Du littoral à la mer
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Du littoral à la mer

Histoire officielle de la Marine royale du Canada, 1867–1939, Volume I

  1. 1,130 pages
  2. French
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Du littoral à la mer

Histoire officielle de la Marine royale du Canada, 1867–1939, Volume I

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La création de la Marine royale du Canada (MRC) en 1910 et ses premières années d'existence ont été marquées par un débat politique quant à la nécessité d'un service naval au Canada. Du littoral à la mer, le premier d'une série de trois volumes relatant l'histoire officielle de la MRC, retrace les trois premières décennies de la Marine, de ses débuts comme marine de pacotille établie par le Premier ministre sir Wilfrid Laurier et constituée de deux croiseurs britanniques obsolètes jusqu' à son entrée dans la Seconde Guerre mondiale, en tant que force composée de six destroyers modernes et de quatre dragueurs de mines. L'histoire de la MRC au cours du conflit de 1939-1945 a déjà été raconté dans la partie 1, Rien de plus noble, et la partie 2, Parmi les puissances navales, du volume II de la série, publié précédemment. Fondé sur des recherches archivistiques approfondies, l'ouvrage Du littoral à la mer relate les âpres débats qui ont finalement mené à l'établissement de la MRC en 1910, son existence précaire après le remplacement soudain du gouvernement de Laurier par celui de Robert Borden un an plus tard, ainsi que les difficultés de la Marine au cours de la Première Guerre mondiale lorsqu'elle a dû défendre les eaux canadiennes avec très peu de ressources. Des conséquences désastreuses de la terrible explosion survenue Halifax en décembre 1917 jusqu'à la campagne menée par les sous-marins allemands au large de la côte Est du Canada en 1918, le volume I examine dans quelle mesure les conseils souvent incohérents qu'Ottawa recevait de l'Amirauté britannique, à Londres, ont compliqué la tâche de la MRC. La dernière section de cet important ouvrage historique bien illustré traite de l'expérience de la MRC pendant l'entre-deux-guerres, alors que le sentiment antiguerre et une dépression économique menaçaient sa survie même.

