Le Service naval du Canada, 1910-2010
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Le Service naval du Canada, 1910-2010

Cent ans d'histoire

  1. 246 pages
  2. French
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Le Service naval du Canada, 1910-2010

Cent ans d'histoire

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À propos de ce livre

La Marine canadienne a eu 100 ans en 2010, et le Canada a fièrement célébré cet anniversaire. Connue officiellement jusqu'en 1968 comme la Marine royale du Canada, et après comme le Commandement maritime des Forces canadiennes, le service naval du Canada a joué un rôle important dans le développement et la securité de notre pays. Son Excellence la gourverneure générale Michaelle Jean, commandante en chef des Forces canadiennes, a écrit l'avant-propos de cet ouvrage commémoratif richement illustré.

Dans cette collection d'articles, tous écrits par d'éminents historiens specialistes de leur période, chaque chapitre est consacré à une période de l'histoire de la Marine: ses origines remontant à 1867, les deux guerres mondiales, la guerre de Corée, la Guerre froide, et sur l'avenir de la Marine; il y a également un chapitre sur les oeuvres des peintres de guerre. Les auteurs des chapitres font référence à une multitude d'archives et d'ouvrages d'autres auteurs dans leurs écrits. Ce livre se veut un tour d'horizon général qui saura plaire à de nombreux lecteurs, notamment les passionnés de marine, les anciens de la marine et leur famille, les historiens et les bibliothécaires.

