre tout ce qui est écrit pour être parfaits, au détriment de leur propre santé, de leur intuition et de la logique.
L’enfant qui n’est pas prévu ou qui est conçu dans des conditions moins optimales, par exemple par ceux qui espèrent que sa venue consolidera le lien fragile qui les unit ou qui ont de graves problèmes financiers, risque de suivre un chemin bien différent de l’enfant voulu et choyé.
Je vous raconte l’histoire d’une cliente qui, pendant un coaching, a eu une prise de conscience fulgurante sur son trouble alimentaire ainsi qu’à sa relation à la nourriture et aux autres. À l’aide d’une technique de coaching en programmation neurolinguistique, je l’ai ramenée à l’époque où elle était encore dans le ventre de sa mère qui s’inquiétait de savoir comment elle réussirait à nourrir ce nouvel enfant qui n’était pas prévu.
La mère se privait elle-même de nourriture pour que ses autres enfants ne manquent de rien. Plus tard, la jeune fille a grandi entourée de femmes bien portantes de sa famille qui jugeaient continuellement la minceur d’autres femmes en disant d’elles qu’elles avaient l’air malades et qu’elles ne devaient pas avoir les moyens de bien se nourrir.
Cette femme avait intégré inconsciemment la croyance que, pour être en santé et montrer une certaine abondance, elle devait être bien enrobée en signe de réussite. Malgré de nombreux régimes, elle reprenait toujours le poids perdu. Elle avait même subi une gastroplastie, mais avait graduellement repris les kilos perdus. Sa prise de conscience lui a permis de modifier ses convictions pour ensuite passer à l’action afin de mettre un terme à son trouble alimentaire et de reprendre le contrôle sur sa vie et son corps. C’est ainsi qu’elle a réussi à harmoniser sa relation à la nourriture avec ses valeurs et des croyances soutenantes réelles d’adulte.
Elle est maintenant consciente qu’être mince n’équivaut pas à être pauvre et malade, ce qu’elle savait consciemment depuis longtemps, mais gardait inconsciemment cette perception bien ancrée depuis sa petite enfance. D’où l’importance de comprendre la base pour ainsi, en tant qu’adulte, modifier les fondations que vous avez érigées dans votre enfance.
Les ressources d’un enfant sont limitées et il est bien peu outillé pour départager le vrai du faux, sans compter les fausses croyances qu’il accumule par la suite dans sa vie d’adulte. Les adultes n’ont bien souvent aucune conscience de l’effet de leurs paroles sur leurs enfants et ce n’est en aucun cas mon intention de les blâmer. C’est à vous, comme adulte, de chercher les clés dont vous avez besoin pour vous libérer du passé et vous retrouver tel que vous êtes aujourd’hui.
Chaque chemin que vous empruntez donne une direction au reste de votre vie. Que vous le choisissiez consciemment ou inconsciemment, il y aura toujours des conséquences, fâcheuses ou bénéfiques, sur votre vie.
Le rang que vous occupez dans la famille vient aussi influer sur votre identité et la place que vous prendrez plus tard dans la vie. J’ai entendu dernièrement quelqu’un qui demandait à une femme, enceinte de son deuxième enfant, si elle croyait pouvoir l’aimer autant que son premier. La question m’a surprise du fait qu’elle venait d’une femme qui avait justement deux enfants. Est-ce que cela sous-entendait qu’elle aimait moins le deuxième? Bien sûr que non, mais peut-être différemment.
Lorsque j’ai posé la question à mon conjoint, qui a deux garçons, j’ai bien aimé sa réponse. Il m’a dit que les enfants ont chacun leurs particularités, leur identité propre. C’est comme la crème glacée : Il y a différents parfums, comme le chocolat et le caramel, mes préférés. Ce n’est pas parce qu’une journée je prends une glace au chocolat que j’aime moins celle au caramel. Vous comprenez maintenant pourquoi je l’aime. Il est si sage.
Je crois qu’en fonction du tempérament de chacun, les parents ont plus d’affinités avec l’un ou l’autre de leurs enfants, et ces derniers peuvent aussi avoir plus ou moins d’affinités avec l’un ou l’autre de leurs parents. Est-ce une question d’amour ou de chimie? Peu importe, mais ces premières relations renforcent ou fragilisent vos relations aux autres tout au long de votre vie.
Beaucoup de parents me confient avec honte ne pas aimer leur enfant et que, sans le lien de sang qui les unit, ils n’auraient pas de contacts avec cet être avec qui ils ne se sentent aucune affinité. Je songe à ce père sportif mordu de chasse et de pêche dont le fils préférait les arts pour lesquels lui-même n’avait aucun intérêt. Pour les adultes capables d’ouverture à la différence, ça ne cause pas de soucis, mais pour d’autres ça peut créer un fossé qui devient à la longue une rivière. Et des enfants me confient même très jeunes n’avoir aucune affinité avec l’un ou l’autre de leurs parents.
