Profession criminologue
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Profession criminologue

  1. 72 pages
  2. French
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Profession criminologue

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À propos de ce livre

Dans l'imaginaire collectif, le criminologue est un ĂȘtre Ă©trange qui pourchasse des tueurs en sĂ©rie. Bien que cette reprĂ©sentation ne soit pas totalement erronĂ©e, elle ne constitue pas l'essence du travail du criminologue. En fait, ce professionnel peut ĂȘtre impliquĂ© dans chacune des Ă©tapes du systĂšme de justice, Ă  savoir: 1) le support aux enquĂȘtes; 2) le traitement des criminels violents; 3) l'Ă©valuation des risques de rĂ©cidive; 4) le suivi de criminels lors de leur rĂ©insertion sociale; 5) le support aux victimes d'actes criminels. L'auteur met en lumiĂšre les activitĂ©s d'un criminologue impliquĂ© dans la protection du public, mais respectant Ă©galement les droits des criminels.Jean Proulx est professeur titulaire Ă  l'École de criminologie de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, dont il est l'actuel directeur.

Foire aux questions

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Informations

Année
2012
ISBN
9782760625679
1
Pourquoi choisir la criminologie ?
Je me dois de clariïŹer les raisons de ma curiositĂ© au sujet de la vision du monde des criminels. Pourquoi ne me suis-je pas plutĂŽt intĂ©ressĂ© Ă  la vision du monde des schizophrĂšnes ? En somme, pourquoi les criminels me fascinent-ils ? AïŹn de rĂ©pondre Ă  cette question, je vais reprendre certains propos que j’adresse Ă  mes Ă©tudiants et Ă©tudiantes lorsqu’ils me demandent candidement : « Sommes-nous en criminologie parce que nous sommes fascinĂ©s par le crime, parce que nous sommes nous-mĂȘmes des criminels en puissance ? »
Tout d’abord, je leur lis une citation du cinĂ©aste Fritz Lang :
Ouvrons la Bible, qu’y trouvons-nous ? DĂšs les premiers chapitres, on peut lire le rĂ©cit d’une duperie (Ève fait manger la pomme Ă  Adam), d’une expulsion (le couple originel est chassĂ© de l’Éden) et d’un meurtre (CaĂŻn tue Abel). Peu Ă  peu, je me suis persuadĂ© que chaque cerveau possĂšde en lui-mĂȘme un penchant au meurtre. Oui, chacun de nous est un tueur en puissance. S’il en est ainsi, je suis heureux d’exercer la profession de cinĂ©aste, grĂące Ă  laquelle tous les crimes dont je suis l’auteur sont commis exclusivement dans le dessein de divertir.
Ensuite, je poursuis en soutenant la proposition suivante : « Chacun de nous possĂšde une certaine propension au crime, mais dans nos actions et nos reprĂ©sentations du monde nous nous distinguons de maniĂšre importante des criminels de carriĂšre. » AïŹn de dĂ©montrer cette proposition, je leur soumets des arguments de deux ordres, soit ceux de la clinique et ceux de la recherche.
Sur le plan clinique, on constate que la rĂ©alisation d’un crime peut rĂ©pondre Ă  de nombreuses fonctions. Ainsi, lors d’un vol Ă  main armĂ©e, les dangers encourus par son auteur sont susceptibles de lui procurer des sensations fortes (fonction contradĂ©pressive). Être dans l’action pour ne pas sentir le vide, le dĂ©sespoir, la souffrance. Jacques Mesrine, un criminel cĂ©lĂšbre, a dit un jour : « Je prĂ©fĂšre mourir de peur que d’ennui. » En outre, lors de la perpĂ©tration d’un vol, son auteur peut exprimer une colĂšre contre la sociĂ©tĂ© qu’il estime injuste Ă  son Ă©gard (fonction agressive). Une fois son forfait accompli et rĂ©ussi, le voleur risque fort de s’estimer de maniĂšre trĂšs positive : « Je suis courageux, je suis un homme, un vrai » (fonction narcissique). Finalement, le fruit de son crime, l’argent, constitue un autre Ă©lĂ©ment explicatif de ses actions criminelles (fonction lucrative). Les diverses fonctions du crime rĂ©pondent, bien que de maniĂšre inacceptable, Ă  des besoins typiquement humains. Les fonctions contradĂ©pressives, agressives, narcissiques et lucratives des citoyens honnĂȘtes sont assumĂ©es non par le crime, mais par des activitĂ©s prosociales tels le travail (fonction lucrative), le sport (fonction agressive et fonction contradĂ©pressive) et les rapports interpersonnels (fonction narcissique). S’il en est ainsi, pourquoi un si grand nombre de personnes restent-elles fascinĂ©es par le crime ? Pourquoi le crime est-il un thĂšme rĂ©current dans les ïŹlms et les romans Ă  succĂšs ?
