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Les architectes, les urbanistes et parfois les architectes de paysage mentionnent dans leurs biographies pro­fessionnelles le « design urbain » comme appartenant à leur champ d'expertise. Les architectes, les urba­nistes et les architectes de paysage seraient-ils natu­rellement des designers urbains? Et le design urbain ne serait-il qu'une activité connexe de l'urbanisme, de l'architecture de paysage et plus encore de l'architec­ture? Cela a été probablement vrai, cela l'est de moins en moins et cela ne le sera plus dans l'avenir. La raison en est simple. Le design urbain est aujourd'hui devenu une discipline qui doit répondre non seulement à une demande exigeante tant culturellement que techni­quement, économiquement et environnementale­ment, mais aussi à une demande politique et citoyenne de plus en plus forte. Le design urbain a gagné son autonomie et il échappe désormais aux seules pra­tiques architecturales et urbanistiques. Certes le designer urbain « dessine » toujours la ville. C'est pour cela qu'il a besoin d'être formé au « dessin » pour être capable de la « dessiner » avec talent. Mais son rôle et sa responsabilité dépassent la simple composition gra­phique des espaces publics. Le design urbain s'affirme aujourd'hui comme une profession à part entière, une profession certes « cousine » des disciplines de l'archi­tecture, de l'urbanisme et de l'architecture de paysage, mais une profession autonome. C'est la raison de ce petit opus. Les lecteurs et lectrices constateront que le texte, pour illustrer la vitalité de la profession, fait référence à de nombreux auteurs, théoriciens et praticiens. De courtes biographies sont données en annexe.

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Informations

C’était une ville de rêve…
Il ne s’agit donc pas d’architecture.
Paul Valéry, Mauvaises pensées et autres
Les architectes, les urbanistes et parfois les architectes de paysage mentionnent dans leurs biographies professionnelles le «design urbain» comme appartenant à leur champ d’expertise. Les architectes, les urbanistes et les architectes de paysage seraient-ils naturellement des designers urbains? Et le design urbain ne serait-il qu’une activité connexe de l’urbanisme, de l’architecture de paysage et plus encore de l’architecture? Cela a été probablement vrai, cela l’est de moins en moins et cela ne le sera plus dans l’avenir. La raison en est simple. Le design urbain est aujourd’hui devenu une discipline qui doit répondre non seulement à une demande exigeante tant culturellement que techniquement, économiquement et environnementalement, mais aussi à une demande politique et citoyenne de plus en plus forte. Le design urbain a gagné son autonomie et il échappe désormais aux seules pratiques architecturales et urbanistiques. Certes le designer urbain «dessine» toujours la ville. C’est pour cela qu’il a besoin d’être formé au «dessin» pour être capable de la «dessiner» avec talent. Mais son rôle et sa responsabilité dépassent la simple composition graphique des espaces publics. Le design urbain s’affirme aujourd’hui comme une profession à part entière, une profession certes «cousine» des disciplines de l’architecture, de l’urbanisme et de l’architecture de paysage, mais une profession autonome. C’est la raison de ce petit opus.
Les lecteurs et lectrices constateront que le texte, pour illustrer la vitalité de la profession, fait référence à de nombreux auteurs, théoriciens et praticiens. De courtes biographies sont données en annexe.

Design urbain?

