Ivre de spleen
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Ivre de spleen

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Ivre de spleen

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Fruit de longues mĂ©ditations, Ivre de spleen narre les pensĂ©es et la vie d'un homme confrontĂ© Ă  une solitude forcĂ©e et essentielle. Entre dĂ©lires mĂ©taphysiques et mĂ©galomaniaques, il se raconte Ă  travers sa psychĂ© fissurĂ©e et la vie intĂ©rieure qu'il dĂ©veloppe consĂ©quemment. Son objectif est de trouver son salut par la narration de ses blessures et de ses joies. Un rĂ©cit Ă©difiant sur le pouvoir de l'esprit qui pense, rĂȘve et fantasme quand il n'y a plus rien autour et qu'il faut remplir le vide urgemment afin de ne pas sombrer dans le dĂ©sespoir.

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Informations

Année
2021
ISBN
9791037740694
Karim Ben Abdallah
Ivre de spleen
Roman
Image

© Lys Bleu Éditions – Karim Ben Abdallah
ISBN : 979-10-377-4069-4
Le code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement rĂ©servĂ©es Ă  l’usage privĂ© du copiste et non destinĂ©es Ă  une utilisation collective et, d’autre part, sous rĂ©serve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiĂ©es par le caractĂšre critique, polĂ©mique, pĂ©dagogique, scientifique ou d’information, toute reprĂ©sentation ou reproduction intĂ©grale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette reprĂ©sentation ou reproduction, par quelque procĂ©dĂ© que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnĂ©e par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle.
À mon cousin, Achref Achich, sans qui rien n’aurait Ă©tĂ© possible. Du fond du cƓur, merci.
Je ne sais vraiment pas quoi dire. Il y a si peu de mots pour dĂ©crire ce qui se passe Ă  l’intĂ©rieur. Trop souvent, l’injustice, la rĂ©volte et la frustration obscurcissent l’esprit, comme une nuit Ă©toilĂ©e recouverte par les ombres des dĂ©mons. La seule beautĂ© qui subsiste est dans les paroles d’une belle chanson, de CĂ©line Dion et Barbara Streisand, que je fredonne dans mon esprit et qui Ă©lĂšve mon esprit. En fait, il y a tellement de choses Ă  dire, comment tout a commencĂ© et comment tout se terminera. La fin des mondes.
Dans son cagibi en quartier bourgeois, dans sa mansarde louĂ©e deux fois rien, il n’a plus d’argent, se nourrit de pĂątes, le silence est rare, il habite prĂšs d’une Ă©cole oĂč vrombissent les voitures et les autocars Ă  travers ses minces fenĂȘtres qui ne sauraient le protĂ©ger des ondes sonores puissantes de la rue. Il lit, fume, se recueille, et la journĂ©e se dĂ©roule comme un tapis de soie, un long fleuve tranquille, il ne se mĂȘle pas des affaires des hommes, car quiconque s’aventure dans ce monde moderne tombera dans la ruse, le mensonge, les gens qui parlent derriĂšre le dos, s’engager en couple, c’est jouer le rĂŽle du mĂąle dominant sur une femelle qui ne comprend pas grand-chose Ă  la virilitĂ© si ce n’est une image de puissance, d’équilibre et de protection. Or, lui a une mission spirituelle tout en douceur et sans vexation, il se construit malgrĂ© lui dans une profonde douceur, sous la protection d’Allah, en plus, les femmes travaillent, la confrontation avec le monde les a endurcies, elles ont perdu leur fĂ©minitĂ©, donc, bref, il ne se retrouve pas dans tout ça. Il prĂ©fĂšre vivre seul et cultiver ses valeurs, peut-ĂȘtre qu’un jour Dieu mettra sur son chemin une femme qui reconnaĂźtra sa douceur et son humilitĂ©, et la beautĂ© limpide de son amour pour la vie, son profond respect pour tout ce qui est vivant, son Ă©thique, qui s’il s’en montre digne un jour portera ses fruits. Croiser l’altĂ©ritĂ© est trĂšs troublant, surtout quand elle est superficielle, avide et assoiffĂ©e, et quand elle ne croit