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Informations

Année
2011
ISBN
9781459713239

PARTIE 1

Une Marine nationale

CHAPITRE 1

La question de la défense navale,
1867–1902

Lorsque l’Acte de l’Amérique du Nord britannique est proclamé le 1er juillet 1867, le Parlement fédéral du Canada prend en charge la défense des trois colonies qui composent désormais le nouveau dominion. La défense a joué un rôle important dans les discussions ayant mené à la Confédération, qui se sont déroulées au beau milieu de la guerre de Sécession mettant en jeu des armées de masse au sud de la frontière, mais cela ne signifie pas que les Canadiens soient particulièrement désireux de se doter d’une grande armée permanente ni même d’une quelconque armée professionnelle. Les responsabilités relatives des gouvernements britannique et canadien restent vagues, et la mère patrie continue d’assumer exclusivement celle de la politique étrangère, de sorte que les Canadiens supposent que les forces navales et militaires britanniques seraient sur le pied de guerre en cas de crise1. De fait, les chefs politiques du pays ont continué à voir les besoins de défense du dominion uniquement en termes d’établissement d’une milice de citoyens capable de répondre rapidement aux incursions étrangères ou à la désobéissance civile. Le projet de loi sur la milice (Militia Bill) présenté par le ministre de la Milice et de la Défense, George-Étienne Cartier, en mars 1868 prévoit une milice active de 40 000 hommes et une réserve composée de tous les hommes de 16 à 60 ans aptes à servir, ce qui, en théorie, permettrait de mobiliser 700 000 hommes en cas de guerre2.
Il n’est pas question de forces navales canadiennes dans les premiers débats sur la défense, et la création de deux ministères fédéraux distincts, celui de la Milice et de la Défense et celui de la Marine et des Pêcheries, donne certainement à penser que les Canadiens sont satisfaits de compter sur la puissance de la Royal Navy pour protéger les côtes de leur pays3. Au cours des décennies suivantes, ce qui a surtout de l’importance dans la politique maritime du gouvernement, ce n’est pas l’immensité des côtes canadiennes (les plus longues du monde avant même l’intégration de Terre-Neuve et du Labrador), non plus que l’intéressante économie maritime du pays4, mais l’appartenance à l’Empire britannique et la protection de la flotte la plus puissante du monde. Situées au centre de la puissance maritime britannique de l’Atlantique Nord, les provinces canadiennes d’origine sont mieux protégées que toute autre partie de l’Empire contre les attaques venant de la mer. C’est la confiance que suscite ce fait qui explique la pingrerie du Canada à l’égard des dépenses en matière de défense et la priorité qu’il accorde au développement économique transcontinental de préférence aux affaires maritimes5.
La décision du nouveau gouvernement de consacrer son budget de défense à la formation d’une milice signifie qu’un certain nombre d’initiatives navales qui ont été lancées localement au cours de la décennie précédente vont disparaître. Au cours des années 1860, tandis que le gouvernement britannique croit de moins en moins à l’utilité d’envoyer des forces britanniques en Amérique du Nord, Londres veut que les Canadiens s’occupent davantage de leur propre défense, notamment sur le plan naval, et qu’ils améliorent plus particulièrement les fortifications et les voies navigables de la région des Grands Lacs. Des armées locales ne peuvent espérer gagner des guerres, mais elles pourraient retarder des forces hostiles et protéger des bases locales en attendant l’arrivée de la Royal Navy. En 1865, Westminster a adopté une loi visant à encourager les colonies à créer leurs propres organisations navales. Cette loi précise que les colonies sont autorisées, à leurs frais, à acquérir, à entretenir et à employer «un ou des navires de guerre» et à recruter et former des matelots et un corps de volontaires «engagés à la condition d’être tenus d’effectuer du service général dans la Royal Navy en cas d’urgence»6.
