Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps
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Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps

  1. 77 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps

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Enseignement décousu de la réalité, inattention étudiante, succès académiques circonstanciels, engagement balayé du revers de la main, mépris d'une responsabilité culturelle; difficile il est de croire qu'il a fallu s'isoler pour prendre connaissance des lacunes de ces lieux de savoir que l'on nomme couramment cégeps.Reconnaître ces lacunes, c'est prendre part au changement.Vingt-trois étudiants et diplômés de seize cégeps différents se sont penchés sur l'idée d'une possible refonte de ces établissements à la suite de la pandémie mondiale. Leurs témoignages représentent le point de départ d'une discussion qui, tel qu'espéré, s'étalera aux quatre coins de la province.

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Informations

Année
2021
ISBN
9782898310836
Chapitre 1
Base à solidifier : les cours
« Je vois un avenir coloré qui met de l’avant l’importance de toutes les professions et l’interdépendance des individus au sein d’une société. Je vois un détachement face aux professions “nobles” (je pense ici au droit, à la médecine, au génie). Je vois une institution axée, oui, sur l’éducation, mais aussi sur la découverte de soi. J’ose espérer qu’un enseignement moins libéral, moins traditionnel, sera mis de l’avant. Comment un jeune peut-il se découvrir, apprendre à se connaître et à se comprendre, saisir l’importance de sa place dans la société, ainsi que son insignifiance face à la grandeur de l’univers, s’il ne fait qu’apprendre par cœur le nom des grands philosophes ? Je vois un avenir plein d’espoir l’individu sera mis au centre du cursus scolaire, sans gavage d’informations générales. J’espère que, tout en élargissant son jugement critique, le jeune pourra s’épanouir. Je souhaite de plus que les méthodes d’enseignement se diversifient et, surtout, se personnalisent aux étudiants, qui sont tous uniques. »
— Une diplômée en sciences humaines (profil administration),
Collège de Bois-de-Boulogne
Je tenais à débuter ce premier chapitre par le témoignage d’une de mes collègues étudiantes que j’estime particulièrement pour amener des idées nouvelles et novatrices. Ce passage cité se veut annonciateur de sujets qui seront abordés dans les prochains paragraphes. Si vous avez bien porté attention, et je ne doute point que vous l’avez fait, vous remarquerez que les objets de ce témoignage sont les suivants : la place donnée aux professions nobles, la généralité de certains cours, leur variété, ainsi que la projection de ceux-ci. Dans le cadre d’une époque de pandémie, les cours en ligne, sans oublier leur durée, seront également visités par les étudiants questionnés.
De prime abord, vous avez été confrontés aux termes de professions « nobles ». Qualificatif, avec toute conscience, pouvant paraître condescendant pour certains. Certes, il reste que dans chaque point de vue réside un brin de vérité. L’étudiante précédemment citée souhaite notamment voir un détachement de celles-ci du cégep dans un avenir quelque peu éloigné. Cette montée naturelle, cette adoration des professions classiques, laisserait ainsi place à des métiers et des pratiques atypiques. À ces propos, me questionnera-t-on, quel problème y a-t-il à mettre l’accent sur les professions essentielles que sont la médecine, le génie ou encore le droit ? Je répondrai qu’elles sont très aimées, voire trop aimées. Présentation, promotion, stages et jugements non péjoratifs ; l’enlignement des professions nobles est simple, rectiligne, parfait. C’est presque croire qu’il est de notre devoir de s’y former, conformer. Ne l’avez-vous pas remarqué ? Il est pourtant assez simple d’arriver à cette conclusion, et ce, même si vous ne côtoyez pas quotidiennement le monde de l’Enseignement supérieur.
