Maintenir la paix en zones postconflit
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Maintenir la paix en zones postconflit

Les nouveaux visages de la police

  1. 300 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Maintenir la paix en zones postconflit

Les nouveaux visages de la police

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À propos de ce livre

Dans un monde oĂč les opĂ©rations policiĂšres de paix se substituent graduellement aux opĂ©rations exclusivement militaires, Ă  quels dĂ©fis organisationnels les services de police contributeurs et les sociĂ©tĂ©s hĂŽtes sont-ils confrontĂ©s? Quelles sont les motivations institutionnelles et individuelles Ă  participer Ă  de telles opĂ©rations? Quels liens unissent les contingents internationaux aux polices locales et aux autres acteurs du maintien de la paix?À partir d'Ă©tudes de terrain rĂ©alisĂ©es dans des contextes variĂ©s (Balkans, Afghanistan, HaĂŻti, Timor-Leste...), des chercheurs provenant de disciplines aussi diverses que la science politique, la sociologie, la criminologie ou le droit esquissent les grandes lignes d'un champ de recherche dĂ©diĂ© aux opĂ©rations de maintien de la paix et aux processus complexes qui permettent Ă  des sociĂ©tĂ©s divisĂ©es de se rĂ©concilier et de rĂ©tablir des institutions policiĂšres lĂ©gitimes.Avec les textes de: HervĂ© DagĂšs, Nathalie Duclos, Benoit Dupont, Nadia Gerspacher, Andrew Goldsmith, Vandra Harris, Marcel-EugĂšne LeBeuf, Antoine MĂ©gie, Francis Pakyaf, Juan Carlos Ruiz VĂĄsquez, Xavier Saint-Pierre et Samuel Tanner.

