Politique mondiale
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Politique mondiale

S'unir pour survivre et renaître

  1. 190 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Politique mondiale

S'unir pour survivre et renaître

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À propos de ce livre

Expression du sentiment de solidarité parmi les Noirs d'ascendance africaine victimes de l'esclavage et de la discrimination, la pensée panafricaniste attire l'attention dès les années 1920. Cette idéologie qui vise à libérer l'Afrique de la domination coloniale est surveil­lée de près par des autorités qui y voient la source d'une pensée séditieuse. Après la décolonisation, dans un contexte international marqué par la Guerre froide, l'unification continentale devient alors pour ses promoteurs la voie idéale pour assurer la survie et le renouveau de l'Afrique. Bien que l'écrasante majorité des chefs d'État soit convaincue de la nécessité de l'union, les désaccords sur la périodisation et la forme de l'intégration à bâtir conduisent dès 1963 à la primauté de l'Afrique des États-nations au détriment de l'union continentale.Après des décennies de désaffection, la pensée panafricaniste renaît dans les années 2000, notamment avec le Nouveau parte­nariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et le lancement de l'Agenda 2063 comme réponses aux défis de la mondialisation. L'auteur expose ici la complexité des enjeux de cette quête de réin­vention et de renaissance dans l'Afrique postcoloniale, tout en soulignant ses divergences ainsi que son inéluctable constance.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782760638105
Sujet
History
Sous-sujet
African History

Chapitre 1

L’Europe et la fabrique de l’Afrique

L’idéologie et le mouvement panafricains qui prennent naissance outre-Atlantique au début du XIXe siècle se cristallisent en sol africain dès la période de l’entre-deux-guerres. En tant qu’expression de la volonté de promouvoir l’émancipation des Noirs victimes de l’esclavage et du colonialisme européens et de leurs héritages, la conscience panafricaine puise sa substance dans les expériences traumatiques des passés esclavagiste et colonialiste. Autrement dit, les mémoires sur lesquelles se fonderont la pensée, l’idéologie et le programme de solidarités des Noirs des Caraïbes et des États-Unis, puis des Africains opèrent une sélection exclusive qui fait de l’Europe et de ses «rencontres» avec l’Afrique un senseur et des lieux de captation et de modulation.
La traite transatlantique (du XVe au XIXe siècle) et le colonialisme avec ses corollaires, la division et l’exploitation des espaces traditionnels africains (XIXe et XXe siècles) constituent deux épisodes marquants dans l’évolution du continent africain et dans l’histoire de la représentation des Noirs. L’idéologie de la construction panafricaniste s’appuie sur le récit des répercussions et des héritages négatifs de la traite transatlantique sur la trajectoire socio-économique du continent africain, ainsi que des populations noires des Caraïbes et des États-Unis.
Il importe donc d’évaluer le rôle supposé de la traite négrière aussi bien dans la marginalisation de l’Afrique dans l’économie-monde que dans l’élaboration de représentations négatives du Noir. De même, l’expérience traumatique de l’esclavage par la diaspora et son influence marquante sur le statut socio-économique des personnes d’ascendance africaine méritent une attention particulière.
Le rapport à l’Afrique et le regard porté par l’Europe sur le Noir semblent par ailleurs subir d’importantes mutations au tournant du XIXe siècle. Si les États européens rejettent désormais toute idée de mise en esclavage des Noirs, ils n’en mettent pas moins sur pied de nouvelles modalités politiques et juridiques leur assurant la conquête et la partition de l’Afrique au nom d’une prétendue «mission civilisatrice».
Il sera donc important d’élucider les logiques économiques et juridiques de la subalternisation économique de l’Afrique et du ravalement de ses populations au statut d’«indigènes».

