Profession sociologue
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Profession sociologue

  1. 74 pages
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À propos de ce livre

Quel est le rôle, dans la Cité, des chercheurs, des intellectuels, des professeurs, des universitaires en général? Qui sont-ils et que font-ils exactement? Quel a été leur parcours intellectuel? La collection « Profession » répond à ces questions. Marcel Fournier est professeur titulaire au Département de sociologie de l'Université de Montréal. Spécialiste de l'histoire de la sociologie, il est l'auteur des biographies de Marcel Mauss et d'Émile Durkheim qui, parues chez Fayard, lui ont valu une renommée internationale. Il conduit également des travaux et recherches sous l'égide de la sociologie des arts et de la culture.

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Informations

La discipline

a société, on y vit, on la connaît. La famille, la religion, l’école aussi: tout cela nous est familier. Chacun d’entre nous a quelque chose à dire sur le monde (social) dans lequel il vit, il a une histoire à raconter qui est la sienne et celle de ses proches, il peut fournir des interprétations, donner des explications. Les sociétés n’ont d’ailleurs pas attendu les sociologues pour se connaître. Les journalistes font des enquêtes et réunissent des informations sur les problèmes de société: pauvreté, criminalité.
Le sociologue n’a pas le monopole de l’interprétation de ce qui se passe dans la société. Mais la contribution qu’il apporte est aujourd’hui plus importante que jamais. Nous n’avons pas de réponses à de nombreuses questions: pourquoi les inégalités sociales? Pourquoi la violence faite aux femmes? Pourquoi le racisme et l’antisémitisme? Pourquoi le retour au fondamentalisme religieux? Certaines des questions sont plus spécifiques: pourquoi le taux élevé de suicides des jeunes en région? Pourquoi les filles réussissent-elles mieux à l’école que les garçons? Comment un jeune devient-il délinquant? Comment des revendications se transforment-elles en mouvement social?
Pour répondre à ces questions, le sociologue collecte des données, il a recours à des méthodes rigoureuses de recherche et il fournit de riches perspectives d’analyse. Il nous apprend que la réalité sociale est complexe, que la vie en société est plus compliquée qu’on ne le pense et qu’on ne change pas une société en un tour de main. On ne peut entreprendre quelque changement que ce soit sans une connaissance approfondie de la réalité des sociétés contemporaines.

Une définition

Lorsque, dans le cadre d’une discussion informelle avec Joseph Gusfield, professeur émérite à l’Université de Californie à San Diego et auteur de l’ouvrage The Culture of Public Problems: Drinking-Driving and the Symbolic Order, je lui ai posé la question «Qu’est-ce que la sociologie?», il m’a répondu sans hésitation: «C’est l’étude des êtres humains vivant en groupes sociaux.» Les animaux vivent aussi en société, mais ce qui intéresse la sociologie ce sont les sociétés humaines, non les sociétés animales. Et s’il y a une dimension qui est centrale dans la vie de tout groupe humain, c’est, comme le montre Gusfield dans ses travaux, celle de la culture.
À la même question, une quinzaine d’étudiants en première année de doctorat en sociologie m’ont donné les définitions suivantes: science de la société, étude des groupes humains, étude de l’humain en société, étude des pratiques des acteurs sociaux, étude des relations humaines, étude des interactions sociales. Plusieurs ont tenu à ajouter des précisions: l’un a parlé d’institutions, un autre de mouvements sociaux, un dernier de représentations sociales. On voit même poindre des différences de points de vue. Certains, plus assurés, parlent de la sociologie comme d’une «science», d’autres, plus prudents, disent «étude». Pour quelques-uns, l’approche doit être holiste et se saisir de l’ensemble de la société; pour d’autres, elle doit plutôt prendre comme point de départ les individus et leurs interactions.
L’inventeur du mot «sociologie» est le philosophe Auguste Comte (1798-1857). Celui-ci se faisait de la science une idée qu’il qualifiait de «positiviste», associant toute démarche scientifique à trois choses: l’observation des faits, l’objectivité et l’élaboration de lois. Le mot «sociologie» est un néologisme bizarre, car il réunit deux mots de langues différentes: le mot latin socius (qui veut dire associé, compagnon) et le mot grec logos (qui veut dire discours). La sociologie est le discours sur le social, elle est la science de la société.
Le mot société, societas en latin, implique l’idée d’association, de communauté. Le verbe socio veut dire unir. C’est la même chose en hébreu: le mot société veut dire ce qui unit. Tout se ramène à l’équation sui-vante: société = lien social. Mais qu’est-ce qui unit les individus entre eux? Qu’est-ce qui fait, se demande Cornelius Castoriadis dans Linstitution imaginaire de la société (1975), que la société «tient ensemble»? L’autorité du monarque, la force de l’armée, la légitimité du gouvernement ou les croyances communes? C’est l’énigme que cherchent à percer les sociologues, qui, depuis Comte, s’interrogent sur les conditions de stabilité ou de maintien de l’ordre social et sur les facteurs qui peuvent entraîner la transformation d’une société, voire sa disparition.

