Le retour du risque nucléaire
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Le retour du risque nucléaire

  1. 64 pages
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Le retour du risque nucléaire

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Depuis quelque temps, les nuages en forme de champignon s'accumulent sur la scène internationale. Les essais de missiles balistiques, les tests nucléaires répétés de la Corée du Nord et le programme nucléaire iranien suscitent beaucoup d'inquiétude. Le retour des tensions militaires entre la Russie, l'OTAN et les États-Unis est également préoccupant. Le président Trump se vantait, à l'été 2017, de faire pleuvoir «feu et furie» sur la Corée du Nord. De leur côté, l'Inde et le Pakistan ont vécu depuis la fin des années 1990 plusieurs crises graves durant lesquelles ils ont brandi la menace nucléaire. Les armes nucléaires sont donc de retour dans l'actualité et, avec elles, la peur d'une confrontation entre grandes puissances.

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Les leçons du premier âge nucléaire

C’est peut-être un lieu commun, mais il mérite d’être répété et compris. L’arme atomique demeure l’arme absolue pour deux raisons: sa puissance destructrice unique et la quasi-impossibilité de se défendre contre elle. C’est ce qu’on appelle la «révolution nucléaire». Il a beaucoup été question de révolutions en matière de technologie militaire et de stratégie depuis des décennies, mais le fait nucléaire domine le paysage stratégique depuis 1945, et n’est pas près d’être détrôné.

