Les filles sont nulles en Maths
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Les filles sont nulles en Maths

Stéréotypes, préjugés, discrimination, ne vous laissez plus berner par votre cerveau

  1. French
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Les filles sont nulles en Maths

Stéréotypes, préjugés, discrimination, ne vous laissez plus berner par votre cerveau

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Citations

À propos de ce livre

Nous vivons dans un monde rempli de prĂ©jugĂ©s. Et cela ne doit rien au hasard. Notre cerveau, fabuleuse machine Ă  apprĂ©hender le monde, fabrique sans cesse des stĂ©rĂ©otypes et fait de nous, que nous le voulions ou non, de parfaits discriminateurs. Mais, ne vous en faites pas car nous allons vous expliquer pourquoi ce processus est parfaitement normal et comment en limiter les effets nĂ©fastes. Dans son livre, Enrick Barbillon, psychosociologue, nous dĂ©voile les tours que nous joue notre cerveau, les stĂ©rĂ©otypes inconscients ou non qui nous guident et leurs consĂ©quences Ă  l'Ă©chelle de la sociĂ©tĂ©. « C'est un fait qu'il faut accepter: notre cerveau est naturellement dotĂ© de points aveugles et l'une de ses manƓuvres les plus habiles consiste Ă  nous donner l'illusion rassurante que nous n'en avons pas. » Au travers d'une sĂ©rie d'expĂ©riences menĂ©es en psychologie racontĂ©es Ă  la maniĂšre d'un voyage initiatique, vous parcourrez Ă  ses cĂŽtĂ©s, sans tabous, le monde mĂ©connu des discriminations et vous outillerez pour ne plus vous laisser piĂ©ger. Ce livre est une arme de destruction massive contre les prĂ©jugĂ©s et tout ce qui menace le fameux et trop usĂ© « Vivre ensemble ». Autant dire qu'Ă  l'heure des fakes news, de la manipulation de masse – rĂ©elle ou fantasmĂ©e -, des idĂ©ologies xĂ©nophobes et des tentations complotistes, il est d'utilitĂ© publique. Einstein aurait dit qu'il est plus facile de briser un atome que de briser un prĂ©jugĂ©. Et si nous commencions par les vĂŽtres?

Foire aux questions

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Informations

Année
2020
ISBN
9782356443991

PARTIE II

Comprendre les conséquences et agir en conséquence

CHAPITRE 6

Tous « discriminateurs »  mĂȘme malgrĂ© nous ?

