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Perspectives plurielles

  1. 299 pages
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Perspectives plurielles

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À propos de ce livre

Axé sur les enjeux sociaux, économiques et politiques de notre temps, cet ouvrage est une réflexion sans complaisance sur le vieillissement. Il met en lumière les savoirs actuels sur les habitats et leur aménagement au regard de la demande implicite de la société qui vise à ce que les gens vieillissent chez eux, dans leur communauté. Où en est la recherche à ce sujet au Québec et dans les collectivités francophones? Quelles sont les politiques publiques et les pratiques d'aménagement dans ce contexte? Comment adapter et créer des milieux de vie sains, sûrs et accueil­lants pour tous les âges dans les régions et les villes d'aujourd'hui et de demain?Les auteurs, des chercheurs et des professionnels issus de plusieurs disciplines, analysent cette question dans un contexte nouveau où le vieillissement démographique a d'abord capté l'attention des domaines de la santé, de l'économie du travail et de la fiscalité. Trois thématiques structurent l'ouvrage: les façons de penser le vieillissement et d'anticiper son impact, l'évaluation des espaces publics et de la mobilité et les transformations à imaginer pour les milieux bâtis. L'originalité de ce livre tient ainsi à la juxtaposition de problèmes et d'approches envisagés dans une perspective interdisciplinaire.

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Informations

PREMIÈRE PARTIE

Anticiper les incidences
du vieillissement

CHAPITRE 1

Perspectives critiques en vue
d’un programme durable
pour les environnements sociaux

Amanda Grenier
Au fil de l’évolution démographique de la population, nous devons trouver de nouvelles solutions pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées. Nous devons porter un regard nouveau non seulement sur les programmes et les services, mais également sur la façon dont nous vivons notre vie au quotidien. À l’heure actuelle, les sociétés dans lesquelles nous évoluons, et en particulier les institutions avec lesquelles nous entrons en contact, sont organisées en fonction de normes qui reposent sur l’âge et sur les étapes de la vie. L’âge chronologique est profondément ancré dans les institutions qui façonnent notre existence, et notre parcours de vie est délimité par des seuils précis fondés sur les étapes de la vie, comme les études, le travail et la retraite. De ce fait, certains considèrent que nos sociétés actuelles sont ségréguées en fonction de l’âge et que cette ségrégation a une incidence profonde sur notre manière de percevoir le vieillissement et l’âge avancé et d’intervenir auprès des personnes âgées. Dans un contexte social et culturel en rapide évolution, les définitions de l’âge et du vieillissement se transforment. Il en est ainsi tant à l’échelle sociale que sur le plan personnel, comme en témoigne la tendance à repenser les mesures fondées sur l’âge, telles la retraite, ou encore la redéfinition – voire le rejet – par les personnes âgées des catégorisations reposant sur l’âge («Je ne suis pas vieux»). Malgré l’émergence d’un débat dans lequel certaines parties prenantes évoquent abondamment les intentions néolibérales de démantèlement des services publics, on s’accorde à dire qu’il existe un «décalage» entre les interprétations sociales et culturelles de l’âge, d’une part, et les politiques et les programmes visant à répondre aux besoins des personnes âgées, d’autre part. Le «grisonnement» de la société et le programme politisé qui en découle attireront vraisemblablement une attention accrue sur ce décalage et nous pousseront à nous demander comment édifier pour l’avenir une société durable comprenant un nombre croissant de personnes âgées.
Ancrées dans nos institutions, les notions d’âge et d’étapes de vie se matérialisent dans le discours politique, les cadres conceptuels, les interventions sociales et les efforts de planification; elles peuvent donc faire naître et perdurer une «ségrégation en fonction de l’âge». Pour arriver à ce que Riley, Kahn et Foner (1994) appellent une «société intégrée sur le plan de l’âge», nous devrons revoir fondamentalement notre façon de conceptualiser le vieillissement et de concevoir les espaces pour répondre aux besoins des personnes âgées. À cette fin, nous pouvons par exemple nous placer dans une perspective relationnelle qui tienne compte des rapports entre les personnes âgées et la société, ainsi que de leurs relations interpersonnelles. En particulier, nous avons besoin de recherches et de perspectives qui nous rendent capables de comprendre la relation entre la manière de vivre des personnes âgées, les schémas interprétatifs par lesquels la société conçoit les cycles de vie, ceux par lesquels les personnes âgées donnent un sens à leur vie et les structures sociales et institutionnelles qui orientent nos réponses au vieillissement. Une démarche interdisciplinaire dépassant les frontières de la gérontologie critique et de la gérontologie culturelle peut éclairer les problèmes actuels liés au vieillissement et nous aider à élaborer un programme durable pour l’avenir. Elle peut aussi jeter la lumière sur les disjonctions qui existent entre les cadres généraux du parcours de vie et l’expérience individuelle du vieillissement et de l’âge avancé. Forts des connaissances découlant de cette démarche, nous pourrons commencer à repenser nos stratégies et nos interventions auprès des personnes âgées.

