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À propos de ce livre

Selon l'Organisation mondiale de la santé, de 10 à 20 % des enfants et des adolescents dans le monde souffrent de troubles mentaux. Quelle place occupe la famille dans ce constat? Ce livre explore, dans une perspective critique, son rôle prépondérant dans la santé mentale des jeunes et leurs troubles émotionnels. Fondé sur des avis d'experts reconnus et des données probantes, cet ouvrage remarquable et solidement documenté se veut aussi une prise de position en faveur de l'orientation centrée sur la famille. On y trouvera l'analyse de plusieurs psychopathologies infantiles — dont certaines en lien avec de nouvelles réalités sociales comme l'obésité et la cyberdépendance —, des études de cas et un modèle d'entretien permettant d'accéder à l'intimité des familles et d'intégrer leurs proches à la démarche clinique. Le Dr Claude Villeneuve est pédopsychiatre, psychanalyste et thérapeute de la famille au CHU Sainte-Justine, Université de Montréal.

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Informations

Chapitre 1

La mouvance familiale

À l’ère postmoderne de la désillusion, la famille vit des situations de plus en plus complexes qui la fragilisent davantage, et on ne peut que constater que cette institution fondamentale n’est pas mieux équipée que dans les décennies précédentes pour faire face à ces problèmes. En raison des formes multiples qu’elle a prises, on a de plus en plus tendance à stigmatiser la famille et à l’associer à la dégradation des relations humaines et à la diminution de son pouvoir, ce qui peut expliquer en partie l’ambivalence et parfois le scepticisme des professionnels de la santé vis-à-vis de cette institution et de ses capacités. Le sentiment que le mariage est devenu moins stable peut en effet expliquer en partie la diminution du recours à la famille par les cliniciens. Il ne faut pas oublier que cette situation influe d’autant plus sur les cliniciens et les chercheurs qu’ils peuvent eux-mêmes vivre cette instabilité dans leur vie personnelle.
Dans les pays industrialisés, la famille a ainsi subi depuis trois ou quatre décennies des transformations considérables, qui ont entraîné l’apparition d’une pluralité de normes ainsi que de l’incertitude chez les parents et les éducateurs par rapport aux valeurs et aux conduites à privilégier dans l’éducation des enfants. On parle d’un processus de désinstitutionnalisation de la famille, c’est-à-dire d’une «diminution des contraintes sociales et des cadres de référence collectifs et [d’]une diversification des formes et des expériences familiales qui se développent en dehors de ces cadres» (Hurtubise, 2005, p. 283). Regardons ces changements de plus près et examinons leur impact sur les enfants en utilisant la recherche sur le divorce ou la séparation de fait des parents comme exemple.