Le terme même de design urbain, en tant qu’association des deux mots «design» et «urbain», est une traduction directe de l’anglais urban design, qui a lui-même remplacé dans la documentation anglo-saxonne l’ancien terme de civic art tel qu’il est décrit dans les ouvrages de Charles Mulford Robinson (Modern Civic Art, Or the City Made Beautiful, 1903) ou de Werner Hegemann et Elbert Peets (American Vitruvius: An Architect’s Handbook of Civic Art, 1922). Ce terme était directement inspiré des pratiques de compositions classiques de l’École française des beaux-arts ou des écrits de théoriciens européens comme Camillo Sitte.
L’anglais fait une distinction nette entre urban planning et urban design. Le français, quant à lui, entretient une certaine confusion entre urbanisme et design urbain. Cette confusion tient au fait que le terme de design urbain, venu du monde anglo-saxon, ne s’est imposé que très récemment dans la terminologie française. Curieusement, dans le Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement (dernière édition, 2015), ouvrage de référence de Françoise Choay et de Pierre Merlin, il n’y a par exemple aucune entrée à «design urbain»; on y trouve seulement une entrée à urban design, décrit comme une pratique nord-américaine mêlant l’architecture urbaine avec les théories de la gestalt psychology. Dans ce dictionnaire, l’urban design se trouve associé aux mots clés «art urbain» et «composition urbaine».
Mais soyons clair, l’urbanisme et l’urban planning recouvrent en réalité les mêmes pratiques et se distinguent du design urbain et de l’urban design. Pour résumer, la terminologie anglaise nous aide mieux à situer la discipline de l’urban design / design urbain – sa théorie et sa pratique – par rapport à l’urban planning / urbanisme et la différencie de l’architecture. Pour Jerold S. Kayden, professeur à la Harvard University Graduate School of Design, «le programme de planification urbaine – urban planning program – ne doit pas plus devenir du design urbain allégé – urban design lite [light] – que le programme de design urbain ne doit devenir de la planification urbaine allégée – urban planning lite [light]». Plus précisément et toujours selon Jerold S. Kayden, la production de l’urban planning «prend la forme de textes, de plans en deux dimensions, de rapports, de programmations, de règlements, d’évaluations d’usages et également de maquettes en trois dimensions qui ne peuvent pas être considérées comme constructibles en l’état». L’urban design, quant à lui, «reprend la main et permet de passer de la planification à la réalisation». Dit autrement, l’urban planning / urbanisme et l’urban design / design urbain ne se confondent pas plus entre eux qu’avec l’architecture. Ils sont complémentaires. L’urban design / design urbain matérialise ce que l’urban planning / urbanisme a tracé.
Prenons l’exemple d’une rue, l’espace public par excellence. Lorsque je marche dans une rue, je peux percevoir le rôle du planificateur urbain / urbaniste, le rôle de l’architecte et le rôle du designer urbain. La rue doit à l’urbaniste sa situation dans le tissu urbain, ses dimensions fonctionnelles et ses réseaux (avec l’aide de l’ingénieur). L’urbaniste aura également défini et réglementé les alignements qui bordent cette rue et l’occupation des parcelles en indiquant les fonctions et les usages des futurs bâtiments ainsi que leur hauteur en fonction des densités imposées ou non. Certaines cultures urbaines, en Europe par exemple, demandent aux urbanistes de réglementer autant les dimensions des voies que les gabarits des bâtiments. Aux États-Unis, en revanche, une plus grande liberté est de coutume. La largeur des rues américaines a longtemps été uniquement définie par la possibilité pour un chariot attelé de faire demi-tour. La rue doit à l’architecte ses façades et ses boutiques et tout ce qui est édifié sur les parcelles qui la bordent. Elle doit au designer urbain la cohérence de l’ensemble. Le designer urbain habille l’espace public, il le meuble, il l’embellit, il le rend fonctionnel, accessible et sécuritaire.

«Dessin» urbain ou urban design / design urbain?