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Informations

Année
2009
ISBN
9781459713277

CHAPITRE 1

1867–1914: Les fondements du Service naval du Canada

Roger Sarty
Nous devrions être prêts, nous devrions être désireux d’enlever à la mère patrie la responsabilité de protéger nos côtes et nos ports . . . Nous devrions traiter sérieusement la question de la défense nationale sur mer . . . nous devrions l’adopter d’après le projet d’autonomie locale . . .
SIR FREDERICK BORDEN, MINISTRE DE LA MILICE ET DE LA DÉFENSE, CHAMBRE DES COMMUNES, DÉBATS, 10 FÉVRIER 1910
L’établissement de la Marine canadienne est remarquable à deux points de vue: son caractère tardif et ses maigres résultats. Le Canada, qui a pour devise «d’un océan à l’autre», a le plus long littoral au monde. Et pourtant, la Marine n’a été fondée que le 4 mai 1910, près de 43 ans après la création de l’état canadien moderne, le 1er juillet 1867. Malgré la tension croissante dans les relations internationales à cette époque, le nouveau service était si controversé qu’il faillit ne jamais voir le jour. Le Canada n’était donc pas du tout préparé lorsque la guerre éclata en Europe à l’été 1914.
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MCG 19940001-980
La première affiche de recrutement de la MRC.
Ce paradoxe s’explique par le fait que le Canada s’est développé au sein de l’Empire britannique, qui a lui-même été créé et s’est développé grâce à la Royal Navy, la marine la plus puissante au monde de la fin du XVIIe siècle jusqu’au début des années 1940. La GrandeBretagne put s’emparer des colonies d’Amérique du Nord de la France pendant la guerre de Sept Ans parce que la prédominance de la Royal Navy dans l’Atlantique avait permis à la Grande Bretagne de masser ses forces en vue d’attaquer les forteresses françaises de Louisbourg en 1758 et de Québec en 1759, tout en empêchant l’arrivée de renforts en Nouvelle-France. Quant aux colonies américaines de la Grande-Bretagne, elles ne purent obtenir leur indépendance en 1783 que parce qu’une alliance européenne, menée par la France, avait temporairement pris la haute main sur la RN. Et pourtant, la Royal Navy repoussa une invasion américaine du Canada en 1775-1776 et empêcha à plusieurs reprises, entre 1812 et 1814, les États-Unis de conquérir l’Amérique du Nord britannique. C’est la menace que représentait la Royal Navy pour le littoral américain, à partir de bases comme Halifax, les Bermudes et la Jamaïque, qui en fin de compte sauva le Canada de la destinée manifeste américaine pendant les crises des années 1830, 1840, 1850, et 1860.
Le Canada a été créé grâce à la puissance militaire de la Grande-Bretagne, qui a assuré sa défense sans rétribution financière. Il faut savoir que la grande cause de la révolte des colonies américaines en 1775 avait été la taxation des colons pour payer les coûts énormes de la conquête du Canada, effectuée par les troupes britanniques de 1754 à 1763 pour protéger les territoires américains contre les incursions des Français. Par la suite, la GrandeBretagne n’essaya plus de récupérer ces dépenses auprès des colonies, particulièrement dans le cas du Canada dont la population de langue française percevait les militaires britanniques comme des occupants et non comme des protecteurs.
Il s’agissait là de forces terrestres et non de forces navales. Depuis l’invasion américaine de 1775, la frontière sud des colonies britanniques devait être protégée par des fortifications et des garnisons de soldats britanniques, professionnels mais coûteux. Ces fortifications et ces garnisons étaient nécessaires pour empêcher l’invasion des territoires pendant que la Royal Navy menait des offensives contre le commerce américain et les villes portuaires américaines. Dans les années 1840 et 1850, le gouvernement britannique calma les troubles politiques qui fomentaient dans ses colonies d’Amérique du Nord en leur accordant l’autodétermination pour les questions internes, mais il commença aussi à réduire considérablement l’effectif des garnisons, expliquant que l’autodétermination s’accompagnait d’une plus grande responsabilité d’autodéfense, ce qui aurait également pour effet de réduire les dépenses pour le trésor britannique. La guerre de Sécession américaine (1861–1865) menaçait les colonies, et l’armée britannique renforça massivement ses garnisons, mais le coût élevé de cette opération conduisit le gouvernement britannique à appuyer le projet de confédération des colonies et de création du dominion du Canada en 1867. La Grande-Bretagne retira toutes ses troupes de l’intérieur du nouveau pays en 1871 et la défense de la frontière revint à la Milice canadienne, force composée de quelque 40 000 volontaires à temps partiel, instruite par une toute petite «force permanente» de professionnels à plein temps—1 000 hommes tout au plus—jusqu’au début du XXe siècle.