Ces forces navales seraient développées à partir des milices navales coloniales créées à l’époque où, la guerre de Sécession faisant rage, les relations anglo-américaines étaient tendues. Le rôle de la milice navale est de réagir immédiatement à toute attaque venant du sud de la frontière et de retarder l’ennemi en attendant l’arrivée des renforts britanniques. Le premier de ces groupes navals locaux est formé en Ontario, où la Militia Act of 1862 autorise la création de sept «compagnies navales» à Dunnville et Port Stanley, sur le lac Érié, et à Hamilton, Kingston, Oakville, Garden Island et Toronto, sur le lac Ontario. Chaque compagnie comptera environ 60 recrues solides, choisies parmi les habitués du lac, qui, selon toute probabilité, seront plus à l’aise et efficaces dans les milices navales que dans l’armée. Ces hommes sont censés équiper et armer rapidement des bateaux, mais leurs vêtements et leur équipement ne sont pas adéquats, de sorte que les exercices d’hiver sont difficiles et inefficaces. Néanmoins, lorsque le groupe de rebelles irlandais Fenians menace de lancer des attaques contre les colonies britanniques depuis le sud de la frontière en 1866, les préparatifs de défense prennent une importance certaine. Le Canada tient à ce que la Grande-Bretagne reste responsable de ce qu’il estime être un problème de l’Empire, mais Londres n’est pas d’accord. La Royal Navy aide à faire reculer les Fenians à Campobello (Nouveau-Brunswick) en avril, mais les milices navales canadiennes, avec leurs chaloupes canonnières, ne peuvent compter que sur elles-mêmes lorsqu’elles font faire demi-tour aux envahisseurs à Fort Erie en juin 18667. La Toronto Naval Company prépare le Rescue et le Magnet à entrer en service, mais la milice navale connaît sa gloire lorsque la Dunnville Naval Company, à bord du vapeur W.T. Robb, contraint les Fenians à battre en retraite de l’autre côté de la rivière Niagara. L’expérience révèle cependant que, si l’on ne veut pas que la milice navale ait de graves problèmes de formation et manque d’armement, il faut y engager plus de ressources. Au bout de cinq ans, lorsque le risque d’attaque en provenance des États-Unis s’est dissipé et après que plusieurs organisateurs locaux ont cessé de participer, l’expérience de la milice dans la région des Grands Lacs touche à sa fin8.
Entre-temps, la Nouvelle-Écosse a créé sa propre milice navale en avril 1966, et, en l’espace d’un an, a recruté plus de 500 hommes dans 10 compagnies. La Royal Navy appuie l’initiative en fournissant équipement et instruction, mais, lorsque la responsabilité de la défense est transférée à Ottawa, le ministère de la Milice et de la Défense refuse d’envisager que les compagnies navales aient un rôle distinct, et il les laisse dépérir. Les quatre dernières compagnies de la Nouvelle-Écosse passent à l’artillerie en décembre 1870. On tente aussi l’expérience des milices navales à Bonaventure, New Carlisle, Carleton et Gaspé (Québec), en vertu de la Militia Act de 1868. Appelées «compagnies maritimes», elles sont elles aussi finalement démantelées par manque d’instruction et d’équipement9.
L’éventualité d’une force plus permanente de chaloupes canonnières dans la région des Grands Lacs reste controversée après la Confédération: la Grande-Bretagne et le Canada recommandent chacun que l’autre en assume les frais. Le Canada a loué et armé les bâtiments qui ont servi de chaloupes canonnières au cours des raids des Fenians et, lorsque deux d’entre eux, le Rescue et le Michigan (rebaptisé Prince Alfred), sont carrément achetés, ils deviennent les tout premiers navires armés par le gouvernement du Canada. La Royal Navy finira par fournir de l’armement et des équipages de combat en assumant les dépenses de fonctionnement; elle envoie également trois autres canonnières, qui resteront dans la région des Lacs jusqu’à la fin de 1867. À cette époque, le Canada continue de faire valoir que la menace des Fenians existe toujours, mais les Britanniques n’y croient pas. En avril 1868, le secrétaire britannique aux colonies laisse entendre qu’«il est temps que le gouvernement du Dominion s’occupe de l’armement et de l’équipement des navires dont il a besoin»10.
L’année suivante, Londres déclare une fois de plus que le Canada devrait décider des forces navales qu’il souhaite avoir dans la région des Lacs, mais rappelle «que cela doit être fait entièrement aux frais du Dominion»11. Peu disposé à cet égard, Ottawa finit par désarmer ses deux navires, malgré l’aide que lui ont apportée les canonnières dans le transport des troupes à la rivière Rouge en 1870. Comme les milices navales n’existent déjà plus dans la région des Grands Lacs, le Canada dépend de nouveau entièrement de la Grande-Bretagne pour sa défense navale12.
