L'alouette affolée
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L'alouette affolée

  1. 272 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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L'alouette affolée

Détails du livre
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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

L'alouette affolée raconte l'aventure d'un adolescent qui n'était pas né pour se battre mais qui, par amour de l'aviation, participa à l'une des plus grandes tragédies du XXe siècle. De la Tunisie au débarquement de Normandie en passant par Londres, Gilbert Boulanger découvre le monde par la guerre, avec ce qu'elle comporte de camaraderie, d'angoisse et de périls. Ses aventures, qu'elles soient militaires ou amoureuses, Gilbert Boulanger les raconte avec toute la candeur et la sensibilité d'un conteur et du jeune homme qu'il était alors.

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Informations

Éditeur
Lux Éditeur
Année
2013
ISBN
9782895966067
Sujet
History
Sous-sujet
World War II

CHAPITRE 1

L’ALOUETTE AFFOLÉE

DE NOTRE base en Tunisie, nous décollons pour un septième raid en direction de l’Italie. Nous devons traverser la Méditerranée pour atteindre notre cible. D’imprévisibles dangers nous menacent. Notre départ de Pavillier se fait avec fracas et poussière, comme toujours. Les 15 Wellington, forts de leurs 30 moteurs, décollent en ligne frontale. Ils créent ainsi une tempête de poussière rouge qui ne se dissipe pas avant une heure.
Toutes les nuits, impossible d’éviter les gros cumulus chargés d’électricité qui nous barrent la route à tout juste quelques milles de la péninsule du cap Bon. Encore une fois, nous longeons celle-ci. Au crépuscule, la péninsule ressemble à une grande tache d’encre de Chine souillant la mer, étendant ses tentacules au gré de sa fantaisie.
Chuck s’adresse à l’équipage. Il recommande de s’attacher parce qu’il y aura beaucoup de turbulences. Dans ces gros avions des forces alliées, les communications se font en anglais. Toujours. Peu importe l’origine de l’équipage.
Notre escadre est incapable de gagner de l’altitude pour dominer les nuages. Nous empruntons des routes chimériques pour tenter d’échapper aux vents contraires. Les cumulus risquent de transformer en chiffon notre bombardier. Malgré les menaces du ciel, je suis séduit par la beauté soudaine des éclairs de couleur pastel tandis que le pilote tourne, vire, prend de l’altitude ou pique vers la mer, se cherchant en vain une route plus facile.
Notre avion, un Vickers Armstrong Wellington[1], frôle des murs de nuages qui naissent de la mer et s’enfuient vers les constellations habitées par des dieux mythologiques, maîtres de ces lieux. Nous devons les amuser par nos effronteries et notre témérité alors que nous tentons, à notre mesure, de changer le cours de l’histoire. Les éclairs, telles des lucioles géantes, déchirent les nuages et révèlent des vallées où un calme sournois nous accueille pour aussitôt nous abandonner.
Les vallées disparaissent soudain pour laisser place à des montagnes aux pics courroucés et aux abîmes sans fin. Puis celles-ci s’enfuient dans les ténèbres sous notre avion qui file à 150 milles à l’heure. Plongés dans le noir, nous reprenons conscience du bruit des moteurs et des craquements du fuselage.
Assis dans mon poste de mitrailleur, je suis isolé. Je suis seul parcourant le ciel du regard dans une boule de verre fragile suspendue au-dessus du vide. Le silence total est rompu seulement par les voix de mes coéquipiers. Nous approchons doucement des côtes de la Sicile. Les nuages se dissipent peu à peu. Ils laissent place à d’autres dangers.