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Informations

Année
2013
ISBN
9782760631076

CHAPITRE 1

Les opérations policiÚres des Nations unies

Samuel Tanner et Benoit Dupont
Les opĂ©rations internationales de paix ont connu de profonds changements dans leur nature et leurs missions au cours des derniĂšres dĂ©cennies. D’une stricte surveillance d’accords de cessez-le-feu, elles incluent dĂ©sormais une vaste palette de responsabilitĂ©s, s’étendant jusqu’à la stabilisation et la consolidation d’un pays en sortie de guerre. En particulier, ces missions comprennent la prise en charge de la sĂ©curitĂ© publique, tĂąche pour laquelle la composante militaire – jusqu’ici privilĂ©giĂ©e et galvanisant la plus grosse partie de l’attention des chercheurs – s’avĂšre peu outillĂ©e. Dans cette optique, le rĂŽle de la composante policiĂšre a Ă©normĂ©ment Ă©voluĂ© dans les missions des Nations unies (UNPOL), tant quantitativement que qualitativement.
D’un point de vue quantitatif, on relĂšve une nette augmentation de la participation de la police civile dans les missions internationales de paix, atteignant prĂšs de 900 % au cours des quinze derniĂšres annĂ©es. Si le total des policiers dĂ©ployĂ©s en 1995 Ă©tait de 1600, en date du mois de janvier 2011, ce nombre s’élevait Ă  14 377, dont 2762 (19 %) provenant de pays franco­phones1. Sur 115 pays contributeurs, la Jordanie, le Bangladesh et l’Inde fournissaient Ă  eux seuls le tiers des effectifs policiers, avec respectivement, 1901, 1842 et 1057 agents dĂ©ployĂ©s. En janvier 2011, on comptait 11 missions de paix incluant des policiers et 41 % de ceux-ci se trouvaient impliquĂ©s dans des missions sous l’égide de l’ONU dans des pays francophones.
Qualitativement, un bref survol historique rĂ©vĂšle que si les premiĂšres missions se confinaient aux conseils prodiguĂ©s Ă  leurs collĂšgues locaux (Congo, Chypre, 1964), le rĂŽle des UNPOL a pris un tournant majeur Ă  la fin des annĂ©es 1990, avec la mission des Nations unies au Kosovo (MINUK). Pour la premiĂšre fois, la police civile internationale fut chargĂ©e d’assurer toutes les responsabilitĂ©s exĂ©cutives en lien avec l’application de la loi sur le territoire. Celles-ci comprenaient la gestion du trafic routier, les enquĂȘtes criminelles, le conseil, la formation et la surveillance des structures locales de police (Hansen, 2002; Hills, 2009). Une grande proportion des responsabilitĂ©s de ces missions a pour prioritĂ© un retour Ă  la sĂ©curitĂ© publique (Oakley, Dziedzic et Goldmberg, 1998; Lutterbeck, 2004; Braem et Chichignoud, 2008), domaine pour lequel la composante militaire est peu, voire pas Ă©quipĂ©e (Hills, 2001). Aussi, les UNPOL sont dĂ©sormais des acteurs incontournables des opĂ©rations de paix (Gregory, 1996). Cependant, et malgrĂ© cette participation accrue, et Ă  quelques exceptions prĂšs (Goldsmith, 2009; Perito, 2004; Lutterbeck, 2004; Gregory, 1996; Hills, 2009; Grabosky, 2009; Dupont et Tanner, 2009; Tanner, 2010), l’intĂ©rĂȘt des chercheurs demeure largement centrĂ© sur la composante militaire. Certes, il faut reconnaĂźtre qu’en termes de proportions, les contingents UNPOL ne constituent que 14,5 % de l’ensemble des peacekeepers, dominĂ©s par les «Casques bleus»2. Ces chiffres indiquent la place croissante, tant en volume qu’en responsabilitĂ©s, occupĂ©e par les policiers dans le cadre de ces missions internationales.
ParallĂšlement Ă  cette Ă©volution, on observe un tournant important de la doctrine caractĂ©risant la gestion des crises postconflit. Dans son dernier rapport sur la consolidation de la paix, le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, Ban Ki-moon, propose une sĂ©rie de mesures visant Ă  rĂ©pondre aux dĂ©fis actuels qui entravent les opĂ©rations de paix (Nations unies, 2009). Outre la nĂ©cessitĂ© pour les États membres de renouveler leur implication, le SecrĂ©taire propose un programme d’action fondĂ© sur l’efficacitĂ© de la direction, une plus grande coordination dans la mise en application des stratĂ©gies et dans la gestion des capacitĂ©s et ressources nĂ©cessaires, mais aussi, et surtout, une obligation de rĂ©sultat. Dans cette optique, et compte tenu des responsabilitĂ©s croissantes de la police dans la consolidation de la paix, une rĂ©flexion sur «ce que fait la police» en zone postconflit est nĂ©cessaire.