Les répercussions négatives de cette dépendance du Canada vont se révéler à chaque fois que les intérêts britanniques et les intérêts canadiens entrent en conflit. C’est ce qui se passe en 1866, lorsque Washington abroge le traité de réciprocité de 1854 et que les pêcheurs américains perdent leur droit légal de pêcher dans les eaux intérieures des provinces de l’Atlantique et dans le golfe du Saint-Laurent. Londres tient à conserver des relations harmonieuses avec les États-Unis, et les représentants britanniques, en dépit des demandes d’Ottawa, ne sont pas disposés à adopter des mesures (en dehors d’un système d’attribution de permis qui n’est pas convenablement appliqué) pour empêcher les pêcheurs américains de pêcher dans les eaux canadiennes. Lorsque, en 1869, la Royal Navy informe le Canada qu’elle va réduire sa présence en Amérique du Nord, le ministre de la Marine et des Pêcheries Peter Mitchell annonce qu’il fera entrer en service six goélettes armées pour protéger les pêcheries. Il explique: «notre droit national sur les pêcheries de nos côtes*» est menacé et «le temps est arrivé où il nous faut opter entre ces deux partis: abandonner un droit positif ou l’assurer et [le] maintenir [ . . . ]**»13. La police maritime, dont l’autorité est finalement appuyée par la puissance navale britannique, parvient très bien à limiter l’accès des pêcheurs américains. Lorsque les goélettes du gouvernement canadien arraisonnent 12 navires américains pêchant illégalement dans les eaux canadiennes en 1870, les États-Unis sont contraints de régler la question des pêcheries en négociant le Traité de Washington en 1871. La ratification du traité et la réduction sensible de la force navale et militaire des Américains après la guerre de Sécession permettent au Premier ministre canadien, sir John A. Macdonald, de déclarer qu’il n’y «a pas le moindre risque de querelle entre les États-Unis et l’Angleterre» et que le Canada «devrait tirer parti de la situation pour réduire le budget de la Milice». Comme on veut faire des économies et que la police maritime a rempli sa fonction première, celle-ci est démantelée en 187314.
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L’arsenal maritime de la Royal Navy, à Halifax, vers 1870. (BAC PA-112191)
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L’escadre du Pacifique de la Royal Navy, au port d’Esquimalt, vers 1870. Un officier de la RN de l’époque a affirmé qu’ «il serait difficile d’imaginer un port mieux protégé qu’Esquimalt; il est complètement encerclé par des terres et des forêts denses.» (BAC PA-124071)
Lorsque le gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie remplace celui de Macdonald à la fin de 1873, les représentants britanniques l’invitent instamment à améliorer les installations d’artillerie à Québec, Montréal et Kingston. Entre-temps, les troupes britanniques continuent d’assumer la défense côtière à Halifax, dont le port reste une valeur stratégique et logistique pour la Royal Navy. De 1861 à 1873, la Grande-Bretagne consacre beaucoup de temps et d’argent à la modernisation de ces défenses, en installant notamment des canons rayés de 9 pouces à chargement par la culasse, qui sont la pièce d’artillerie côtière classique dans l’armée britannique de l’époque. Ottawa est disposé à fournir des unités de milice pour remplacer certaines des troupes britanniques en cas de guerre, mais le gouvernement évite tout engagement qui pourrait inciter l’Amirauté à réduire encore la taille de l’escadre de l’Amérique du Nord. D’autres zones de la côte Est, par exemple la base charbonnière de Sydney et celle de l’Île-du-Prince-Édouard (après son entrée dans la Confédération en 1873), sont plus clairement du ressort du Canada. Sur la côte Ouest, les ambitieux plans associés à la base d’Esquimalt sont abandonnés après les réductions budgétaires de 1869. Mais, en l’espace de deux ans, la base navale de la côte Ouest prend une plus grande importance aux yeux des Britanniques, car l’achèvement du chemin de fer transcontinental canadien et ses relais télégraphiques ouvrent pratiquement un passage vers le nord-ouest par chemin de fer. On saisit l’importance que la Royal Navy accorde à cette région en 1871 lorsque la Colombie-Britannique insiste, entre autres conditions pour se joindre au Canada, de sorte qu’Ottawa promette d’user de son influence afin de garantir qu’Esquimalt restera une base navale. Comme sur la côte Est, le Canada est disposé à fournir un certain soutien sous forme de milice pour la défense côtière, mais rien qui puisse être considé...

Table des matières

  1. Cover
  2. Half title
  3. Title
  4. Copyright
  5. Table des matières
  6. Cartes et figures
  7. Liste des abréviations
  8. Remerciements
  9. Prologue: Le Canada et la puissance maritime
  10. Partie 1 Une Marine nationale
  11. Partie 2 Première Guerre mondiale
  12. Partie 3 L’entre-deux-guerres
  13. Bibliographie partielle
  14. Index des noms de navires
  15. Index