La Lanterne
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La Lanterne

L'ennemi instinctif des sottises, des ridicules, des vices et des défauts des hommes

  1. 198 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La Lanterne

L'ennemi instinctif des sottises, des ridicules, des vices et des défauts des hommes

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À propos de ce livre

«Jongleurs, artisans d'ombres, fabricants de fausses clefs pour les verrous du paradis, arriĂšre, laissez l'homme libre afin qu'il grandisse; et si vous ne pouvez le suivre, ne cherchez pas du moins Ă  le retenir», Ă©crit Arthur Buies dans La Lanterne. Ce journal, digne de l'esprit des LumiĂšres et jamais rĂ©Ă©ditĂ© intĂ©gralement, est une Ă©toile filante dans le ciel de l'histoire des idĂ©es au QuĂ©bec. Il ne paraĂźt que durant un bref moment, de septembre 1868 Ă  mars 1869. Arthur Buies, son seul animateur, frappe de sa plume les conservateurs et les religieux. Il peste contre la bĂȘtise et la superstition dans lesquelles sont engluĂ©s ses contemporains. Il traite aussi de sujets politiques, comme la ConfĂ©dĂ©ration ou l'annexion aux États-Unis, de nouvelles internationales, notamment de la rĂ©volution espagnole de 1868 et des aprĂšs-coups du Risorgimento. Esprit rĂ©voltĂ© et curieux, anticlĂ©rical, ses adversaires le vouaient Ă  l'oubli ou, Ă  l'instar d'un Claude-Henri Grignon, l'auteur des Belles histoires des pays d'en haut, Ă  la damnation sous forme de portrait caricatural. Nous faisons revivre ici son Ɠuvre en publiant dans leur intĂ©gralitĂ© sept numĂ©ros de La Lanterne.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Lux Éditeur
Année
2018
ISBN
9782895967422
NUMÉRO 1