Outre les questions de doctrine touchant au mandat de la police dans ces affectations – maintien de la paix, formation des polices locales, rĂ©forme du secteur de la sĂ©curitĂ© – ou des rĂ©formes Ă  mener sur le terrain – mises en branle «par le haut», en vertu de dĂ©cisions bureaucratiques des Nations unies –, trĂšs peu de travaux ont encore abordĂ© une question pourtant cruciale: comment les policiers dĂ©ployĂ©s dans ces opĂ©rations nĂ©gocient-ils opĂ©rationnellement leur mandat? C’est pourtant, nous semble-t-il, la question qui prĂ©vaut Ă  toute Ă©valuation de la composante policiĂšre dans ces missions. Cette question mĂ©rite que l’on s’y intĂ©resse sous l’angle de la sociologie policiĂšre, et en particulier d’une sociologie policiĂšre de l’international. Aussi, Ă©valuer la police ne prĂ©sume pas dĂšs le dĂ©part l’avĂšnement d’une vision normative de celle-ci, Ă©tablissant ce qu’elle doit ou non faire, ce qu’il est bon ou non qu’elle fasse Ă  l’aune de modĂšles d’intervention Ă©laborĂ©s dans des dĂ©mocraties libĂ©rales stabilisĂ©es depuis de nombreuses dĂ©cennies (Brogden, 2005). Au contraire, et c’est dans cette perspective que s’inscrit cette contribution, Ă©valuer la police s’envisage comme un projet visant Ă  connaĂźtre ce qu’elle fait. Connaissance qui repose sur une description minutieuse des activitĂ©s, pratiques, valeurs, lexiques employĂ©s par les acteurs qui la composent. Dans cette optique, Ă©valuation est synonyme d’apprĂ©ciation. Aussi, dans une sĂ©quence logique de la rĂ©flexion, et avant d’ĂȘtre en mesure d’imposer des rĂ©sultats Ă  la composante policiĂšre de cet assemblage du travail policier en opĂ©ration de paix, encore faut-il connaĂźtre son fonctionnement et la maniĂšre dont elle gĂšre et nĂ©gocie son environnement. Faire la police dans les zones postconflit, et la transposition d’un savoir-faire acquis en zone pacifiĂ©e dans le cadre d’un environnement postconflit, n’est pas sans relever d’un dĂ©fi organisationnel (Dupont et Tanner, 2009) et pratique (Tanner, 2010) consĂ©quent.
Dans cette contribution, nous proposons, Ă  partir de tĂ©moignages de policiers canadiens dĂ©ployĂ©s dans le cadre de la mission des Nations unies pour la stabilisation en HaĂŻti (MINUSTAH), d’évaluer, au sens dĂ©fini ci-dessus, la participation policiĂšre dans les opĂ©rations de paix. Pour ce faire, et partant du principe qu’il s’agit de missions extraordinaires – au sens premier du terme – pour les policiers, nous emploierons un cadre conceptuel qui tient compte du bouleversement provoquĂ© par la transposition de savoir-faire en zone postconflit et, somme toute, assez peu familiĂšre aux policiers relativement au contexte qu’ils connaissent et au sein duquel ils Ă©voluent la majeure partie de leur carriĂšre. Plus spĂ©cifiquement, et basĂ© sur la notion de sous-culture, que nous dĂ©velopperons dans la section suivante, nous souhaitons dĂ©gager une sĂ©rie de grands axes autour desquels l’action et les pratiques policiĂšres s’organisent dans ces opĂ©rations internationales. Cette dĂ©marche, a priori descriptive, prĂ©sente l’avantage de concentrer notre attention sur la maniĂšre dont la police nĂ©gocie au quotidien son rĂŽle dans l’environnement trĂšs fluide et instable qui caractĂ©rise ces missions. Nous serons alors en mesure de poser une rĂ©flexion plus fondĂ©e sur ce qu’il est rĂ©aliste, et pertinent, d’attendre de cette composante en matiĂšre de rĂ©sultat. PrĂ©cisons qu’une limite importante Ă  cette contribution rĂ©side dans le fait qu’en dĂ©pit des chiffres mentionnĂ©s ci-dessus, nous basons notre analyse sur un Ă©chantillon somme toute limitĂ© dans le nombre, mais aussi dans sa reprĂ©sentativitĂ© de l’ensemble des policiers en opĂ©ration de paix. En effet, il s’agit ici de policiers appartenant au groupe des contributeurs occidentaux, largement minoritaires par rapport Ă  l’ensemble des policiers dĂ©ployĂ©s dans ces missions, dont le niveau de compĂ©tence et la comprĂ©hension du travail de maintien de l’ordre sont d’une grande hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©. Cela Ă©tant, nous serons malgrĂ© tout en mesure de dĂ©gager une matrice permettant d’apprĂ©hender le travail du UNPOL nord-amĂ©ricain, et d’élaborer ainsi une grille conceptuelle jetant les bases de futures analyses comparatives.

