Les guerriers intrépides
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Les guerriers intrépides

Perspectives sur les chefs militaires canadiens

  1. 328 pages
  2. French
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Les guerriers intrépides

Perspectives sur les chefs militaires canadiens

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À propos de ce livre

Le commandement et le leadership sont des caractéristiques très personnelles. La façon dont un militaire commande et fait preuve de leadership révèle son caractère et sa personnalité plutot que de jeter la lumière sur les concepts de commandement et de leadership. Le volume des Guerriers intrépides: Perspectives sur les chefs militaires canadiens étudie attentivement certains des meilleurs commandants et leaders militaires du Canada pendant la guerre. Dans leur ensemble, les chapitres du volume permettent de mieux comprendre divers comportements, approches et styles relatifs au commandement et au leadership. De plus, ils appuient la vérite intemporelle selon laquelle le caractère et la présence de leaders courageux sont essentiels pour obtenir des résultats sur le plan militaire, particulièrement en période d'incertitude et de désordre.

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Informations

Année
2007
ISBN
9781459706293

CHAPITRE 1

Le pouvoir du favoritisme, la valeur des connaissances:
Les expériences de leadership du Lieutenant Agar
Adamson au régiment Strathcona’s Horse, 1899–1900

Craig Mantle
Dans une lettre à son épouse envoyée avant l’attaque des troupes canadiennes à Vimy au printemps 1917, le Lieutenant-colonel A.S.A.M. Adamson, commandant du régiment Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI), s’était plaint amèrement:
Chaque militaire en Angleterre désire obtenir une commission. Je reçois une quinzaine de lettres par jour . . . Je doute que mes réponses à ces torchons leur plaisent. Les pères m’écrivent, les députés m’écrivent, et aussi les mères et les sœurs, et dans la quasi-totalité des cas, les types en question ne valent même pas la peine qu’on examine leur candidature, et je ne peux pas m’empêcher de leur dire que les hommes ici qui ont prouvé et continuent à prouver leurs capacités sont les seuls qui me paraissent dignes d’attention. Le commandant du corps [Sir Julian Byng] m’a permis de transmettre les noms de 20 sous-officiers et simples soldats pour d’éventuelles commissions, et son attitude laisse croire qu’on aura besoin d’eux bientôt. J’ai eu du mal à les choisir puisque les pachas ne vont pas se promener dans les tranchées, et que dans ce foutu bordel, il y a des facteurs plus importants à considérer que le comportement au mess et les bonnes manières à table. J’examine d’abord la capacité de diriger, un don inné plutôt qu’acquis selon moi. Ensuite, je juge si le type est capable de prendre des décisions rapidement, et même à l’entraînement, s’il est apte à agir vite et à évaluer la situation où il se trouve1.
Après avoir servi constamment depuis 1914 et assisté directement aux massacres qui allaient devenir coutumiers sur le front Ouest, Adamson était convaincu que les promotions sur le champ de bataille devaient dépendre du mérite et des aptitudes, plutôt que d’un favoritisme éhonté et de bons contacts politiques, comme c’était le cas auparavant. Étant responsable du rendement global de son régiment et accordant une grande valeur à la vie humaine, il ne voulait à aucun prix confier le sort de ses soldats à des leaders novices et inexpérimentés, d’autant plus qu’il y avait déjà dans les rangs des hommes compétents, dont beaucoup possédaient une expérience du commandement à titre de sous-officiers. Il n’acceptait pas de céder au favoritisme et aux influences politiques, au grand dam de certains citoyens arrivistes.
Mais ironiquement, près de deux décennies auparavant aux débuts de la guerre des Boers, Adamson lui-même était exactement un de ces types qu’il devait dénigrer par la suite en les qualifiant de «tordus». Homme ambitieux, bien appuyé, désireux de servir et sans expérience militaire réelle, il avait misé en grande partie sur ses bons contacts politiques, sociaux et militaires pour obtenir une commission qui allait l’amener jusqu’en Afrique du Sud2. Né le jour de Noël 1865 à Montréal, Agar Stewart Allan Masterson Adamson était issu d’une famille distinguée qui avait depuis longtemps produit des fonctionnaires éminents. Appartenant à une classe privilégiée, il fit ses études dans un établissement privé, le Trinity College à Port Hope en Ontario; avant d’aller étudier en Angleterre au Corpus Christi College à Cambridge, pour devenir pasteur. Athlète doué et cavalier accompli, Agar pratiquait des sports comme l’aviron et l’athlétisme à l’université, et il remporta même une victoire avec son propre cheval à l’hippodrome de Newmarket. Revenu à Ottawa en 1890 après avoir renoncé à être ministre du culte, il entra dans la fonction publique, où ses fonctions devaient finalement le conduire au Sénat3.
Ayant établi de bons contacts au gouvernement, il se lança alors dans une carrière militaire qui allait s’avérer une phase aventureuse et formatrice de son existence. Assurément, le temps passé sous les drapeaux et son expérience de la guerre allaient transformer l’individu naïf qu’il était au départ en un vétéran chevronné, apte à comprendre à la fois la mentalité des soldats et les subtilités du commandement. En 1893, il fut nommé sous-lieutenant dans la quatrième compagnie du régiment d’infanterie Governor General’s Foot Guards (GGFG), puis promu capitaine en 1899. Au début, ses devoirs militaires consistaient essentiellement à remplir diverses tâches protocolaires et à participer à des cérémonies4. Ayant fait ses classes dans la milice canadienne de la fin du XIXe siècle, il possédait peu d’expérience réelle du commandement. Diriger des soldats pendant un défilé aux manœuvres prévisibles n’avait pas grand-chose à voir avec la tâche de commander des soldats épuisés, affamés et terrifiés affrontant des ennemis opiniâtres et résistants. Pour lui, comme pour beaucoup de ses contemporains, la milice n’était guère plus qu’un moyen de diversion sociale, un club de gentlemen permettant de compléter les revenus quoique modestement, et qui ajoutait un certain prestige social. En termes concrets, «dans une société profondément préoccupée de statut social, un grade d’officier de la milice devenait un gage de respectabilité»5. Même les camps d’entraînement annuels ne procurèrent sans doute pas à Adamson beaucoup d’expérience pratique potentiellement utile, car une bonne partie de cet entraînement était «simple et répétitif» et consistait essentiellement à faire des drills, des travaux sur le terrain et des batailles simulées6. À de nombreux égards, il ressemblait à ses homologues car il avait «les caractéristiques dominantes du cadre des officiers de la Milice . . . composé surtout de protestants appartenant à la classe moyenne», quoique ses contacts poussés le classaient certainement dans une catégorie à part7.
image
Bibliothèque et Archives Canada (BAC), PA-110040.
L’équipe de hockey d’Anderson (Ottawa), vers 1885. Agar Adamson se trouve dans le coin supérieur droit.