Personne n’est nĂ© avec la haine pour l’autre du fait de la couleur de sa peau, ou de son origine, ou de sa religion. Les gens doivent avoir appris Ă  haĂŻr, et s’ils peuvent apprendre Ă  haĂŻr, ils peuvent apprendre Ă  aimer, car l’amour jaillit plus naturellement du cƓur humain que son opposĂ©.
Nelson MANDELA
Comme nous l’avons vu dans la premiĂšre partie de ce livre, il semblerait que, mĂȘme lorsque nous pensons ĂȘtre Ă©trangers Ă  toute forme de prĂ©jugĂ©, les stĂ©rĂ©otypes sont tellement tenaces et enfouis dans notre inconscient que nous ne nous rendons mĂȘme pas compte de leurs effets. Cela peut prendre bien des formes en fonction des situations :
  • Être plus ou moins chaleureux avec telle ou telle personne lors d’un Ă©vĂ©nement public en raison de son origine ethnique ou gĂ©ographique.
  • Choisir un candidat plutĂŽt qu’un autre lors d’un processus d’embauche en raison d’une orientation sexuelle ou de la couleur de peau.
  • Adopter une posture paternaliste ou rĂ©ductrice face Ă  un interlocuteur en raison de son Ăąge ou d’un accent ou d’un handicap.
  • Ne pas mentionner certains sujets dans une discussion en raison de l’origine ou de la religion supposĂ©e d’un des membres du groupe.
Dans chacun de ces exemples, nous focalisons de maniĂšre non consciente notre attention sur la diffĂ©rence d’une personne (couleur de peau, accent, handicap
), et cette focalisation sur un dĂ©tail pourtant secondaire perturbe notre communication en gĂ©nĂ©rant parfois un sentiment de malaise. Lorsque cela se produit, inconscients que nous sommes de nos propres prĂ©jugĂ©s, nous attribuons ce malaise Ă  la personne diffĂ©rente de nous, et non au fait que nos schĂ©mas relationnels et communicationnels habituels sont perturbĂ©s par la focalisation de notre attention sur une particularitĂ© peu pertinente dans la situation qui nous occupe. Ainsi, il est tout Ă  fait possible que votre interlocuteur vous discrimine ou stigmatise sans mĂȘme en ĂȘtre conscient !
Le recruteur discriminant,
ou l’art de confirmer un prĂ©jugĂ©
On le sait, il est plus difficile d’obtenir un emploi quand on est porteur d’un handicap visible, que l’on a un accent trĂšs marquĂ© ou la peau foncĂ©e. Si vous avez dĂ©jĂ  vous-mĂȘme organisĂ© des entretiens d’embauche, vous avez peut-ĂȘtre remarquĂ© que les personnes issues de minoritĂ©s visibles peuvent ĂȘtre, sous certaines conditions, moins Ă  l’aise dans ce genre d’exercice, alors que vous avez le sentiment d’avoir tout fait pour les mettre Ă  l’aise et leur donner leur chance. En fait, dans ce type de situation, vous n’ĂȘtes peut-ĂȘtre pas aussi impartial(e) que vous le pensez, et la diffĂ©rence de rĂ©sultat vient peut-ĂȘtre en partie de vous

Afin de mener une expĂ©rience visant Ă  mesurer l’impact de la couleur de peau sur l’attitude des recruteurs lors d’un entretien d’embauche1, des chercheurs amĂ©ricains ont choisi des participants de type caucasien (c’est-Ă -dire Ă  la peau blanche) pour jouer le rĂŽle des chargĂ©s de recrutement, sans les prĂ©venir ni de l’objet de l’étude, ni du fait que les candidats Ă©taient en fait des complices. Le constat fut sans appel : lorsque le postulant Ă©tait noir, les sujets recruteurs faisaient plus d’erreurs de langage et adoptaient un comportement non verbal indiquant une plus grande distance avec le postulant ; en outre, ils accordaient Ă  ce dernier un laps de temps moins long pour l’entretien. Avec de telles dispositions (mĂȘme inconscientes) de la part des recruteurs, on comprend mieux pourquoi il est plus difficile d’obtenir un emploi lorsqu’on fait partie d’une minoritĂ© visible.
Les chercheurs ont poussĂ© leurs investigations un peu plus loin, en inversant les rĂŽles lors d’une seconde expĂ©rience. Cette fois-ci, les complices de l’étude ont jouĂ© le rĂŽle de chargĂ© de recrutement. Il leur Ă©tait demandĂ© de reproduire les comportements observĂ©s chez les sujets recruteurs de la premiĂšre expĂ©rience (comportement non verbal plus ou moins distant, erreurs de langage, impatience, etc.). Ces comportements devaient ĂȘtre jouĂ©s alĂ©atoirement, sans tenir compte de la couleur de peau des candidats. Autrement dit, les erreurs de langage, l’empressement et les comportements distants ont Ă©tĂ© produits aussi bien face Ă  des postulants blancs que noirs. En toute logique, les comportements des participants ont Ă©tĂ© affectĂ©s par celui du recruteur : les postulants qui se trouvaient face Ă  un chargĂ© de recrutement distant et pressĂ© ont Ă©tĂ© moins performants dans leurs attitudes et leurs rĂ©ponses, et ce, quelle que soit leur couleur de peau. Ainsi, le comportement non verbal des recruteurs a largement modifiĂ© le dĂ©roulement de l’entretien, au dĂ©triment des personnes stigmatisĂ©es
 ce qui a permis de confirmer le prĂ©jugĂ© selon lequel ces derniĂšres Ă©taient moins performantes, alors qu’elles n’y Ă©taient malheureusement pas pour grand-chose !