Les paramètres de la mouvance familliale

Disons au départ que le concept de famille se prête maintenant à des définitions extrêmement variables selon les pays et les cultures, voire à l’intérieur d’une même société. Ce concept n’est plus limité à des liens de sang, de mariage, de partenaire sexuel ou d’adoption. Plusieurs facteurs ont été mis en avant pour expliquer les transformations des structures familiales en Occident, entre autres, les changements de la conjugalité avec comme conséquence une précarisation du mariage et une transformation de la parentalité.
Les changements survenus dans la parentalité sont considérables. Il y a désormais un éventail de configurations familiales et de modes de cohabitation avec des parentalités diverses: union libre, famille recomposée, famille monoparentale, pluriparentale (plusieurs adultes simultanément ou successivement exercent le rôle de parent d’un enfant sans égard aux liens biologiques ou juridiques), en passant par la famille homoparentale et la famille formée par adoption ou par procréation assistée. La fratrie a aussi subi des transformations importantes avec la diminution du nombre de frères et sœurs et l’avènement des demi-frères et des demi-sœurs. L’autorité parentale est davantage contestée du fait de la symétrisation de la relation parents-enfants et du fonctionnement familial fondé sur le consensus.
En France, le taux de divorce a atteint 40% entre 1990 et 2000 (Neyrand, 2003) et, dans certains autres pays occidentaux, ce taux se situe autour de 50%. Aux États-Unis par ailleurs, plus de la moitié des mères retournent sur le marché du travail avant que leur enfant ait atteint l’âge de un an, ce qui amène une redéfinition des rôles et exige une grande capacité d’adaptation de la part des parents (Riss et Palagano, 2011). Il y a alors moins de contacts que dans le passé entre l’enfant et sa mère. De plus, le nombre d’heures allouées au travail est en hausse, alors que le temps passé en famille est en baisse (Turcotte, 2007).
L’emploi du temps est devenu tellement individualisé (moins du tiers des Américains travaillent de neuf à cinq) que les membres d’une même famille ont de moins en moins l’occasion de se retrouver ensemble. En revenant de l’école, les enfants peuvent se retrouver seuls à la maison. Ainsi, sous certains aspects, les enfants d’aujourd’hui doivent davantage subvenir eux-mêmes à leurs besoins. Bref, la tendance des 50 dernières années est forte: familles plus petites, moins de mariages, augmentation des divorces, grossesse retardée, augmentation du nombre d’enfants élevés par un seul parent.
Il ne faut pas se surprendre si un bon nombre d’enfants nous sont envoyés au moment où il survient un changement dans la structure de la famille. Par exemple, les parents viennent de divorcer, la mère se retrouve seule et sans soutien ou se met rapidement en ménage avec un nouveau conjoint alors que le père fait de même de son côté. Les ex-conjoints s’efforcent de liquider leur première union, mais peuvent rapidement réaliser que les relations et le passé ne s’effacent pas comme on le voudrait et, comme le rapporte Salem (2009), bon nombre de parents répètent le même scénario en passant d’une famille à une autre.

Les effets sur les enfants

Étant donné la diversification de la structure et du fonctionnement familial, beaucoup d’enfants doivent s’adapter à des conditions de vie très complexes. Certains rituels familiaux comme ceux qui accompagnent les grandes étapes de la vie (la naissance, la mort) et ceux de la vie quotidienne, comme le repas du soir en famille, sont en voie de disparition. Partager un repas en famille paraît pourtant un rituel d’une grande importance, car le plaisir de manger engendre un climat propice aux échanges. Les enfants réagissent certes à l’accumulation de ces changements brusques, mais les effets de cette mouvance sont-ils nuisibles pour eux et leur ancrage familial est-il fragilisé?
Disons tout d’abord qu’étant donné la multiplicité des structures familiales actuelles il est difficile de déceler une trajectoire familiale commune. De plus, comme tous les concepts de normalité sont des constructions sociales, il n’y a actuellement pas de consensus sur un type de famille susceptible de servir de modèle et de référence de base. Il est donc difficile de soutenir que tel ou tel modèle de fonctionnement familial ou que tel ou tel type de famille sont essentiels au développement et au bien-être des enfants. Un grand nombre de familles qui ne correspondent pas à ce modèle pourraient alors être stigmatisées.
La prudence est donc de mise dans l’interprétation des études traitant de ce sujet. Les familles qui sont atypiques ne sont pas nécessairement dysfonctionnelles et, comme l’a montré Walsh (2003), des relations fonctionnelles et des enfants en bonne santé se retrouvent dans divers types de familles. Il est évident qu’un remaniement de la structure de la famille amène nécessairement une modification des relations, des rôles, des loyautés et des responsabilités pour chacun des membres de la famille.