D’abord, avant même de réaliser des études collégiales, tous les élèves des écoles secondaires sont confrontés à faire des choix en ce qui concerne leurs futurs programmes d’études. Au moment d’observer les grilles de cours et surtout les parcours « post-cégep », ils sont confrontés au premier enjeu. D’une part, nous observons les parcours immaculés et respectés de ces professions « nobles » et d’autre part, nous méprisons le cheminement assez vague et brumeux des domaines « mal-aimés ». Ces « mal-aimés », ce sont les arts et les sciences qui, pour la plupart, se penchent sur l’aspect social et humain. Avant même de poser un seul pied dans un établissement collégial, nous sommes déjà encouragés à émettre un jugement négatif sur des domaines que nous avons à peine étudiés. Par ailleurs, l’utilisation du terme « étudiés » est bien plus que généreuse. Ceci est sans compter la subjectivité des responsables de présentation des programmes qui n’exposent pas la véritable étendue des possibilités d’emplois en réalisant des études en musique, en langues, en arts visuels, ou encore en coopération internationale. Il est si simple de suivre un programme de droit ou de médecine et si anormal et ardu de réaliser des études aux cycles supérieurs en littérature ou en philosophie.
Ensuite, cette admiration des professions « nobles » se voit, oui, au courant des études supérieures, mais surtout à la suite de celles-ci. Combien de fois un parent a-t-il regardé un adolescent réalisant des études postsecondaires dans le domaine de la mode ou encore de l’histoire en lui demandant : « Et tu vas faire quoi au juste avec ça ? ». Il est presque inévitable qu’un doute se forme dans l’esprit du jeune. Ce doute, il peut rester imprégné dans la mémoire d’une personne pour une période presque exorbitante, ridicule. C’est alors aux ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur de faire un premier pas et d’offrir un support plus vaste aux étudiants ayant des doutes quant à leur avenir professionnel. Cet encadrement doit bien plus que servir à la simple présentation de programmes et de carrières, il doit inviter les cégépiennes et cégépiens à prendre conscience que les carrières « atypiques » sont tout aussi raisonnables et respectables que celles nommées « nobles ». Qu’elle soit souhaitée ou non, la tâche d’éliminer le tabou des professions humaines et artistiques doit se faire par l’éducation, par les cégeps, mais surtout par la plus haute tutelle de celle-ci.
* * *
Une prise de conscience maintenant faite sur la forme que prendra ce texte, j’invite les présents lecteurs à aborder par les voix de trois étudiants un second enjeu dans les cégeps : la généralité de certains cours. Je fais évidemment ici référence aux cours de la formation générale, ou cours obligatoires comme le disent si bien les cégépiens : français, philosophie, anglais et éducation physique. Encore une fois, il me sera demandé : quel problème y a-t-il à fournir une éducation plus générale au niveau collégial? Je répondrais, dans un premier temps, que ce n’est pas une mauvaise chose.
« […] Je trouve que, même si les cours des programmes donnés au cégep sont généraux et peu spécialisés (autre que les techniques), ils permettent aux étudiants de toucher un peu à tous les sujets dans leur domaine d’étude. Ça leur permet de faire un choix plus éclairé pour l’université. »
— Une étudiante en sciences de la nature, Collège Montmorency
Comme l’a si bien dit cette étudiante, que nous le voulions ou non, il faut admettre que plus un programme sera général, plus nombreux seront les domaines à parcourir. Après tout, le cégep n’est-il pas un lieu où l’épanouissement de chacun est possible grâce à la découverte de nouveaux domaines académiques ? N’est-il pas un milieu permettant à un étudiant inquiet de trouver enfin sa véritable passion dans la vie ? Absolument ! Il reste que cette généralité a été présente dans la vie d’un jeune cégépien depuis plus de cinq années. L’école secondaire a déjà pour tâche de nous faire toucher d’innombrables branches des sciences humaines, des sciences pures et des arts. Ainsi, il est plus que naturel pour un étudiant nouvellement admis de se questionner sur la pertinence des cours de la formation générale. Douter de matières si vagues et semblables au cours d’une formation ne peut mener qu’à la remise en question de ses apprentissages, de ses études. Pour certains, ces questionnements peuvent même percuter leur humeur et leur motivation essentielles au bon déroulement d’une formation au niveau collégial.