Le crime reprĂ©sentĂ© dans les arts reste un exutoire Ă  la disposition de la majoritĂ© des gens, mais il ne constitue qu’un mĂ©canisme complĂ©mentaire et mineur par rapport aux modes socialement adĂ©quats utilisĂ©s pour assumer les diverses fonctions mentionnĂ©es prĂ©cĂ©demment. Pour le criminel, toutefois, le crime constitue le mode privilĂ©giĂ© pour assouvir ses besoins de gloire, d’argent et de sensations fortes. Ainsi, Ă  la ïŹn d’une journĂ©e ponctuĂ©e d’échecs et de frustrations, voir un ïŹlm dans lequel le protagoniste Ă©crase ses ennemis et rĂ©ussit dans ses diverses entreprises peut apporter une certaine satisfaction Ă  un citoyen « au-dessus de tout soupçon » (fonction agressive, fonction narcissique). Celui-ci se distingue du criminel dans la mesure oĂč ces fonctions sont gĂ©nĂ©ralement assumĂ©es chez lui de maniĂšre satisfaisante dans la rĂ©alisation d’activitĂ©s sociales adĂ©quates, tel le travail. De plus, l’« honnĂȘte citoyen » se distingue du criminel par un rapport empathique Ă  autrui, qui lui permet de jouir d’un ïŹlm ou d’un livre oĂč les violences dĂ©crites ne sont que de la ïŹction. Quant au criminel insensible Ă  la dĂ©tresse d’autrui, il s’engage dans des actions prĂ©datrices dans lesquelles il assume des fonctions multiples qu’il ne sait pas comment assouvir autrement. À ces distinctions cliniques entre les criminels et les non-criminels (mĂȘme ceux fascinĂ©s par le crime), on peut en ajouter d’autres relevĂ©es par la recherche.
Dans un ouvrage sur les caractĂ©ristiques criminologiques et psychologiques qui distinguent les dĂ©linquants des non-dĂ©linquants, Marcel FrĂ©chette et Marc Le Blanc ont dĂ©montrĂ© que le criminel de carriĂšre est un cas d’exception. Ainsi, ces chercheurs ont dĂ©montrĂ© que 80% des adolescents commettent des actes criminels. Cependant, pour la majoritĂ© d’entre eux, ces crimes sont de faible gravitĂ© (par exemple, un vol Ă  l’étalage) et ils sont peu frĂ©quents. FrĂ©chette et Le Blanc considĂšrent que, chez la majoritĂ© des adolescents, ces actes criminels mineurs reprĂ©sentent une mise Ă  l’épreuve du systĂšme normatif (lois, rĂšgles) dans le cadre d’un processus normal de socialisation ; ces crimes ne signiïŹent pas un rejet catĂ©gorique des normes. Pour reprendre les termes de mon argumentation, la majoritĂ© des adolescents qui commettent un crime le font parce qu’ils n’ont pas encore acquis suffisamment de stratĂ©gies, de moyens appropriĂ©s et socialement acceptables pour assumer au quotidien des fonctions lucratives, narcissiques, agressives et contradĂ©pressives.
Les dĂ©linquants judiciarisĂ©s ne constituent qu’une proportion trĂšs faible des adolescents qui commettent des crimes. Toutefois, ils se distinguent des adolescents conventionnels (ceux dĂ©crits au paragraphe prĂ©cĂ©dent) par l’ampleur de leur activitĂ© criminelle. En effet, 70% d’entre eux ont commis plus de 10 dĂ©lits. Pour la plupart, ils ont commis des dĂ©lits graves, tels des vols par effraction et des vols d’automobiles. De plus, leur activitĂ© criminelle dĂ©bute tĂŽt (avant 10 ans pour 35% d’entre eux) et elle se maintient tout au long de l’adolescence. Finalement, 75% d’entre eux deviendront des criminels adultes judiciarisĂ©s. En comparaison, seulement 11,5% des adolescents conventionnels auront un casier judiciaire Ă  l’ñge adulte. Ainsi, en ce qui a trait aux comportements criminels, la plupart des adolescents se distinguent clairement des adolescents judiciarisĂ©s. Mais qu’en est-il sur le plan de la personnalité ?