Le divorce ou la séparation
de fait des parents

La condition familiale dont les effets sur les enfants ont été les plus étudiés est le divorce ou la séparation de fait des parents. Il y a une grande diversité dans la réponse de l’enfant à cette transition maritale. Cette réponse dépend de plusieurs facteurs, et en particulier des caractéristiques de l’enfant et du fonctionnement de sa famille. Dans une étude longitudinale, Hetherington (2002) a infirmé la croyance que le divorce a un effet très négatif sur les enfants en montrant que les problèmes des enfants vivant dans des mariages où il y a présence de beaucoup de conflits diminuent après le divorce. Une revue des métanalyses sur le sujet effectuée par Lansford (2009) révèle que l’adaptation des enfants dont les parents ont divorcé ou se sont séparés est difficile. Toutefois, les différences entre les enfants de parents séparés et ceux qui vivent dans une famille intacte sont légères et ne sont pas significatives à long terme chez la plupart des enfants, ce qui signifierait que les effets à court terme ont tendance à s’atténuer avec le temps2.
Ainsi, ces données probantes montrent que la décision de divorcer n’est plus nécessairement considérée comme entraînant un échec ou susceptible d’avoir des effets négatifs à long terme. Les cliniciens peuvent utiliser ces résultats pour apporter de l’espoir aux couples qui ne savent pas trop s’ils doivent se séparer ou rester ensemble pour le bien de l’enfant, même s’ils ne s’aiment plus. Nous avons là un bel exemple de l’intégration de la clinique et de la recherche.
Comme seulement la moitié des parents qui divorcent concluent des arrangements de coparentalité fondés sur la coopération, les autres parents ont souvent des conflits avec leur ex-conjoint concernant la garde, ce qui est un facteur notable de mésadaptation des enfants, selon Patterson et ses collègues (2009). Ces auteurs rapportent également que, si les parents se séparent sans trop de difficultés et que la période de tension qui accompagne la séparation se termine rapidement sans conflit perpétuel entre les conjoints, les enfants ont alors plus de chances de s’en sortir facilement. Dans le même ordre d’idées, Ahron (2007) a montré dans une étude longitudinale que la tension parentale et la triangulation de l’enfant3 prédisent mieux que le statut marital les problèmes dans la progéniture 20 ans plus tard.
Enfin, une revue des données probantes faite par Sandler et ses collègues (2006) tend à montrer que les attitudes de la mère lorsque celle-ci a la garde est un autre facteur très important. Les variables qui se sont révélées les plus significatives dans ce cas ont été la qualité de la relation mère-enfant et l’efficacité des mesures disciplinaires appliquées par la mère. Ces mêmes auteurs affirment que le climat familial précédant la séparation a aussi un effet sur l’adaptation des enfants. Par exemple, si un climat de tension a rendu la séparation prévisible, les enfants risquent de s'adapter plus facilement à celle-ci.
Selon Sandler et son équipe (2006), la qualité de la participation du père à la vie de ses enfants lorsqu’il n’a pas la garde aurait aussi une influence significative sur leur santé mentale. Cependant le bien-être des enfants n’est pas fonction de la durée du temps qu’ils passent avec leur père. L’engagement du père dans certaines activités quotidiennes au foyer, comme aider les enfants à faire leurs devoirs ou parler de ce qui se passe dans leur vie, contribue à leur bien-être, alors que ce n’est pas le cas d’une participation apportée uniquement à des activités récréatives ou de loisir.