« Ma vie au cégep a été très brève. J’ai fait une technique à l’école de théâtre professionnelle et mes allers-retours en dehors du département de théâtre n’ont servi qu’à assister aux cours de la formation générale et de revenir dans l’aile de théâtre. J’ai très peu, ou pas, vu la pertinence de ces cours sur mon parcours. Je suis une fille très douée de nature à l’école et, bien que j’aime apprendre, je sentais que les cours donnés ne reflétaient pas ce que j’avais envie d’apprendre. Il y a clairement un manque dans ce qui nous est appris au cégep. Je sens, en fait, que le cégep est une extension du secondaire. On apprend un peu de tout, sans vraiment comprendre pourquoi ça nous a été enseigné. De ce que j’ai vu, je trouve que c’est un frein avant d’entamer ce qu’on a vraiment envie de faire. Les professeurs sont souvent peu, ou pas, passionnés par ce qu’ils nous enseignent puisqu’ils n’approfondissent rien. Si la passation de ces cours n’était pas un préalable pour l’obtention de mon diplôme en étude théâtrale, je crois bien que j’aurais lâché l’école. J’ai manqué plusieurs cours et je me suis souvent demandé pourquoi je perdais autant de temps assis sur les bancs de classe alors que j’aurais pu utiliser ce temps pour apprendre réellement. »
— Une diplômée en technique de théâtre professionnel,
Collège Lionel-Groulx
Ce passage est la preuve même qu’il existe des lacunes en ce qui concerne le contenu des cours de la formation générale. En tant qu’étudiants aux études supérieures, nous nous attendons à ce que ces cours surpassent nos attentes par rapport à celles de l’école secondaire. Les quatre grands cours de cette formation étant étudiés à tous les niveaux de l’éducation, il n’est pas évident d’y trouver une forme de nouveauté, de dépassement. Toutefois, il est anormal pour un jeune adulte d’avoir l’idée, ou même le doute, d’abandonner ses études pour la simple et unique raison que des cours donnés universellement à travers tout le réseau collégial ne présentent aucun intérêt. Il est plus que malheureux de vouloir quitter une formation et un métier souhaités, à cause de la passation de cours de base. Si ceux-ci sont la clé à toute formation collégiale, comme le répètent incessamment les directions des cégeps, que leur pertinence soit plus évidente ! En aucun moment un étudiant ne devrait remettre en question l’utilité des cours de la formation générale, littéralement ce qui est présenté d’emblée comme la colonne vertébrale des parcours du niveau collégial.
En ce qui a trait aux solutions, j’atteste qu’une seule phrase pourrait être un départ simple, mais évident :
« J’aimerais que les cégeps fournissent une éducation plus large et utile à travers les cours généraux (français, éducation physique, anglais et philosophie). »
— Un étudiant en sciences humaines (profil individu),
Collège de Bois-de-Boulogne
Fournir une éducation utile et large à travers les cours généraux. Par cela, il est entendu, dès le moment où un étudiant met le pied dans une classe, qu’il lui soit expliqué concrètement comment les notions des cours de la formation générale peuvent être appliquées en dehors du milieu étudiant. De quelles façons est-il possible d’appliquer les bases de la philosophie, ou encore de la littérature québécoise sur le marché du travail ou dans la communauté au sens large ? Il est impératif que les cours généraux soient plus terre à terre avec l’actualité et le climat de l’époque. La mise en place de tous nouveaux projets par les cours de la formation générale avec des éléments concrets de l’actualité ou encore des futurs emplois des étudiants pourrait être une solution des plus pertinentes. Un allègement des notions théoriques de ces cours, pour mettre de l’avant le côté pratique, pourrait en être une seconde. Si ne plus qualifier ces cours de « fardeaux » est ce qui est espéré comme aboutissement, alors de telles mesures ne sont que souhaitables, cruciales.
* * *
Lorsqu’il est question de faire des choix, une autre problématique s’impose au typique cégépien : « Ah non, j’aurais tellement aimé avoir un cours de […] ! ». Chaque étudiant, tous programmes confondus, s’est retrouvé dans cette situation, où il aurait adoré avoir un cours d’arts visuels, ou encore un cours d’allemand (laissez aller votre imagination). Chaque fois, c’est la même histoire, les grilles de cheminement ne le permettent tout simplement pas ; la prédétermination des programmes d’études est indissociable, immuable.
« Étant une étudiante en sciences de la nature, deux branches s’offrent à moi à partir de ma deuxième année de cégep : la branche chimie-biologie ou...

Table des matières

  1. Introduction
  2. Chapitre 1
  3. Chapitre 2
  4. Chapitre 3
  5. Chapitre 4
  6. Chapitre 5
  7. Chapitre 6
  8. Chapitre 7
  9. Conclusion
  10. Remerciements