HALIFAX

Après son mariage avec Ann Mabel Cawthra en novembre 18998, Agar se retrouva à Halifax où il servit dans le 3e bataillon (service spécial) du Royal Canadian Regiment of Infantry, une unité formée en hâte pour permettre au régiment Leinster, l’unité anglaise de la Régulière en garnison aux casernes Wellington, d’aller servir ailleurs dans l’empire britannique9. Durant son séjour dans la capitale de la Nouvelle-Écosse, Agar eut l’occasion de perfectionner ses capacités de leader acquises de façon embryonnaire au cours de son passage dans la milice. En effet, un service à plein temps, par comparaison à une soirée par semaine, lui convenait mieux et le rapprochait de son rêve ambitieux d’aller combattre en Afrique du Sud. Ce poste de garnison, à défaut de mieux, était «un bon début»10. Dans une de ses premières lettres qui nous sont parvenues, il décrivait à son épouse Mabel certaines de ses tâches moins agréables, mais néanmoins intéressantes:
Nous avions pour mission de parcourir les quartiers mal famés de la ville de 8 h à 10 h pour arrêter tous les hommes saouls et fouiller toutes les maisons closes, tâche qui consistait à y pénétrer manu militari au nom de la Reine par devant et par derrière, et à fouiller les hommes qui s’y trouvaient, tandis que l’officier restait dehors. Comme dans tous les ports et lieux de garnison, les mœurs sont épouvantables dans la partie mal famée de la ville. Cette tâche qui revient à tous les 16 jours est assez déplaisante. On trouve des hommes saouls et aussi dans d’autres états, qu’on amène alors à la salle de garde; et ce matin, un juge leur a imposé des sanctions11.
À part ces commentaires animés sur la vie sociale au tournant du siècle à Halifax, les observations d’Adamson montrent qu’il était résolu à imposer la discipline au besoin, et qu’il tenait mordicus à ce que ses subalternes respectent les consignes et les règlements en vigueur, attitude qu’il conserva durant les mois et les années qui suivirent.
Ses fonctions à Halifax se limitaient essentiellement aux tâches caractéristiques d’un service en garnison. Ayant passé beaucoup de temps dans le régiment GGFG, son travail dans le bataillon provisoire ne lui paraissait sans doute pas très différent du rôle qu’il avait assumé à Ottawa12. Toutefois, en dehors de ses responsabilités habituelles, il allait bientôt être en mesure de développer concrètement son aptitude à diriger. Comme il le raconta à sa femme:
. . . peu après, on m’a chargé de diriger pendant un mois une brigade de 35 pompiers. Il faut organiser la troupe, et dans quelques jours, le général enverra un officier d’état-major pour procéder à un exercice d’alerte contre les incendies et faire son rapport en conséquence. Je suis en service jusqu’à 1 h du matin, et je songe à sonner ensuite l’alarme pour faire un exercice13.
Ces commentaires, bien que brefs et fugitifs, prouvent qu’Agar assumait cette charge avec intérêt, vigueur et zèle. Par cette initiative visant à mettre ses hommes au défi et à leur fournir un entraînement réaliste, il cherchait à augmenter leur efficacité et à former une équipe cohérente et compétente. Au lieu d’attendre pour voir comment ils réagiraient en cas d’incendie réel ou pendant un exercice évalué dont dépendait leur réputation (ainsi que la sienne), il essayait d’inculquer à des soldats, devenus apprentis pompiers, une expérience additionnelle et de faire en sorte qu’ils connaissaient au moins les rudiments du métier. Il espérait que ce régime d’entraînement actif et préventif lui éviterait plus tard d’avoir à commander d’autres exercices pour corriger les défaillances de la brigade.
