Métaux rares et terres rares
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Métaux rares et terres rares

Comment réduire notre dépendance ?

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Les terres rares et métaux rares sont très présents dans nos biens d'équipement. Comment assurer à nos entreprises une sécurité d'approvisionnement?L'auteur, après avoir posé le problème dans ses dimensions techniques (usage, substituabilité), économiques (concurrence, monopoles, déséquilibres dans la filière) et géopolitiques (avec le poids énorme de la Chine), explore les solutions dans plusieurs directions dont le recyclage, le réengeniering, et une meilleure maitrise du Supply Chain Management.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782336910888

Chapitre 1
Les Métaux Rares

Dans cette partie, nous détaillerons l’importance pour les entreprises de se mettre en conformité avec les nouvelles réglementations sur les métaux et verrons comment l’acheteur doit se comporter face à la question des minerais rares. Mais, avant cela, il faut préciser l’état du marché. Nous allons voir comment se comportent la demande et l’offre sur le marché des métaux rares ainsi que les liens de dépendances entre les différents métaux et le niveau des réserves mondiales de certains d’entre eux.

I/ Le marché des métaux rares

A/ Les réserves et la rente minière du marché des métaux rares

David Ricardo (1772-1823) est un économiste britannique célèbre qui a notamment décortiqué le mécanisme de la rente foncière. Cette différence de rente provient de l’inégale fertilité des différentes terres. En effet, le premier agriculteur arrivant dans la vallée, prendra le terrain central, excellent et florissant et il pourra pérenniser son bétail. Le second arrivant devra se placer en lisière de la vallée, avec des arbres, des cailloux, il pourra maintenir son élevage, mais il enviera le premier. Le troisième, lui, ira sur les hauteurs et aura grande peine à gagner sa vie. Lorsque la population augmente, il faut mettre en culture des terres de moins en moins fertiles. Le blé (ou la viande) étant plus difficile (donc plus coûteux) à produire, leur prix augmente et ceux qui sont installés sur les meilleures terres touchent une rente positive qui s’ajoute à leur profit normal.
Ce mécanisme de la rente foncière est parfaitement transposable à la rente minière. Plus la demande d’un minerai augmente, plus il faut mettre en exploitation des gisements à plus faible teneur, plus le prix du minerai monte et plus la rente des mieux placés augmente. Le marché est donc difficile pour les nouveaux entrants. Notons, que la limite n’est pas seulement financière : elle est aussi écologique : plus un gisement est pauvre et plus il faut d’énergie pour en extraire du métal.
La question à se poser est jusqu’à quand pourrons-nous exploiter des gisements et quelles sont les teneurs minimales rentables ? En effet, il est probable que nous continuerons à pouvoir extraire différents métaux rares de la Terre pendant de nombreuses années, mais, si l’extraction devient plus chère que la vente, il sera difficile de trouver des volontaires. Il n’est pas certain que la « main invisible » (Adam Smith) et les règles du marché viennent équilibrer les prix afin de remettre de l’harmonie dans l’ensemble.
Figure 5 : Durée de vie des réserves rentables
Image 9
Le marché des métaux rares est soumis à des forces politiques, des empires, des entreprises qui jouent de leur pouvoir, leur capacité de bloquer le robinet ou d’ouvrir la valve afin d’étouffer la concurrence ou de s’approprier des plus-values exceptionnelles. Ces puissances ayant la main mise sur ces métaux ont aussi, en interne une demande grandissante pour ces substances et préfèrent privilégier leur marché national afin de créer des champions au niveau mondial. La concurrence pure et parfaite n’existe pas et encore moins pour les substances qualifiées de « rares ».
Avec une croissance économique mondiale qui continue à croitre, les transitions énergétique et numérique ainsi que la création d’une classe moyenne dans les pays en voie de développement (qui vont adopter les modes de consommation des pays du Nord), on assiste à une explosion de la consommation mondiale de métaux rares. Guillaume Pitron (2018), dans son livre de référence « La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition énergétique et numérique », cite Olivier Vidal, chercheur du CNRS. « Pour les éoliennes, d’ici à 2050, il faudra 3200 millions de tonnes d’acier, 310 [millions de tonnes] d’aluminium, 40 [millions de tonnes] de cuivre ». Afin de poursuivre le développement des énergies renouvelables, il va être nécessaire de creuser les sols de manière intensive. Le point qu’Olivier Vidal levait, et que Guillaume Pitron soulignait, est que ces nouvelles technologies utilisent davantage de matières premières pour fournir la même quantité d’électricité.
Guillaume Pitron démontre dans son livre l’inadéquation entre une partie du monde poussant pour aller plus loin, plus vite dans la transition, tandis qu’en face les négociants et experts du marché des métaux préviennent des risques de pénurie.