Imaginez comment ces premières relations peuvent teinter celles qui les suivent. C’est ce que nous verrons tout au long de ce livre, où nous analyserons et travaillerons à diverses facettes pour une meilleure compréhension.
C’est déjà au moment de la naissance que nous nouons nos premières relations, d’où l’importance de prendre le temps de s’y attarder.
D’après une étude, le rang que vous occupez au sein de votre famille, aîné, benjamin ou cadet, influencerait considérablement votre personnalité. C’est ce qu’avancent des chercheurs comme Frank Sulloway, professeur et membre de l’Institute of personality and social research de l’Université de Californie à Berkeley, qui irait même jusqu’à dire que le rang a une influence aussi importante que le sexe de l’enfant.5
La façon dont les parents traitent l’enfant, qui diffère selon l’ordre de naissance, et le rôle qu’adopte l’enfant par rapport à ses frères et soeurs, expliqueraient quelques-unes des grandes différences de personnalité observées entre les enfants d’une même famille.
Évidemment, le rang de naissance n’est pas la cause directe de certains traits de caractère, mais il est « l’un des facteurs les plus importants dans le développement de la personnalité », comme le souligne Marion Balla, éducatrice, thérapeute et présidente de l’Adlerian counselling and consulting group Inc. à Ottawa.
L’aîné grandit avec toute l’attention de ses parents encore inexpérimentés, attention qui peut se traduire par une pression parentale plus forte, tandis que le cadet grandit généralement dans l’ombre de son aîné, tout en tentant de trouver sa place. Le benjamin, quant à lui, est encadré par des parents plus expérimentés qui lui accordent souvent plus de liberté et moins d’attention. Résultats : L’aîné serait le plus anxieux et méticuleux, le cadet, le plus négociateur et le benjamin, le plus séducteur.
L’aîné : le leader
L’aîné serait généralement le plus perfectionniste de sa fratrie. Se donnant le rôle de « troisième parent » ou de « responsable » auprès de ses frères et soeurs, il cherche habituellement à être le plus performant. L’aîné est souvent aussi le plus anxieux, planifiant les choses méticuleusement et prenant l’échec parfois trop à coeur. Selon le docteur Kevin Leman, auteur du livre Le carnet de naissance : Pourquoi vous êtes comme vous êtes6, l’aîné recherche l’approbation des personnes responsables lorsqu’il n’est pas lui-même convaincu.
Le cadet : le pacificateur
L’enfant du milieu n’a pas une position facile, et pour trouver sa place, il doit généralement se montrer plus conciliant et plus souple, et joue souvent le rôle du pacificateur. Ouvert d’esprit, il aurait tendance à s’entourer d’un cercle d’amis pour combler le manque d’attention de sa famille. Le cadet peut faire figure de rebelle et choisira souvent une carrière opposée à celle du plus vieux. John Kennedy, Madonna et Jean Chrétien sont des enfants du centre.
Le benjamin : le séducteur
Le bébé de la famille est souvent le moins discipliné, le plus insouciant et aussi le plus créatif. Ayant bénéficié de plus de liberté, mais son opinion étant rarement sollicitée, il apprend vite à charmer son entourage. Souvent le plus créatif de sa fratrie, il peut être le plus charismatique, mais trop infantilisé, il peut également devenir très anxieux et socialement mal à l’aise. Bien des humoristes sont d’ailleurs des benjamins, comme Jim Carey, Robin Williams, Ellen Degeneres et Tina Fey. Je suis moi aussi une benjamine.
Et l’enfant unique, lui?
Entouré d’adultes, il grandit en cherchant à leur ressembler. L’absence de frères ou de soeurs en fait souvent une personne indépendante et solitaire.
Les experts affirment toutefois que plusieurs facteurs peuvent modifier l’influence du rang de naissance, dont le sexe et la différence d’âge. D’autres facteurs comme un divorce, un décès, etc. peuvent également atténuer les effets associés au rang.
Une bonne part de notre personnalité débute donc à la naissance. Nous héritons certes des gènes de nos parents, mais jouissons également de notre propre ADN, ce qui explique pourquoi, dans une famille de plusieurs enfants, on peut observer des tempéraments ou des personnalités complètement différents dès la naissance, même s’ils ont les mêmes parents. Certains bébés dormiront beaucoup, d’autres moins. Certains pleureront beaucoup, d’autres pas du tout.
Les premières relations sont ce...