Chuck, nous approchons de Marsala!
OK! Al, sommes-nous à l’heure?
Oui, à l’heure et au cap.
Cet échange entre le pilote et le navigateur me rassure. Nous allons enfin quitter la mer pendant quelques minutes pour survoler la pointe ouest de la Sicile.
Attention à tous! Ici Chuck! Nous survolerons la Sicile durant 15 minutes.
Les chasseurs ennemis, toujours en alerte, nous surveillent. Dans ma tourelle, je suis le seul homme armé. Je suis chargé de défendre le bombardier avec mes quatre mitrailleuses Browning[2]. En rafale, elles peuvent cracher 6 000 balles à la minute. Avec un manche à balai, je contrôle ces mitrailleuses ainsi que tous les mouvements de la tourelle. Pendant que l’équipage est témoin du progrès du bombardier vers la cible, je suis le tail-end Charlie[3] et ne verrai que les suites de l’action.
Je porte une salopette de vol en toile, des bottes de cuir, une ceinture de sauvetage appelée May West[4], un casque d’écoute et des harnais de parachute. Il n’y a pas assez de place dans la tourelle pour un parachute. Celui-ci est logé derrière moi, attaché au fuselage.
Je garde aussi sous la main une boîte de secours dite de Pandore. Elle contient des aliments concentrés, des médicaments et plusieurs autres produits pouvant m’aider à survivre pendant une semaine en territoire ennemi. Telle la boîte de la déesse, elle constitue à la fois un présage d’espoir et de malheur. Si je l’ouvre, elle me sauvera peut-être ou m’entraînera à ma perte. Avant notre départ, on nous a remis les codes secrets lumineux pour communiquer avec les maquisards italiens. Tout aviateur qui doit sauter en pays ennemi a le devoir d’éviter d’être capturé. Il doit tout faire pour retourner vers les siens. Avec mon casque d’aviateur et mon revolver Smith & Wesson dans sa gaine, j’ai l’allure trompeuse d’un homme invincible. Je ne le sais que trop.
Depuis que nous avons survolé Palerme, nous suivons un cap de 45° nord-est vers l’aéroport de Capodichino, en banlieue de Naples. Des avions de Mussolini, escadrons et machines de guerre diverses y seraient garés d’après les renseignements des services secrets. De ma position, je voyage dans la noirceur des ténèbres. Parfois, à ma gauche, à la limite de ma vue, l’ombre de la terre ferme se dessine.
Le navigateur brise le silence et interpelle le pilote:
Chuck, ici Al.
J’écoute.
Vois-tu le Vésuve?
Non, pas encore Al, répond Chuck.
Parfois, les Allemands allument des feux sur les hautes montagnes pour tenter de leurrer les navigateurs. La ruse ne prend pas toujours. Le Vésuve, entre autres, est un repère sûr.
Al finit par repérer ce volcan qui a détruit Pompéi en 79 av. J.-C. et a fait alors plus de dégât que nous en ferons jamais avec nos deux tonnes de bombes. Chuck, Al et Joe s’exclament en voyant le volcan. Je cherche dans la nuit, le pouce toujours sur la gâchette, les chasseurs qui viendront sûrement à notre rencontre. Puis, à 15 000 pieds d’altitude, suivant la côte, notre navigateur aidé du bomb aimer[5] trouve enfin la cible.
Je vois un, deux, trois avions... La tension monte en moi. Nerveux, je m’apprête à faire feu avant de réaliser que les avions qui m’inquiètent sont des Wellington appartenant aux escadrilles Snowy Owl, Tigers et Alouette qui participent avec nous à ce raid. Raymond Barry, l’ami de ma sœur, se trouve peut-être dans un de ces bombardiers sur lequel j’aurais pu faire feu.
Voici nos 40 bombardiers, chargés de 12 000 tonnes de bombes. Ils se préparent à les larguer. Sans contact radio, toutes lumières éteintes, naviguant au même cap et à la même altitude, les collisions sont fréquentes entre avions. Cette possibilité nous angoisse constamment.
