Adolescence et santé
eBook - ePub

Adolescence et santé

  1. 166 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Adolescence et santé

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Les adultes ont toujours été ambivalents par rapport aux adolescents. Ils les imaginent capables du meilleur comme du pire et tiennent sur eux de grands discours dont les arguments ne cessent de s'inverser... Fous ou génies? Enfants de chœur ou délinquants en puissance? De la psychanalyse à la médecine, en passant par la psychologie ou la politique, toutes les théories échouent à objectiver cette période charnière de la vie.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Adolescence et santé par Nicolas Zdanowicz en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Psicologia et Storia e teoria della psicologia. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Academia
Année
2021
ISBN
9782806123824

CHAPITRE 1

L’adolescent dans la psychiatrie


1.1 LA PRATIQUE DE LA PSYCHIATRIE.

La psychiatrie se veut une science universelle, mais sa pratique est variable d’une école à l’autre et d’un pays à l’autre. Globalement, il existe aujourd’hui trois grandes conceptions de la psychiatrie, celles-ci se différenciant par les liens qui unissent le corps et l’esprit10. Ces différences ont, évidemment, des impacts cliniques sur la compréhension de l’adolescence. Ces modèles supposent des niveaux de liberté de la pensée par rapport au substrat biologique (le cerveau et les neurones) très différents. La liberté est ce qui fonde, non seulement, les pondérations entre l’acquis et l’inné, mais aussi les capacités de modification, d’adaptation et aussi d’auto-guérison de la psyché.
Le 1er modèle est l’héritier direct de Descartes avec son « je pense donc je suis ». Si, au siècle des Lumières, cette phrase permet de distinguer l’homme de l’animal, aujourd’hui, elle est plutôt la base d’une réconciliation des deux. Une réconciliation de l’animalité, de la biologie, avec la pensée. Cette citation est devenue l’unification, l’établissement d’une stricte homologie de la biologie et de la pensée. Le cerveau et la pensée ne sont qu’une et même chose : de la biologie. Dans cette conception, la pensée n’est qu’un effet collatéral du langage neuronal, l’Homme est l’homme neuronal de Changeux11. Nos neurones sont notre personne et notre pensée et quoi que nous vivions, pensions, rien ne viendra changer la machine à penser neuronale. Les maladies mentales sont avant tout des maladies biologiques touchant la structure immobilière neuronale de la « boîte » à penser. Les interactions entre les neurones et des évènements d’origine psychologique, sociologique ou environnementale ne sont que des interactions passagères sans aucune conséquence sur la structure immobilière. La psychiatrie est ici la petite sœur de la neurologie. Ce type de modèle sous-tend des recherches réalisées en imagerie cérébrale fonctionnelle12 ou en génétique grâce auxquelles les chercheurs prétendent pouvoir dépister les futurs pauvres, délinquants, mauvais étudiants, déprimés… Une conséquence de ce mode de penser est l’idée qu’on serait alors capable, comme l’a exprimé le président Sarkozy13, de repérer dès l’enfance les futurs psychopathes et délinquants sexuels. On pourrait alors faire de la police préventive… La délinquance à l’adolescence ne se réduit, heureusement pas, à cette prédestinée ! En 2009, Monahan et al.14 ont montré que dès le début de l’adolescence les actes délinquants se multiplient chez les jeunes, tant chez les garçons que les filles. À 17 ans, plus de 20 % des garçons et 10 % des filles répondent aux critères psychiatriques de la personnalité antisociale, mais à 25 ans, ces mêmes jeunes n’y répondent plus. La prévalence du trouble est retombée au niveau de l’âge de 12 ans, soit moins de 10 %. Cette trajectoire développementale avait déjà fait l’objet d’études antérieures15, 16, mais il faut croire qu’il y a certaines vérités que les adultes refusent d’admettre. Ceci montre que, d’une certaine manière, adolescence rime avec délinquance, mais que le pronostic de ces comportements est très favorable puisque l’évolution spontanée est le retour à la « normale ». Ce qui reste sans doute vrai par contre, est qu’il existe, dès 12 ans, 4 à 5 % de petits bandits sur pattes, que sont ces mêmes individus qui confirment souvent leur caractère antisocial pendant l’adolescence et que l’on retrouve au-delà de 25 ans comme antisociaux.
Dans un modèle plus interactif, des chercheurs comme Damasio17, Kandel18, Ansermet et Magistretti19 conçoivent une certaine souplesse à l’organisation neuronale. Dans ce modèle, des expériences psychologiques peuvent avoir des conséquences sur l’organisation immobilière biologique. Il y a une plasticité de la biologie, que celle-ci se fasse par des réaménagements des circuits neuronaux (Damasio, Ansermet et Magistretti) ou par une modification de l’information génétique. Kendel, prix Nobel de médecine en 2000 pour ses travaux sur la mémoire, a montré que la psychothérapie modifie le bagage génétique, la biologie. Comme ces auteurs croient que le mobilier peut changer l’immobilier, ils pensent aussi qu’il est possible de guérir certains troubles psychiatriques. Toutefois, ils ne pensent pas qu’on puisse guérir des affections psychiatriques graves comme, par exemple, la schizophrénie. Pour eux, le pouvoir du psychologique est inférieur à celui du biologique. Un exemple clinique de ce type de raisonnement est le problème de la consommation de drogues chez les jeunes. Dans un strict modèle médical, les « drogues » agissent sur le cerveau et produisent leurs effets. La médecine décrit, pour chacune des substances, des effets psychotropes définis. C’est le 1er modèle de la psychiatrie. Dès que la drogue a été éliminée par l’organisme, l’adolescent revient à un état « normal ». Dans le deuxième modèle, les choses sont plus interactives. Il faut imaginer le cerveau, en particulier à l’adolescence, en développement et en programmation de nouveaux circuits neuronaux. Si une substance intervient à ce moment, elle risque de modifier l’expression du bagage génétique et donc d’influencer le cerveau du jeune bien au-delà de la durée de vie de la substance. C’est dans cette perspective que les conséquences de l’usage du cannabis à long terme ont été étudiées chez les jeunes soldats suédois20. Ces études ont montré qu’il existe un risque supplémentaire de développer une schizophrénie d’emblée ou des années plus tard. Cette conception déterministe est toutefois trop stricte, l’influence du cannabis n’est pas aussi univoque. Ainsi certains jeunes qui présentent un trouble psychotique peuvent revenir complètement à la normale dès l’arrêt de la substance, continuer à délirer ou encore suivre une évolution indépendante de la consommation. Un des éléments qui influence cet avenir s’avère être l’histoire familiale du jeune21.
Le 3e modèle est celui qui tient le plus compte d’interactions structurantes de l’extérieur sur la structure biologique interne. Dans ce modèle proposé par Kant22, Schotte23 ou encore Feys10, les rapports entre extérieur et intérieur ne sont plus des rapports de contingence, mais d’indissociabilité. Dans ce modèle, la réalité de l’individu est dépendante du substrat biologique qui la construit, mais ce substrat biologique est directement dépendant de la réalité vécue. Il y a sans cesse co-construction entre mobilier et immobilier : ce que je vis modifie mon cerveau et mon cerveau modifie ce que je vis. Dans ce modèle, tous les espoirs sont permis même si ces espoirs ne sont pas égaux, notamment en fonction de la durée du trouble mental, de son caractère réactionnel ou structurel dans la construction de l’identité. Ce modèle est celui qui permet le plus une réconciliation des courants psychodynamique et biologique. Si Wildöcher24 exclut l’idée qu’il existe un parallélisme strict entre logique psychologique et biologique, il doit néanmoins exister des ponts où la logique biologique est en étroite résonance avec celle de la psychologie25. Ces ponts sont cruciaux tant pour l’apparition des dysfonctionnements biologiques des troubles mentaux que pour la construction de la personnalité. À l’adolescence, le développement du cerveau permet l’apparition de formes d’intelligences qui n’existaient pas jusque-là. Il s’agit de l’intelligence opératoire formelle et de son pendant relationnel, l’intelligence sociale. Ces intelligences ont comme particularité qu’elles ne nécessitent plus d’encrage dans la réalité. Nous pouvons nous détacher de la réalité perceptible pour laisser notre imagination créer une autre réalité sur laquelle des opérations sont possibles. Ce sont les nombres imaginaires, l’antimatière ou, au niveau social changer de personnalité. Les adolescents changent de personnalité régulièrement (il ne faut pas confondre personnalité et identité cf. chapitre 2.4), changement repérable dans leur façon de se vêtir, mais changement qui touche aussi la façon dont ils vont interagir avec les autres. Une des théories, de l’adolescence, défend l’idée que l’adolescent se construit par essais-erreurs jusqu’à ce qu’il trouve la façon d’être dans laquelle il se sent bien avec lui et avec les autres. Les adolescents découvrent qu’en fonction des personnalités auxquelles ils s’essaient, ils se sentent différents et que les interactions avec les autres varient. L’intelligence produit des personnalités qui, en retour, produisent des intelligences liées à la façon d’être au monde.