fermement qu’en une vie, tout est trop pressĂ© et ne prend pas le temps de la dĂ©tente, il faut que ce soit intense, que ça cogne un peu, c’est trop passionnel et violent, comme un jaillissement d’un geyser. En plus, il faut se montrer intĂ©ressant, attirer l’attention, personne ne laisse le temps faire son Ɠuvre, qui l’a fait quand mĂȘme, mais sans patience, dans l’impatience. Il n’empĂȘche qu’il est sans cesse harcelĂ©, car il ne vit pas seul, il a un colocataire qui vient parfois l’interrompre pour un coup de tĂ©lĂ©phone d’une femme folle de lui car il accomplit tous ses dĂ©sirs, qui ne prĂȘte pas vraiment attention Ă  lui, mais plutĂŽt Ă  ses parties gĂ©nitales, trop vieille pour se mettre en quĂȘte d’un autre mĂąle avenant. Combien de fois il a senti son esprit prĂȘt Ă  s’envoler, mais la crainte d’ĂȘtre interrompu fut plus forte ? En tout cas, son tĂ©lĂ©phone Ă  lui est coupĂ© depuis belle lurette. Il fuit les hommes. Il n’aurait jamais dĂ» sombrer dans la fornication, elle n’attire que des malheurs. Elle que l’on prĂŽne comme libertĂ©, comme libĂ©ration de l’ĂȘtre, n’est en fait qu’un asservissement. Il a maintenant du mal Ă  s’en libĂ©rer.
Les sphĂšres cĂ©lestes s’échappent, comme Ă  leur habitude, insaisissables, le mouvement de l’ñme est entravĂ©.
J’ai peur d’ĂȘtre interrompu sans cesse, mon cerveau ne connaĂźt pas le repos. Je suis sorti, j’ai entendu de drĂŽles d’histoires, puis je suis rentrĂ©. J’ai fait l’amour deux fois en deux jours et je me pose des questions. Si un jour mes actions porteront leurs fruits, je me sens comme un prisonnier moderne, en fuite de la sociĂ©tĂ© qui a voulu me corrompre pour toujours. Je me souviens, tout Ă©tait si froid, si rationnel, que je n’en pouvais plus, mes sentiments ont fait leur apparition. Ce fut assez violent, comme un geyser. C’était soudain. Je dĂ©couvre que mon ĂȘtre contient de l’amour. Et que celui-ci jaillit de ma personne pour illuminer la terre, sur un bout de papier, j’écris en transe, en voyage dans un autre monde. Dans des bars, dans des cafĂ©s, je me balade dans la ville. Je me crois seul, sans que personne ne vienne me dire quoi faire. J’aimerais tellement que mon esprit se rĂ©veille, que j’épouse ma solitude et que l’on ne vienne pas me dĂ©ranger, que rien ne vienne contrarier mes dĂ©sirs, car c’est lĂ  toute la vĂ©ritĂ©, ce sont des dĂ©sirs purs comme des flĂšches enflammĂ©es qui viennent rĂ©chauffer les Ăąmes. Ce que je peux dire Ă  un candidat Ă  la libĂ©ration de soi, c’est de croire en Allah. Il donne des coups de main, il nous aide parfois. Enfin donc, tout Ă©tait trĂšs froid. L’illumination m’a saisi dans les villes brutales, mon Ăąme s’est rĂ©vĂ©lĂ©e trĂšs douce malgrĂ© la brutalitĂ© extrĂȘme dont j’ai fait l’objet. Je me suis senti trĂšs longtemps Ă©touffĂ©, sans air, sans espace pour exprimer mes sentiments, je me suis longtemps enfoncĂ© dans le paraĂźtre, je ne faisais attention qu’aux apparences. Et puis j’ai commencĂ© Ă  embellir, et j’ai senti mes sens s’éveiller au contact de la poĂ©sie, j’ai senti quelque chose de profondĂ©ment enfoui faire surface, comme une graine ancestrale et mystique d’oĂč jaillit le feu sacrĂ©, qui illumine le corps et l’esprit, comme une fulgurance spirituelle, comme une protubĂ©rance solaire. Je me souviens, j’étais avec des amis, et quelque chose en moi s’est dĂ©sinhibĂ© avec l’alcool et la conversation intelligente. Mon Ăąme a commencĂ© Ă  chanter, Ă  saisir les mots et Ă  insuffler dedans un souffle, mes paroles restaient lĂ©gĂšres mais prenaient du poids. Je me servais de mon interlocuteur pour orchestrer une Ă©lĂ©vation spirituelle. Comme toujours. Les intelligences se croisaient, croisaient le fer. Puis se prenaient les unes dans les autres pour s’enlacer et oublier la guerre, et oublier les chocs qui Ă©mettaient des lumiĂšres. Il a rĂ©ussi, il a illuminĂ© la terre pendant deux mois, une course contre la montrer pour recueillir le jus cĂ©leste de ses nerfs fatiguĂ©s et dopĂ©s Ă  l’extase et Ă  l’amour. Mais tout s’est Ă©vanoui, comme une scĂšne sylvestre dans les bois, avec des nymphes et qui s’efface au matin. Parfois, il a l’impression d’avoir des ailes, un peu estropiĂ©es ces temps-ci.
