J’ai pris la décision de faire une thèse à un moment de ma vie extrêmement douloureux.
Je venais d’échouer à l’examen d’entrée du CRFPA (Centre régional de formation à la profession d’avocat), alors qu’eu égard à mon parcours universitaire, un tel échec était tout bonnement inconcevable.
Sur le moment, le ciel m’est littéralement tombé sur la tête, la terre s’est écroulée, j’étais clairement au bout du rouleau !
Contre toute attente, cet échec m’a permis de vivre l’une des expériences les plus enrichissantes de toute ma vie et cela uniquement car je me suis laissée le choix : m’investir une nouvelle année dans la préparation d’un examen que je n’étais pas certaine de valider, ou rebondir pour aller plus loin.
J’avais effectivement fait un master de qualité et un bon mémoire, ce qui a encouragé mes professeurs à me soumettre l’idée de poursuivre vers une thèse professionnelle. Cette alternative, certes plus longue qu’une année de préparation au concours, me permettrait d’intégrer un CRFPA sans avoir à passer l’examen d’entrée.
Je n’ai pas mis longtemps à choisir !
En réfléchissant, la cause de mon échec à cet examen n’était pas le manque de travail ou de compétences, mais la maturité à gérer le stress et les échéances importantes.
En réalité, j’avais besoin de grandir et la thèse m’offrait justement cette opportunité.
J’ai tenu à partager en tout premier lieu ce moment de vie avec vous, car il vous permettra de comprendre la façon dont j’ai abordé mon doctorat et de mieux cerner les propos que je tiendrai dans cet ouvrage.
En outre, ces quelques premières lignes retraçant le moment où j’ai fait le choix de la thèse permettent de vous rendre compte que ce cette décision reste éminemment personnel et contextuel.
« Pourquoi ai-je choisi de faire une thèse…je dois avouer que je me pose encore parfois la question !
Plus sérieusement, j’avais eu la chance au cours d’une année d’échange Erasmus en Suède de découvrir un système universitaire différent, favorisant dès les premières années d’étude la possibilité d’effectuer des petits travaux de recherches dans le cadre de “séminaires”.
En rentrant, c’est donc naturellement que j’ai choisi de déposer ma candidature en Master II Recherche. C’est véritablement le travail de recherche dans le cadre du mémoire, accompagné des encouragements de mon futur directeur de thèse qui m’ont donné la réelle envie de me lancer !
Sur les conseils de ce dernier, j’avais tout de même passé et obtenu l’examen d’entrée au CRFPA, car la profession d’avocat (que j’ai embrassée depuis) m’avait toujours attirée. Je n’ai su en effet qu’en septembre que je bénéficiais d’une allocation de recherche, de sorte qu’il ne fallait pas uniquement compter sur l’idée de la thèse…
Je me souviens du moment où je préparais les oraux d’admission à l’examen en octobre… mais où j’étais plus stressée par les premiers travaux dirigés qui commençaient !
A mon sens, les qualités et compétences de juriste développées durant la thèse sont précieuses, et ne peuvent pas nécessairement être acquises par le biais d’une autre formation… et elles sont reconnues par la pratique, je le constate aujourd’hui !
Quelle que soit l’issue du travail de thèse, si l’on va jusqu’au bout, il en ressort forcément quelque chose de positif pour la suite de la carrière que l’on choisit de suivre ».
– Marie Renouf – Docteure en droit, avocate associée du cabinet JURIADIS
Il y a donc très peu de gens pour lesquels la thèse est une « vocation ». Il est rare de quitter le lycée et de s’inscrire en première année de licence en projetant de faire une thèse. En effet, avant de choisir de s’orienter vers un doctorat, encore faut-il avoir envie d’intégrer l’université, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas de la majorité des jeunes bacheliers.
L’université est synonyme de liberté, d’autonomie, mais c’est aussi une enceinte dans laquelle la réussite est conditionnée par l’envie d’apprendre et l’investissement, choses qui font cruellement défaut à un grand nombre d’étudiants.
Pour moi, le choix de l’université était une évidence, voire même la seule solution possible. Je ne supportais plus ce système de devoirs, sanctionnés par des contrôles toutes les semaines. J’avais envie d’apprendre à mon rythme, sans que l’on me dise quand et comment.
Je me souviens d’un ami peu motivé par les études de droit, mais n’ayant pas encore trouvé sa voie, et qui s’était calé sur mon rythme de travail. Même s’il passait beaucoup plus de temps sur ses romans que sur ses cours, il me remercie encore aujourd’hui de l’avoir contraint à un minimum de travail, sans quoi il n’aurait jamais validé sa licence !
→ Contrairement au choix de l’université, celui de la thèse est arrivé pour moi très tardivement, à l’issue de mon master 2, comme je vous l’expliquais en introduction.
De manière plus générale, à l’issue du master 2, nous nous trouvons face à un embranchement : d’un côté, la vie professionnelle et de l’autre, la poursuite de sa formation. Dans ce dernier cas, l’intérêt est bien évidemment d’acquérir une spécialisation particulière ou d’accéder à un corps de métier nécessitant une qualification professionnelle supérieure. Je pense ici directement aux personnes qui, durant leurs études universitaires, ont choisi de s’orienter vers la maîtrise de conférences et pour lesquels un passage par la thèse est indispensable.
Dans le domaine du droit, on distingue communément deux catégories de thèses : les thèses professionnelles et les thèses universitaires. Les premières portent sur un sujet concret et visent dès le départ à une intégration dans ce que l’on appelle d’ordinaire « la pratique ». À l’inverse, les secondes ont pour objectif de s’orienter vers une carrière universitaire.
En effet, on oublie souvent que la thèse peut être un excellent outil pour s’insérer dans le monde professionnel, mais à une double condition : d’une part, de choisir un sujet qui pourra y être valorisé et d’autre part, de s’investir pendant ces cinq années au même titre qu’un doctorant souhaitant s’orienter vers une carrière universitaire, c’est-à-dire enseigner, publier, participer à des colloques...
Ainsi, quel que soit votre objectif, pour que cet exercice constitue un réel apport, il doit être appréhendé avec le même sérieux.
Dans les deux cas, la démarche sera identique et les compétences que le doctorat vous permettra de développer seront les mêmes.
Il ne faut surtout pas croire que l’exigence sera moindre pour une thèse professionnelle que pour une thèse universitaire : elle sera juste différente.
Là où dans le cadre d’une thèse universitaire, on exige beaucoup de lectures et de références doctrinales, dans une thèse professionnelle, l’accent est mis sur l’identification de problématiques beaucoup plus restreintes qui nécessitent pour leur résolution l’application d’un raisonnement directement à la pratique.
→ Ces considérations faites, il est maintenant indispensable, afin d’évaluer vos perspectives, que je vous précise ce que m’a apporté la poursuite d’un troisième cycle en droit.
(1) TOUT D’ABORD, LA THÈSE EST UNE FORMATION QUI VOUS PERMET DE VOUS SPÉCIALISER DANS UN DOMAINE DU DROIT.
Le choix du sujet de thèse et ce...