1.2 L’ADOLESCENT COMME MODÈLE DE LA FOLIE

Le terme de folie est antérieur au langage scientifique qui ne l’a jamais vraiment utilisé. Même au XXIe siècle, indépendamment des déclarations de victoire de la médecine, nous sommes toujours incapables d’expliquer le rapport entre le fou et la personne normale. C’est vrai pour l’adulte et ça l’est encore plus pour les adolescents. L’adolescent flirte avec les limites du normal et du pathologique. Aussi en 1980, dans un mouvement paradoxal, la médecine constate l’impossibilité de parler de la folie comme d’une « maladie » et décide de ne plus parler que de « troubles » mentaux. En même temps, elle supprime le concept de crise d’adolescence : les adolescents sont désormais répartis en deux catégories, ceux qui sont atteints d’un trouble mental et ceux qui ne le sont pas.
Pourtant la folie fait partie de l’histoire intime de l’humain26. Depuis les origines, l’homme peine face aux questions existentielles telles la solitude, le sens de la vie… Et si la présence des autres est rassurante, elle ne permet pas de répondre à ces questions. Pour remplir ce gouffre, l’homme a inventé Dieu ; finis les « autres » comme lui, voici un Autre surpuissant, un grand Autre, quelqu’un qui connaît les réponses. La solitude et le défaut de sens sont les failles dans lesquelles naissent non seulement Dieu, mais également la folie27. Aujourd’hui, avec une fonction paternelle qui peine à répondre aux jeunes, il semble bien que ceux qui parlent au nom de Dieu (appel au Djihad…) aient du succès. Dieu le père et la folie ont toujours été liés. Dans l’Ancien Testament, Dieu donne la santé, la maladie et la folie : « C’est moi qui fais mourir et qui fais vivre, quand j’ai frappé, c’est moi qu...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Introduction
  6. CHAPITRE 1 : L’adolescent dans la psychiatrie
  7. CHAPITRE 2 : Quatre concepts utiles pour comprendre l’adolescent
  8. CHAPITRE 3 : Définitions de l’adolescence
  9. CHAPITRE 4 : Aspects épidémiologiques : La santé de l’adolescent : tous obèses !
  10. CHAPITRE 5 : Adolescence et sexualité : les délires pornographiques des adultes
  11. CHAPITRE 6 : Les grandes psychopathologies
  12. En guise de conclusion : l’adolescence et la santé
  13. Table des matières