Peu de temps après, en avril 1900, Adamson eut enfin la chance, à son grand soulagement, de participer comme il le souhaitait à des combats sur le terrain. Quelques mois auparavant, le haut-commissaire du Canada à Londres, M. Donald Smith, mieux connu sous le titre Lord Strathcona, avait offert de mettre sur pied à ses frais un régiment de cavaliers pour combattre en Afrique du Sud14. Une fois ces soldats recrutés, organisés et expédiés sur le terrain, tout cela sous la supervision de leur commandant, le Lieutenant-colonel Sam Steele, anciennement de la Police à cheval du Nord-Ouest (PCNO)15, le British War Office demanda à Lord Strathcona de former un petit détachement comprenant 50 soldats et 1 lieutenant afin de remplacer les pertes subies par le régiment même16. L’Inspecteur D’Arcy Strickland de la PCNO, choisi au départ pour commander le détachement, dut toutefois décliner le poste par la suite; néanmoins, il avait recruté des renforts dans les confins ouest du pays et les avait amenés à Ottawa pour qu’ils rencontrent leur nouvel officier et se préparent à partir outremer17. Voyant là l’occasion dont il rêvait depuis longtemps et pour laquelle il avait sacrifié les premiers moments de son mariage, Agar fit alors appel à un cortège de protecteurs influents, soit d’autres notables, son épouse, le Gouverneur-général de l’époque Lord Minto ainsi que le ministre de la Milice et de la Défense, le Dr Frederick William Borden, pour qu’ils le recommandent à Lord Strathcona comme remplaçant de Strickland. Vu ses appuis très puissants et son bilan militaire acceptable jusqu’à maintenant, on accepta aussitôt la nomination d’Adamson18.
Au moment de son départ de Halifax à la fin avril pour aller rejoindre le régiment Strathcona’s Horse19, un journal local mentionnait:
Le Capitaine Adamson est un des meilleurs officiers du régiment. En tant que lieutenant de la compagnie D, il était extrêmement populaire auprès des officiers et des soldats . . . Avant le départ du train, le Capitaine Adamson s’est adressé aux soldats, les remerciant de leurs bons vœux et les assurant de son souci réel pour leur bienêtre. Les soldats ont lancé du fond du cœur trois hourras en son honneur pendant que le train sortait de la gare20.
Si ce compte rendu est vrai, on peut en conclure qu’Agar était apparemment un des meilleurs officiers du régiment, et que ses supérieurs autant que ses subalternes le tenaient en haute estime21. Il comprenait semble-t-il ses nombreuses responsabilités, tant les tâches qui reviennent d’office à un lieutenant d’infanterie que celles q...

Table des matières

  1. Cover
  2. Half title
  3. Title
  4. Copyright
  5. Remerciements
  6. Contents
  7. Avant-propos
  8. Introduction
  9. Chapitre 1 Le pouvoir du favoritisme, la valeur des connaissances: Les expériences de leadership du Lieutenant Agar Adamson au régiment Strathcona’s Horse, 1899-1900
  10. Chapitre 2 Portrait d’un commandant de bataillon: Le Lieutenant-colonel George Stuart Tuxford à la deuxième bataille d’Ypres, en avril 1915
  11. Chapitre 3 Le poids du commandement: Les journaux du Capitaine de frégate A.F.C. Layard, RN, durant la Deuxième Guerre mondiale
  12. Chapitre 4 «Un guerrier formidable»: Le Sergent Thomas George Prince
  13. Chapitre 5 Quand le leadership compte vraiment: Bert Hoffmeister et le moral des troupes à la bataille d’Ortona, décembre 1943
  14. Chapitre 6 Quatre aviateurs courageux: Clifford Mackay McEwen, Raymond Collishaw, Leonard Joseph Birchall et Robert Wendell McNair
  15. Chapitre 7 À la tête de ses troupes: Le Lieutenant-colonel Cameron «Cammie» Ware, DSO
  16. Chapitre 8 Bradbrooke, Nicklin et Eadie: Trois styles de commandement
  17. Collaborateurs
  18. Index