Désordonnances
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Désordonnances

Conseils plus ou moins pratiques pour survivre en santé

  1. 342 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Désordonnances

Conseils plus ou moins pratiques pour survivre en santé

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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Le chocolat noir est-il un aliment miracle? Les superaliments existent-ils? Faut-il courir des marathons pour être en forme? Les saucissons menacent-ils votre existence? Les vaccins affaiblissent-ils votre système immunitaire? Le dépistage des cancers allonge-t-il votre vie? La médecine peut-elle vous aider à vous remettre d'une cuite? Peut-on faire confiance aux études médicales? Comprenez-vous toujours les explications de votre docteur? Faut-il acheter la détox du docteur Vadeboncoeur? Tant de questions! Nous voulons tous vivre longtemps et en santé. Chaque jour, des experts, réels ou autoproclamés, nous prescrivent une nouvelle recette pour y parvenir. Mais comment les croire alors que leurs recommandations ne cessent de changer? Surtout quand ces conseils s'appuient sur des études incompréhensibles pour la plupart d'entre nous, quand elles ne reposent pas sur du vent. Pourtant, la santé est l'affaire de tous et chacun devrait pouvoir faire des choix éclairés en ce domaine. C'est dans ce but que le docteur Vadeboncoeur a écrit ce livre.Dans un style clair et humoristique, Alain Vadeboncoeur nous raconte l'histoire de la médecine et nous explique les fondements de sa rigueur scientifique, tout en montrant ses limites. Il nous offre ainsi des clés pour mieux comprendre les études qui nous dictent comment vivre, tout en élucidant les questions médicales qui nous tourmentent. Il nous enjoint avant tout à penser par soi-même, une tâche cruciale pour quiconque souhaite (sur)vivre en santé.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Lux Éditeur
Année
2017
ISBN
9782895967279
Sous-sujet
Salud general
TRAITER

