L'analyse du risque politique
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L'analyse du risque politique

  1. 238 pages
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L'analyse du risque politique

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À propos de ce livre

Surtout utilisée dans le monde des affaires, l'analyse du risque politique fait son entrée à l'université. À la fois une trousse à outils et un programme de recherche novateur, cet ouvrage unique en français se veut une référence pour ceux et celles qui souhaitent s'initier à cette pratique émergente. Il intéressera les étudiants, les chercheurs et les praticiens soucieux d'explorer la science politique de manière appliquée. Assorti d'études de cas que les professionnels de divers milieux (financier, sécuritaire, contre-terroriste, etc.) explicitent avec leurs grilles de lectures et leurs méthodes de travail, il inscrit l'analyse du risque politique dans une démarche rigoureuse, collaborative et interdisciplinaire. Conscients des limites et des effets des analyses, les auteurs repensent et mesurent les risques en fonction de l'évolution du monde en montrant comment, dans plusieurs domaines, les décisions de nature politique sont prises. Cet ouvrage entend ainsi appréhender l'incertitude et concevoir les futurs, tout en gardant une saine distance critique.

Foire aux questions

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Informations

CHAPITRE 1

L’analyse du risque politique
et les praticiens

Raouf Farrah
L’analyse du risque politique (ARP) est une pratique professionnelle et un champ d’études encore peu connu dans le monde francophone. C’est par l’intermédiaire d’une actualité politique internationale riche en rebondissements que le grand public commence à découvrir l’ARP. Le 17 mars 2018, le journal américain The New York Times et le site britannique The Observer ont révélé au monde entier les prémisses de ce qui sera connu comme le scandale Cambridge Analytica. Ce cabinet de conseil politique britannique, spécialisé dans la gestion des données, a recueilli illégalement des millions de renseignements personnels sur des utilisateurs Facebook et fourni des services-conseils à des politiciens, sur la base de ces données, afin d’influencer le vote des électeurs1. L’affaire a braqué les projecteurs sur le domaine du conseil en risque politique, apparaissant comme un «monde» à la fois fascinant par ses capacités prédictives et inquiétant par son aptitude à «fabriquer» des choix politiques2. Elle a aussi interpellé le grand public quant aux répercussions des avancées technologiques de la quatrième révolution industrielle sur le domaine de l’ARP (Schwab, 2017), mais surtout, sur les défis éthiques qui la sous-tendent, notamment la question de la protection des données et des cyberrisques.
Les évolutions spectaculaires dans le domaine des nouvelles technologies, le développement du cyberespace comme enjeu politique et l’émergence de l’économie numérique comme champ de rivalité entre les États sont en train de transformer la nature et les objets de l’ARP. À cela s’ajoutent les progrès remarquables en intelligence artificielle et la disponibilité croissante des données de masse (big data). Toutes ces transformations exigent une révision des catégories classiques de l’ARP ainsi que la prise en compte de la jonction des risques politiques et technologiques et de ses implications immédiates sur le monde.
Cette convergence des risques se matérialise déjà dans des phénomènes sophistiqués qui causent des dommages conséquents3. En mai 2016, la cyberattaque mondiale WannaCry en a été une illustration des plus retentissantes: le rançoncigiel WannaCrypt a infecté plus de 300 000 ordinateurs dans plus de 100 pays dans le monde. Celui-ci visait tout particulièrement des infrastructures stratégiques et des institutions politiques telles que le National Health Centre en Grande-Bretagne ou le ministère de l’Intérieur de la Fédération de Russie, et a causé des pertes financières estimées à plus 4 milliards de dollars. WannaCry a balayé une vague d’incertitude sur l’économie mondiale et mis en alerte l’ensemble de la communauté internationale sur la convergence des cyberrisques et des risques politiques.
Avant d’explorer davantage l’ARP à l’ère de la quatrième révolution industrielle, il est primordial d’en comprendre les fondements en commençant par une définition pratique qui se focalise sur les besoins de l’utilisateur. L’ARP est d’abord une pratique professionnelle qui répond aux besoins de prises de décision des milieux d'affaires, des États et des gouvernements, mais aussi des organisations internationales (OI) et non gouvernementales (ONG).