La pluralité des formes parentales

Dans une revue systématique de la littérature portant sur les enfants élevés soit dans une famille avec une mère seule, soit dans une famille avec une mère lesbienne ou dans une famille créée par reproduction assistée, Golombok (1999) soutient que le fait que les enfants ont un ou deux parents, qu’ils sont ou non liés génétiquement à leur mère ou à leur père ou que leurs parents sont homosexuels ou hétérosexuels est moins important pour leur adaptation psychologique qu’une relation chaleureuse et soutenante dans un environnement familial adéquat.
D’ailleurs, les sentiments liés à la filiation et à la parentalité ne se rapportent pas, d’après Soulé et Lévy-Soussan (2002), au lien entre procréateurs et procréés, mais entre ceux qui vivent ensemble cette parentalité. L’Association des psychologues américains (voir Patterson, 2004) a montré que le développement, l’adaptation et le bien-être des enfants élevés par des parents homosexuels ne diffèrent pas de ceux des enfants élevés par des parents hétérosexuels. Le sujet demeure cependant très controversé, particulièrement aux États-Unis.
Cependant, les recherches à ce sujet n’en sont qu’à leur début et beaucoup de questions demeurent sans réponse. Comment ces enfants devenus adultes seront-ils influencés par la structure familiale dans laquelle ils ont été élevés? Quelle sera l’influence de leurs expériences familiales infantiles sur leur propre parentalisation? Par ailleurs, les parentalités diverses liées, par exemple, à la sphère sexuelle des parents comme la bisexualité, la transsexualité et le mariage à trois amènent des problématiques infantiles nouvelles qui sont loin d’être complètement élucidées.

La famille actuelle

Dans leurs réflexions sur l’impact de la famille actuelle sur les enfants, certains auteurs se montrent pessimistes. Selon Lazartigues (2001), les changements subis par la famille conduiraient à des relations parents-enfants conflictuelles avec des conséquences potentiellement très néfastes sur les jeunes: pathologies du comportement, mal de vivre, fragilité narcissique, faible capacité de sublimation, etc. Face à ces phénomènes, Lipovetsky (1993) parle de «déstandardisation des identités». Voici maintenant une illustration d’une problématique que nous rencontrons assez souvent en clinique et qui ressemble à celle que plusieurs auteurs ont décrite pour qualifier la famille contemporaine et certains jeunes d’aujourd’hui.
La dégringolade d’Hubert