Les adolescents judiciarisĂ©s prĂ©sentent de nombreuses caractĂ©ristiques distinctives. Ils ont tendance Ă  se percevoir comme des victimes, ce qui justiïŹe leur hostilitĂ© et leurs comportements de prĂ©dation, qu’ils considĂšrent comme une juste compensation pour les torts qu’ils ont subis. La colĂšre est le sentiment dominant dans leur rĂ©pertoire Ă©motif. Ils sont hostiles, mĂ©ïŹants, irritables. Finalement, ils ont de la difficultĂ© Ă  tolĂ©rer les dĂ©lais et ils ont tendance Ă  utiliser les menaces et la violence physique aïŹn de rĂ©soudre les conïŹ‚its (Ă  leur avantage, Ă©videmment). Dans un ouvrage qui reste une rĂ©fĂ©rence en criminologie, Pinatel affirme que ces traits de personnalitĂ© ont pour prolongement Ă  l’ñge adulte une personnalitĂ© criminelle caractĂ©risĂ©e par l’égocentrisme, l’agressivitĂ©, le manque d’empathie et l’instabilitĂ© affective.
Les donnĂ©es de l’étude de FrĂ©chette et Le Blanc concordent avec les conclusions dĂ©jĂ  exposĂ©es relativement Ă  la fascination pour le crime mis en scĂšne dans les arts. MalgrĂ© une certaine curiositĂ© pour le crime, la majoritĂ© des gens ont une activitĂ© criminelle absente ou triviale, et ils se distinguent par lĂ  des criminels. De plus, sur le plan de la personnalitĂ©, les dĂ©linquants prĂ©sentent des caractĂ©ristiques spĂ©ciïŹques (hostilitĂ©, manque d’empathie) qui les dĂ©marquent des gens ordinaires. Une autre dimension de l’étude de FrĂ©chette et Le Blanc mĂ©rite notre attention. En effet, dans leur conceptualisation des comportements et de la propension criminelle, ces chercheurs ont intĂ©grĂ© des concepts relatifs Ă  des thĂ©ories sociologiques et d’autres relevant de thĂ©ories psychologiques. Cette jonction entre ces deux disciplines constitue un des traits distinctifs de la criminologie.
2
Les corpus de connaissances
de la criminologie
La criminologie se dĂ©ïŹnit par son objet d’étude, le crime. Si elle puise ses concepts et ses mĂ©thodes dans la psychologie, la sociologie et le droit, elle est Ă©mancipĂ©e de ces disciplines mĂšres. Comme le souligne Maurice Cusson, « ce qui fait vraiment la criminologie, ce qui la distingue du droit, de la psychologie, etc., c’est un corpus de connaissances sur un objet : le phĂ©nomĂšne criminel. Ce qui caractĂ©rise le criminologue, c’est son savoir et c’est aussi son art de savoir, car il est initiĂ© aux mĂ©thodes d’investigation clinique et scientiïŹque qui lui permettent de comprendre les individus dĂ©linquants et de savoir la nature prĂ©cise des problĂšmes criminels qui se posent dans un contexte prĂ©cis ». Les criminologues s’intĂ©ressent aux criminels (leur personnalitĂ©, leur histoire familiale), aux crimes (les processus dĂ©cisionnels des criminels qui commettent des fraudes par carte de crĂ©dit ou bien de ceux qui dirigent un rĂ©seau de traïŹc de drogue), aux victimes (l’impact d’une agression) et au systĂšme de justice (la police, les tribunaux, les pĂ©nitenciers). Parmi les questions que se posent les criminologues, on peut noter : pourquoi une personne devient-elle un criminel ? Quelle est l’inïŹ‚uence de la famille et du milieu social sur le dĂ©veloppement d’une propension au crime ? Pourquoi les crimes violents sont-ils plus frĂ©quents Ă  telle Ă©poque ou dans telle ville ? Pourquoi certains comportements en viennent-ils Ă  ĂȘtre dĂ©ïŹnis comme des crimes (la vente de drogues tels l’opium ou la cocaĂŻne) ? Comment peut-on prĂ©venir le crime ? Quels sont les prĂ©dicteurs de la rĂ©cidive chez des criminels judiciarisĂ©s ? Quelle est l’efficacitĂ© des traitements pour pĂ©dophiles ?
Les assises thĂ©oriques de la criminologie puisent dans plusieurs disciplines, ce qui se reïŹ‚Ăšte dans la façon de l’enseigner. Ainsi, Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, la criminologie est une unitĂ© d’enseignement autonome, distincte des DĂ©partements de sociologie et de psychologie, ainsi que de la FacultĂ© de droit. NĂ©anmoins, ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Page titre
  3. La collection
  4. Copyright
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 - Pourquoi choisir la criminologie ?
  7. Chapitre 2 - Les corpus de connaissances de la criminologie
  8. Chapitre 3 - Champs de pratique du criminologue
  9. Chapitre 4 - Histoires de cas
  10. Chapitre 5 - Un criminologue en action
  11. Conclusion
  12. Remerciements
  13. Lectures complémentaires