Interprétations changeantes
du vieillissement et de l’âge avancé

Le portrait actuel du vieillissement témoigne d’une contradiction intrinsèque entre d’une part, des modèles et des cadres conceptuels découlant d’hypothèses fondées sur l’âge et sur les étapes de la vie et, d’autre part, la vision plus récente d’un parcours de vie qui peut être fluide, vague ou fragmenté (Featherstone et Wernick, 1995). En nous penchant sur les transitions et sur les parcours de vie, nous découvrons à quel point les hypothèses tenues pour acquises au sujet des étapes de la vie continuent d’orienter nos interprétations et nos attentes. Il en va ainsi tant sur le plan des notions socioculturelles telles que l’âge qu’à l’échelle des interventions organisationnelles ou institutionnelles structurées qui concernent, par exemple, l’admissibilité aux programmes sociaux. La distinction entre la jeunesse et la «vieillesse» est un exemple d’hypothèse socioculturelle, tandis que la retraite signe une dépendance structurée par des politiques de sortie du marché du travail qui reposent sur l’âge chronologique. Même si les débats contemporains sur l’âge de la retraite et sur la transformation du concept de dépendance ont une portée très vaste, la discussion publique et politique a tendance à se cantonner aux questions d’âge chronologique et aux controverses concernant l’âge d’admissibilité aux programmes sociaux.
La distinction établie initialement par Laslett (1989) entre le «troisième âge», qualifié de période de possibilités, et le «quatrième âge», qualifié de période de déclin – périodes qui se sont consolidées pour devenir d’importants seuils socioculturels – illustre tout aussi bien le fait que les notions d’âge et d’étapes de vie continuent de sous-tendre les modèles et les attentes concernant l’âge avancé. Le concept du «troisième âge» visait à remettre en question la transformation de l’âge en chronologie naturelle, mais son utilisation comme construction mentale socioculturelle a renforcé l’idée du déclin progressif de la vie ainsi que le clivage fondé sur les étapes de la vie et enraciné dans cette distinction même entre santé et déclin. Par conséquent, on a assimilé le troisième âge à un mode de vie consommable souhaitable, alors qu’on interprétait le quatrième âge comme une période de décrépitude et de déclin. Cette approche signifie que les notions socioculturelles orientent des décisions ou des interventions qui sont désormais différenciées entre la population en bonne santé et la population malade. Cela ressort particulièrement dans les politiques qui visent la population active en bonne santé au moyen d’un ensemble d’interventions donné et la population âgée, fragile et en situation de déclin au moyen d’un ensemble d’interventions différent. Bien qu’elle puisse sembler logique dans le contexte des pratiques en matière de soins de santé et de services sociaux, cette manière de penser peut être rapidement contrée par des perspectives qui s’éloignent de la ségrégation et qui adoptent, par exemple, des notions telles que la conception universelle, l’habitat intermédiaire et une meilleure intégration globale des espaces communautaires.
Alors que les structures sociales et institutionnelles et les notions socioculturelles sont plutôt statiques, on observe une évolution des interprétations et des modèles relatifs au parcours de vie. Le processus de vieillissement a pris un autre sens dans le contexte contemporain, et les spécialistes du domaine, tout comme les personnes âgées, réexaminent les attentes et les interprétations qui y sont associées. Désormais, on ne tient plus pour acquis que l’âge est essentiellement un facteur biologique. On admet plutôt que l’expérience du vieillissement est en partie façonnée par la culture (Gullette, 2004), qu’on en saisit le sens grâce à l’interprétation et que les nouvelles représentations et les nouveaux modes de vie sont de plus en plus définis par les discours culturels sur le «succès» ou le temps libre (Katz, 2010). De ce fait, la réflexion sur les attentes personnelles, sociales et culturelles, sur l’expérience du vieillissement et sur de nouveaux scénarios pour le changement a pris une importance croissante dans la compréhension du vieillissement et de l’âge avancé. Les visions naissantes du vieillissement en sont donc venues à inclure une acceptation notable du caractère variable de l’expérience (dans les limites reconnues des modes de vie sains) ainsi que de l’effacement des distinctions entre les étapes de la vie. L’amenuisement progressif des anciens cadres conceptuels se constate non seulement dans l’attrait que les loisirs non définis par l’âge exercent sur les personnes retraitées, mais aussi dans les projets politiques, plus particulièrement dans la reformulation de concepts tels que la dépendance. On assiste par conséquent à une redéfinition du vieillissement, dans laquelle l’identité, le mode de vie et l’expérience individuelle servent à transcender ou à attaquer les modèles classiques de transition et de parcours de vie. Dans ce contexte, les transitions classiques sont de plus en plus remises en question, et les modèles de transition statiques ne sont plus considérés comme universels; par exemple, l’entrée sur le marché du travail et la sortie du marché du travail ont perdu leur caractère bien défini. L’expérience du vieillissement pourrait être plus étroitement liée aux situations et au vécu social qu’à l’âge. Le vieillissement et la définition de la vieillesse sont passés d’un concept relativement fixe à un thème de débats. L’idée selon laquelle le parcours de vie est activement façonné par le rapport aux structures sociales et institutionnelles, aux réseaux de relations interpersonnelles et aux lieux contribue grandement à l’émergence d’une vision contemporaine du vieillissement et du parcours de vie. De ce fait, l’élaboration de modèles d’intervention durables reposera sur l’évaluation de la manière dont les démarches actuelles reproduisent les limites dictées par l’âge et par les étapes de la vie, d’une part, et sur la compréhension des processus sociaux complexes et des valeurs culturelles qui accompagnent le vieillissement, d’autre part.

