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Un programme cognitivo-émotivo-comportemental

  1. 346 pages
  2. French
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Un programme cognitivo-émotivo-comportemental

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À propos de ce livre

Ce livre met un point d'orgue à plus de quarante années de recherche et de pratique et rend compte de l'avancée des connaissances scientifiques, didactiques et cliniques dans le domaine de la réadaptation. Il fait le tour de la question de la conduite délinquante et des troubles comportementaux chez les adolescents selon une approche cognitivo-émotivo-comportementale, centrée sur les problèmes concrets de cette clientèle.On y prescrit plusieurs activités éducatives qui favorisent l'apprentissage de comportements prosociaux et qui forment un programme de réadaptation pour tous les adolescents antisociaux des deux sexes, âgés de 12 à 18 ans.Marc Le Blanc, professeur émérite à l'École de criminologie et à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal, et Pierrette Trudeau Le Blanc, qui a été conseillère et formatrice au Centre jeunesse de Montréal - Institut universitaire, sont tous deux criminologues spécialistes de la conduite antisociale chez les adolescents.

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Informations

Première partie
quelle réadaptation?

Chapitre I

Le choix de l’approche
cognitivo-émotivo-comportementale

Marc Le Blanc
Nous abordons la première question de cette pièce, Quelle réadaptation?, par un premier acte qui offre un voyage dans le temps. Le paysage qui prend forme à partir de la naissance des internats pour les mineurs et son horizon, c’est l’ACÉC. La première étape du voyage est d’une durée de près d’un siècle. Elle emprunte la route légale et institutionnelle qui a été construite à partir de la découverte de l’exploitation des enfants et de leur protection à l’aide de lois et d’internats. Au fil du chemin, les internats se sont dissous dans une variété de mesures pour les adolescents avec des comportements antisociaux. La deuxième étape du voyage explore la contribution des sciences humaines au cours des 70 dernières années. Elle parcourt rapidement la route des multiples applications des sciences humaines à la réadaptation, plus particulièrement les héritages que l’approche psychoéducative contemporaine de réadaptation a laissés. La troisième étape du voyage permet de fouiller les raisons du choix de l’ACÉC pour la réadaptation des adolescents antisociaux. Elle explore alors la contrée des analyses statistiques et de leurs conclusions. La dernière étape de ce voyage permet d’établir le cadastre du domaine que constitue de l’ACÉC. Elle identifie les éléments essentiels qui devraient faire partie d’un programme cognitivo-émotivo-comportemental (PCÉC) de réadaptation qui découle de l’ACÉC.