Armageddon 101: la nature du risque nucléaire

Un mot, d’abord, à propos de la puissance destructrice de la bombe. Celle-ci tire sa source de deux phénomènes physiques: la fission et la fusion des atomes. Dans les deux cas, si l’on brise un atome (la fission) ou si on le force à fusionner avec un autre nucléon (fusion), l’énergie dégagée, par nucléon, est un million de fois plus grande qu’une réaction chimique, telle l’explosion de la poudre ou de la dynamite. Le fonctionnement des bombes nucléaires est fondé sur ces deux principes, et leur puissance se calcule en poids équivalent d’explosif conventionnel, soit en milliers ou en millions de tonnes de trinitrotoluène ou TNT. La bombe employée à Hiroshima, le 6 août 1945, par exemple, avait une puissance de 15 kt, soit 15 000 tonnes de TNT. Les bombes que l’on trouve dans les arsenaux contemporains sont généralement beaucoup plus puissantes (150-400 kt). Certaines atteignent plusieurs mégatonnes (millions de tonnes de TNT). À titre de comparaison, la bombe conventionnelle la plus puissante de l’arsenal américain, la bombe à effet de souffle massif, contient 8 tonnes d’explosifs conventionnels. Elle est donc 1800 fois moins puissante que la bombe d’Hiroshima. Théoriquement, d’ailleurs, il n’existe pas de limite à la puissance des bombes à fusion ou bombes H. La Tsar Bombatestée par l’URSS avait une puissance de 57 mégatonnes. C’est l’arme de destruction massive la plus énergétique jamais utilisée.
Mais pour mieux comprendre ces chiffres, il faut aussi saisir avec plus de précision les effets de ces armes sur le terrain. Ceux-ci se décomposent en quatre éléments. Comme tous les explosifs, la bombe nucléaire a des effets de choc et de feu (85% de l’énergie dégagée). À ceux-ci s’ajoutent les radiations immédiates et les retombées radioactives (15%). Ces derniers effets, cependant, sont plus insidieux, car leur impact sur la santé et l’environnement se fait sentir à long terme. Ils sont aussi plus imprévisibles. Les radiations sont, en effet, des particules subatomiques (neutrons, protons) expulsées au cours d’une explosion nucléaire. En passant à travers les cellules des organismes vivants, elles peuvent avoir des effets importants sur leurs fonctionnalités. De fortes doses de radiation (500-600 rems) sont fatales, mais des expositions plus faibles (100 rems) peuvent également avoir des effets importants sur la santé. Les retombées radioactives, quant à elles, sont proportionnelles à la poussière soulevée et à la fumée générée par l’explosion. Plus l’explosion a lieu près du sol, plus le nuage l’entourant est grand. Ces débris vont retomber sous forme de poussières portées par les vents, quelquefois sur de grandes distances. Ces retombées vont donc créer des zones radioactives plus ou moins étendues et plus ou moins dangereuses. Les espaces concernés pourraient rester radioactifs pendant de nombreuses années, selon la quantité de produits de fission qui composent ces retombées.
Sans entrer dans les détails, l’explosion d’une bombe nucléaire moderne sur une concentration urbaine, qu’il s’agisse de Washington ou de New Delhi, serait dévastatrice au-delà de ce que l’on peut imaginer. En prenant l’exemple de Washington, une bombe de 140 kt, semblable à celle que la Corée du Nord a testée en 2017, explosant en altitude, tuerait immédiatement 250 000 personnes et en blesserait environ 430 000. Une bombe de même puissance, lancée sur New Delhi, provoquerait la mort de 760 000 personnes et en blesserait 2,6 millions1. Précisons que ces chiffres horrifiants ne tiennent pas compte des séquelles à plus long terme et surtout des effets des radiations. Il faut savoir, à ce sujet, qu’entre 90 000 et 166 000 personnes sont décédées à Hiroshima dans les six mois qui ont suivi le bombardement d’août 1945, s’ajoutant aux victimes initiales (70 000 personnes). On ne peut que spéculer à propos du nombre total de victimes qui résulterait de bombardements comme ceux que nous venons d’évoquer.
Examinons, à présent, le second aspect de ce que nous avons appelé la «révolution nucléaire», à savoir la vulnérabilité de nos sociétés face à la menace des armes atomiques. Il est en effet, pour l’instant, très difficile, sinon impossible, de se défendre contre les différents vecteurs porteurs d’armes nucléaires, principalement les missiles balistiques et les missiles de croisière. Si plusieurs États s’efforcent, depuis les années 1960, de mettre au point une défense antimissile qui puisse protéger leurs villes et leurs populations, cet objectif reste encore hors de leur portée. Nous reviendrons sur ce point dans la dernière partie de notre texte, mais il est important d’exposer immédiatement les raisons qui sous-tendent cette affirmation. La principale réside dans la difficulté technique de l’interception d’un missile, compte tenu de son temps de vol réduit (de quelques minutes à une demi-heure au maximum). Pour l’instant, un pays techniquement avancé comme les États-Unis, malgré les sommes considérables qu’il a investies dans cette entreprise, n’a même pas réussi à mettre au point un système de défense contre une menace modeste, comme celle que représente la Corée du Nord. Par ailleurs, il sera toujours plus facile pour un agresseur de construire et de déployer des missiles supplémentaires pour submerger les défenses adverses, même si ces dernières s’avèrent plus efficaces qu’elles ne le sont actuellement. Nos sociétés sont donc condamnées, à long terme, à la vulnérabilité face à la menace des missiles balistiques. Il va sans dire que toutes les puissances nucléaires disposent de tels vecteurs, même si leur portée diffère sensiblement.
La capacité destructrice des armes nucléaires ne se résume pas, bien sûr, aux effets ponctuels que nous venons d’évoquer. Durant la guerre froide, un véritable échange nucléaire entre les États-Unis et l’URSS aurait représenté une catastrophe inimaginable. Une brève anecdote suffit à illustrer ce fait. Au printemps 1961, le président Kennedy a demandé à son état-major d’estimer le nombre de victimes qui résulteraient d’une attaque nucléaire américaine sur la Russie et la Chine. La réponse qui lui a été communiquée est éloquente: 600 millions de morts dans les six mois en Russie, en Asie et en Europe. Si on ajoute à cela les représailles inévitables des Russes, il n’est pas excessif de penser, comme l’indiquait Daniel Ellsberg dans son ouvrage de 2017, que le tiers de la population de la planète aurait été immolée immédiatement à la suite d’un échange nucléaire généralisé entre les États-Unis et l’URSS. On va évidemment tout de suite rétorquer, face à ces chiffres, que la guerre froide est terminée depuis vingt-cinq ans et que les arsenaux nucléaires ont été réduits de façon radicale. C’est tout à fait exact. Toutefois, il faut rappeler que le nombre d’armes nucléaires encore disponibles dans les arsenaux des neuf puissances nucléaires s’élève à 17 000, plus qu’assez pour renvoyer la plupart de nos sociétés à l’âge de pierre. De fait, une petite fraction de ces arsenaux est suffisante pour provoquer des dommages inimaginables2. Si le commandant d’un seul sous-marin russe Delta IV décidait de lancer 12 de ses 16 missiles sur des villes américaines, 7 millions de personnes périraient immédiatement. La marine russe déploie 11 de ces sous-marins. Un seul sous-marin américain de classe Ohio peut, quant à lui, lancer 24 missiles (porteurs, chacun, de 8 têtes) qui sont en mesure de détruire les 80 principales zones urbaines russes à l’ouest du Caucase, provoquant la mort du tiers de la population du pays. Les États-Unis détiennent 14 de ces sous-marins. Mais, me dira-t-on, les grandes puissances nucléaires ont sans doute des options de frappe plus limitée? Les forces nucléaires doivent être en mesure d...

Table des matières

  1. Introduction
  2. Les leçons du premier âge nucléaire
  3. Les défis du second âge nucléaire
  4. Notes
  5. Bibliographie
  6. Glossaire
  7. Dans la même collection