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Le sort de la minorité japonaise aux États-Unis et au Canada

  1. 320 pages
  2. French
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Le sort de la minorité japonaise aux États-Unis et au Canada

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Même avant Pearl Harbor, les Japonais vivant sur les territoires américain et canadien, qu'ils soient citoyens, naturalisés ou immigrants reçus, de première ou de deuxième génération, sont considérés comme des traîtres potentiels. La guerre déclenchée, ils seront rassemblés, déportés, maintenus en captivité dans des camps de fortune et leurs droits et libertés seront suspendus. Ce que l'on sait peu ou pas, c'est que le Canada en rajoute: séparation des familles, incarcération dans des camps où le froid et le dénuement complet rendent les conditions de vie encore plus dures, propriétés vendues de force par le gouvernement. Ce n'est qu'après la guerre que ces citoyens vont pouvoir réintégrer la vie civile, traumatisés, dépouillés de leurs biens, encore victimes du racisme ambiant.Plusieurs d'entre eux trouveront refuge au Québec, où ils bénéficieront d'une relative bienveillance de la population et d'un appui important de l'Église.

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Informations

Les luttes pour le service militaire et les droits constitutionnels

Les Américains d’origine japonaise, même privés de leurs libertés, ne cessèrent jamais de lutter pour la justice et, grâce à ce combat, ils parvinrent à changer le cours des choses. Les Nisei et leurs alliés non japonais se mobilisèrent en particulier sur deux fronts pour rétablir les droits constitutionnels de leur communauté : celui du service militaire et celui des tribunaux. L’enrôlement de quelque 33 000 Nisei dans l’armée américaine pendant la guerre, surtout des volontaires venus des camps, permit de réfuter les images publiques des Japonais suspects et traîtres. Leur engagement était une preuve concrète et convaincante de la présence de bons et loyaux citoyens parmi eux. Le contingent formé exclusivement de Nisei, dénommé le 442e régiment d’infanterie de combat, et les interprètes nisei du Service de renseignement militaire (MIS) s’illustrèrent par des états de services exceptionnels, fût-ce au prix de milliers de vies perdues sur les champs de bataille. Cela conduisit d’ailleurs les autorités gouvernementales à accélérer la libération des détenus enfermés dans les camps. Le gouvernement canadien, en revanche, refusa à plusieurs reprises d’autoriser l’enrôlement des Canadiens japonais, ce qui bien sûr épargna des vies, mais entama aussi la réputation de l’ensemble du groupe. C’est un héroïsme d’un autre ordre dont firent preuve les membres du Heart Mountain Fair Play Committee (FPC) et d’autres insoumis qui résistèrent à la conscription. Ces Nisei refusèrent, par principe, de combattre tant que le gouvernement n’aurait pas rétabli les droits civiques de leurs familles retenues en captivité. Ils défendirent avec courage leurs droits constitutionnels, ce qui leur valut la prison et l’opprobre général.
Le mouvement des insoumis s’étendit ensuite à toute une série de contestations judiciaires du contrôle exercé par le gouvernement sur des civils : les Américains d’origine japonaise visés par le décret présidentiel 9066, bien sûr, mais aussi ceux soumis à la Loi martiale à Hawaï. Les dossiers des plaignants nisei qui avaient résisté aux couvre-feux et à la déportation au début 1942 progressèrent lentement dans les dédales des tribunaux fédéraux au cours des mois et des années suivantes. Pendant ce temps-là, la présence des Américains d’origine japonaise sur le territoire d’Hawaï demeurait le principal contentieux dans le débat portant sur la légitimité du gouvernement militaire. Ainsi, même dans les poursuites judiciaires intentées par des non-Japonais contre l’institution des tribunaux militaires, les Nisei pouvaient être considérés comme des « accusés de fait » puisqu’ils faisaient l’objet d’une attention toute particulière.
Les soldats nisei