NE VOUS PRESSEZ PAS POUR VOTRE PRESSION

Un homme fait ce qu’il a à faire malgré les conséquences sur sa vie, les obstacles, les dangers et la pression; c’est la base de toute morale humaine.
John Fitzgerald KENNEDY
Françoise arrive haletante à l’urgence, sans doute avec l’intention de sauver sa vie, comme tout le monde. Elle a besoin d’aide, ce qui se remarque à ses épaules ployant sous le poids de l’inquiétude.
Après un temps d’attente raisonnable, elle s’assoit devant moi en me fixant. Ses paupières papillotent et ses mains tremblent.
— Je suis pas nerveuse!
— J’ai pas dit ça, mais…
— Vous le pensez!
— Vous voyez ça comment?
— Dans votre face!
Ce matin, sa pression artérielle n’arrêtait pas de monter, tellement qu’elle a fini par être élevée. Et plus elle grimpait, plus Françoise la mesurait. Et plus elle la mesurait, plus sa pression grimpait. Inquiète, elle a couru chez le pharmacien, qui a confirmé l’ascension jusqu’à 200 (chiffre du haut: systolique – qu’on peut associer avec la contraction cardiaque) sur 100 (chiffre du bas: diastolique – lors de la détente).
Elle me sort un petit cahier bleu, méticuleusement rempli de ses chiffres de pression. Elle l’a mesuré si souvent que son bras gauche a fini par lui faire mal, au point où elle est persuadée que son cœur est atteint.
— J’ai tout écrit.
— Vous en avez du temps.
— J’ai besoin de meilleurs médicaments.
— Laissez-moi voir un peu.
Elle n’éprouve cependant aucun symptôme, hormis de légers maux de tête quand les chiffres grimpent. Je lui explique que la pression varie toujours, parfois comme une montagne russe, mais que c’est la moyenne qui importe, qui est d’ailleurs normale chez elle, autour de 130/80.
— Votre pharmacien vous a envoyé ici?
— Les autres médicaments fonctionnaient mieux!
Elle prend depuis maintenant un an des médicaments génériques, plutôt que les produits brevetés, et juge que c’est ça le problème. Sa pression lui fait peur au point qu’elle en tremble. Pourquoi? Je dois le savoir, cette raison étant la cause réelle de la consultation.
— Qu’est-ce qui vous inquiète?
— Je vais faire un AVC.
— Pas maintenant.
— Demain?
— Non plus, la pression cause des AVC, mais ça prend des dizaines d’années.
— Je suis pas pressée.
Subir un AVC est la crainte que me mentionne la majorité des patients. Il est vrai que les hypertendus sont plus enclins à souffrir d’AVC et d’infarctus, mais à très long terme seulement. L’usage de médicaments pour abaisser la pression permet de diminuer ces risques. C’est d’ailleurs l’intérêt de tout traitement: que l’état de santé s’améliore.
Mais comme on suit maintenant beaucoup − trop? − d’indicateurs chiffrés, bien des gens craignent de subir immédiatement un AVC quand leur pression artérielle grimpe. Pourtant, la vaste majorité de ces variations ne cause aucun problème. Il est d’ailleurs prévisible que la pression augmente en cas d’anxiété, de douleur ou de malaise, voire de mal de tête, ou encore si on rencontre un ours. C’est là un mécanisme normal, qui permet notamment de courir plus vite, ce qui est alors utile. Les mécanismes régulateurs de la circulation cérébrale s’y adaptent. Mais courir à l’urgence parce que la pression monte, c’est comme s’y rendre après avoir grillé une cigarette.
Même les professionnels de la santé sont contaminés par l’idée fausse qu’une pression ponctuellement augmentée pose un problème. D’où ces conséquences: la phobie de ces chiffres; des prises frénétiques de pression à domicile; des courses à la pharmacie parce qu’on sent sa pression monter; une hausse du nombre de visites à l’urgence pour cette raison.
— C’est peut-être ma machine qui marche pas?
— Elles fonctionnent bien d’habitude, mais c’est une bonne idée de la faire vérifier.
— Alors, c’est mes pilules.
Même avec des pressions bien plus élevées que celle de Françoise, envoyer le patient à l’urgence ne change rien, l’important étant plutôt le suivi et l’ajustement à long terme des médicaments. Dans une vaste étude[1] portant sur près de 60 000 patients avec des pressions élevées (tensions artérielles moyennes de 182/96), aucune complication supplémentaire (AVC ou infarctus) n’a été constatée pour le groupe envoyé à la maison avec un simple ajustement des médicaments plutôt qu’à l’urgence. Même pour les 1 000 patients avec une tension systolique de plus de 220! Cela confirme qu’il ne sert à rien de courir à l’urgence quand on constate simplement que sa pression est trop élevée[†], mieux vaut prendre rendez-vous avec son médecin.
— J’ai mal à la tête quand ma pression monte.
— Vous savez, la pression, ça donne pas vraiment mal à la tête.
— Chaque fois que j’ai mal, je la prends, et elle est haute!
— Oui, mais c’est le contraire…
— Ça fait moins mal quand elle est basse?
— Non, c’est le mal de tête qui la fait monter[‡].
En réalité, on ne sent pas les «montées de pression», parce que la pression, contrairement à la croyance populaire, ne donne aucun symptôme quand elle est haute. Les patients hypertendus souffrent d’ailleurs moins de maux de tête que les autres. C’est plutôt la douleur − une migraine, par exemple − qui fait monter la pression.
— Et vous savez, elle est pas si mal, votre pression.
— Vous trouvez?
— J’en ai vu des pires.
— Y a rien de pire que vieillir!
Un truc pour abaisser la pression quand elle monte ponctuellement, c’est de cesser de la mesurer à répétition, de se coucher dans un endroit calme, de relaxer et de ne la reprendre qu’après une heure de repos. C’est ce que je prescris à l’urgence – qui a dit que j’étais contre les médecines douces? – et la pression baisse presque toujours, parfois jusqu’à des valeurs normales. Cette démonstration suffit d’ailleurs souvent à rassurer les patients.
Avec Françoise, l’essentiel de mon travail consiste donc à l’informer, à lui conseiller d’éviter le stress et à la référer à son médecin.
Mon téléphone sonne.
— Un infarctus? J’arrive.
— Encore une autre affaire!
— Ça sera pas long.
— C’est vous qui le dites!
Françoise se renfrogne, mais je sais qu’elle prendra son mal en patience, parce qu’elle veut que je change ses médicaments génériques, une option qui ne l’aidera pourtant pas à mieux soigner son hypertension. Je vais revenir lui expliquer sitôt que j’aurai sauvé une autre vie. Ce qui peut en effet être long, ces choses-là ne se commandent pas.
[†] Sauf pour certains groupes, comme les jeunes et les femmes enceintes, chez qui une montée de pression peut indiquer un problème grave.
[‡] Un mal de tête constitue parfois une urgence médicale. Si vous souffrez d’un mal de tête violent à début rapide, s’il est continu et de pire en pire, si c’est la première fois de votre vie que vous l’éprouvez, si c’est le pire de votre vie, s’il est survenu lors d’un effort, si vous faites de la fièvre ou s’il y a des signes neurologiques associés (confusion, trouble visuel, faiblesse d’une partie du corps, par exemple), vous devriez aller à l’urgence, que votre pression soit élevée ou non!