B/ Un marché inélastique

L’image ci-dessous provient du site « La Compagnie des Métaux Rares SA ». Elle représente bien le fait que les métaux rares ne sont que des sous-produits des métaux de base. Or, lorsque l’on regarde les quantités, on peut comprendre que l’élasticité des métaux rares n’est pas la même pour tous. Ainsi le cobalt, sous-produit du nickel et du cuivre représente environ 0.5 % de la production totale du cuivre et du nickel réunie. En cas d’augmentation des prix du cobalt, il y aura un impact sur le prix du nickel ou du cuivre plus important que pour d’autres métaux rares. L’élasticité-prix (variation du prix par rapport à la quantité) du cobalt est plus importante que beaucoup d’autres métaux rares qui ne peuvent pas impacter les métaux dans lesquels ils sont contenus. Par exemple, le rhénium qui est utilisé dans les superalliages de réacteur d’avion représente 0.00225 % de la production totale de cuivre. Une hausse de la demande du rhénium n’impactera pas la production du cuivre. L’élasticité-offre de ce métal est trop faible. Ce qui augmente le risque de pénurie à court terme.
L’intérêt de l’élasticité-offre est de répondre au risque de pénurie. L’idée sous-jacente est, qu’en cas de forte demande du marché sur un métal rare qui représente une part « importante » dans des métaux de base, ce dernier va affecter le métal dans lequel il se trouve et donc, faciliter la mise en exploitation de nouveaux gisements non rentables auparavant.
En clair : même une hausse exponentielle des prix du rhénium, qui est un produit lié à l’extraction du cuivre mais dans la proportion de 0,00225 %, ne suffira pas à rendre rentable la mise en exploitation d’une mine de cuivre à plus faible teneur.
Photo 1 : Provenance des métaux rares
Image 11
Source : La Compagnie des Métaux Rares
Dans la cartographie des risques de métaux, les entreprises doivent avoir la capacité de visualiser l’importance des métaux rares qu’elles utilisent et l’impact potentiel sur les métaux les contenants.
Le développement de pratique de veille et d’intelligence économique (business intelligence) en entreprise est indispensable pour prévoir les évolutions et risques des marchés. À travers cette pratique très utilisée en Asie, l’entreprise aura une vision claire, par métaux, des risques de pénurie.
Combiner l’élasticité de l’offre des métaux rares avec des stratégies d’intelligence économique afin de prévoir les nouveaux entrants sur le marché et l’impact de la demande sur la production de certains métaux permettrait à l’entreprise d’adopter une vision à long terme.
La particularité de ce marché est que la demande aussi est inélastique, car substituer un métal rare est compliqué, prend du temps et s’avère inenvisageable à court terme. De plus, ces métaux rares sont de plus en plus utilisés dans différents produits technologiques. L’intensité concurrentielle à l’achat s’en trouverait ainsi renforcée.
Par exemple, dans Les Échos, (Mercredi 29 janvier 2020, Le palladium affole tous les compteurs), la rédaction soulignait l’impact qu’une pénurie de ce métal aurait sur le secteur de l’automobile.
En janvier 2020, le palladium a franchi la barre des 2500 dollars l’once ce qui représente une augmentation de plus de 20 % depuis le début de l’année. Le palladium est utilisé dans sa quasi-totalité par le secteur de l’automobile et ce, afin de fabriquer les catalyses des pots d’échappement pour capter les gaz sortants et respecter les normes antipollution.
Depuis 8 ans, la demande de palladium dépasse l’offre. « Sur les quinze dernières années, la production de palladium a baissé d’un million d’onces, ou 12 %, tandis que les besoins ont progressé de 4 millions d’onces, ou 57 % » selon les analystes d’UBS. (Le palladium vient des mines de nickel ou de platine d’Afrique du Sud ou de Russie)
Étant donné que le palladium est utilisé à un seul usage spécifique dans l’automobile et a un impact limité sur le prix final, l’augmentation de son prix ne peut pas enrayer la vente de voiture et donc diminuer la demande du métal.
Enfin, le développement de substitut parmi les platinoïdes, représente des investissements importants en R&D pour des effets potentiels à moyen terme.
Les avions de combat utilisent la quasi-totalité des métaux critiques. En effet, les alliages ou superalliages qui sont créés comprennent tout un ensemble comme le chrome, le cobalt ou le molybdène. À côté de cela les systèmes optiques, de communication ou capteur comprennent du gallium, germanium, cadmium et niobium. Tous ces métaux sont cités comme critique par la Commission Européenne.
On peut souligner que les choix technologiques effectués par les constructeurs aboutissent à l’utilisation d’une multiplicité de métaux critiques. L’Eurofighter contient deux fois plus de composites que le Rafale, ce qui le rend beaucoup plus sensible à d’éventuelles pénuries.
Les décisions de conception déterminent donc directement le risque d’approvisionnement des produits. Les choix de conception et de matériaux en amont doivent anticiper, grâce à une démarche de projection sur les aléas potentiels des marchés de métaux rares, les risques d’approvisionnements. Les programmes d’avions militaires s’étendent sur des décennies et leur utilisation peut durer 40 ans. Le programme dans sa totalité dépasse le demi-siècle. En sachant que des réparations, des changements de pièces, des régulations sont nécessaires ou apparaissent, les constructeurs doivent choisir méticuleusement les matériaux utilisés. Sur de telles questions, des équipes mêlant ingénieurs et acheteurs font sens. Le développement de nouveaux produits techniques doit être transversal dans les entreprises.
L’importance d’un partenariat stratégique sur les questions de métaux rares est primordiale pour les grands groupes industriels. Le numéro un mondial du titane, VSMPO Avisma (Russie) et l’avionneur américain Boeing ont prolongé jusqu’à la fin de 2022 le contrat sur la production de pièces en titane pour les avions commerciaux de Boeing. Environ 40 % de la consommation de titane de Boeing venait de VSMPO en 2014. Boeing a créé un partenariat solide sur cette question. Mais le spectre des risques est large, un embargo américain contre la Russie serait terrible pour la filière aéronautique, en particulier Boeing.

