Avec votre année de L1 en poche, vous allez pouvoir passer à la suite de votre cursus. Et c’est parfois là que les choses se corsent un peu : les matières commencent à être plus approfondies et les enseignements sont plus tournés vers les techniques juridiques. Vous allez donc devoir apprendre à manier de nouveaux concepts plus pointus et à saisir certains mécanismes de procédure.
Là encore, il s’agit surtout d’une question d’état d’esprit : soit vous considérez que tout cela est vraiment compliqué et vous dépensez votre énergie à angoisser plutôt qu’à réfléchir, soit vous considérez au contraire qu’il s’agit d’une nouvelle gymnastique intellectuelle plus intéressante et vous commencez à devenir un vrai juriste.
Est-il vrai que tout le monde redouble en L2 ?
Vous entendrez souvent dire que c’est en L2 qu’il y a le plus de redoublements. C’est vrai… mais il faut aussi comprendre pourquoi (cela évite de se dire qu’on va redoubler quoi qu’il arrive).
Tout d’abord, la notion de « plus de redoublements » n’est qu’un comparatif en pourcentage, or la loi des nombres s’explique facilement. Il y a peu de redoublements en L1 parce que la plupart des personnes concernées abandonnent en cours de route, ce qui fait d’office 50 % de redoublants potentiels qui quittent le système. Et il y a peu de redoublements en L3 parce que c’est une suite logique de la L2 donc c’est une année moins difficile, comparée aux deux précédentes.
Reste à savoir pourquoi il y a un peu plus de redoublements en L2. Eh bien les raisons sont nombreuses mais pas infranchissables : on a tendance à se relâcher puisque la L1 est derrière nous, on connaît plus de monde donc on fait plus la fête au lieu de travailler, on est devenu majeur donc on a moins ses parents sur le dos, on a rencontré quelqu’un et les soirées de révisions sont occupées à autre chose… Vous le voyez, aucune de ces raisons n’est liée à la difficulté des enseignements.
« On dit souvent que la deuxième année est la plus difficile mais sans être particulièrement brillant, j’ai fait mon DEUG en deux ans. Par contre, dans certains cas, c’est après que ça se gâte… »
– Benedict Kimmel, master droit privé (carrières juridiques), master droit public (relations internationales), DESS droit des contentieux… et prof d’anglais
En ce qui me concerne, j’ai redoublé ma L2 pour des motifs qui n’avaient absolument rien à voir avec l’université. Tout d’abord, je suis parti de chez mes parents pour m’installer en colocation avec un pote de fac et il s’est avéré que ce fut un très mauvais choix : le coloc en question est tombé amoureux de moi, et comme je préfère les filles aux garçons, cela a posé quelques problèmes dans notre relation amicale, ce qui rendait la vie quotidienne assez pesante. Ensuite, sans doute pour éviter d’être trop souvent chez moi, je me suis un peu enflammé et j’ai pris la présidence de deux associations, ce qui consommait beaucoup de temps et d’énergie. Enfin, mon réseau de connaissances s’étant beaucoup développé, j’ai commencé à passer plus de temps à squatter les bars des soirées étudiantes que les amphis de la fac…
Pour tout vous dire, j’étais tellement à la masse à la fin de l’année que j’ai réussi à me tromper deux fois de lieux d’examens et que j’avais même oublié une des options que j’avais choisies au deuxième semestre (parce que je n’y avais jamais mis les pieds). Je ne pouvais donc m’en prendre qu’à moi-même et vous comprenez que la difficulté supposée de la L2 est surtout une difficulté à s’imposer un minimum d’autodiscipline. Dernier conseil en la matière, que vous aurez sûrement deviné : ne prenez surtout pas exemple sur moi !
Comment choisir mes options en L2 et en L3 ?
Alors que la L1 est assez généraliste parce qu’on ne sait pas trop où on atterrit en arrivant à la fac, les années de L2 et L3 sont souvent l’occasion de se torturer les méninges sur le choix des options. On a l’impression qu’on joue toute sa vie sur un détail mineur au moment de choisir entre une initiation au droit de l’environnement et une introduction générale à la macroéconomie. Détendez-vous…
La première chose à faire, exactement comme en L1, est de vérifier le contenu des cours proposés. Donc là aussi, je vous recommande d’assister aux réunions de pré-rentrée pour profiter du défilé des profs qui viennent présenter leur matière puis d’aller assister aux premiers cours pour voir si le contenu est aussi sexy que l’intitulé et si vous êtes compatible avec le prof (on dira ce qu’on veut, mais ça compte).