Comment peut-on discriminer quelqu’un sans s’en rendre compte ?

Nous aimons croire que nos actions et nos jugements sont les consĂ©quences de nos intentions conscientes et contrĂŽlables ; l’idĂ©e que nous contrĂŽlons nos pensĂ©es et nos actes est confortable, rassurante. Pourtant, force est de constater que nos comportements et nos jugements ne dĂ©coulent pas toujours d’une intention : ce que nous percevons dans notre environnement peut activer un ensemble de stĂ©rĂ©otypes et avoir une influence sur la façon dont nous pensons ou nous comportons, sans que nous en ayons conscience.
Ainsi, de nombreuses expĂ©riences montrent que la perception (mĂȘme inconsciente) d’une catĂ©gorie Ă©veille non seulement les stĂ©rĂ©otypes associĂ©s Ă  ce groupe, mais que ces stĂ©rĂ©otypes sont tellement puissants qu’ils guident nos actions – y compris des actions aussi automatiques que le fait de marcher !
Dans une expĂ©rience menĂ©e par John Bargh Ă  l’universitĂ© de New York, les participants ont Ă©tĂ© divisĂ©s en deux groupes, avec la mission de complĂ©ter un test de langage, Ă  savoir reformer des phrases Ă  partir de sĂ©ries de mots donnĂ©s dans le dĂ©sordre2. Les tests des deux groupes n’étaient pas tout Ă  fait les mĂȘmes :
  • Pour le premier groupe, les sĂ©ries de mots contenaient systĂ©matiquement des termes associĂ©s au stĂ©rĂ©otype de la personne ĂągĂ©e (vieux, gris, ancien
).
  • Pour le deuxiĂšme groupe, les termes utilisĂ©s Ă©taient alĂ©atoires et n’avaient aucun rapport avec le stĂ©rĂ©otype de la personne ĂągĂ©e.
À l’issue de cette tĂąche, les scientifiques ont remerciĂ© les participants, leur laissant croire que l’étude Ă©tait terminĂ©e. Sans que les participants en soient informĂ©s, un autre chercheur a chronomĂ©trĂ© le temps qu’ils mettaient pour parcourir la distance sĂ©parant le laboratoire de l’ascenseur. Le rĂ©sultat est presque absurde : les participants qui ont Ă©tĂ© exposĂ©s au stĂ©rĂ©otype de la personne ĂągĂ©e ont marchĂ© beaucoup plus lentement en sortant du laboratoire que les participants du groupe tĂ©moin ! Ainsi, leur comportement correspondait aux reprĂ©sentations les plus accessibles Ă  leur mĂ©moire, Ă  savoir la reprĂ©sentation stĂ©rĂ©otypĂ©e de la catĂ©gorie des personnes ĂągĂ©es.
Et cela fonctionne aussi pour les tĂąches intellectuelles ! En 1998, les psychologues Ap Dijksterhuis et Ad Van Knippenberg3 ont rĂ©alisĂ© une Ă©tude qui confirme l’effet de l’activation d’un stĂ©rĂ©otype sur les performances intellectuelles. Pour mener leur expĂ©rience, ils ont divisĂ© les participants en deux groupes :
‱ Le premier groupe devait imaginer et dĂ©crire la journĂ©e typique (activitĂ©s, caractĂ©ristiques
) d’un professeur (catĂ©gorie sociale associĂ©e Ă  l’intelligence).
‱ Le second groupe devait imaginer et dĂ©crire la journĂ©e typique d’un hooligan (catĂ©gorie sociale associĂ©e Ă  la bĂȘtise).
