La contre-culture au Québec
eBook - ePub

La contre-culture au Québec

  1. 530 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

La contre-culture au Québec

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Ce livre entend combler une lacune, celle de la méconnaissance de la contre-culture au Québec, un phénomène majeur qui, au cours d'une décennie particulièrement effervescente, a traîné dans son sillage des milliers de jeunes gens que l'extrême gauche ou le néonationalisme – des courants rivaux, si l'on peut dire – n'attiraient pas. Assez étrangement, peu d'études existent sur ce mouvement, sa sensibilité particulière et ses manifestations symboliques, d'où l'intérêt de cet ouvrage qui vise précisément à dresser le panorama de ses artistes et de leurs productions les plus marquantes, de l'Infonie au Jazz libre du Québec, en passant par Victor Lévy-Beaulieu, Josée Yvon, Mainmise ou le Front de libération homosexuel. À partir de la contribution de spécialistes de divers domaines – musique, littérature, théâtre, cinéma, art visuel, sociologie –, le livre fait le point sur ce vent de contestation qui a balayé l'Amérique des années 1960 et 1970 et sur ce qu'il a semé dans un Québec « hors de la carte », selon les mots de Raôul Duguay, l'un des plus célèbres représentants de la mouvance québécoise.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à La contre-culture au Québec par Karim Larose, Frédéric Rondeau en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Art et Art et politique. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2016
ISBN
9782760635722
Sujet
Art