Mais la garantie ultime de la sécurité du Canada était encore la Royal Navy. Même les politiciens britanniques les plus parcimonieux devaient admettre que la protection du Canada découlait du besoin qu’avaient les Britanniques de contrôler l’Atlantique Nord, par où passait l’essentiel du commerce maritime vital pour la Grande-Bretagne. Celle-ci conserva ses arsenaux fortifiés d’Halifax et des Bermudes ainsi que des escadres permanentes dans l’ouest de l’Atlantique et dans l’est du Pacifique, notamment un nouvel arsenal à Esquimalt en Colombie-Britannique. Quelque 2 000 soldats britanniques restèrent en garnison à Halifax et aux Bermudes, et les troupes britanniques construisirent plus tard des défenses à Esquimalt. Les dirigeants politiques canadiens de la fin du XIXe siècle pensaient que la présence navale britannique dissuadait les États-Unis d’envahir le Canada et ils évitaient donc de prendre des initiatives en matière de défense navale de peur d’inciter la Grande-Bretagne à retirer une partie de ses forces.
La possibilité de création d’une marine canadienne distincte apparut à la fin des années 1880, à la suite d’un conflit avec les États-Unis. Afin d’empêcher les bateaux de pêche américains d’entrer illégalement dans les eaux territoriales canadiennes, soit les eaux situées à trois milles marins (environ 5 km) des côtes, le gouvernement mit en place un service de protection des pêches, composé de six à huit petits navires armés. Ces navires et leur équipage faisaient partie du ministère canadien de la Marine et des Pêches, qui s’occupait principalement des phares et autres aides à la navigation et de la réglementation de la navigation maritime civile. Les anciens officiers de la Royal Navy qu’avait embauchés le gouvernement du Canada pour ce service et les représentants britanniques au Canada virent la possibilité de transformer cette force de protection des pêches en une force navale, mais l’Amirauté n’était pas intéressée. La technologie avait évolué et, vers la fin des années 1880, la Royal Navy disposait de grands navires de guerre en acier, rapides et à très grande autonomie, qu’elle pouvait, aussi facilement qu’au temps de la marine à voile, contrôler centralement depuis Londres et envoyer intercepter pratiquement n’importe quelle force ennemie. En 1887, les colonies australiennes et la Nouvelle-Zélande commencèrent à verser chaque année des sommes à l’Amirauté pour financer l’affectation de croiseurs de la Royal Navy dans leurs eaux.
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MDN, HS89-0198-19
Les premières recrues du Service naval canadien.
Vers la fin des années 1890, l’idée que l’Empire devrait devenir une alliance militaire plus homogène afin de répondre à la concurrence croissante des grandes puissances fit rapidement des adeptes en Grande-Bretagne et dans les colonies autonomes. Lorsqu’en 1899, la Grande-Bretagne entra en guerre avec les Boers en Afrique du Sud, le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier, le premier premier ministre canadien français, se trouva pris entre les demandes de participation des Canadiens anglais et la forte résistance des Canadiens français. Le compromis adopté par Laurier, n’envoyer que des contingents de jeunes gens qui s’étaient portés volontaires, ne fit rien pour apaiser la querelle entre les deux camps. Le brillant député libéral et journaliste Henri Bourassa démissionna pour marquer son opposition à la coopération avec la Grande-Bretagne. Il se méfiait tout particulièrement des initiatives navales, car l’Amirauté avait pour doctrine de contrôler depuis Londres les défenses navales de l’Empire. Cependant, même Bourassa reconnaissait qu’il fallait protéger la pêche.
Laurier s’efforça de faire la quadrature du cercle politique en qualifiant les réformes militaires de mesures de défense nationale qui rehausseraient le profil du Canada, mais qui contribueraient aussi à la force de l’Empire en dégageant les forces armées britanniques débordées de leurs engagements en Amérique du Nord. Il était prêt à mettre sur pied le Service de protection des pêches et, en 1903–1904, le gouvernement fit l’acquisition du navire du gouvernement du Canada (NGC) Canada, un vapeur de 910 tonneaux construit aux spécifications navales. Les autres initiatives navales furent cependant mises de côté en décembre 1904 lorsque la Grande-Bretagne, désireuse de concentrer ses forces armées plus près de son territoire en raison de la montée de la menace de guerre en Europe, ferma les arsenaux d’Halifax et d’Esquimalt et annonça le retrait des escadres de la Royal Navy qui opéraient sur la côte Atlantique et la côte Pacifique de l’Amérique du Nord. Il fallait toutefois garder des défenses à Halifax et à Esquimalt, qui resteraient des bases pour la flotte britannique, et Laurier saisit l’occasion de proposer une mesure nationaliste qui fut chaudement reçue par tous les Canadiens, anglais et français; il offrit de prendre la pleine responsabilité des garnisons permanentes et des fortifications d’Halifax et d’Esquimalt. Cette offre, acceptée avec reconnaissance par la Grande-Bretagne, fit tripler l’effectif de la force terrestre permanente et fut la raison principale du doublement du budget annuel de la milice terrestre, qui passa à quelque 6 millions de dollars par an.
