Émotions et raison
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Émotions et raison

Comment changer notre regard sur l'éducation et éduquer nos émotions

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Émotions et raison

Comment changer notre regard sur l'éducation et éduquer nos émotions

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Informations

Année
2016
ISBN
9782356441393

CHAPITRE IV

Apprendre et enseigner comment penser


Ce que nous enseignons le moins,
nous l’apprenons le moins

Il n’y a aucun remède qui guérisse
ce que le bonheur ne guérit pas.
Gabriel García Márquez
Au fur et à mesure que la société évolue et que la vie devient plus complexe, les adultes s’adaptent plus ou moins aux changements et enseignent des répertoires comportementaux différents aux enfants et adolescents. Ainsi, dans notre société, les parents apprennent à leurs enfants à manger avec des couverts, ce qui ne se faisait pas il y a quelques siècles. De même nous apprenons à monter à bicyclette, à conduire une voiture ou même un avion, voire à faire une déclaration d’impôt ! Nous enseignons ce que nous savons jusqu’à ce que ce soient les enfants qui nous mettent au goût du jour avec les nouvelles technologies. Mais, pour revenir à notre propos, notre société oublie un fait d’une importance capitale. Nous sommes d’accord pour dire que nous souhaitons que nos enfants apprennent à être plus heureux, c’est-à-dire qu’ils acquièrent et mettent en pratique un mode de vie qui les aide à parvenir à cet objectif. Peut-être existe-t-il de multiples manières d’enseigner, mais enseignons-nous vraiment ce qui est probablement le plus important ? Tout ce que nous ressentons dépend de ce que nous pensons, de la perception et de la valeur que nous attribuons à nos comportements propres ou à ceux d’autrui, ainsi qu’aux événements, c’est-à-dire à ce qui se passe dans notre tête, que l’on appelle les cognitions. Nous insistons une fois encore : tout ce que nous ressentons – et il ne faut pas oublier que notre objectif est notre propre bien-être –, ainsi que ce que nous désirons pour nos enfants, dépend de ce que nous pensons. C’est ce que nous enseignons le moins à nos enfants. Et ce qui est pire, nous leur enseignons très souvent à penser selon des schémas qui étaient peut-être très utiles par le passé mais qui ont cessé de l’être depuis très longtemps. Comme dit un proverbe : « Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt », ceci dit avec tout le respect dû à ceux qui pourraient se sentir visés…
Mais il y a plus grave ! La question n’est pas que nous n’enseignons pas comment penser, ou que nous le faisons souvent mal, c’est qu’en plus nous enseignons à ne pas penser ! Nous enseignons à obéir, à suivre la norme, les ordres. Peut-être un lecteur se souviendra-t-il avoir entendu ce court dialogue chez lui ou en classe : « Monsieur, j’ai pensé que… » Et immédiatement, le professeur le coupait : « Ici, on ne vient pas pour penser [ou nous ne sommes pas là pour penser]. Ici on vient pour faire son devoir et obéir [ou ce qu’il faut faire, c’est accomplir ce que l’on vous ordonne] ».
La principale compétence à développer
pour améliorer l’humeur est la capacité à bien penser.
Nous n’apprécions jamais que l’on nous dise comment nous devons penser, comme si celui qui le faisait s’immisçait dans notre intimité ou la violait. Cela ne semble pas correct de dire aux autres comment il faut penser, car « la pensée est libre » selon la formule consacrée. Pourtant, force nous est de reconnaître que, de ce point de vue, nous, les humains, avons en règle générale sur cette question une réelle marge de progrès à combler…
Dans certains milieux professionnels, on s’interroge encore aujourd’hui pour savoir si nous pensons d’après ce que nous ressentons, ou si nous ressentons d’après ce que nous pensons. Si par penser, comme l’affirme Aaron T. Beck, on entend ce que nous percevons, « ce qui passe par notre tête », c’est-à-dire ce que nous appelons les cognitions, nous devons donc conclure que tout ce que nous ressentons dépend des cognitions. Un exemple : si vous souffrez d’un syndrome prémenstruel, vous penserez sûrement de manière négative parce que vous vous sentez mal, mais il est vrai aussi que les symptômes de malaise se perçoivent et précèdent le sentiment. Dans d’autres cas, il peut paraître plus évident que la cognition précède l’émotion. Ainsi, si une personne a développé une personnalité obsessionnelle, penser mal la conduira à se sentir mal, de la même manière que, selon ce que nous pensons, nous pouvons éprouver des sentiments d’estime, de tendresse ou de satisfaction. Nous verrons plus loin certains aspects, situations, sentiments et émotions dont nous pourrons tirer des leçons et qui nous permettront d’enseigner à penser mieux, c’est-à-dire à le faire de façon plus appropriée, dans le but d’améliorer notre objectif de vie, ainsi que l’objectif de la fonction éducative que nous devons exercer.