Les chercheurs ont ensuite demandĂ© aux sujets de l’étude de rĂ©pondre Ă  60 questions piochĂ©es dans le Trivial Pursuit (ce qui reprĂ©sente un bon test de culture gĂ©nĂ©rale). RĂ©sultat : les performances des participants du premier groupe Ă©taient nettement meilleures que celles du second groupe. L’activation d’un stĂ©rĂ©otype est donc particuliĂšrement efficace pour stimuler ou rĂ©duire les performances intellectuelles.
MĂȘme motivĂ©(e), vous serez influencĂ©(e) !
Maintenant que vous ĂȘtes au courant de l’effet de l’activation des stĂ©rĂ©otypes sur votre comportement, vous pensez ĂȘtre immunisĂ©(e) ? Pas si vite ! Il semblerait que mĂȘme lors d’une tĂąche associĂ©e Ă  la recherche de performance, on peut ĂȘtre sujet Ă  l’activation d’un stĂ©rĂ©otype, et aux consĂ©quences qui vont avec. Une expĂ©rience menĂ©e sur des Ă©tudiants en STAPS (la « fac de sport ») le confirme4.
Les sujets de l’expĂ©rience devaient effectuer deux lancers de poids, Ă  une semaine d’intervalle, et ils Ă©taient informĂ©s que leur meilleure performance (c’est-Ă -dire le lancer le plus long) serait retenue pour leur Ă©valuation pĂ©dagogique finale, ce qui implĂ©mentait la poursuite d’un but conscient de performance. Le premier lancer s’est dĂ©roulĂ© sans conditionnement particulier, afin de servir de rĂ©fĂ©rence par rapport au second lancer. Puis, une semaine plus tard, des expĂ©rimentateurs se sont prĂ©sentĂ©s pour faire participer les sujets Ă  une Ă©tude sous un prĂ©texte quelconque, mais avec le but rĂ©el d’activer un stĂ©rĂ©otype : celui de la personne ĂągĂ©e pour les uns, celui du basketteur pour les autres. Le second lancer s’est dĂ©roulĂ© aprĂšs cette fausse Ă©tude, dans les mĂȘmes conditions apparentes que le premier.
RĂ©sultat : l’activation du stĂ©rĂ©otype de la personne ĂągĂ©e a conduit Ă  une dĂ©tĂ©rioration de la performance, alors que l’activation du stĂ©rĂ©otype du basketteur l’a amĂ©liorĂ©e. Ainsi, malgrĂ© la motivation liĂ©e Ă  l’évaluation pĂ©dagogique, la simple activation d’un stĂ©rĂ©otype en mĂ©moire a permis de moduler les performances des participants, alors mĂȘme qu’ils n’appartenaient pas aux catĂ©gories activĂ©es (basketteur ou personne ĂągĂ©e).
Il est assez perturbant de penser que nous ne sommes pas toujours maĂźtres de nous-mĂȘmes. C’est pourtant ce qui se cache derriĂšre le principe de l’action idĂ©omotrice : penser Ă  un comportement spĂ©cifique nous amĂšne Ă  adopter un comportement qui y ressemble. MĂȘme une simple idĂ©e relative Ă  un comportement augmente la probabilitĂ© de ce comportement : sentir une odeur de cigarette, passer devant des gens qui boivent un verre en terrasse, entendre une publicitĂ© pour un fast-food
 N’avez-vous jamais eu envie de vous (re)mettre au sport aprĂšs avoir regardĂ© l’un des Rocky ?
Dans le cadre de notre ouvrage, il est intĂ©ressant de noter que ce principe idĂ©omoteur s’applique Ă©galement Ă  la perception : la perception d’un individu appartenant ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. DĂ©dicace
  5. Sommaire
  6. Avant-propos
  7. Introduction
  8. Partie I. De la représentation à la discrimination
  9. Partie II. Comprendre les conséquences et agir en conséquence
  10. Conclusion
  11. Remerciements
  12. Bibliographie