La petite armée américaine des années 1930 comptait peu de Nisei – on dit que certains recruteurs, obéissant à leurs préjugés, refusaient d’enrôler les Américains d’origine chinoise ou japonaise[ 1 ]. Quand, en septembre 1940, le président Roosevelt signa le Selective Training and Service Act (la conscription), beaucoup de Japonais américains craignirent d’être exclus du service militaire en raison des tensions régnant dans le Pacifique. Mais on les intégra au même titre que les autres et quelque 3 000 Nisei de la côte Ouest et d’Hawaï se joignirent à l’armée dans l’année suivante. Leurs états de service impeccables et l’appui chaleureux de la communauté devant leurs efforts incitèrent de nombreux Américains blancs (notamment Eleanor Roosevelt, qui ne s’était jamais prononcée auparavant sur la question des Américains d’origine japonaise) à proclamer qu’ils croyaient en la loyauté de ce groupe. On recruta 45 Nisei (y compris des Kibei) comme étudiants et instructeurs dans la Fourth Army Intelligence School – qui deviendra plus tard l’école de langues du Military Intelligence Service (MIS) –, ouverte en novembre 1941 au Presidio à San Francisco[ 2 ].
Après l’attaque japonaise contre Pearl Harbor, les Nisei de la côte Ouest se précipitèrent pour grossir les rangs de l’armée américaine, mais on refusa de les engager. En février 1942, le département de la Guerre modifia le statut de tous les Nisei en âge de conscription pour en faire des « 4-C » (des étrangers ennemis) et leur interdit officiellement d’entrer dans l’armée. Comme on l’a déjà dit, à Hawaï les Nisei parvinrent à organiser la Varsity Victory Volunteers[ 3 ], mais on renvoya sans préavis les soldats nisei ayant suivi les cours d’entraînement des officiers de réserve, recrutés au départ pour constituer la Garde territoriale d’Hawaï[ 4 ]. Les Nisei hawaïens des 298e et 299e bataillons furent détenus à leur base, puis transférés au camp McCoy, dans le Wisconsin. Il s’agissait davantage de les éloigner du front du Pacifique que de les entraîner. Quant aux Nisei déjà engagés dans l’armée, on pouvait les renvoyer ou les garder, selon le bon vouloir de leurs officiers. Parmi les quelques GI nisei qui restèrent, le sergent Ben Kuroki de l’armée de l’air et le sergent Frank « Foo » Fujita, prisonnier de guerre en Asie, se distinguèrent par leur héroïsme[ 5 ]. Entre-temps, ceux qui travaillaient comme instructeurs ou traducteurs à l’école de langues du MIS (chassée du Presidio au printemps 1942 et finalement réinstallée au camp Savage dans le Minnesota) commencèrent à s’illustrer. Un groupe de traducteurs nisei, dont les frères Tadao et Takashi Kubo, servirent lors de la bataille de Guadalcanal en octobre-novembre 1942[ 6 ]. Ils découvrirent un document contenant la liste de tous les navires et de toutes les bases militaires de la marine impériale, avec leurs signaux d’appel et leurs noms de code. Peu après, le personnel du MIS traduisit une série de plans de bataille japonais conçus pour les Philippines[ 7 ].
Pendant l’été 1942, alors qu’on déportait les Japonais américains de la côte Ouest, le département de la Guerre, devant le besoin pressant d’effectifs militaires, entreprit une étude pour établir s’il fallait ou non autoriser les Américains d’ascendance japonaise à s’enrôler. Le général DeWitt, consulté à ce sujet, répondit en juillet par un mémo exprimant une fois encore sa réticence extrême; il y affirmait clairement que ces Américains n’étaient pas dignes de confiance. Si l’armée se résignait à accepter des soldats nisei, il faudrait bannir tous les Kibei et obliger les autres à servir dans des bataillons de travail sur le front européen seulement. Si toutefois l’armée décidait de ne pas accepter de soldats nisei (DeWitt laissait clairement entendre qu’il préférait cette solution), il faudrait alors rendre à la vie civile tous les Nisei déjà dans l’armée et les envoyer dans des camps. Une fois la guerre terminée, on expulserait du pays toute la population nikkei[ 8 ]. Conséquence probable du mémo de DeWitt, l’état-major général de l’armée, sous la direction du chef d’état-major adjoint, le général McNarny, recommanda officiellement de n’enrôler aucun Nisei dans les forces armées. On autorisa toutefois le colonel Kai Rasmussen à faire une tournée dans les camps de la WRA pour y recruter des civils, en l’occurrence environ 150 nouveaux professeurs de langue et divers spécialistes, pour l’école de langues du MIS[ 9 ].