1. L’internat, la route légale
et institutionnelle

Capul et Lemay50 situent le réel début de «l’éducation spéciale» pour les enfants ayant toutes sortes de difficultés physiques, mentales, sociales et économiques pendant la deuxième décennie du 19e siècle en France. Par ailleurs, ce n’est qu’au cours de la deuxième moitié de ce siècle que les législateurs de la plupart des sociétés occidentales ont voté des lois relatives au travail des enfants et à la délinquance juvénile. Celles-ci constituaient une reconnaissance de l’enfance et de l’adolescence. Elles ont ainsi proposé une codification des conduites que les adultes devaient adopter à l’égard des enfants, plus particulièrement dans les situations de travail et devant leurs comportements antisociaux. Ainsi, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, la reconnaissance formelle de droits à l’enfant s’accompagne de la création d’une nouvelle catégorie sociale, le délinquant et d’une nouvelle institution, l’internat. Conséquemment, les sociétés occidentales ont remplacé l’enfermement des enfants dans des prisons, des orphelinats et des hôpitaux par leur placement dans des internats spécialement conçus pour eux.
Ainsi, l’internat est apparu comme un moyen novateur pour assurer la «réforme» des enfants, pour employer la dénomination de l’époque. Il permet, d’abord, d’isoler le délinquant, le malade mental, l’abandonné, le négligé, l’agressé, bref, celui qui pose problème à la communauté, mais il le préserve également de conditions néfastes pouvant l’affliger, en particulier la pauvreté et les mauvais traitements. L’internat remplace en quelque sorte les parents, ce qui fait de l’État le super parent prenant en charge l’enfant négligé et le jeune délinquant. Les États endossent ainsi le concept de «parens patriae» du droit anglais. Cette logique conduit, en Amérique du Nord, à mettre en place des «écoles de réforme» pour les jeunes criminels et des «écoles industrielles» pour les enfants négligés, abandonnés, agressés, etc. Ces institutions ont donné naissance aux tribunaux pour mineurs qui régiront le placement dans ces institutions, une importante innovation sociale304.
En pratique, ce tribunal possède des pouvoirs précis de contrainte à l’égard des parents et des mineurs. Comme le signale Empey94, pour la première fois un tribunal spécifie les droits des enfants dans la société et différencie ces derniers des adultes. Ainsi, des limites d’âge sont précisées, le rôle de l’État est clarifié, des règles légales sont énoncées, un système judiciaire spécial est instauré pour appliquer ces règles et un groupe particulier de personnes est mandaté pour assumer le rôle de parent pour les enfants qui sont déclarés comme étant négligés ou délinquants. Ce tribunal applique le principe selon lequel tout enfant a droit, en raison de son état de dépendance et de développement inachevé, de bénéficier d’un traitement particulier à caractère non punitif, même s’il a violé la loi. Il remplit ainsi une fonction sociale inédite.
Corrado63 montre que les mêmes idées et les mêmes décisions politiques commandent l’évolution des interventions à l’égard des enfants au Canada. Il est également à noter que les législations sur la délinquance et les internats créées en Europe occidentale sont contemporaines des initiatives américaines et canadiennes84-352.
Le Québec s’est également inscrit dans ce mouvement de définition de la délinquance et des enfants à protéger dans les écoles de réforme et industrielles. D’Amours73 montre comment, jusqu’à la fin du 19e siècle, la protection de l’enfance et l’assistance publique étaient entre les mains de la famille et de la parenté, d’abord, et de l’Église, ensuite. Plus tard, l’Acte confédératif canadien de 1867 vient confirmer la distinction entre le droit privé et le droit public. Il laisse ainsi aux provinces canadiennes la juridiction sur la protection de l’enfance et l’assistance publique. Fortes de leur responsabilité dans ce domaine, les provinces, dont l’Ontario147 et le Québec, se sont engagées dans cette direction. C’est ainsi qu’en 1869, le Québec adoptait deux lois concernant la protection de l’enfance: la Loi sur les écoles industrielles et la Loi sur les écoles de réforme. Il est intéressant de noter que ces termes sont une traduction littérale de ceux qui sont employés dans les premières expériences américaines, au Massa­chusetts en 1846, à New York en 1849, au Maine en 1853 et dans une dizaine d’autres États par la suite94.