SUBSTITUEZ, SUBROGEZ

La maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament.
Adi SANKARA, Viveka Cudamani
Françoise, que j’ai laissée en plan, attend sagement que je vienne terminer mes explications. C’est dire à quel point certaines personnes portent bien le nom de patients.
J’avoue l’avoir un peu oubliée en vaquant à d’autres urgences qui se sont enchaînées. Jusqu’à ce que je tombe sur son dossier au poste d’accueil et que j’éprouve un léger sentiment de culpabilité. Je retourne à elle en me composant un air préoccupé, ce qui est efficace pour taire les récriminations. Elle semble toujours aussi déterminée à me convaincre de lui prescrire les médicaments originaux qu’elle prenait auparavant − et non ces satanés génériques.
— Vous avez dit que ça serait pas long.
— Désolé, j’ai dû corriger un chapitre, vous savez comment sont les éditeurs.
— Chapitre?
— Vous êtes devenue le personnage d’un livre, ne l’oublions pas.
— On voit où sont vos priorités.
— Terminons plutôt la discussion.
— J’en étais à me plaindre des médicaments génériques, ils sont moins efficaces, la preuve: ma pression monte!
— Je ne suis pas de cet avis, mais qui vous a dit ça?
— Ma voisine, elle en a pris, et ça marchait moins bien.
— Ah bon?
— Quand ses contraceptifs sont devenus génériques, elle a eu des triplés.
— Vous savez, si j’avais à prendre un médicament, je choisirais le générique.
— J’en doute.
— Je vous le dis comme je le pense.
— Pas convaincue.
— Ils ont dit la même chose à Radio-Canada, ce matin.
— Qui a dit ça?
— Moi.
Après un tel argument d’autorité, doublé d’une mise en abîme, Françoise en reste coite.
N’empêche que cette discussion me rappelle que les vrais médicaments aussi ont un effet placebo. On a d’ailleurs démontré que plus un patient paye son médicament cher, plus il lui paraît fiable, et plus il est efficace[1], tout comme le cerveau ajuste le goût du vin au coût de la bouteille. Ce phénomène explique sûrement une partie de l’attachement des gens aux médicaments d’origine et, surtout, la propension des médecins à écrire ne pas substituer sur leurs prescriptions.
Mais je doute que ce curieux effet placebo ait valu les millions de dollars que cette mention sur les prescriptions coûtait à l’assurance médicament chaque année avant que les pharmaciens puissent en faire fi[2]. Cet affront au pouvoir médical, bonne idée du ministre Gaétan Barrette, permet dorénavant de sauver 40 millions de dollars annuellement[3], une assez modeste économie en regard des dépenses totales en médicaments, bien trop élevées au Québec[†]. L’idée n’est pas nouvelle, puisque les autres provinces appliquent des règles semblables, de même que bon nombre de pays, qui gèrent mieux que nous le coût des médicaments. À l’été 2017, le ministre Gaétan Barrette a aussi conclu une entente avec les fabricants de génériques, qui devrait permettre de diminuer la facture de 300 millions de dollars annuellement, mais dont les détails n’ont pas été divulgués.
Ce qu’on appelle un médicament d’origine est mis au point par une compagnie pharmaceutique, qui obtient alors un brevet l’autorisant à exploiter la molécule de manière exclusive pendant bon nombre d’années. Ce monopole permet alors de demander un prix fort pour amortir les coûts de l’innovation et assurer une appréciable marge de profit. Après l’expiration du brevet, les compagnies spécialisées en génériques copient la molécule et la vendent à leur tour, généralement à une fraction du coût de l’original − même si au Québec, nous les payons bien trop cher encore. Cette baisse de prix est probablement interprétée par certains patients comme une réduction équivalente de la qualité du produit, mais c’est une impression erronée, car substituer un médicament par sa version générique n’a généralement pas d’incidence sur son efficacité.
— Vous pourriez pas vous occuper de moi un peu?
— Je termine.
Dans certains cas précis, comme l’épilepsie, le rejet des organes greffés ou les maladies psychiatriques, le passage d’une formulation à l’autre comporte parfois des risques: chaque compagnie manufacturant le médicament de manière différente, sa vitesse de libération peut varier. Notez que j’écris «d’une formulation à l’autre», et non «du produit d’origine au générique», parce que le changement inverse (du générique au médicament original) pose le même problème. Ce n’est donc pas la qualité du médicament qui est en cause, seulement la possibilité qu’une dose transite plus ou moins rapidement dans le corps humain et entraîne des variations de concentration. Cela ne justifie en rien les réactions de certains patients quand on modifie la formulation du médicament ou celles des médecins si le pharmacien fait lui-même la substitution.
En réalité, c’est le remarquable marketing pharmaceutique, cet ingrédient secret du médicament d’origine, qui assure la partie surfaite de sa renommée. Les compagnies investissent en effet des sommes colossales dans la mise en marché de leurs produits, qui dépassent même celles consacrées à la recherche fondamentale. On joue ainsi, comme avec la pâte à dents, sur l’image, afin d’influencer le comportement des prescripteurs et des utilisateurs.
Cela conduit même à des litiges pour le moins étonnants: une compagnie pharmaceutique a déjà poursuivi une chercheuse qui souhaitait publier son travail dans lequel elle montrait...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Faux-titre
  3. Crédits
  4. Avertissement
  5. Préface du Pharmachien
  6. Prologue. La vie raccourcie de Caroline Maxwell
  7. I CONSTRUIRE
  8. II PRÉVENIR
  9. III DIAGNOSTIQUER
  10. IV TRAITER
  11. V SOIGNER
  12. Épilogue. La vie prolongée de Maude
  13. Remerciements
  14. Références
  15. Table des matières
  16. Quatrième de couverture