Le sens du social

Lorsqu’on demandait à Pierre Bourdieu quelle est la particularité de la tâche du sociologue, il répondait que c’est de «dire les choses du monde social, et de les dire, autant que possible, comme elles sont». Le «monde social», c’est à la fois la société («Il faut de tout pour faire un monde»), la vie en société («Vivre dans le monde, loin du monde») et les gens («Le petit monde», «Le monde des affaires»).
Est «social» tout ce qui se rapporte à une collectivité humaine: on parle d’«organisation sociale», d’«institutions sociales», de «médias sociaux». Est aussi «social» ce qui nous met en relation avec les membres d’un groupe ou d’une collectivité: ne dit-on pas «avoir une vie sociale très développée», avoir des «réseaux sociaux» (dont ceux de Facebook). En anglais, le «Social Calendar» concerne, dans les journaux, toute activité mondaine: bals, soirées de gala. Qui dit social dit d’ailleurs sociabilité, socialité. Et s’il y a une notion centrale en sociologie, c’est bien celle de socialisation: il s’agit du processus par lequel les individus apprennent et intériorisent les codes, normes et valeurs de leur société. De l’homme, Aristote ne disait-il pas qu’il est un animal social capable de vivre dans une société politiquement organisée, dans une polis?
L’adjectif «social» est enfin utilisé pour qualifier des professions ou des organismes qui s’intéressent aux rapports entre les individus et la société: il y a les «travailleurs sociaux». Ne parle-t-on pas de la «question sociale», de «problèmes sociaux», d’«innovation sociale», de «démocratie sociale», d’«économie sociale», et lorsqu’il s’agit d’introduire des réformes ou de nouveaux programmes d’assistance, de «politiques sociales»? Des études qui se font dans ces domaines, on dira que c’est de la «recherche sociale». Enfin, sur le plan politique, les partis progressistes ou de gauche se rangent sous l’étendard du «social»: la social-démocratie, le socialisme.
La société, les institutions, les groupes humains, les relations sociales, les interactions: tout cela, c’est du «social». Lorsque Marcel Mauss entreprend après la Première Guerre mondiale la rédaction d’un grand livre (qu’il ne terminera pas) sur La Nation, il lui donne comme sous-titre: «Le sens du social». Voilà une belle expression pour caractériser le sixième sens, l’habitus propre au sociologue, qui risque, et on va lui reprocher, de voir du social partout.
Le «service principal» de la sociologie consiste à faire sentir à quel degré tout problème, qu’il soit économique ou politique, est aussi un problème social. En d’autres mots, il y a toujours dans le politique ou l’économique du social: toute mobilisation traduit, comme on peut le voir lors de crises politiques — pensons au «Printemps arabe» de 2011 —, un mouvement général de la société avec ses conflits sociaux et économiques, et exprime souvent un profond malaise social, mélange d’espoir collectif et de frustrations individuelles.
L’idée que défend la sociologie, c’est que tout ce qui est politique ne passe pas seulement dans l’arène politique stricto sensu avec les partis et les parlements. Même le privé est politique. Quant à la démocratie, elle ne se joue pas uniquement dans le parlement: sa vitalité exige en effet que s’organise un espace public avec des lieux de délibération (médias divers) et que se constitue ce qu’on appelle une société civile qui, distincte du système politique, regroupe une pluralité de réseaux décentralisés, de mouvements sociaux, d’associations, de syndicats, de coopératives, d’organismes communautaires.
Sans que ne soit pour autant négligé tout ce qui, pour reprendre les expressions de Marcel Mauss, vient d’«en haut» (domination, régulation, contrôle), il y a bel et bien en sociologie un parti pris pour tout ce qui est de l’ordre de l’associatif et du mouvement social, pour tout ce qui vient «d’en bas» (les gens) et qui traduit la capacité de mobilisation et d’auto-organisation des acteurs et des collectivités. S’il y a une chose que nous apprend la sociologie c’est que tout véritable changement, dans une organisation ou dans la société, exige la participation de tous les acteurs et nécessite la mise en place de procédures de délibération et de négociation.

Une perspective

La spécificité de la démarche du sociologue est, lorsqu’il touche un problème social, de le transformer en un problème sociologique. Même s’il ne faut rien ignorer de ce qui est biologique et psychologique, il ne peut être question d’expliquer ce qui est social par du psychologique ou du biologique: le social s’explique, répétait Durkheim, par le social. La sociologie consiste à établir des rapports entre phénomènes sociaux, par exemple entre l’augmentation de la scolarisation et la baisse du chômage, et à mesurer les relations...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Faux-titre
  3. Crédits
  4. Page de titre
  5. Introduction
  6. 1. La discipline
  7. 2. Le métier
  8. 3. La profession
  9. Conclusion
  10. Lectures complémentaires
  11. Table des matières
  12. Quatrième de couverture