Sous-culture et travail policier en opération de paix

Comment les policiers dĂ©ployĂ©s dans les opĂ©rations de paix nĂ©gocient-ils leur mandat sur le terrain? Cette question est au cƓur de l’évaluation du policekeeping et d’une rĂ©flexion sur l’obligation de rĂ©sultat par la police dans le champ de la consolidation de la paix. Cette problĂ©matique peut ĂȘtre envisagĂ©e par une approche s’intĂ©ressant Ă  la sous-culture policiĂšre. Jean-Paul Brodeur ou Dominique Monjardet l’ont montrĂ© Ă  plusieurs reprises: la police constitue un assemblage de diffĂ©rents «mĂ©tiers» (Monjardet, 1996), ou de «visages» multiples (Brodeur, 2003, 2010). L’enquĂȘteur en affaires criminelles n’exerce pas la mĂȘme profession que le patrouilleur, ou que le policier d’une unitĂ© d’intervention tactique. Plus spĂ©cifiquement, ces «visages» de la police se distinguent du fait qu’ils mettent en exergue non seulement des mĂ©canismes de sollicitation professionnelle policiĂšre, mais aussi des normes collectives, qui diffĂšrent d’un cas Ă  l’autre (Westley, 1950). Par exemple, en dĂ©pit du mythe qui gravite autour de l’image de l’enquĂȘteur, celui-ci demeure largement sollicitĂ© par des tĂąches administratives, soit la nĂ©cessitĂ© de traduire un ensemble d’informations, de traces et d’indices collectĂ©s, ainsi que de tĂ©moignages recueillis relatifs Ă  un crime, en une sĂ©rie de preuves admissibles dans un langage juridique (Brodeur, 2010). Quant aux normes collectives, celles-ci renvoient Ă  «un ensemble de solutions apprises pour rĂ©soudre des problĂšmes» (Skolnick, 1966) et forment une sous-culture professionnelle qui oriente la pratique policiĂšre. Aussi, et tout comme l’avait dĂ©jĂ  indiquĂ© Dominique Monjardet, la notion de culture policiĂšre est une coquille vide, qu’il faut plutĂŽt envisager comme un assemblage de sous-cultures, relatives Ă  chaque mĂ©tier, ou visage, de la police (Monjardet, 1996). Du fait d’un mandat qui varie d’une composante Ă  l’autre de cet assemblage, chaque mĂ©tier de la police met en exergue des savoir-faire, savoir-ĂȘtre et habitudes, qui diffĂšrent de l’un Ă  l’autre. JĂ©rĂŽme Skolnick parle alors de «personnalitĂ©s professionnelles» liĂ©es Ă  des aspects diffĂ©rents de la police (Skolnick, 1966). Ces personnalitĂ©s ne doivent pas tant ĂȘtre envisagĂ©es au sens psychologique, c’est-Ă -dire comme un ensemble de traits fixes et immuables, mais davantage comme le rĂ©sultat de l’action de l’environnement social sur l’acteur. Aussi, il serait inexact de considĂ©rer ces personnalitĂ©s professionnelles, ou sous-cultures policiĂšres, comme des attributs fixes et immuables, ou des «entitĂ©s concrĂštes (rĂ©ification) auxquelles sont attachĂ©s des attributs (masculinitĂ© affirmĂ©e, racisme ou esprit de clan, par exemple)», d’autant plus que les mĂȘmes individus sont souvent appelĂ©s Ă  remplir ces diverses fonctions au cours de leur carriĂšre, et donc Ă  s’imprĂ©gner de normes de comportement diffĂ©rentes lors de chaque nouvelle affectation (Sheptycki, 2007, p. 130).
La sĂ©lection d’une approche dite de sous-culture se justifie d’autant plus dans le cadre de ce chapitre qu’elle permet d’opĂ©rer une distinction entre critĂšres endogĂšnes de rĂ©ussite et d’efficacitĂ© policiĂšre, et critĂšres exogĂšnes, qui prennent la forme d’attentes formulĂ©es par le public, les politiques, ou encore via les mythes vĂ©hiculĂ©s sur la police dans la culture populaire. L’avĂšnement de critĂšres d’obligation de rĂ©sultat imposĂ©s «de l’extĂ©rieur» Ă  la police a souvent suscitĂ© de vives rĂ©actions – et parfois un dĂ©sintĂ©rĂȘt total – de la part des corps policiers. Cela tient au fait que ces attentes Ă©taient en grande partie soit irrĂ©alistes, soit indiquaient un manque patent de connaissance du fonctionnement mĂȘme de cette organisation. Dans les cas les plus graves, ce dĂ©calage a vu se mettre en place des logiques collectives absurdes et l’avĂšnement d’une sous-culture dĂ©viante pour des organisations policiĂšres confrontĂ©es Ă  des politiques du chiffre irrĂ©alistes et dĂ©cidĂ©es par des bureaucrates souvent coupĂ©s de la rĂ©alitĂ© de terrain (Punch, 1985; Matelly et Mouhanna, 2007). En matiĂšre de travail policier en opĂ©ration de paix, ce dĂ©sĂ©quilibre s’observe d’une maniĂšre diffĂ©rente, tel qu’ont pu le noter certains auteurs (Peake et Marenin, 2008). Il ressort de leurs analyses que des objectifs irrĂ©alistes formulĂ©s par des institutions rĂ©vĂ©lant un manque de connaissance de la police, ou des conditions opĂ©rationnelles caractĂ©risant les opĂ©rations de paix, ont tout simplement donnĂ© lieu Ă  un ocĂ©an de «recommandations Ă  vide» et un gaspillage de ressources humaines et financiĂšres qui ont eu peu d’impacts sur les institutions policiĂšres et sur l’amĂ©lioration de leurs pratiques dans les missions de paix.
Il apparaĂźt alors utile de sonder et d’explorer la sous-culture policiĂšre propre au contexte d’opĂ©rations de paix en Ă©tudiant l’ensemble de solutions dĂ©ployĂ©es par les policiers dans le cadre de leurs activitĂ©s quotidiennes sur le terrain des opĂ©rations. En particulier, le savoir-faire policier tel qu’acquis au quotidien est-il transfĂ©rable dans le contexte postconflit? Aussi, et sous l’angle exploratoire, quelles sont les dimensions ou mĂ©canismes centraux de sollicitation professionnelle et les normes collectives dĂ©veloppĂ©es par les policiers en opĂ©rations de paix en vue de l’accomplissement de leur mandat? RĂ©pondre Ă  cela permettra de lever le voile sur ce que signifie et implique «faire la police» dans ces missions, et ainsi Ă©baucher une premiĂšre tentative d’évaluation du travail des UNPOL. Une fois cette Ă©tape rĂ©alisĂ©e, nous pourrons formuler des attentes plus rĂ©alistes sur ce que l’obligation de rĂ©sultat en matiĂšre de consolidation de la paix implique pour la composante policiĂšre, ainsi que des recommandations adaptĂ©es aux exigences du terrain plutĂŽt qu’aux contraintes bureaucratiques des institutions contributrices. L’ensemble du matĂ©riel sur lequel repose notre rĂ©flexion provient d’une sĂ©rie de 36 entrevues conduites entre 2004 et 2011 auprĂšs de trois grands services de police canadiens, Ă  savoir la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), la SĂ»retĂ© du QuĂ©bec (SQ) et le Service de police de la Ville de MontrĂ©al (SPVM). Ces entrevues, de nature exploratoire, portaient sur l’expĂ©rience des policiers dĂ©ployĂ©s dans le cadre d’opĂ©rations internationales de paix et visaient essentiellement Ă  obtenir une apprĂ©hension globale de ces missions, c’est-Ă -dire envisagĂ©es sous l’angle de leur p...