Fils unique de professionnels aisés, cet adolescent de 16 ans vit en garde partagée depuis de nombreuses années. Désabusé, il ne s’investit plus dans ses études, mais il veut pourtant aller à l’université un jour. Il ne trouve du plaisir qu’à consommer de la drogue et de l’alcool avec ses amis. Hubert a finalement été expulsé de l’école. Il s’intéresse à peu de choses, si ce n’est sortir avec ses amis et écouter de la musique. Il a fait la fête au cours des vacances, car il disposait de suffisamment de liberté et d’argent provenant de sa mère pour pouvoir consommer de la drogue à sa guise, au grand dam de celle-ci qui ne semblait pas au courant de ses faits et gestes. Hubert ne fait que ce qui lui plaît, ne respecte pas sa mère ni les règles familiales. Il a été interpellé par la police à quelques reprises pour des délits mineurs. Le croyant déprimé, car il sort beaucoup moins depuis quelque temps et s’isole, sa mère l’envoie consulter. Il aurait vaguement parlé de suicide après son expulsion de l’école
Pendant son enfance, Hubert avait fait l’admiration de ses parents et avait été comblé d’affection et de biens de toutes sortes par sa mère sans que celle-ci exige rien de lui en retour. Cette attitude de la mère semblait s’expliquer en partie par le fait qu’elle se sentait coupable de ne pas passer assez de temps avec ses deux fils, s’investissant à fond dans sa carrière d’enseignante. Hubert ne faisait pas de sport et se lassait rapidement des diverses activités auxquelles sa mère l’inscrivait. Il avait des amis, mais, à la moindre friction, il les laissait tomber. La relation d’Hubert avec son père est superficielle depuis longtemps et affectée par le laisser-aller de ce dernier à l’égard de son fils. Absorbé par ses relations amoureuses brèves et sa carrière médicale, le père voit rarement Hubert.
Le château de cartes d’Hubert s’écroule à l’adolescence. Alors qu’il réussissait très bien à l’école primaire sans avoir à faire d’efforts, il ne peut supporter les exigences scolaires du secondaire. Ses notes sont en chute libre, il sort davantage avec ses amis et échoue. La dégringolade se poursuit dans les années qui suivent. Hubert est expulsé ou quitte lui-même plusieurs établissements scolaires. Enfin, sa mère n’en pouvant plus, elle l’envoie vivre chez son père. Celui-ci réalise que son fils a de sérieux problèmes et se montre de plus en plus déçu et en colère contre lui. Altercations entre le père et le fils se multiplient au même rythme que les incartades de l’adolescent.
En entrevue avec son père, Hubert se plaint amèrement du couvre-feu imposé par celui-ci et l’invective allègrement. En même temps, il pleure, veut se rapprocher de son père et lui réaffirme son attachement. En entrevue individuelle, Hubert paraît très tendu, désabusé, peu structuré et sans ressource. Il souffre mais n’assume pas la responsabilité de sa conduite, il ne croit pas qu’il a des problèmes et blâme plutôt ses parents. Hubert est imbu de lui-même et très dépendant de son environnement pour maintenir son équilibre narcissique. Avide d’émotions fortes et cherchant à apaiser les tensions qu’il n’a jamais appris à résoudre, il a de plus en plus recours à la drogue.
Faut-il pour autant tracer un tableau alarmant des changements subis par la famille depuis quelques décennies? En ce qui a trait à la séparation des parents, par exemple, on sait, comme nous l’avons vu plus haut, que cette condition nuit généralement moins à l’enfant que l’ancienne coutume qui voulait que les parents ne se séparent pas même s’il y avait une rupture entre eux. Les enfants pouvaient être souvent témoins des tensions existant entre les parents et des non-dits qui créaient un climat familial malsain avec des effets très négatifs sur la famille. Nous le constatons aujourd’hui dans les consultations que nous donnons aux enfants de ces enfants devenus eux-mêmes parents.
Par ailleurs, certaines caractéristiques de la famille actuelle et la façon d’éduquer les enfants ne sont pas propres à notre époque. L’histoire nous apprend que, dans les civilisations en décadence, l’éducation des enfants se caractérise par le laxisme, la diminution des attentes, l’hédonisme prenant la place de l’effort continu et du devoir. Cette façon d’élever les enfants favorise chez ces jeunes devenus adultes la recherche du plaisir, l’insistance mise sur les droits plutôt que sur les responsabilités et l’indifférence à l’égard du bien commun avec les conséquences négatives que cela entraîne sur la vie sociale et économique. Les préceptes familiaux et les valeurs d’entraide sont alors facilement abandonnés au profit du souci de soi et du développement de ses capacités personnelles. Les transformations de la famille qui peuvent en résulter font craindre une fragilisation des repères fondamentaux de la vie.
La famille demeure cependant une institution influente et robuste, mais beaucoup plus complexe et flexible qu’elle ne l’était dans le passé. Toutefois, la perception occidentale de la famille reste encore souvent folklorique, marquée par des idées remontant au XIXe siècle, époque où la famille était une structure stable avec des rôles parentaux bien définis et immuables. Selon cette conception de la famille, le divorce apparaît quelque peu comme un échec.
La psychanalyse freudienne, qui a si bien étudié le développement psychosexuel de l’enfant à l’intérieur de la famille nucléaire, a peine à s’y retrouver dans la multiplicité des constellations familiales actuelles et à faire face à toute cette diversité et à ce pluralisme. Il y a maintenant beaucoup d’enfants qui vivent dans plus d’une famille, avec des demi-sœurs et des demi-frères ou des enfants avec lesquels ils n’ont pas de liens biologiques.
Les recherches nous renseignent...

Table des matières

  1. Introduction
  2. PREMIÈRE PARTIE
  3. Chapitre I
  4. Chapitre 1
  5. Chapitre 3
  6. Chapitre 4
  7. Chapitre 5
  8. DEUXIÈME PARTIE
  9. Chapitre 6
  10. Chapitre 7
  11. Chapitre 8
  12. Chapitre 9
  13. Chapitre 10
  14. Chapitre 11
  15. Chapitre 12
  16. Chapitre 13
  17. Chapitre 14
  18. Chapitre 15