Ceci expliquant cela, je dois avouer qu’après une formation en architecture en France à l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris et à Versailles et une formation en urbanisme, j’ai longtemps considéré ce qu’on appelle le design urbain comme faisant naturellement partie de ma double pratique d’architecte et d’urbaniste. Comme si cette double formation me donnait de facto la capacité naturelle de pouvoir dessiner la ville à la manière d’un Claude-Nicolas Ledoux, d’un Henri Prost, d’un Le Corbusier ou d’un Oscar Niemeyer; de dessiner la ville idéale depuis le ciel; d’être celui que Le Corbusier nomme le «modeleur de ville», celui qui a la capacité démiurgique de tracer, de composer des espaces, de créer des grands ou des plus petits «gestes» urbains. J’étais convaincu du rôle prédominant de l’architecture qui, comme l’écrit Bruno Zevi, «apporte à la ville sa troisième dimension; en d’autres termes, [l’architecture] la réalise dans l’espace» (1960). J’oubliais avec Bruno Zevi que la ville n’est pas seulement de l’architecture, mais aussi des rues, des trottoirs, des places publiques, des ponts, des quais, des parcs paysagés et des promenades; que la ville relève des politiques publiques, des pratiques sociales et des capacités économiques des pouvoirs publics. Ma découverte de l’urban design modifiera profondément mon point de vue.
Il est vrai que dans les villes européennes et dans les villes coloniales le «dessin» urbain comme composition urbaine est dès son origine lié aux pouvoirs – religieux ou profanes, totalitaires ou démocratiques – qui le commandent et surtout qui le financent: pouvoirs pontificaux et princiers à la Renaissance, pouvoirs royaux à l’Âge classique, pouvoir bourgeois à partir de l’ère industrielle. Le dessin urbain, comme composition urbaine, définit ce qu’il est juste d’appeler les règles de mise en forme des décors du pouvoir. Il a pour fonction d’en symboliser la puissance et d’en matérialiser la permanence. Le dessin des villes a traversé ainsi les diverses influences esthétiques et scientifiques, de l’embellissement des villes au XVIIIe siècle aux diktats rationalistes du Mouvement moderne du XXe siècle, en passant par les théories hygiénistes du XIXe siècle.
La grande majorité des villes des États-Unis et du Canada ont historiquement échappé aux modèles européens de la composition urbaine. À l’exception du court épisode du City Beautiful, né de la Columbian World’s Fair de Chicago (1893), croisement de la tradition beaux-arts européenne et du landscape anglais, l’impact de ce civic art est resté très limité et ne se retrouve aujourd’hui que dans la théorie étasunienne du New Urbanism (1994) qui veut faire revivre le pittoresque urbain des villes européennes dans une vision nostalgique et fantasmée.
Il est fondamental de comprendre que l’Amérique du Nord – entendons ici les États-Unis et le Canada – n’a pas eu comme l’Europe la volonté de faire de ses villes les symboles du pouvoir politique. L’exception – il y a toujours une exception – est Washington D.C., et cette exception reste l’unique influence de composition baroque importée par le français Pierre Charles L’Enfant. Bien au contraire, les villes nord-américaines – je parle ici des villes d’après la Révolution américaine – ont été simplement tracées selon des grilles plus ou moins régulières et isomorphes et pour un grand nombre de villes étasuniennes sur le modèle des Land Ordinances de Thomas Jefferson, c’est-à-dire sous la forme de damiers sans autre souci de composition urbaine que celui de réserver un certain nombre de lots à des fins d’espaces collectifs ou de bâtiments publics et sans volonté de mettre en valeur des espaces publics en particulier ou des lieux prestigieux. Les villes américaines et canadiennes ont connu un développement identique, où la liberté d’édifier sur son terrain indépendamment du voisin a produit cette image des villes à la fois chaotique et audacieuse dans sa forme et dans son échelle.
Le grand oublié de ce laisser-faire nord-américain reste l’espace public réduit à un réseau de voies uniquement fonctionnel destiné aux déplacements et aux approvisionnements, sans aucun intérêt pour l’esthétique. Cette pauvreté spatiale et l’absence totale d’échelle humaine conduiront la journaliste et théoricienne Jane Jacobs à dénoncer en 1956 la prolifération de ces espaces prodigieusement «ennuyeux» («in most urban development plans, the unbuilt space is a giant bore»).
C’est en travaillant aux États-Unis, en découvrant les villes américaines et en venant enseigner au Canada que je me suis familiarisé avec l’urban design et que j’ai compris comment ce design urbain imaginé par l’Amérique, à la fois hérité et émancipé du design urbain que je connaissais en Europe, s’impose à l’évidence comme la clé pour une pratique renouvelée d’une fabrique de la ville vivable, viable et équitable, comment, au-delà de son action d’embellissement, le design urbain joue un rôle fondamental pour rendre les villes inclusives. J’ai pu approfondir les liens entre les théoriciens européens qui représentent d’une certaine manière les racines du design urbain et les théoriciens américains qui ont interprété ces racines pour en faire une pratique originale. J’ai compris que le «dessein urbain» européen répond à une volonté politique, alors que le design urbain américain répond à une volonté du public, autrement dit qu’il émane de tous les acteurs de la société: institutionnels, privés et citoyens. C’est ce que j’ai résumé en une formule: le design urbain européen fait élire, le design urbain américain fait vendre. Comprendre ce pont Europe-Amérique est important pour le designer urbain. Comment relier les travaux de théoriciens, de praticiens et d’historiens comme Aldo Rossi, Bruno Zevi, Gordon Cullen, Jean Castex et Philippe Panerai, David Mangin, pour n’en citer que quelques-uns, avec les travaux d’Eric Mumford, de Jonathan Barnett, d’Alexander Cuthbert, de David Gosling, d’Alex Krieger et de tant d’autres? Sans renier l’héritage européen, mais en l’abordant de façon décomplexée, l’urban design américain a su poser les bases d’une profession originale destinée à prendre parmi les professionnels de l’urbain une place de plus en plus grande: designer urbain. «Né» à l’Université Harvard, aux États-Unis, l’urban design s’impose aujourd’hui comme une discipline autonome, reconnue internationalement, qui possède sa propre formation universitaire, ses praticiens, son propre domaine de recherche, ses revues scientifiques et ses tribunes de débat. Ces recherches et ces débats rendent compte de la vitalité du design urbain et du travail professionnel que le designer urbain doit accomplir pour améliorer l’espace urbain dans toutes les dimensions: sociale, économique, environnementale, politique… et esthétique.

Que s’est-il passé à Harvard en 1956?

