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Liberté 45
Le discours qu’on te martèle depuis que tu es né, je le connais. J’ai entendu le même.
- — Étudie.
- — Découvre le monde. Les voyages forment la jeunesse !
- — Réalise de grandes choses : tu es unique.
- — Sky is the limit !
- — Trouve l’âme sœur.
- — Achète une maison.
- — Fais des enfants.
- — La famille et les belles valeurs, c’est ça qui importe.
- — Le bonheur, c’est la santé.
On t’a répété mille fois plutôt qu’une ce que tu devrais vouloir dans ta vie et tu as fini par y croire. Mais as-tu déjà su ce que tu voulais, toi ?
Tu veux savoir ce que je pense ? Même si la carrière est très valorisée socialement, elle ne peut pas être un objectif en soi. Ce que tu dois viser dans la vie, c’est un excellent « rendement-qualité-prix ». Pas le prestige pour le prestige, ni l’argent pour l’argent, ni avoir des biens pour les montrer. Tu dois avoir un but fondamental qui détermine tes actions. Un but qui est valorisé non pas par la société, mais par toi-même. Sinon, le vrai prix à payer dans ta vie, ce sera la perte de sens, et ça, c’est coûteux.
Se donner le pouvoir
Liberté 45 n’est pas une lubie de mon esprit, mais bien le résultat d’une longue réflexion. Suis-je fou ? Un peu parfois. Souvent même. Mais ne t’en fais pas, on peut être un peu fou et avoir de bonnes réflexions.
Je vis dans une société qui a renoncé depuis longtemps à parler de notre système inventé. Mais, tel un Jedi sans sabre laser, j’ai pris le parti de parler d’argent, pour le meilleur et pour le pire. Quitte à me faire cataloguer comme promoteur du capitalisme ou à me faire pointer du doigt. Ce dont je suis certain, c’est qu’il existe une logique économique à suivre.
Produits, services, idées : on veut me vendre de la « marde » chaque jour. Le terme est cru, je l’assume. Je viens du réel et je refuse qu’on transforme le mot « marde » en version édulcorée de « matière organique brune essentielle à la vie ». De la marde reste de la marde. Quand on essaie de t’enlever ta liberté en te disant d’en acheter, c’est pour que tu continues d’en manger toute ta vie.
La liberté financière donne la capacité de faire les choses que l’on apprécie et de dire non à celles qui nous répugnent. La marde, on peut alors choisir de l’éviter.
Prendre une année sans solde ? Changer d’emploi ou de carrière ? Travailler moins ? Partir en voilier pendant deux ans ? Refuser un contrat d’un client payant ou une promotion qui ferait monter ton niveau de stress ? Ce que permet la liberté financière est variable pour chacun, mais le sentiment d’accomplissement qu’elle procure est universel.
Liberté 45, c’est prendre le contrôle de sa vie financière pour se donner la liberté. Dès 45 ans, prendre une pause professionnelle ou réorienter certains choix de
vie.
Personnellement, je souhaite rester actif professionnellement et conserver ma liberté d’action. Je ne trouve pas particulièrement excitant d’accumuler de l’argent. À mes yeux, c’est vide de sens. Ce que j’aime par contre, c’est jouir de ma liberté et avoir la paix d’esprit – et j’y arrive grâce à l’aisance financière.
La liberté financière, c’est aussi un gros filet de sécurité. Personne n’est à l’abri des malchances, de la maladie, de l’épuisement personnel ou professionnel, mais avec la liberté financière, si tout va bien, tu te retrouves dans une situation confortable relativement rapidement. Et si le malheur frappe, tu as les coudées franches pour réagir. Sur le plan rationnel, ça demeure la bonne décision à prendre.
Pourquoi 45 ?
Après avoir passé des années à faire des calculs à des fins fiscales ou financières et avoir pesé le pour et le contre, j’en suis venu à la conclusion que 45 ans, c’est l’âge de la liberté. Autrement dit, ton but est d’avoir du pouvoir sur ta vie à la hauteur de tes capacités. Et c’est à 45 ans que tu peux espérer y arriver, si tu as un plan.
À 25 ans, on est en forme, on a du temps, mais on manque de ressources financières. À 65 ans, le corps est plus usé, et le temps est compté !
À 45 ans, on est « encore jeune », mais pas tant que ça. Nos enfants devraient être plus autonomes. On n’a plus à faire nos preuves et à multiplier les efforts comme en début de carrière, mais on peut encore s’accomplir professionnellement pendant une vingtaine d’années encore. C’est l’âge parfait pour profiter de sa liberté.
Ça prend un plan
Je te le dis sans détour : ne pense pas faire ta place en ce monde juste en cherchant à équilibrer ta rémunération d’emploi annuelle et tes dépenses. Tu vas te planter. Ce plan n’est tout simplement pas suffisant. La vie coûte une fortune. Tout se complexifie, tout s’alourdit.
Autre erreur : en voyant ta facture en dollars nets et en la comparant à ton revenu annuel brut, tu te plantes. Commence à faire une distinction entre ta rémunération annuelle en dollars bruts et ta rémunération en dollars disponibles (après impôt et autres retenues). Quand tu dépenses, tu dépenses des dollars disponibles, lesquels sont beaucoup plus difficiles à gagner que des dollars bruts. La facture est vraiment plus élevée que tu ne peux le soupçonner. La vie coûte une fortune en dollars disponibles, alors le plan, c’est d’en avoir.