Entre pratique professionnelle
et discipline émergente

Le concept de risque politique renvoie à une variété de phénomènes et de réalités complexes allant des risques liés au conflit et au terrorisme à la cybercriminalité en passant par les changements de régime. Le caractère polymorphe du concept rend difficile la délimitation d’une définition admise par tous les acteurs. La science politique, les études du développement, les relations internationales, le monde des affaires, la géographie économique et même la finance revendiquent le risque politique. C’est le grand usage du concept par plusieurs disciplines qui limite, jusqu’à un certain point, ses avancées théoriques. Néanmoins, il est admis que le risque politique fait référence à toute action politique, sociale et sécuritaire susceptible de créer un changement capable à son tour d’avoir un effet significatif sur des intérêts politiques, économiques, humains ou diplomatiques d’un acteur privé ou public. Pendant longtemps, le concept de risque politique renvoyait dans l’imaginaire des acteurs du monde des affaires à la notion de risque-pays, qui consiste en une évaluation générale des risques politiques, économiques, financiers et réglementaires d’un pays donné. Souvent mobilisé par les investisseurs privés, le risque-pays dresse un état des lieux des récents développements dans un pays afin d’offrir aux utilisateurs un survol de la situation générale.

L’analyse du risque politique
en tant que pratique

L’ARP est à la fois un «art» de la pratique et une «science» en émergence. En tant que profession reconnue, l’ARP se définit comme un exercice analytique qui s’intéresse, de près ou de loin, à tous les risques structurels ou conjoncturels à caractère politique. L’ARP fait appel à des formes de jugement et d’arbitrage décisionnels sur des phénomènes et des événements variés tels que les mobilisations sociales, les attentats terroristes, les élections ou les changements réglementaires. L’ARP est un outil d’analyse, d’évaluation et de prédiction qui mobilise une pléthore de techniques, d’expertises et d’instruments en fonction des besoins et des objectifs de l’utilisateur. Généralement, les analystes en risque politique sont ceux qui discernent les risques et les facteurs concomitants à une situation ou à un phénomène donnés. Ces risques sont souvent divisés en risques mondiaux, nationaux ou locaux. Les analystes évaluent leur degré d’importance et la sévérité de leurs conséquences, décryptent leur évolution en formulant des tendances ou des hypothèses et émettent des recommandations concrètes en suggérant des scénarios plausibles.
Les gouvernements, les administrations publiques et les organisations internationales emploient de plus en plus l’ARP, pourtant d’abord mobilisée par les acteurs du secteur privé. Les acteurs publics font appel à l’ARP pour de multiples raisons: déterminer la faisabilité du déploiement d’une mission militaire, optimiser les risques dans le financement de programmes de développement, effectuer des projections sur les risques géopolitiques d’une région donnée, etc. L’ARP peut aussi se décliner en veille stratégique, surtout pour les régions critiques ou pour des utilisateurs en quête d’informations difficiles d’accès. L’ARP peut jouer le rôle de service de contre-expertise afin de vérifier et de corroborer les conclusions et les analyses internes de grandes structures privées et publiques.
Pour les entreprises privées, les produits de l’ARP couvrent généralement tout ce qui ne relève pas stricto sensu des risques économiques et commerciaux. Ces produits sont convoités en tant qu’outil d’information et d’orientation et servent à traduire les répercussions des risques politiques en données économico-financières. Pour plusieurs organisations, l’ARP se limite à un exercice de prédiction par lequel le praticien met sur papier des scénarios concrets qui aideront le principal intéressé à se prémunir contre les effets du scénario catastrophe, le «worst case scenario » (Bremmer, 2005).
Avec le temps, cette vision de l’ARP en tant que bouclier de «protection» contre le «pire» perd en attractivité. Elle est concurrencée par une nouvelle approche qui met en avant la capacité de l’ARP à créer des «occasions» pour les entreprises. En d’autres mots, non seulement l’ARP permet à son utilisateur de se prémunir contre des risques politiques identifiés, mais elle génère aussi des occasions économiques qui créent de la valeur ajoutée. Il s’agit donc moins d’établir des mécanismes et des techniques de protection que de proposer une visibilité sur les risques politiques complexes et d’anticiper les occasions qu’ils génèrent dans la prise de décision4.