Il est important de rappeler que l’urban design est né d’une circonstance de l’histoire: l’arrivée massive entre 1937 et 1939 de l’avant-garde architecturale, urbanistique et artistique européenne qui fuyait la montée du nazisme en Allemagne. Les représentants de cette avant-garde, dont l’architecte et urbaniste José Luis Sert fait partie, vont être non seulement bien accueillis dans les milieux universitaires et professionnels américains, mais ils vont aussi et surtout pouvoir tester et développer des théories et des approches plus librement qu’ils ne l’eurent fait en Europe.
Les 9 et 10 avril 1956, José Luis Sert, alors doyen de la Graduate School of Design de Harvard, réunit vingt-huit professionnels de la ville – urbanistes, planificateurs, architectes, politiques, promoteurs, paysagistes, théoriciens, historiens, juristes, journalistes, artistes – dans une conférence dont les Actes ont été publiés dans le 8e numéro de la revue Progressive Architecture, daté d’août 1956. Cette conférence va devenir annuelle et se répéter jusqu’en 1970. Les années qui suivront la première conférence verront la participation de tout ce que les États-Unis comptent d’experts et de praticiens de la ville. Kevin Lynch et Christopher Alexander y feront leurs premières apparitions publiques. L’idée de la conférence est l’œuvre des organisateurs, José Luis Sert et Jacqueline Thyrwitt, piliers des Congrès internationaux d’architecture moderne (CIAM) avec l’historien Siegfried Giedion, à qui l’on doit notamment l’ouvrage Espace, temps, architecture paru en 1940. Si José Luis Sert est le premier à utiliser le terme d’urban design lors d’une conférence qu’il prononce à Washington, c’est Siegfried Giedion qui introduit le concept d’urban design dans son cours «History of Urban Design» qu’il donne à la Graduate School of Design fin 1954. Il est intéressant de noter que le terme d’urban design ne va pas faire immédiatement l’unanimité. On parlera de civic design, l’anglais Frederick Gibberd proposera town design et Kevin Lynch préfèrera celui de city design; ce sont des preuves de la nouveauté du concept. L’objectif de José Luis Sert et des membres du groupe est de jeter collectivement les bases d’une nouvelle discipline, d’en discuter tous les aspects à partir d’un maximum de points de vue avec un maximum d’acteurs de la ville. Sert, en synthétisant ces points de vue, définira les designers urbains comme ceux qui doivent «être les premiers à croire aux villes, à leur importance et à leur apport au progrès humain et à la culture». Il lance à cette occasion son mot d’ordre: «we must be urban minded». Mais le changement le plus spectaculaire qui va véritablement permettre de passer du design urbain classique à l’urban design se trouve à la fin de l’introduction qu’il prononce à l’ouverture de la conférence:
Si nous coordonnons tous nos efforts pour faire en sorte que la ville soit le meilleur endroit où vivre et si nous ne voulons pas faire du centre urbain un simple lieu d’affaires, de commerce et de transit, notre design doit être guidé par l’échelle humaine, les besoins et les aspirations spirituelles de l’Être humain. Je voudrais recommander à tous ceux qui s’intéressent à la problématique du design urbain de considérer l’Homme au cœur de cette problématique; c’est le respect de l’aspect humain des choses qui doit nous guider.
Ce plaidoyer annonce, cinquante-quatre ans à l’avance, l’ouvrage Pour des villes à l’échelle humaine (2010) du théoricien danois Jan Gehl. Le design urbain, en traversant l’Atlantique, ne répond plus seulement au pouvoir des commanditaires, mais aussi aux besoins des citoyens. Il se met en place pour devenir ce qu’il est aujourd’hui: une discipline autonome des autres «disciplines de l’espace»; un métier à part entière se détachant des métiers qui l’ont vu naître.

Que fait le designer urbain?

C’est la question que m’a posée un jour une étudiante à la fin d’un de mes cours sur le design urbain: «Mais que fait le designer urbain?»
Comme toute question simple en apparence, la réponse ne peut être que difficile. Cette question est sans aucun doute le point de départ de cet ouvrage. Mais surtout cette question a fait resurgir dans ma mémoire cette même question posée en 2006 par Alex Krieger, professeur d’urban design à Harvard, dans un article du Harvard Design Magazine intitulé «The Origins and Evolutions of Urban Design». À la question «Que fait le designer urbain?», Alex Krieger répond:
Leur rôle [designers urbains] est d’une certaine façon de traduire les objectifs de planification des espaces, des schémas d’établissement et des affectations de ressources en stratégies physiques pour guider le travail des architectes, développeurs et autres aménageurs.
«Traduire» et «guider» sont à mon sens les deux mots c...

Table des matières

  1. Design urbain?
  2. «Dessin» urbain ou urban design / design urbain?
  3. Que s’est-il passé à Harvard en 1956?
  4. Que fait le designer urbain?
  5. Qui sont les designers urbains?
  6. Quelles connaissances? Quelles compétences?
  7. Quelle formation?
  8. Un métier de terrain?
  9. Quelles responsabilités pour le designer urbain d’aujourd’hui?
  10. Design urbain et mutations urbaines
  11. Design urbain et pouvoir des citoyens
  12. Design urbain et sécurité des espaces
  13. Design urbain et réconciliation ville / nature
  14. Quelles responsabilités pour le designer urbain de demain?
  15. Et la recherche?
  16. Lectures complémentaires
  17. Répertoire des noms propres