Au-delà des frontières de la gérontologie critique
et de la gérontologie culturelle

Je propose une démarche interdisciplinaire qui réunit la gérontologie critique et la gérontologie culturelle pour mieux appréhender les réalités contemporaines du vieillissement et de l’âge avancé. Cette démarche met l’accent sur les puissantes structures et pratiques institutionnelles et organisationnelles, sur l’interprétation subjective du vieillissement et sur une analyse culturelle naissante qui permet de comprendre les situations particulières comme celles qui sont examinées dans le présent chapitre (c.-à-d. la fragilité, les transitions et l’itinérance à l’âge avancé). Les modèles relatifs au parcours de vie et au vieillissement reposent sur des processus socioculturels, relationnels et personnels. Nous devons donc être attentifs au langage et aux hypothèses que nous utilisons dans nos recherches et que l’on retrouve dans les scénarios et les modèles sociaux qui sous-tendent les politiques publiques, les pratiques institutionnelles et organisationnelles et les efforts généraux de planification visant les sociétés vieillissantes. Par ailleurs, une démarche interdisciplinaire permet de mieux repérer les jonctions et les disjonctions qui sont au point de rencontre entre les visions tenues pour acquises, les discours socioculturels, les cadres de politique publique et les vécus.
Dans mon travail, j’ai mis l’accent sur les transitions et sur le parcours de vie en les présentant sous forme d’histoires ou de schémas clés à partir desquels on peut aborder et comprendre la relation entre les structures sociales, les constructions mentales culturelles, les pratiques institutionnelles et organisationnelles et les vécus. Toutefois, cette démarche comporte plusieurs difficultés qui tiennent au cloisonnement des disciplines et aux traditions théoriques. Ainsi, il y a des tensions entre l’engagement social à l’égard du changement, tel qu’il est exprimé en gérontologie critique, et l’intérêt pour les dimensions socioculturelles de l’âge avancé de la «gérontologie culturelle» (Andersson, 2002). J’ai résolu d’utiliser les termes «socioculturel» et «perspectives critiques» et d’aborder l’étude du vieillissement et de l’âge avancé comme une entreprise interdisciplinaire.