Tant qu’à parler d’impôt, si tu n’y fais pas attention, tu ne profiteras pas des cadeaux que les gouvernements sont prêts à te faire, sauf si tu vis une réelle précarité financière. Comprendre les règles fiscales et les faire travailler pour toi, c’est dans le plan !
En matière de gestion financière, si tu fais comme les autres (te contenter d’un revenu non optimisé, vivre au-dessus de tes moyens, ne pas penser au futur, etc.), tu vas arriver au même résultat que les autres (la course perpétuelle au prochain paiement, la retraite à 65 ans, etc.). C’est fataliste ? Non, c’est une réalité statistique, économique et financière. Ça ne peut pas être ton plan.
Lorsque je travaillais pour une firme comptable, il était très à la mode de tenter d’obtenir le titre de Chartered Financial Analyst (CFA), une certification professionnelle mondialement reconnue en finance. J’ai fait comme presque tous les collègues de mon bureau et je me suis inscrit à l’épreuve, moyennant un paiement de 1000 $ US sur mon salaire de
39 500 $ CA. Comme le dit le dicton : Qui trop étudie mal rentabilise. (OK, qui trop embrasse mal étreint… Bah ! c’est le même principe.) Une décision irréfléchie. Je n’avais aucun intérêt réel à obtenir ce titre. Cela ne correspondait pas à mon désir profond ou à mes objectifs. Je n’avais pas de plan. Je jouais au mouton.
Je n’ai jamais terminé la formation. Pourquoi je te parle de ça ? Parce que parfois, on essaie trop de copier son voisin sans se demander ce que l’avenir nous apportera. On n’est pas honnête avec soi, on fonce tête première sans se demander si notre démarche est logique. Pourquoi ? Parce que c’est le chemin de la victoire du collègue, de l’ami ou d’une personne inspirante. Mais ce ne sera pas le nôtre.
Pendant que mes collègues visaient la spécialisation, voire la surspécialisation, je visais la polyvalence et la diversité. Aujourd’hui, je peux dire que la trajectoire différente que j’ai empruntée a été la bonne pour moi. Quand tu veux copier le succès du collègue, de l’ami ou du compétiteur, tu fais une erreur : tu veux devenir une sorte de franchisé du succès de l’autre. Tu veux copier une recette gagnante. Mais tu n’as pas la même personnalité ni les mêmes aptitudes et tu ne te trouves peut-être pas dans la même situation.
La réussite n’est pas garantie, mais si tu as un plan, elle est plus probable.
Liberté 45 : la divergence
La liberté 45, c’est prendre le chemin, beaucoup moins fréquenté, de l’optimisation de sa vie financière.
On ne devient pas libre financièrement autour de 45 ans sans faire des choix différents de ceux que font la majorité des gens. Je ne parle pas d’être cheap ni de mettre sa vie sur pause. Je ne parle pas non plus de chercher à faire un coup d’argent. Je parle d’appliquer une discipline financière, d’opter pour un mode de vie.
Pour atteindre la liberté 45, tu dois d’abord avoir des objectifs d’épargne élevés durant la vingtaine et la trentaine. L’idée, c’est de piler des liquidités pendant que tes obligations sont raisonnables pour le jour où elles seront plus grandes.
La vingtaine est la meilleure période pour profiter de l’effet magique du temps sur les placements. Plus tu investis tôt, plus tu as de chances d’obtenir du rendement sur ton investissement. Oublie le gros ensemble patio à 8000 $ ou la voiture de l’année. Prends plutôt le parti d’épargner et d’investir, et ton rêve de liberté deviendra possible.
Vers 45 ans, si tu as fait tes devoirs (épargner suffisamment et faire les bons choix d’investissement), tu pourras cesser d’épargner durant deux ou trois ans, ou épargner moins parce que ton actif net (ce que tu possèdes moins ce que tu dois) sera suffisant. Le rendement de tes placements suffira à remplacer ton épargne mensuelle. Bref, épargner sera alors facultatif. Quand c’est une question de choix et non d’obligation, ça devient facile. Quarante-cinq ans… ce n’est pas un âge pour se castrer financièrement, mais un âge pour vivre sereinement.
Qui sait, peut-être même que lorsque le rendement de ton épargne deviendra plus intéressant que ta rémunération annuelle, tu auras déjà atteint une certaine liberté financière. Quand on peut générer 40 000 $ de revenus de placements annuels, on peut se demander si ça vaut la peine de se saigner au travail. Tu crois que c’est une utopie ? Pour plusieurs oui. Pour d’autres, c’est simplement le fruit de bonnes décisions combinées avec le facteur temps.
Compte tenu des règles fiscales et de l’effet du temps sur les placements, j’ai compris qu’à 45 ou 50 ans, il est temps de ralentir la cadence et de réaliser les projets qui nous tiennent à cœur. À cet âge, on devrait avoir atteint l’apogée de sa carrière et amorcer le plan de transition vers la « retraite financière ». C’est ça, le plan.
On peut alors commencer la grande décroissance pour réduire le stress de la vie professionnelle, celui qui use le corps et l’esprit. Les plus chanceux vivront cette décroissance en faisant une activité professionnelle ...