17 SEPTEMBRE 1868

AUX LECTEURS
JE PUBLIE CETTE LANTERNE sans crainte qu’elle soit supprimĂ©e. Je n’ai pas, Dieu merci, Ă  redouter des ministres absolus, comme mon confrĂšre Rochefort. Si je suis supprimĂ©, ce sera grĂące Ă  vous, et surtout grĂące Ă  moi-mĂȘme qui n’aurai pas su montrer autant d’esprit que j’en ai positivement.
C’est là qu’est le danger. Si je m’en tire, je jure de changer mes habitudes de vieux garçon et de chercher à plaire aux femmes, ce qui est encore plus difficile que de plaire à des lecteurs.
J’entre en guerre ouverte avec toutes les stupiditĂ©s, toutes les hypocrisies, toutes les infamies; c’est-Ă -dire que je me mets sur le dos les trois quarts des hommes, ce qui est lourd. Resteront bien quelques femmes par-ci par-lĂ , mais elles sont si lĂ©gĂšres!
Et du reste, je ne crois pas que les femmes aient des vices. Je ne leur crois que des caprices; c’est bien pis! Pourvu qu’elles aient celui de me lire.
Tous les imbĂ©ciles ne sont pas mes ennemis personnels; l’apparition de cette Lanterne les dĂ©cidera. Je ne parle point du Courrier du Canada, du Courrier de Saint-Hyacinthe, du Journal des Trois-RiviĂšres, de L’Union des Cantons de l’Est, etc., je parle des imbĂ©ciles qui ont des noms d’homme et qui se comptent par centaines de mille, ici comme ailleurs.
Il y a deux catĂ©gories d’imbĂ©ciles, ceux qui le savent et ceux qui ne le savent pas. Ceux-ci sont les pires; ils font des comptes-rendus dans La Minerve; les premiers se consolent par la perspective du royaume des cieux. – À propos, il est bon de dire que le royaume des cieux doit ĂȘtre dĂ©mesurĂ©ment grand.
Il y a deux grandes sociĂ©tĂ©s dans notre ville, la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste et l’Association pacifique pour l’indĂ©pendance du Canada. La premiĂšre compte cinquante membres, dont quatre Ă  cheval (les chevaux ne comptent pas); la seconde en compte trente-deux qui vont Ă  pied, guidĂ©s par un chef dont la principale fonction pacifique est de coller des affiches non imprimĂ©es.
Ce chef, est-il besoin de le nommer? L’univers le connaĂźt; c’est Lanctot[25], Lanctot, vous dis-je, et c’est assez. Si l’univers ne le connaĂźt pas, ce n’est pas la faute de Lanctot. Moi, je suis obligĂ© de le connaĂźtre: tant pis pour lui!
VoilĂ  un homme qui a beaucoup de langue et pas du tout de langage. Il dit qu’il veut jouer en Canada le rĂŽle de Wendell Phillips[26] aux États-Unis. C’est comme si l’on voulait faire exĂ©cuter une charge de cavalerie par un bataillon de sauterelles.
Lanctot ne croit pas seulement qu’il joue un rĂŽle; il croit encore qu’on est jaloux de lui et que c’est pour cela qu’il ne crĂ©e pas l’immense sensation qu’il est en droit d’espĂ©rer. Nous sommes ingrats de ne pas aider cet homme Ă  jouer son rĂŽle aux dĂ©pens du bon sens. AprĂšs tout, ne sommes-nous pas le mĂȘme peuple qui a Ă©levĂ© sur les trĂ©teaux M. Cartier[27]?
Ces deux rivaux se sont combattus. Ce qui prouve leur Ă©galitĂ© de mĂ©rite, c’est que la victoire fut longtemps indĂ©cise et dut ĂȘtre chĂšrement achetĂ©e. Cartier paya, Lanctot ne paya point. Il est vrai qu’il avait des mines, c’est-Ă -dire des carriĂšres; mais on ne sĂ©duit pas un Ă©lecteur avec des pavĂ©s.
Un jour Lanctot, se croyant assez fort, fit la guerre au Parti libĂ©ral sans lequel il n’était rien. Il n’eut jamais d’autre rĂȘve que celui de son ambition personnelle, beaucoup trop grande pour lui. Il s’est Ă©puisĂ© Ă  se hisser, croyant que le nombre de ses dupes, mises les unes sur les autres, serait assez grand pour lui faire escalader les nues. AprĂšs avoir montĂ© sur quelques dizaines d’épaules, il est tombĂ© sur la place Chaboillez[28] avec des Ɠufs pourris dans les oreilles. Chute qui ne fut pas Ă©clatante, mais qui fait voir combien parfois les grandes choses sont dĂ©faites par les plus petits moyens.
Maintenant il s’occupe Ă  faire souscrire pour l’indĂ©pendance pacifique[29]. Quand il aura cinquante piastres, nous proposerons un marchĂ© Ă  l’Angleterre, qui, entre parenthĂšses, sera bien sotte de ne pas nous vendre pour ce prix-lĂ .