II/ Les directives concernant les minerais issus des zones de conflit

A/ La section 1502 du Dodd-Frank Act

La question de l’approvisionnement en métaux dans certains pays politiquement instables a émergé depuis plusieurs années. Les États-Unis ont été les premiers à mettre en place une régulation sur cette question. Il s’agit du Dodd-Franck-Act section 1502. La section 1502 du Dodd Frank Act, texte qui a modifié le système financier américain, porte sur l’achat de minerai en République Démocratique du Congo. Le texte demande aux entreprises américaines de signaler que leurs produits contiennent des minerais en provenance de la RDC. La loi a été signée par le président Obama en juillet 2010 et la SEC a publié les règles et régulations de ce texte en août 2012. Les entreprises américaines cotées en bourse se devaient de pratiquer de la transparence dans leur Supply Chain pour leur approvisionnement en étain, tungstène, tantale et or provenant de la République Démocratique du Congo. Il devrait y avoir un effort de traçabilité des minerais. La complexité de cette loi est telle que la plupart des entreprises concernées n’étaient pas importatrices directement de ces matières, mais les retrouvaient dans des produits semi-finis qu’elles achetaient une fois ces minerais fondus, la plupart du temps en Chine. En cas de provenance de minerai de la RDC ou d’un pays voisin, les entreprises américaines se devaient de rendre un rapport détaillé avec des audits internes et externes. Lors d’une discussion avec un acheteur d’un grand groupe d’équipements informatiques, celui-ci reconnaissait qu’ils n’avaient aucune idée d’où provenaient les métaux inclus dans les produits.
Le Dodd Frank Act 1502, n’est pas une réelle menace pour les entreprises américaines, car aucune sanction ne sera prise si l’approvisionnement permet in fine de blanchir ou d’enrichir des groupes militants ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. REMERCIEMENTS
  6. INTRODUCTION
  7. Chapitre 1. LES MÉTAUX RARES
  8. Chapitre 2. LES TERRES RARES
  9. Chapitre 3. LES ENJEUX INTERNATIONAUX
  10. Chapitre 4. LA FILIÈRE DU RECYCLAGE, SOLUTION POSSIBLE POUR L’APPROVISIONNEMENT EN MINÉRAUX ?
  11. CONCLUSION GÉNÉRALE
  12. TABLE DES ANNEXES
  13. BIBLIOGRAPHIE
  14. TABLE DES MATIÈRES