Le pardon est-il encore trend ?
Les derniers événements de ma vie m’ont amenée à me poser des questions sur ce concept apparemment libérateur. Le pardon a-t-il quelque effet dans un cheminement lorsque vient le temps de composer avec l’adversité ? Le pardon change-t-il quelque chose, really ? Vais-je vraiment me sentir mieux si je pardonne, tout simplement, le pire coup de cochon imaginable ?
Dans « l’espace du pardon » : c’est là que je me suis retrouvée après une lutte soutenue à la conquête de l’amour, du bien-être, de ma place… Remarque, il est possible que je me sois perdue en route. Oui, au carrefour de situations malheureuses et non souhaitées, des déceptions et de l’abandon, je pourrais bien m’être égarée.
Ah, je te le concède, avec le recul, je suis capable d’affirmer que certaines des relations amoureuses que j’ai vécues étaient un peu prévisibles. Qu’elles ne dureraient qu’un temps. D’autres, en revanche, ont vraiment chamboulé tous mes repères – positivement ! Celles-là m’ont parfois fait croire à l’amour pour toujours.
Quand on est plongée dans une relation amoureuse, même si celle-ci est ponctuée de moments inédits et formidables, on se convainc que ça nous convient. On baigne dans un certain confort, un bien-être rassurant, un état de grâce même, parfois. On se fait des accroires en masse, aussi… On sait que tel truc est wrong, que tel autre n’a pas de sainte allure, mais on finit par se convaincre qu’on gère ses attentes pas-pire-pantoute. Être conciliante, c’est pas difficile, right ?
Et puis ça fait son temps. Et puis ça laisse des traces. Ah, on les voit, les blessures, on les remarque, les bleus au cœur. Ça saigne abondamment des fois ! Et puis on baisse les yeux. Et puis on fait la sourde oreille. Et on relativise, jusqu’à se détacher complètement de soi-même par moments. Malheurs, malchances, revers… « Ça doit être juste un mauvais timing, tsé bin. »
Le temps passe. Et on se réveille avec des cicatrices à recoudre, encore.
Tu me pognes alors que je suis en pleine guérison.
Oui, je panse encore mes plaies à la suite du plus récent love, mais bon, ça va mieux. Je suis passée par beaucoup d’étapes et plusieurs restent encore à venir, je le sais, mais il y a eu un moment où j’en suis venue à l’étape du pardon. Le bon vieux pardon, oui, même si je ne suis nullement croyante, même si ça fait une paye que j’ai pas ouvert la Bible. Parce que vient un temps où il faut sortir d’une zone émotionnelle qui fait mal. Souffrir, c’est bien correct, il faut accepter sa souffrance, il faut la laisser nous habiter, il faut qu’elle fasse son effet. Mais vient un temps où il faut passer à autre chose.
Move on, Vaness !
Je me pardonne. Je me pardonne, mais je pardonne aussi aux autres.
Simple ? Ooohhhh non. Se lever un bon matin, siroter un délicieux café chaud, prendre son petit déj et décider ensuite d’assumer l’entière responsabilité de ce qui fait mal, de ce qui marque, de ce qui laisse des traces… Ça t’occupe le cœur sur un moyen temps.
Pardonner… Si t’as pas encore eu recours à cette démarche porteuse, je te recommande d’essayer entre deux sets de squats. Ça fait un bien fou. Ça renforce bien des parties du corps, je le garantis. Et ça te libère le body d’un poids immense que tu n’imaginais pas pouvoir lever au bout de tes bras au gym.
Cela dit, faut pas manquer d’en tirer des leçons. Je ne veux pas tomber dans la culpabilité ni m’en vouloir, me détester pour ce que j’ai fait, pour ce que je me suis imposé. Je ne veux pas me punir éternellement pour ce que j’ai enduré, ce que j’ai accepté, ce à quoi je n’ai pas renoncé assez vite… Ce que je n’ai pas fait ou dit.
J’ai longtemps pensé que le pardon était réservé aux faibles, aux « sans colonne ». J’ai déjà eu peur que mon pardon booste ma naïveté. Ou vienne confirmer officiellement que j’avais perdu une bataille. Une autre.
C’était tout le contraire : pardonner, c’est gagner. Toujours, sans exception.
Pardonner, c’est dire au revoir à un malheureux état. C’est passer à autre chose.
Pardonner, j’y suis arrivée. As-tu essayé ça, toi, pardonner ?
Je ne me pardonne pas simplement parce que je mérite ce pardon, mais parce que je mérite la paix. Je suis prête à me pardonner et à me donner une deuxième chance, à me laisser l’occasion de prendre un second souffle. Une nouvelle inspiration.
Je tourne le dos à la douleur, à la lourdeur et à la rigidité, je passe à autre chose… Et je passe à autre chose seule, cette fois.
Je te pardonne J.-F., je te pardonne Martin, je te pardonne Monsieur Douceur, je te pardonne Alex. Oui, oui, je vous pardonne, les gars ! Cela ne signifie pas que j’accepte tous les gestes posés, les appels declined, le ghosting, les non-dits, le temps suspendu, les promesses non honorées, les paroles dites en silence ou sur un ton mesquin et vulgaire, mais je fais la paix avec tout.
Et je me sens tellement mieux.
Pas de haine, pas de ressentiment. Pas de coupable ni de condamné à quelque sentence que ce soit.
Juste pardonner.
Retrouver ma confiance, ma vie… Retrouver mon sourire, aussi.
Aller de l’avant.
Je ne fuis pas.
Je ne tourne pas le dos à ce que j’ai vécu, à mes amours blessées, non non. Je décide juste de laisser tomber les gardes qui me pèsent et m’affaiblissent. Je mets le passé à sa place : derrière moi. Non par regret, mais parce que je choisis de regarder devant moi plutôt que derrière.
Je fais le choix de regarder devant. Pourquoi ? Parce que la vie, c’est maintenant. Ici.
Hier est passé. Demain reste incertain, mais un monde d’occasions se présente à moi. À toi, aussi, tsé !
Je ne peux rien y changer, mais à présent, tout s’est transformé. Je change le refrain une fois pour toutes, puisque je m’essouffle à traîner des sentiments de haine et d’amertume qui ne me ressemblent pas. Je tente aussi de calmer cette peur et cette méfiance qui me tiraillent. Je change d’état d’être.
Move on, Vaness !
Je vous pardonne J.-F., Alex, Martin, Monsieur Douceur et cie parce que si je continue de rebrasser les sentiments et les souvenirs associés à notre relation, je vous retiens dans ma vie. Pourquoi le ferais-je ? On ne s’appartient plus ! Pis anyway, s’est-on déjà appartenu ? Depuis quand un autre nous « appartient-il » ? En quoi serais-je la… propriété d’un autre ? Pourquoi, surtout, serais-je ...