Quant à la première raison qui doit guider votre choix, il y a un grand débat sur le sujet. D’un côté, on vous dira de choisir les options utiles pour votre orientation professionnelle. D’un autre côté, on vous dira de choisir les cours qui vous intéressent le plus. Pour ma part, je serais tenté de faire la synthèse entre les deux en prenant le problème à l’envers : si vous voulez devenir inspecteur des impôts mais que les finances publiques vous rebutent (ou si vous souhaitez devenir commissaire de police mais que vous êtes allergique au droit pénal), vous devriez peut-être changer d’orientation… et la question de l’option à choisir se règlera d’elle-même.
« En premier lieu, il faut se renseigner sur les enseignements dispensés (sur la plaquette, en ouvrant un ouvrage, etc.) afin d’effectuer un choix éclairé. Dans un second temps, il faut arbitrer son choix en fonction de ses affinités avec la matière et avec ses ambitions universitaires et professionnelles (afin d’opérer un choix cohérent qui sera mieux perçu qu’un parcours désordonné).
Mais il faut également prendre en compte les réalités : si vous n’aimez pas l’enseignant, alors ne vous le coltinez pas, de même que si l’enseignant est réputé pour mettre des notes très basses... prenez-le en compte. »
– Julien Rivet, étudiant en droit (Tours), rédacteur sur juriswin.com et ambassadeur éditorial
« La fac, c’est bien, mais en dehors de ceux qui souhaitent mettre leurs talents au service de l’Éducation nationale, ce ne sera qu’un passage dans leur vie... Il faut donc ne pas oublier de faire des choix en terme de matières et d’options qui soient logiques et bénéfiques pour votre formation !
Se dégagent alors deux catégories d’étudiants : « je sais ce que je veux faire plus tard » et « je n’en ai aucune idée ». La première catégorie doit faire en sorte de ne pas passer à côté des quelques matières indispensables à la réalisation de son projet tandis que la seconde privilégiera souvent les matières générales permettant de changer d’orientation le plus tard possible. Attention, ces choix se font parfois avec une vision à plus long terme que le simple semestre. Ainsi, des matières peuvent se poursuivre sur plusieurs années...
Malgré cela, il existe des options qui n’ont d’autre intérêt que de parfaire sa culture générale. C’est là que vous pouvez faire des choix purement « plaisir » mais aussi des choix stratégiques. Eh oui, la stratégie a toute sa place dans les études supérieures ! En droit comme ailleurs, un système de coefficient existe, donc soit vous le subissez, soit vous en... abusez ?
Ainsi, que l’on soit gonflé à bloc pour passer ses examens jusqu’à son doctorat en ayant chaque année une mention ou bien que l’on passe par la case « rattrapages », négliger les coefficients est une erreur ! Il arrive même que des étudiants fassent l’impasse sur certaines matières pour se concentrer sur d’autres, en ayant calculé que cela pouvait mathématiquement être rentable.
Et n’oubliez pas que s’ajoute à cela le système de validation des blocs (ou unités), rendant parfois beaucoup moins intéressant le fait d’avoir une ribambelle de 9/20 plutôt qu’un sympathique 13 qui permet, soit de valider son bloc en vue d’un redoublement, soit de compenser largement des 6/20 obtenus ailleurs... grâce à un coefficient important. »
– Brice Chenantais, licence de droit (Nantes), gendarme
Je vous avoue qu’en L2, je n’ai pas eu cette difficulté : toutes les options obligatoires me semblaient super chiantes ! Du coup, j’ai opté pour les options réputées faciles afin de limiter le travail en dehors des TD laborieux à préparer… avec le succès que l’on sait, puisque j’ai quand même redoublé ma L2. Quant à la L3, ce fut beaucoup plus simple : toutes les matières étant imposées, on n’avait pas vraiment l’occasion de tergiverser.
Cela étant dit, il y en a aussi qui savent déjà très précisément ce qu’ils veulent faire, voire qui ont déjà identifié le master de leur rêve. Le cas échéant, le choix est simple : prenez toutes les options qui ressemblent le plus à l’endroit où vous voulez atterrir ! En revanche, si vous êtes toujours à mi-chemin entre le touriste et le juriste, profitez de cette incertitude pour ouvrir votre horizon et choisissez les options qui vous font plaisir.
Pour ma part, j’étais plutôt dans cette deuxième situation et les matières qui me semblaient les plus intéressantes concernaient la sociologie politique, les relations internationales, l’analyse des comp...