Revoir les croyances

Tout ce que nous sommes
est le résultat de ce que nous avons pensé,
est fondé sur nos pensées, est formé de nos pensées.
Bouddha
Dès sa naissance, le nouveau-né possède un fonds émotionnel et cognitif. Même dans ses manifestations les plus élémentaires, on peut déjà observer des réponses émotionnelles et, par conséquent, cognitives dans les premières minutes de vie : une interaction entre le nouveau-né et son entourage débute. De fait, cette interaction a déjà commencé avant, car, comme on le sait maintenant, les conditions de vie de la mère influent sur le fœtus avant qu’il ne quitte le milieu amniotique dans lequel il s’est développé jusqu’alors.
Les apprentissages les plus importants de la vie de l’être humain ont lieu au début de son existence. Parmi les mammifères, nous sommes l’espèce dont le nouveau-né est le plus sans défense, et nécessite davantage de protection et de soins des adultes, sans lesquels il ne survivrait pas. Nous sommes l’espèce qui connaît le plus long parcours avant d’atteindre l’âge adulte, et la plus longue période d’apprentissage dans des registres multiples : comportementaux, cognitifs, émotionnels et d’interaction sociale. Ainsi, les premiers jours et années de notre existence sont-ils ceux où il faut faire preuve de la plus grande efficacité afin d’acquérir le répertoire le plus complexe et discriminant chez l’être humain : le langage. Nous commençons par la compréhension, qui nous permet d’enrichir et d’accroître à un rythme soutenu notre interaction avec le monde qui nous entoure. Nous apprenons à nous voir comme les autres nous voient, à nous évaluer comme ils nous évaluent. Ce que nous écoutons et vivons nous façonne. Nous ne voyons pas le monde comme il est, nous voyons le monde comme nous sommes. Nous sommes victimes de nos croyances, mais nous pouvons les changer.
Les croyances sont ces pensées profondément ancrées dans notre esprit, des convictions bien arrimées, acquises au fil des années et, dans la plupart des cas, durant l’enfance et l’adolescence. Ces croyances, nous ne les remettons guère en question, bien au contraire nous les affirmons, car affirmer ce que nous croyons nous apporte des sentiments de sécurité. L’objectif de toute croyance n’est pas – comme cela devrait être – de s’opposer, mais de se confirmer encore et encore. Nous pouvons avoir des croyances rationnelles, mais aussi irrationnelles. Quant il s’agit de sujets insignifiants, le fait d’être soumis à des croyances irrationnelles est totalement inoffensif pour nos sentiments et émotions. Mais, en ce qui concerne les théories ou les croyances que nous avons appris sur nous-mêmes, le monde et les autres, l’avenir et la vie, les effets peuvent être d’une grande importance sur nos vies, notre quotidien. Et sur ces thèmes, nos vérités absolues, nos convictions irrationnelles, profondes, enracinées et irréfutables nous entraînent souvent à adopter des attitudes fausses.
Depuis sa plus tendre enfance, d’innombrables expériences et répertoires s’incrustent dans le cerveau de l’enfant, qui agit comme une éponge. Il apprend les éléments de base sur lui-même, les autres et la vie. Les schémas comportementaux que nous adoptons durant nos six premières années, lorsque le cerveau reçoit le maximum d’informations dans un minimum de temps, peuvent nous accompagner le reste de notre vie. Les comportements, croyances et attitudes que nous observons chez nos grands-parents se gravent dans notre cerveau et contrôlent notre biologie pour toujours, à moins que nous n’apprenions à la reprogrammer.
Et dans notre culture, qu’avons-nous l’habitude d’enseigner ? Quels messages sont en général fréquents dans notre interaction avec les très jeunes ? Sans doute, émettons-nous principalement les mêmes messages que ceux que nous avons appris au même âge de nos parents, et ce toujours avec la meilleure des intentions, bien sûr. Les paroles suivantes s’entendent souvent :
• « Si tu ne manges pas ça, le grand méchant loup viendra et il t’emmènera ! »
• « Quand comprendras-tu ! Il faut toujours que je te répète la même chose ! »
• « Si tu continues comme ça, tu seras puni ! »
• « Tu vas me faire mourir de chagrin ! Quand ton père sera là, je lui dirai ce que tu as fait ! »
• « Va-t’en ! Tu es chaque jour de pire en pire ! »
• « Je ne t’aime plus. »
• « Si tu continues comme ça, je t’abandonnerai et tu seras adopté. »
Voici d’autres exemples qui s’ajoutent à mesure que les années passent :
• « Dans ces conditions, tu n’auras jamais d’amis. Je ne sais pas comment ils te supportent. »
• « Fais attention à ce que tu fais. Tu vas voir ce que les autres vont dire de toi. »
• « Tu es lamentable. Tu n’apprendras jamais rien. »
• « Quand tu seras grand, tu te rappelleras ce que je te disais et que tu ne m’écoutais pas. »
• « Alors, qui pourra t’aimer, si tu fais tout de travers ? »
Certains lecteurs trouveront ces phrases archaïques et excessives. Pourtant, dans les cabinets des professionnels de la santé psychologique, leur actualité se vérifie tous les jours. Ce ne sont là que quelques exemples, et nous pourrions facilement en dresser une liste beaucoup plus longue. Pour un échantillonnage, c’est bien suffisant. Analysons : pourquoi parlons-nous ainsi aux enfants ? Qu’obtenons-nous e...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Préface de Luis López-Mena
  5. CHAPITRE I - Introduction
  6. CHAPITRE II - Depuis la préhistoire
  7. CHAPITRE III - Le pari pour une éducation plus humaine
  8. CHAPITRE IV - Apprendre et enseigner comment penser
  9. CHAPITRE V - Soutenir l’effort
  10. CHAPITRE VI - Vivre ensemble et empathie
  11. CHAPITRE VII - Autres compétences socio-émotionnelles
  12. CHAPITRE VIII - Avant l’arrivée de l’hiver