Table des matiĂšres

  1. PremiĂšre de couverture
  2. Faux-titre
  3. Page titre
  4. DépÎt légal - Catalogage
  5. DĂ©dicace
  6. INTRODUCTION - Police et opérations de paix
  7. CHAPITRE 1 - Les opérations policiÚres des Nations unies
  8. CHAPITRE 2 - Les missions européennes de maintien de la paix
  9. CHAPITRE 3 - Les forces de police d’AmĂ©rique latine en mission de paix de l’ONU
  10. CHAPITRE 4 - Reconstruire une ou des polices en Afghanistan?
  11. CHAPITRE 5 - La constitution d’une nouvelle police locale au Kosovo
  12. CHAPITRE 6 - Préparer la police internationale pour des missions de réforme policiÚre ayant un impact durable
  13. CHAPITRE 7 - La confiance dans les missions de police internationales
  14. CHAPITRE 8 - Le transfert des expĂ©riences acquises lors d’une opĂ©ration de maintien de la paix
  15. CHAPITRE 9 - Les compétences policiÚres et les retombées intérieures des missions internationales
  16. CHAPITRE 10 - Le retour en sécurité intérieure
  17. CONCLUSION - Pour une sociologie policiÚre des opérations de paix
  18. Bibliographie
  19. Les auteurs
  20. Table des matiĂšres
  21. QuatriĂšme de couverture