Les lois sur les écoles industrielles et de réforme étaient complémentaires: la première visait à prévenir la délinquance et la seconde avait pour objectif la réhabilitation des délinquants. L’admission dans ces écoles pouvait être demandée par les autorités politiques municipales ou provinciales, les juges des cours criminelles ou les parents, tuteurs ou gardiens de l’enfant à la suite d’une enquête devant un juge de paix. Les écoles de réforme recevaient les jeunes délinquants déclarés coupables par les cours criminelles et d’autres enfants dits «incorrigibles». Pour leur part, les écoles industrielles accueillaient des enfants de six à quatorze ans qui étaient soit orphelins, de parents indignes, négligés, battus ou traités cruellement, soit des enfants infirmes, abandonnés ou exposés au vagabondage ou à mourir de faim. Les quelques données dont nous disposons sur la population de ces deux catégories d’écoles laissent croire qu’une population très diversifiée d’enfants y étaient reçus39. Cet amalgame d’enfants ou d’adolescents devait persister jusqu’au milieu des années 1970194. Ces écoles, même si elles étaient de plus en plus subventionnées par l’État québécois, étaient d’abord sous la responsabilité de communautés religieuses. Le régime de vie y était rigide et sévère. La description des maisons de correction en France jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, par Gaillac106, présente très bien le système disciplinaire de ces internats.
Au cours de la première moitié des années 1970, comme dans la plupart des sociétés occidentales, dont la France50, la nécessité du recours à l’internat a été mise en doute au Québec par le rapport Batshaw39 pour des raisons philosophiques, éthiques et empiriques. À cet égard, Le Blanc194, à la suite d’une étude des caractéristiques des enfants et adolescents placés dans les écoles de réforme et les écoles industrielles, a conclu qu’environ la moitié d’entre eux n’affichaient pas de difficultés suffisantes pour justifier leur placement dans ces internats, qu’il s’agisse de la quantité et de la gravité de leurs comportements antisociaux ou de leur situation familiale ou scolaire déficiente. En conséquence, une variété de mesures complémentaires a été proposée par le rapport Batshaw et implantée par la suite au Québec selon Le Blanc206. Celles-ci ont par ailleurs été développées dans toutes les sociétés occidentales, qu’il s’agisse de mesures de déjudiciarisation comme la justice restauratrice, la restitution, les travaux communautaires, etc., ou de mesures dans la communauté comme le centre de jour, l’atelier de travail, l’appartement supervisé, le foyer de groupe, etc.
Lipsey, en 1989246, a été le premier chercheur à appliquer rigoureusement la technique de la méta-analyse, afin de comparer les mesures judiciaires et non judiciaires et, plus particulièrement, les mesures résidentielles et non résidentielles. Il a réalisé une analyse statistique de plusieurs centaines d’études évaluatives de programmes de réadaptation, dont un des critères de réussite est l’absence d’une récidive pour un acte criminel après la période de la réadaptation. Il observe des résultats négatifs et des résultats positifs pour les mesures en internat et dans la communauté. Les moyennes pour les unes et les autres sont rapprochées, 10% pour les premières et 14% pour les secondes. Ces valeurs indiquent une proportion de réduction de la récidive dans un groupe expérimental en comparaison d’un groupe de comparaison. Les résultats positifs les plus élevés sont comparables pour les deux grandes catégories de mesures: autour de 40% de réduction de la récidive. Par contre, des résultats négatifs sont beaucoup plus élevés pour les mesures dans la communauté: jusqu’à 18% contre 8% pour les mesures en internat. Dans le cadre d’une analyse spécifique de ces données, Lipsey et Cullen250 distinguent les mesures correctionnelles, comme la probation et la libération conditionnelle, l’emprisonnement plus ou moins disciplinaire, dont les «Boot camp», et les mesures intermédiaires, comme les programmes d’intimidation, de supervision intensive dans la communauté, de surveillance électronique, etc. Ils montrent que les dernières n’atteignent jamais le niveau de réduction de la récidive qui constitue le minimum pour les mesures avec des méthodes spécifiques de réadaptation, à savoir 10% de réduction de la récidive en comparaison de celle d’un groupe comparable et, en plus, certaines augmentent significativement la récidive.
En somme, toutes ces innovations sociales reconnaissent que la société doit offrir une variété de mesures judiciaires, non judiciaires, institutionnelles et non institutionnelles pour aider adéquatement les enfants et les adolescents avec des troubles graves du comportement ou des activités délinquantes. Le lecteur peut suivre l’évolution des législations sur les comportements antisociaux des adolescents au Canada et au Québec jusqu’à la fin des années 1980 dans Fréchette et Le Blanc103 et par la suite dans Le Blanc219.