L’ARP en tant que discipline

À ce jour, aucun paradigme dominant n’encadre le développement théorique ni ne traite des défis épistémologiques de l’ARP. Des tentatives de construire un cadre théorique cohérent ont vu le jour ces dernières années sans pour autant réussir à s’imposer comme référence5. Le caractère scientifique de l’ARP dépend de l’exercice de calcul du risque comme processus d’évaluation de l’incertitude politique. Mais l’ARP ne peut s’en tenir à la simple estimation «objective» d’une valeur de risque politique. Pour les utilisateurs, cette valeur est plutôt déterminée par la capacité de l’ARP à traduire des phénomènes et des réalités complexes en objets élémentaires, proches des faits observables. Or, un des défis majeurs de la discipline demeure la difficulté d’évaluer les méthodologies employées par les groupes spécialisés en risque politique. Le manque de transparence dans la construction des modèles d’analyse, d’évaluation des risques et des méthodes de collecte des données est symptomatique d’une activité en tension entre pratique commerciale et discipline en émergence. Il n’en demeure pas moins que l’ARP commence à se constituer une communauté diversifiée et dynamique qui collabore pour corriger les écueils de la pratique et renforcer la discipline. Le rapprochement entre les praticiens, le monde universitaire et les sphères économiques et gouvernementales y contribue grandement. Des centres de recherche qui travaillent sur les risques politiques naissent sur tous les continents, tandis que de puissantes instances internationales telles que le Forum économique mondial mettent en avant l’importance de l’ARP dans le déchiffrage d’un monde de plus en plus complexe6.

L’ARP au service de la prise de décision

Qu’elle soit mobilisée par les acteurs économiques, les gouvernements, les OI ou les ONG, l’ARP est un exercice qui combine analyse, évaluation et prévision de risques politiques afin de permettre à l’utilisateur de réaliser ses objectifs. L’ARP se concrétise dans la production de divers types de matériels orientés vers les besoins de l’utilisateur: rapports sur une région ou un pays donné, scénarisations et projections d’événements politiques, index et mises à jour de cartes de risque, notes d’informations sectorielles, etc. Les produits et les services en ARP (veille, prévision, analyse, prédiction) éclairent l’utilisateur sur les risques politiques et permettent d’évaluer leurs éventuelles répercussions sur des orientations et des décisions stratégiques.
La prise de décision est un processus complexe qui vise à sélectionner une action parmi différentes options selon des objectifs clairs et des critères d’évaluation donnés7. Pour les acteurs économiques, la prise de décision se décline sur trois niveaux: stratégique, tactique et opérationnel. Ces niveaux se caractérisent par l’horizon temporel du projet, la réversibilité de la décision et la nature de l’information mobilisée. Les décisions stratégiques engagent l’entreprise sur la longue durée et renvoient à des choix majeurs. Par exemple, lorsqu’un constructeur automobile souhaite investir dans une usine de production de véhicules dans un pays donné, il demande les services d’une agence en ARP, qui lui dresse une évaluation exhaustive détaillant les répercussions des risques politiques et sectoriels sur le projet en question. Les décisions tactiques d’une organisation font référence à des choix modifiables à moyen terme et ajustables durant la période du projet. Pour les analystes en ARP, elles renvoient généralement à la préparation de produits ARP liés à des enjeux de prévision. Il s’agit souvent de consultations et de rapports prévisionnels courts qui informent l’utilisateur sur l’évolution des risques dans un horizon temporel limité. En dernier lieu, les décisions opérationnelles sont des engagements à court terme, fréquents et programmables. Généralement, les analystes en ARP s’appuient sur des informations endogènes au projet pour accompagner et conseiller l’utilisateur dans la prise de décision, et ce, par un travail de veille régulier sur le projet. Le caractère réversible des décisions opérationnelles nécessite une collaboration étroite entre l’utilisateur et les a...

Table des matières

  1. Remerciements
  2. Avant-propos
  3. Introduction
  4. CHAPITRE 1
  5. L’analyse du risque politique et les praticiens
  6. CHAPITRE 2
  7. La veille du risque politique
  8. CHAPITRE 3
  9. Des enseignements de la science politique à l’analyse du risque politique
  10. CHAPITRE 4
  11. Les agences de notation: grilles et indicateurs pour le risque politique
  12. CHAPITRE 5
  13. Les réflexes analytiques et les outils méthodologiques qualitatifs
  14. CHAPITRE 6
  15. L’anticipation et la gestion du risque au service de la protection des personnes
  16. CHAPITRE 7
  17. La géopolitique et les investissements: risques et occasions d’affaires
  18. CHAPITRE 8
  19. Le risque terroriste dans un monde incertain
  20. CHAPITRE 9
  21. Pour une analyse critique du risque
  22. CHAPITRE 10
  23. L’action législative: un outil de gestion du «risque terroriste»?
  24. Conclusion
  25. Notices biographiques