C’est alors qu’une coalition assez peu commune se mit en place pour appuyer les soldats américains d’origine japonaise. Le 2 octobre 1942, dans une lettre au président Roosevelt, le directeur de l’Office of War Information, Elmer Davis, et son collègue, l’ancien directeur de la WRA, Milton Eisenhower, proposèrent que l’armée et la marine s’ouvrent aux Américains d’origine japonaise dont la loyauté serait assurée – autrement dit, des hommes soigneusement triés sur le volet. Ils souhaitaient aussi que le président déclare publiquement sa confiance envers les Japonais américains. Ces gestes, assuraient-ils, remonteraient le moral des détenus dans les camps et démentiraient les accusations ennemies voulant que les États-Unis soient engagés dans une guerre raciale contre tous les Asiatiques[ 10 ]. Le directeur de la WRA, Dillon Myer, et le secrétaire de la JACL, Mike Masaoka, appuyèrent sans hésiter cet appel au recrutement de soldats nisei. En octobre 1942, la JACL présenta une pétition au président demandant qu’on rétablisse la conscription pour les citoyens d’origine japonaise. De son côté, Myer faisait pression sur McCloy et sur Harry Hopkins, un proche conseiller de Roosevelt, pour qu’on leur accorde le droit de faire leur service militaire[ 11 ].
Roosevelt manifesta un intérêt prudent à l’idée de former des bataillons de soldats nisei non combattants et il s’enquit de l’opinion de ses principaux conseillers. Pour contrer d’emblée cette suggestion, Knox, le Secrétaire à la marine, invoqua l’opposition généralisée des officiers de la Marine envers les Japonais américains. Son point de vue l’emporta, et on interdit à ces hommes de s’engager dans la marine tout au long de la Deuxième Guerre mondiale. Les responsables du département de la Guerre parvinrent cependant à convaincre l’état-major général. Le 15 octobre 1942, le Secrétaire adjoint McCloy s’adressa au Secrétaire Stimson et recommanda que les Nisei soient autorisés à servir dans l’armée. McCloy affirma que la vaste majorité des Nisei étaient innocents et qu’on les avait injustement classés parmi les quelques indi- vidus déloyaux. On rachèterait leur loyauté si on les autorisait à s’enrôler[ 12 ]. Soutenu par McCloy, le Secrétaire Stimson informa le président que le département de la Guerre était favorable à l’enrôlement des Nisei. Les États-Unis pourraient redorer leur image en incorporant des soldats d’origine asiatique dans leurs troupes, disait-il, et les Nisei feraient de bons combattants. Stimson soutint aussi que la présence des soldats jouerait un rôle-clé pour toute la communauté sur le plan psychologique, car elle démontrerait que les Américains faisaient confiance aux Nisei. Tous ceux qui étaient détenus dans les camps se sentiraient plus respectés, facilitant ainsi leur assimilation une fois la guerre terminée.
Pour cette raison, Stimson argua que l’organisation d’un bataillon de travailleurs constituerait un «compromis frileux» qui ferait échec à l’objectif d’ouverture de l’armée aux Nisei[ 13 ].
McCloy se mit rapidement à l’œuvre pour obtenir l’appui des responsables militaires à ce plan. Il obtint d’abord l’accord du général George Marshall, le chef d’état-major de l’armée[ 14 ]. En décembre 1942, McCloy se rendit à Hawaï. Il y obtint du commandant général Delos Emmons qu’il approuve le recrutement des Nisei. Les efforts des membres de la Varsity Victory Volunteers vinrent appuyer la détermination de McCloy et d’Emmons de donner aux Nisei l’occasion de s’illustrer au combat. Dans les premiers jours de 1943, le département de la Guerre soumit un plan de recrutement d’une nouvelle unité, le 442e régiment d’infanterie de combat, qui serait composée de 3 000 volontaires sortis des camps et de 1 500 autres venus d’Hawaï[ 15 ].
Roosevelt ne fit aucun geste concret pour promouvoir l’enrôlement des Nisei au cours de l’automne 1942. Pourtant, il était sensible aux arguments de Stimson, en particulier celui du battage publicitaire que la présence de soldats nisei constituerait pour l’effort de guerre des Alliés – le président avait déjà informé son Secrétaire à la guerre qu’il était disposé à créer des unités « ethniques » spéciales s’il y avait quelque chose à en tirer sur le plan de la propagande – et, en janvier 1943, i...

Table des matières

  1. UN DRAME DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
  2. Table des matières
  3. AVANT-PROPOS
  4. INTRODUCTION
  5. Le contexte
  6. La genèse d’une décision
  7. La déportation et la détention
  8. Les camps
  9. Les luttes pour le service militaire et les droits constitutionnels
  10. La libération et la réadaptation des Issei et des Nisei après la guerre
  11. La communauté japonaise et le Québec
  12. Entre l’oubli et la réparation