Le poids des traites de part et d’autre de l’Atlantique

Idéologie et projet intellectuel et politique visant à l’émancipation de la diaspora noire du Nouveau Monde, le panafricanisme – qui prend naissance dès le début du XIXe siècle – se réfère et s’oppose à l’esclavage et à la traite négrière ainsi qu’à leurs héritages traumatisants. Son discours occulte l’esclavage domestique et la traite arabo-musulmane, soutenant que la mise en esclavage des Africains par les Européens présente une acuité, une actualité et des incidences autrement plus marquantes. Outre le fait d’avoir été le dernier système esclavagiste mondialisé et d’avoir mobilisé une logistique complexe et sophistiquée, la traite serait aussi singulière par rapport aux séquelles laissées sur ses victimes et à la résistance de ces dernières comme de leurs descendances. Or, bien avant le Décret d’abolition de l’esclavage aux États-Unis (1865), des intellectuels noirs se sont mobilisés en vue de promouvoir la cause des Noirs. Ce combat avait notamment comme ambition essentielle d’exorciser les effets et les héritages mentaux, psychologiques et économiques de la traite sur les personnes d’ascendance africaine des États-Unis.
Cependant, l’évocation de l’Afrique victime de la traite et de la dévalorisation de ses valeurs de civilisation traduit souvent une volonté des précurseurs comme des intellectuels et politiques du XXe siècle de montrer le tort commis par l’Europe dans l’exploitation éhontée du continent et la nécessité pour les Noirs de proposer une lecture positive du passé africain, de ses valeurs de civilisation bafouées et de sa contribution à l’histoire universelle15. Évaluer les représentations du Noir et les séquelles profondes de la traite de part et d’autre des rivages africains et américains amène à mieux situer les enjeux de l’énonciation et de la portée du discours émancipateur et libérateur du panafricanisme.
De nombreuses recherches ont montré qu’au moment des «grandes découvertes» du XVe siècle, le poids de l’Afrique et la représentation qu’en font certains Européens sont loin de coïncider avec ceux qui émergèrent par la suite de ces contacts. Contrairement à l’idée d’un continent inorganisé dont l’histoire commencerait avec l’arrivée des Européens, l’Afrique de la fin du XVe siècle est couverte de formations étatiques (royaumes mossi, royaume du Kongo, États yorouba, Mali, etc.) qui se caractérisent par leur étendue et la diversité de leurs structures territoriales et de leurs systèmes politiques16. On a aussi montré que les relations économiques entre l’Afrique et le reste du monde – en particulier avec les Arabes, les Indiens, les Portugais et les autres européens – ont été profitables à tous. Les Africains ont su non seulement s’adapter aux dynamiques créées par ces contacts extérieurs, mais aussi en tirer profit17.
En partenaire respectable et largement intégrée aux grands circuits économiques mondiaux qui s’étendent à l’Océan indien, à l’Atlantique, au Sahara et en Méditerranée, l’Afrique a procuré au reste du monde un «instrument monétaire majeur» à savoir l’or – jusqu’à la fin du XVe siècle – et un «instrument productif majeur»: le système de plantation esclavagiste fondé bien évidemment sur la main-d’œuvre servile africaine18.
La fabrique d’une représentation défavorable du Noir par ses visiteurs, partenaires commerciaux ou conquérants, précède la phase active de la traite transatlantique. Les préjugés de couleur, le mépris et la bonne conscience quant à la mise en esclavage des Noirs ont résolument accompagné les expéditions menées au sud du désert du Sahara après le VIIe siècle. En fait, l’expansion de l’empire musulman a eu comme conséquence d’accentuer la demande de main-d’œuvre servile. Celle-ci a aussi eu comme effet de mettre en contact les arabo-musulmans avec les populations noires qu’ils jugeaient «étranges19».
Les représentations fallacieuses qui ressortent des récits et descriptions de la littérature arabo-musulmane mettent l’accent sur le faible degré de moralité et l’émotivité incontrôlée du Noir; l’origine en serait la chaleur du climat. Notons aussi que la fameuse malédiction de Cham par Noé, formulée dans la Genèse, sert notamment à justifier la mise en esclavage des Noirs.
Sans vraiment avoir eu un contact durable et direct avec les populations noires au sud du Sahara, de nombreux auteurs arabo-musulmans se sont ingéniés à donner une description grossière et fantasmée du Noir20. La couleur noire de la peau, associée au climat tropical et à la chaleur, est alors assimilée à la laideur et à la bestialité. Elle est en définitive la marque physique de l’infériorité21. La couleur de la peau est associée à la mauvaise odeur, à une sexualité débridée, et à la sauvagerie. En ce sens, elle est de l’ordre de l’animalité. Le terme arabe Abid qui signifie littéralement «esclave» est aussi équivalent du mot Noir. Il faut noter que le vocable Zenj dont le sens littéral est «sauvage» désigne aussi clairement les populations noires de la côte orientale africaine22.
Ainsi, dans l’imaginaire arabo-musulman, les Noirs apparaissent à la fois comme des païens et comme un peuple inférieur qu’il importe de mettre en esclavage. Cette représentation sous-tendra la place et le statut subalternes qui leur seront réservés dans la société et dans l’économie de ces sociétés arabo-musulmanes, où ils alimenteront la main-d’œuvre et feront office de serviteurs, de soldats, d’eunuques ou de concubines.
Le commerce négrier mené par les Arabes – qui prend racine au VIIe siècle pour s’achever définitivement au XXe siècle – eut des conséquences brutalisantes pour l’Afrique. Parmi celles-ci, la saignée démographique de plusieurs millions de déportés vers le nord du continent, le traumatisme des razzias et enfin les conditions subalternes des esclaves et de leurs descendances dans les pays arabo-musulmans. Il est par ailleurs fort étonnant de constater que si l’abolition officielle de l’esclavage intervient au XIXe siècle dans la plupart des pays du Maghreb, puis dans la première moitié du XXe siècle dans la péninsule arabique, l’extrême marginalisation sociale des Noirs n’a pas permis l’émergence d’une pensée revendicatrice et soucieuse de reconnaissance, comme ce fut le cas dans les Caraïbes et aux États-Unis en particulier.
L’histoire de l’esclavage en Afrique et dans le monde prend à coup sûr un tournant particulier avec l’implication des États européens à partir du XVIe siècle. Loin de s’insérer «simplement» dans un système mis sur pied par les Africains eux-mêmes, inhérent à leurs sociétés traditionnelles, puis repris par les Arabes pour leur propre compte, la traite transatlantique répond à un contexte particulier de développement économique des colonies européennes du Nouveau Monde. En ce sens, elle procède d’une logique propre de ponction et de déportation de millions d’esclaves noirs qui seront par la suite les principaux artisans du système des économies de plantation outre-Atlantique.
En effet, dans le sillage des puissances ibériques, Français, Anglais et Hollandais se sont livrés entre le XVe siècle et la fin du XIXe siècle au transfert forcé vers les Caraïbes et le Nouveau Monde d’environ 12 millions d’Africai...

Table des matières

  1. Avant-propos
  2. Introduction
  3. Chapitre 1
  4. Chapitre 2
  5. Chapitre 3
  6. Chapitre 4
  7. Chapitre 5
  8. Chapitre 6
  9. Conclusion
  10. Sources et bibliographie