Les faisceaux de lumière des batteries antiaériennes balaient puissamment le ciel. On nous cherche. Les grands canons antiaériens lancent dans le ciel leurs projectiles qui éclatent autour de nous. L’odeur de la cordite[6] nous prend à la gorge. C’est à ce moment qu’un bombardier est le plus vulnérable. Les balles traçantes des canonniers parcourent le ciel comme des étoiles filantes. Nous sommes traqués.
Joe à Chuck.
J’écoute.
J’ai Capodichino en vue. Je garde le cap.
D’accord.
Le temps est long, l’impatience monte, mais la discipline reste maître à bord. La cible en vue, le viseur de lance-bombes a maintenant le contrôle total du vol. Il demande au pilote de garder le cap. Les secondes deviennent des minutes interminables. Nous sommes impatients de nous libérer de notre chargement destructeur. Après toutes ces heures de vol, nous sommes enfin arrivés au but. Le devoir et l’envie d’en finir au plus vite dominent nos peurs. Joe, le regard tendu entièrement vers la mire, commande l’ouverture des soutes et requiert de nouveau le silence.
—À gauche 2°, steady, steady... steady.
Le bombardier poursuit sa course, mais il semble immobilisé dans le ciel. Un silence de mort s’installe dans notre machine de guerre, par-dessous le bruit infernal des moteurs.
Steady... steady... 3° gauche...
Bruit des respirations. Nous avalons tout l’oxygène du bord à force de soutenir cette terrible tension intérieure.
Steady...
Les obus antiaériens explosent silencieusement près de nous, ne laissant dans les airs que de grandes taches noires que l’avion ne peut éviter. Tout à coup, un faisceau lumineux balaie notre appareil. La verrière de ma tourelle éclairée devient un miroir concave reflétant une image dantesque dont je fais partie.
Steady...steady...
Joe, toujours le pouce sur la gâchette, regarde une dernière fois dans la mire et nous crie:
Bombs gone, Chuck, retract the doors, garde le cap, je largue la fusée éclairante.
Les bombes culbutent alors les unes sur les autres vers la cible. Attachée à son parachute, la fusée éclairante activera la caméra. Nous devons avoir une photo de notre cible, preuve de la réussite de notre mission. Une lueur éblouissante apparaît sous l’avion. Le moment du retour est arrivé. Nos voix ne font qu’une:
Let’s go home! À la maison!
Al examine les constellations afin d’y lire les secrets des étoiles pour la route de retour. Je suis étonné par son savoir, qui fait de lui le membre de l’équipage le plu...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Faux-titre
  3. Page de titre
  4. Crédits
  5. Dédicace
  6. Préface
  7. 1. L’alouette affolée
  8. 2. Dauray
  9. 3. L’enfance et le capitaine
  10. 4. Sir John A. McCurdy
  11. 5. L’alouette s’en va-t-en guerre
  12. 6. Apprendre à voler
  13. 7. Au Maghreb
  14. 8. En danger
  15. 9. L’alouette est orpheline
  16. 10. Au pays du Prophète
  17. 11. Capri
  18. 12. Raymond Barry et ma lessive
  19. 13. À Rome
  20. 14. Les étoiles
  21. 15. Départ de l’Afrique
  22. 16. Au Royaume-Uni
  23. 17. L’Irlandaise
  24. 18. De nouvelles plumes pour l’alouette
  25. 19. Victime de Cupidon
  26. 20. Retour à la guerre
  27. 21. L’alouette se défend
  28. 22. L’alouette a peur
  29. 23. L’alouette et le roi George VI
  30. 24. L’alouette et le commodore
  31. 25. L’alouette se marie
  32. 26. L’alouette au repos
  33. 27. L’alouette et la Normandie 6 juin 1944
  34. 28. L’alouette et Coutances
  35. 29. Paris libéré
  36. 30. L’alouette de retour au Canada
  37. Épilogue
  38. Remerciements
  39. Table des matières
  40. Dans la collection «Mémoire des Amériques»
  41. Crédits de production
  42. Quatrième de couverture