Laurier maintenait que le service de protection des pêches était le «noyau» de la Marine, mais il ne put aller plus loin. C’est un scandale qui fit évoluer les choses. Au début de 1908, une commission royale découvrit que le ministère de la Marine et des Pêches était totalement inefficace. Laurier et le ministre, Louis-Philippe Brodeur, un avocat qui avait fait carrière parmi les nationalistes politiques québécois et qui avait donc de la crédibilité dans cette province, procédèrent immédiatement à un grand nettoyage. Georges Desbarats, un ingénieur du Ministère qui était réputé pour ses talents d’administrateur, devint sous-ministre. Laurier avait déjà rencontré Charles E. Kingsmill, un Canadien qui était entré dans la RN en 1869 à l’âge de 14 ans et qui avait atteint le grade de capitaine de vaisseau, et il avait été impressionné par ses compétences. Kingsmill accepta de prendre la direction du Service maritime du gouvernement. Promu au grade de contre-amiral à son départ de la RN, il avait des qualifications très différentes de celles de ses prédécesseurs, qui avaient pour la plupart quitté la Royal Navy très tôt dans leur carrière d’officier.
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Musée naval d’Esquimalt, VR991.29.1
L’escadron aérien du Pacifique de la Marine royale, au mouillage dans le port d’Esquimalt, 1870, dont (en bas, à gauche) le HMS Charybdis.
Les Conservateurs, dirigés par Robert Borden depuis 1900, n’avaient pas plus envie que les Libéraux de s’attaquer au problème épineux de la Marine. Ils se contentaient de rappeler périodiquement au gouvernement de s’occuper du développement naval du Service de protection des pêches. En janvier 1909, sir George Foster, un des collègues de Borden et ancien ministre de la Marine et des Pêches dans le gouvernement MacDonald, mit à l’ordre du jour de la prochaine session du Parlement la résolution suivante: «le Canada doit assumer sans plus tarder la part de responsabilité et du fardeau financier qui lui revient pour protéger convenablement son littoral exposé et ses grands ports de mer». Cette résolution s’inspirait d’une initiative australienne visant à mettre fin aux subventions annuelles versées à la Royal Navy et à mettre en place une marine australienne. L’Amirauté, qui tenait à ce que la Grande-Bretagne continue à contrôler les navires de haute mer, consentit à ce que tous les services coloniaux acquièrent les nouveaux torpilleurs côtiers, destroyers et sous-marins, qui avaient été mis au point depuis la fin des années 1880. En effet, ces torpilleurs permettraient de sécuriser les ports pour les déploiements stratégiques de la flotte britannique.
Avant que la résolution Foster ne soit discutée en Chambre, la question navale prit un nouveau tournant en raison d’événements outre-mer. Le 16 mars, le premier lord de l’Amirauté dans le gouvernement libéral britannique, Reginald McKenna, demanda une rallonge budgétaire pour la construction de cuirassés, en se fondant sur l’accélération du programme de construction navale de l’Allemagne. En 1905–1906, la Royal Navy avait pris de l’avance en construisant le HMS Dreadnought, premier grand cuirassé moderne (16 270 tonnes), armé d’une batterie de gros canons de calibre uniforme—10 canons de 12 pouces—au lieu des canons lourds et des canons légers qui étaient installés sur les cuirassés de 9 100 tonnes. Et maintenant, on apprenait que l’Allemagne serait peut-être en mesure d’avoir autant de «dreadnought» que la Grande-Bretagne dès 1912.
La nouvelle que la suprématie maritime de la Grande-Bretagne était gravement menacée par une seule puissance fit l’effet d’une «bombe» selon un commentateur canadien de l’époque. La Nouvelle-Zélande offrit rapidement de faire un paiement unique au gouvernement britannique afin de ...

Table des matières

  1. Cover
  2. Half title
  3. Title
  4. Copyright
  5. Table des matières
  6. Avant-propos par Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean, gouverneure générale et commandante en chef du Canada
  7. Préface et remerciements du directeur de la publication
  8. Introduction
  9. 1 • 1867–1914: Les fondements du Service naval du Canada
  10. 2 • La Marine royale du Canada et la Première Guerre mondiale
  11. 3 • L’entre-deux-guerres
  12. 4 • 1939–45: La Marine royale du Canada étend ses ailes: Les opérations à l’étranger
  13. 5 • 1939–45: La guerre contre les sous-marins allemands
  14. 6 • Les peintres de marine canadiens de la Deuxième Guerre mondiale
  15. 7 • 1945–60: Les temps modernes
  16. 8 • Les années de crise: La Marine canadienne dans les années 1960
  17. 9 • 1968–89: De l’incertitude à la maturité
  18. 10 • L’ère de la transformation: De 1990 à nos jours
  19. 11 • Le monde problématique du deuxième siècle de la Marine
  20. Collaborateurs
  21. Index