2. La réadaptation, le chemin
du développement des sciences humaines

Au 20e siècle, les écoles de réforme et les écoles industrielles des sociétés occidentales sont progressivement devenues de moins en moins disciplinaires et de plus en plus éducatives, c’est-à-dire qu’elles mettaient davantage en œuvre des moyens pour assurer la formation et le développement d’un enfant ou d’un adolescent. En effet, au Québec leurs programmes de réadaptation devenaient davantage axés sur la scolarisation et l’apprentissage d’un métier. En outre, ils comprenaient de plus en plus souvent une grande variété d’activités physiques et culturelles. Par contre, la religion catholique y jouait un rôle de moins en moins dominant en raison de la laïcisation des éducateurs et de l’étatisation des internats. C’était le cas, entre autres, du Mont Saint-Antoine au Québec. Une philosophie éducative de réadaptation remplace ainsi progressivement la philosophie disciplinaire et punitive des premiers internats.
Il est maintenant irréfutable que la philosophie du traitement des jeunes délinquants, quelle que soit l’approche de réadaptation, est plus efficace que la philosophie de la punition. La méta-analyse de Lipsey249 qui confirme l’avantage de la réadaptation sur la punition arrive quatre-vingt-dix ans après le début des premières tentatives d’application des sciences humaines à la réadaptation des mineurs avec des comportements antisociaux, qu’il s’agisse des perspectives de la pédagogie active ou de la psychanalyse.
La première tentative d’application systématique de la pédagogie active au début du 20e siècle est celle de Makarenko en Russie261-69. Il s’agit d’un instituteur qui propose d’enseigner le sens du devoir et de la discipline ainsi que le bonheur selon les principes du communisme initial. Les moyens d’action qu’il met en place sont de deux ordres. Premièrement, l’influence de l’éducateur s’accomplit par l’exemple, la connaissance de l’adolescent, l’aide et l’exigence. Deuxièmement, elle doit être complétée par une organisation du milieu de vie et de l’ensemble de l’institution qui permet l’apprentissage de la vie collective, ceci grâce à deux moyens. Le premier consiste en une participation organisée, même aux décisions concernant l’application des règles sur la conduite prosociale et antisociale et une intégration progressive et véritable à la vie de la communauté, par le biais de rôles et de tâches spécifiques et électives. Le second moyen consiste en l’instauration d’un régime de vie particulier qui permet aux jeunes délinquants d’acquérir de nouvelles habitudes de vie (travaux manuels, sports, rencontres individuelles, comités, etc.). Dans plusieurs pays européens, cette approche de la réadaptation a été adoptée, particulièrement en France sous la forme des systèmes sociopédagogiques50. Aux États-Unis, à la même époque, se développait Boys Town60. Un prêtre catholique y appliquait des moyens semblables à ceux de Makarenko. Toutefois, l’internat était présenté comme une ville avec un fonctionnement démocratique, donc avec une distribution élective des responsabilités et des tâches des organisations civique et vitale du milieu. Au Québec, Boscoville s’est inspiré de ces diverses expériences195.
La première tentative d’application de la psychanalyse en internat est celle de Aichorn pendant les années 19307, qui a été initié à cette méthode thérapeutique par Freud. Aichorn propose de combler le besoin d’amour et de bonheur des jeunes délinquants et de leur apprendre à vivre selon le principe de la réalité. Le premier moyen choisi était la relation thérapeutique freudienne dans le cadre d’échanges répétés et d’activités agréables et non punitives. Cette approche psychanalytique a ensuite été développée par Redl et Wineman318, qui ont travaillé sur la relation et les techniques de l’exploitation des événements quotidiens. Le deuxième moyen de ce programme était un régime de vie enrichissant par la diversité des activités offertes (physiques, culturelles, etc.). Au Québec, Boscoville s’est inscrit dans cette perspective pour développer une théorie de la rééducation195.
Ces deux premières perspectives d’application des sciences humaines misaient déjà sur trois éléments fondamentaux pour concevoir un programme de réadaptation: la relation d’aide et d’influence, sinon thérapeutique, entre l’éducateur spécialisé et l’adolescent antisocial, un programme d’activités novatrices et diversifiées pour un adolescent qui provient d’un milieu défavorisé et un milieu de vie participatif pour préparer l’adolescent antisocial à son rôle de citoyen. Soulignons que le terme «jeune délinquant» en est venu à renvoyer aux jeunes criminels et aux adolescents à protéger en raison de leurs comportements inadaptés, les mêmes méthodes étant appliquées à ces deux catégories d’adolescents antisociaux.
Après la Deuxième Guerre mondiale, ces deux perspectives ont alimenté la conception et l’implantation de nombreux programmes de traitement pour les jeunes délinquants en France50 et aux États-Unis101. Le point de vue de la psychanalyse s’est transformé en une multitude de thérapies individuelles et de groupe. Mentionnons, par exemple, aux États-Unis, l’intervention différentielle selon la maturité interpersonnelle de Sullivan, Grant et Grant346. Ces auteurs présentent le développement des personnes comme composé de divers stades et ils soutiennent qu’à chaque stade correspond des modes d’adaptation dans les relations interpersonnelles. I...

Table des matières

  1. Adolescent*
  2. Adolescent*-1
  3. Adolescent*-2
  4. Adolescent*-3
  5. Adolescent*-4
  6. Adolescent*-5
  7. Adolescent*-6
  8. Adolescent*-7
  9. Adolescent*-8
  10. Adolescent*-9