Les NĂ©o-Écossais donnent des preuves d’une Ă©nergie et d’une volontĂ© frappantes. VoilĂ  des gaillards qui veulent mettre en pratique ce qu’ils dĂ©clarent: ce dont les journaux torys sont furieux; ils s’imaginent que le suprĂȘme de la sagesse pour les NĂ©o-Écossais serait de faire le contraire de ce qu’ils disent ou de ne pas faire ce qu’ils disent qu’ils feront.
Les NĂ©os sont dĂ©cidĂ©s Ă  ne plus faire partie de la confĂ©dĂ©ration et si l’Angleterre refuse de faire justice Ă  leur nouvelle requĂȘte, ils dĂ©clarent qu’ils se feront justice Ă  eux-mĂȘmes. Alors, que verra-t-on? M. Cartier prendra son bill de milice[30] avec les hommes qu’il y a dedans, il mettra sa tuque bleue[31], prendra le sabre de son pĂšre (un tire-bouchon) et, accompagnĂ© de la Grande Duchesse[32], Mademoiselle C..., il se rendra Ă  cinquante-quatre milles des cĂŽtes de la Nouvelle-Écosse.
LĂ , il fera une sommation respectueuse aux rebelles de ce pays d’avoir Ă  se jeter dans ses bras. AussitĂŽt qu’il aura eu le temps de ne pas recevoir de rĂ©ponse, il dĂ©ploiera le drapeau britannique, le drapeau loyal, chantera Vive Ottawa, la capitale des Canadas (et des maringouins) et cinglera en toute hĂąte vers le port de QuĂ©bec, oĂč l’attendra M. Cauchon[33] qui veut exterminer les NĂ©o-Écossais.
Le lendemain on lira dans La Minerve l’étourdissant bulletin suivant:
Grande victoire militaire de l’honorable sir George-Étienne Cartier. Ce grand homme dont on ne connaissait pas encore le gĂ©nie guerrier, vient de mettre le sceau Ă  sa gloire. Il n’a fait que paraĂźtre devant les insurgĂ©s de la Nouvelle-Écosse et tous se sont tus. Ce triomphe mĂ©morable, unique, Ă  jamais illustre, a Ă©tĂ© obtenu sans effusion de sang, tant il est vrai de dire que l’honorable sir George-Étienne Cartier joint une Ăąme magnanime et tendre Ă  une profondeur politique sans exemple.
Maintenant, on peut ĂȘtre certain que la Nouvelle-Écosse est pacifiĂ©e et va rentrer dans le giron de la ConfĂ©dĂ©ration, cette arche sainte qui est le salut de notre peuple.
Il y aura promenade aux flambeaux, concerts, speechs, illumination et le lendemain, une dĂ©pĂȘche tĂ©lĂ©graphique annoncera que Mr. Wilkins, procureur gĂ©nĂ©ral de la Nouvelle-Écosse, a demandĂ© purement et simplement l’annexion aux États-Unis.
Alors, ce sera au tour de M. Cauchon qui, lui, est un fameux lutteur et ne se cache pas derriĂšre les rideaux pour se battre. M. Cauchon prendra la voie de terre (par habitude) et, arrivĂ© Ă  dix lieues des frontiĂšres de la Nouvelle-Écosse, avec sa brochure contre la ConfĂ©dĂ©ration d’une main et sa brochure pour la ConfĂ©dĂ©ration dans l’autre main, il fera un tel vacarme en les tapant l’une contre l’autre qu’il y aura autour de lui un attroupement de gamins curieux: «Tas de marmots, leur criera-t-il, ĂȘtes-vous pour la ConfĂ©dĂ©ration ou contre la ConfĂ©dĂ©ration?» Et comme ils n’auront pas l’air de le comprendre, M. Cauchon, aprĂšs trois ou quatre «baptĂȘme», s’en reviendra au Journal de QuĂ©bec, oĂč il dĂ©clarera que les NĂ©o-Écossais sont un peuple d’enfants qui ne savent pas ce qu’ils veulent et ne comprennent mĂȘme pas quand on leur parle.
Et la question sera dĂ©cidĂ©e. Mais, par exemple, si nous achevons les fortifications de la Pointe-LĂ©vis[34] et si nous construisons celles de MontrĂ©al, il est Ă©vident que les NĂ©o-Écossais ne pourront jamais s’affranchir.
Quand j’étais rĂ©dacteur du Pays, il n’y a pas longtemps, je disais nous. C’était solennel, je me gaudissais, je me prenais Ă  me carrer dans ce nous, et je trouvais admirable de voir au pluriel un ĂȘtre singulier comme moi. Aujourd...

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  1. Couverture
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  4. Lire Buies
  5. Numéro 1. 17 septembre 1868
  6. Numéro 2. 24 septembre 1868
  7. Numéro 5. 16 octobre 1868
  8. Numéro 9. 12 novembre 1868
  9. Numéro 10. 17 novembre 1868
  10. Numéro 23. 18 février 1869
  11. Numéro 27. 18 mars 1869
  12. Remerciements
  13. Table des matiĂšres
  14. QuatriĂšme de couverture