Les parcours contemporains du vieillissement

Les comptes rendus descriptifs sur des personnes âgées appartenant à divers milieux sociaux révèlent que le décloisonnement des disciplines, le recours à un éventail de perspectives critiques et l’intégration de plusieurs niveaux d’analyse peuvent nous aider à comprendre et à expliquer la complexité du vieillissement dans une période de rapide changement social et culturel. À cet égard, l’analyse intégrée de la relation entre les structures sociales et institutionnelles, les représentations du vieillissement et les parcours individuels, que l’on ne peut effectuer qu’en abolissant les frontières traditionnelles entre la gérontologie critique et la gérontologie culturelle, peut s’avérer particulièrement utile.
Trois exemples tirés de mes recherches illustrent la différence entre la contribution de la gérontologie critique et celle de la gérontologie culturelle à la compréhension du vieillissement et de l’âge avancé. En premier lieu, j’analyse des parcours de femmes âgées sous l’angle de la fragilité, critère couramment utilisé dans les pratiques institutionnelles et organisationnelles comme les soins à domicile pour repérer les personnes à risque et pour déterminer l’admissibilité aux services publics. En deuxième lieu, j’examine le concept de la transition, ainsi que la schématisation de l’expérience vécue selon la segmentation du parcours de vie fondée sur l’âge et sur les étapes de la vie. En troisième lieu, j’étudie l’itinérance à l’âge avancé et la remise en question des faits connus et supposés du vieillissement que cette situation particulière occasionne relativement aux notions dominantes de l’âge formulées autour des lieux, de la santé et des privilèges.

Fragilité

S’inscrivant dans la tradition de la gérontologie critique, l’analyse des puissantes structures et pratiques de soins a contribué à mettre en lumière la nature sexospécifique de la fragilité, les rapports de force associés au «risque», le rationnement des budgets de soins à domicile et les mécanismes par lesquels les femmes âgées recevant des soins à domicile pourraient se retrouver isolées socialement. Comme les femmes âgées représentent la majeure partie de la clientèle des soins à domicile, nous pouvons considérer que la classification et l’évaluation de la fragilité, ainsi que les pratiques de soins connexes, se situent au point de rencontre de trois facteurs: le sexe, l’affaiblissement et l’âge. En ce sens, l’étiquette de fragilité comporte une dimension structurelle qui est déterminée par les pratiques institutionnelles et par les politiques économiques, car le processus d’évaluation de l’admissibilité aux services publics et les résultats de cette évaluation ont des conséquences plus importantes pour les femmes âgées qui n’ont pas de famille ou qui n’ont pas les moyens financiers de se procurer des services de soins sur le marché. L’analyse de la gérontologie critique attire donc l’attention sur la construction mentale de la fragilité établie par l’intermédiaire des politiques et des pratiques, de même que sur la marginalisation et la stigmatisation qui en découlent.
Toutefois, c’est la gérontologie culturelle qui a jeté un éclairage sur la manière dont cette construction mentale de la fragilité s’harmonise avec les scénarios culturels du risque, du déclin et de la faiblesse et en assure la perpétuation. Les recherches sur le corps et sur la corporéité montrent qu’en plus d’être circonscrites au corps des femmes âgées, les pratiques puissantes comme celles des soins à domicile reproduisent et servent à maintenir les constructions sociales et culturelles dominantes (Katz, 2010). Les notions discursives comme celle de la fragilité représentent l’un des côtés du système binaire qui soutient, voire catalyse, la domination des nouveaux modèles de vie saine et active pour l’âge avancé. En d’autres termes, la priorité accordée au succès et à l’activité est renforcée par leur contraste même, ou leur différence, avec la fragilité et le déclin. La fragilité prend donc le sens symbolique d’une balise qui marque le seuil du déclin et de l’âge avancé, de ce que l’on appelle le quatrième âge. C’est l’anal...

Table des matières

  1. Remerciements
  2. Un enjeu structurant pour nos milieux de vie
  3. PREMIÈRE PARTIE
  4. Anticiper les incidences du vieillissement
  5. Deuxième partie
  6. Évaluer l’espace public et la mobilité
  7. TROISIÈME PARTIE
  8. Imaginer des transformations pour les milieux bâtis
  9. Conclusion
  10. Les auteurs
  11. Références par chapitre