CHAPITRE 1

Jazz libre et free jazz

Eric Fillion
Du 21 au 27 avril 1975, Montréal est le site d’importants débats publics sur les cultures marginales1. Cette semaine de la contre-culture rassemble des intervenants venus de partout dans le monde pour participer à des ateliers et assister à des performances de poésie et de musique. Le Jazz libre2, un groupe de free jazz qui connaît ses heures de gloire aux côtés de Robert Charlebois, prend part au concert de clôture qui a lieu au Palais du commerce3. La revue Mainmise, organe principal des tenants de la contre-culture au Québec, n’a jusqu’à ce moment accordé qu’une attention négligeable à ce collectif de musiciens. Yves Robillard et ses collègues de Québec underground avaient pourtant déjà insisté sur la portée des contributions du Jazz libre4. De l’Association espagnole à L’Amorce en passant par la Colonie artistique de Val-David et la commune Petit Québec libre5, ce groupe manifeste depuis 1967 son opposition à l’establishment. À l’instar du rock américain, le free jazz d’Yves Charbonneau et de ses acolytes6 sert de moteur à la contre-culture d’ici. La présence du Jazz libre sur la scène du Palais du commerce permet en quelque sorte d’éliminer tout soupçon en ce qui a trait à la pertinence de ce collectif sans égal au Québec à cette époque.
Plutôt que de clore les débats, la rencontre en sol québécois du free jazz et de la contre-culture soulève de nombreuses questions concernant la place qu’occupe cette musique dans les élans d’opposition politico-culturelle qui traversent les décennies 1960 et 1970 aux États-Unis, au Québec et ailleurs dans le monde. Quel est l’apport du free jazz à ces mouvements de résistance au pouvoir? De quelle manière s’inscrit-il dans la contre-culture? Comment mesurer l’importance de ces sites où se côtoient musiciens de jazz, gauchistes et hippies?
Apparu à la fin des années 1950, le free jazz ne laisse personne indifférent7. New thing, experimental jazz et anti-jazz sont quelques-uns des termes employés pour décrire cette musique qui émane en grande partie des quartiers afro-américains du nord-est des États-Unis. Ses ambassadeurs – Ornette Coleman, Albert Ayler et Archie Shepp, pour ne nommer que ceux-là – rejettent toute convention stylistique afin d’expérimenter librement avec la forme, l’instrumentation et les sons. Ils déploient un langage musical novateur fondé sur des improvisations collectives à l’intérieur desquelles tous, incluant les membres de la section rythmique, parviennent à s’affranchir. Ayant éliminé la dictature du tempo et celle de la progression harmonique, ces musiciens établissent de nouveaux rapports avec leur public, faisant fi des attentes des critiques et de celles de l’industrie du divertissement.
Née au tournant des années 1960, cette nouvelle forme de jazz apparaît de prime abord comme le symbole sonore du Mouvement des droits civiques aux États-Unis. L’écrivain LeRoi Jones contribue à cette lecture du free jazz en soulignant qu’il est représentatif d’une radicalisation de la diaspora africaine au États-Unis8. Frank Kofsky, Jean-Louis Comolli et Philippe Carles poursuivent cette analyse et soutiennent que la posture combative de ces musiciens de jazz ne peut être dissociée du nationalisme noir ou du contexte global des luttes de décolonisation9. Leurs écrits suscitent de vives réactions chez les critiques et les théoriciens qui souhaitent analyser cette «pratique de l’art militant10» en termes strictement musicaux11. Cette polarisation des débats rend difficile toute tentative pour situer le free jazz vis-à-vis de la contre-culture.
Theodore Roszak, auteur du livre phare The Making of a Counter Culture, ne fait guère mieux en ce qui concerne la possibilité de rattacher cette musique aux cultures marginales qui transforment l’Amérique à partir des années 1960. Partant d’un intérêt marqué pour la révolte hippie et celle de la Nouvelle gauche, il s’empresse de délimiter ces foyers de résistance et d’utopie qui donnent forme à la contre-culture12. Il néglige cependant d’inclure la jeunesse militante afro-américaine dans son schéma, et ce, même si elle partage les préoccupations des groupes ci-dessus: rejet des normes sociales aliénantes de l’après-guerre, opposition à la société capitaliste, dénonciation du technocratisme et refus d’être complice des violences perpétrées en sol américain et ailleurs. De nombreux ouvrages publiés depuis nuancent ce portrait, mais ils ne nous éclairent pas davantage sur la place occupée par le free jazz dans la production culturelle de cette période13. Le rock – Big Brother and the Holding Company, Jefferson Airplane et The Doors, entre autres – occupe toujours à lui seul tout l’espace sonore de la contre-culture.
Il existe pourtant de nombreux points de rencontre entre ces deux pratiques musicales, comme l’illustre le cas de la France. Durant les années 1960, Sunny Murray, Alan Silva, Noah Howard, le Art Ensemble of Chicago et plusieurs autres musiciens de jazz afro-américains s’exilent à Paris. Certains d’entre eux se trouvent mêlés aux événements de Mai 6814. D’autres fréquentent des piliers du jazz expérimental français et des représentants de l’avant-garde culturelle parisienne. Ils montent aussi sur la scène du Festival d’Amougies auquel participent Pink Floyd, Frank Zappa et Captain Beefheart. Ces musiciens en exil occupent des lieux rattachés à la contre-culture – le Lucernaire et l’American Center – et ils bénéficient d’une visibilité considérable dans des revues souterraines telles qu’Actuel. «Le free jazz a donc aussi fricoté avec la contre-culture underground américaine», note pertinemment Jedediah Sklower15. Il ajoute: «Une étude plus approfondie de ces liens serait nécessaire pour voir comment toute une contre-culture naît en ces années, et comment le free jazz s’y rattache et s’en nourrit16
Les pages qui suivent établissent cette filiation entre free jazz et contre-culture au Québec, et ce, à partir d’une analyse des discours et des pratiques du Jazz libre entre 1967 et 197517. Le présent travail s’inspire donc de l’aventure contre-culturelle de ce collectif afin de démontrer que le free jazz participe, au même titre que le rock, à l’articulation et au déploiement de «l’Alternative18», ce mode d’existence qui s’érige contre les dogmes – économiques, religieux, politiques et scientifiques – des sociétés modernes occidentales. Il est vrai que le free jazz au Q...

Table des matières

  1. TABLE DES MATIÈRES
  2. INTRODUCTION
  3. IMPROVISATION:JAZZ, ROCK ET MUSIQUE ACTUELLE
  4. CHAPITRE 1
  5. CHAPITRE 2
  6. CHAPITRE 3
  7. REPRÉSENTER LE QUOTIDIEN
  8. CHAPITRE 4
  9. CHAPITRE 5
  10. CONFIGURATIONS LITTÉRAIRES: EXPÉRIMENTATION, CRÉATION ET UTOPIE
  11. CHAPITRE 6
  12. CHAPITRE 7
  13. CHAPITRE 8
  14. CHAPITRE 9
  15. IMAGINAIRES VISUELS
  16. CHAPITRE 10
  17. CHAPITRE 11
  18. CHAPITRE 12
  19. RÉSEAUX ET MILITANTISMES SOCIAUX
  20. CHAPITRE 13
  21. CHAPITRE 14
  22. Chapitre 15
  23. ANNEXES
  24. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE SUR LA CONTRE-CULTURE
  25. CHRONOLOGIE INDICATIVE
  26. LES COLLABORATEURS
  27. NOUVELLES ÉTUDES QUÉBÉCOISES