C’est l’histoire d’une mĂšre qui cherche la fusion avec son fils. Elle empiĂšte sans cesse sur son intimitĂ©. Il dĂ©cide alors de la tuer pour exister. (Comme dans le film 7Ăšme art oĂč la mĂšre, interprĂ©tĂ©e par Balasko, est Ă©touffĂ©e par son fils homosexuel qui signe lĂ  sa premiĂšre Ɠuvre d’art.)
Dieu dit : « Quand tu as un but et que tu es obstinĂ©, tu ne prĂȘtes plus attention Ă  rien d’autre que ton but. Et il se peut que tu sois atteint de symptĂŽmes qui s’apparentent aux symptĂŽmes dĂ©pressifs. »
Quelle Ă©trange et douce nuit ! Les anges chantent pour les maux de la terre, mais le principe de rĂ©alitĂ© est toujours aussi dur. Dieu n’épargne personne, il nous met peut-ĂȘtre Ă  l’épreuve pour savoir qui d’entre nous est vĂ©ridique. Mais tout de mĂȘme, j’aimerais retrouver la spontanĂ©itĂ© enfantine de nos visages endurcis par le crime, car nous sommes tous des criminels en puissance et en fait, ayant tous commis des pĂ©chĂ©s, que Dieu nous pardonne. Par delĂ  le bien et le mal, je me situe. Peut-ĂȘtre qu’un jour les consĂ©quences s’abattront comme des oiseaux de mauvais augure qui ont finalement trouvĂ© une victime Ă  dĂ©pecer, un cadavre Ă  ronger, affaibli par la faim et la soif, affaibli par les moqueries et les reproches (qui ne mĂšnent Ă  rien, sinon la colĂšre, la vexation et les frustrations). Peut-ĂȘtre qu’un jour, mais ce jour arrivera pour sĂ»r, rien n’est impuni. Que Dieu nous sauve et nous remette sur le droit chemin. Ce soir, j’ai suivi un signe de Dieu qui m’a recommandĂ© de voir une connaissance. TrĂšs sympa, il m’a qualifiĂ© d’ami en devenir. Nous avons bien dĂźnĂ©, le tout arrosĂ© de biĂšre dont une qui nous a Ă©tĂ© offerte. Le restaurant Ă©tait trĂšs sympa, nous avons fait connaissance du cuisinier. On est ensuite parti place du Luxembourg, la biĂšre gratuite en main, pour nous nicher dans un bar frĂ©quentĂ© par les eurocrates, empli de jeunes filles bien fringuĂ©es, bourgeoises ou d’origine modeste. Nous avons rencontrĂ© plein de monde. Je me suis prĂ©sentĂ© comme Ă©crivain et l’on m’a fĂ©licitĂ© pour mon prix littĂ©raire. J’ai menti avec aise, sans que mon cƓur en souffre, pris dans le courant d’empathie gĂ©nĂ©reuse des repĂšres de mes conversations. On s’est ensuite dirigĂ© vers la porte de Namur en passant par oĂč habite mon ami. J’ai croisĂ© notre voisin ami de mes parents, l’air sĂ©rieux et ambitieux, avec une profondeur dans le regard qui montre le degrĂ© de sa rĂ©ussite sociale. On a ensuite atterri Ă  porte de Namur, MatongĂ©, les cafĂ©s congolais et la musique africaine Ă  plein le nez de leur sueur odorante et exotique, pour enfin arriver Ă  un cafĂ© dans une ruelle, pignon sur une rue en forme de banniĂšre isocĂšle, pour rencontrer deux filles et finalement un mec irlandais, chauve, et fort sympa. On a bien discutĂ© et bien rigolĂ©, on a mĂȘme eu droit Ă  une dĂ©monstration anglophone rappĂ©e sur le marchĂ© de la musique hip-hop par cette fille rwandaise fort mignonne et forte de sa frĂȘle personne. On s’est finalement sĂ©parĂ© vers une heure et demie, eux allant dans un cafĂ© voisin, l’athĂ©nĂ©e, moi me dirigeant vers le bus nocturne qui sillonne la ville Ă  des heures indues et des horaires fantomatiques. En attendant le bus, un bus plein de fĂȘtards et de corps moulants en uniforme de super hĂ©ros passe par l’arrĂȘt, faisant jaillir la lumiĂšre de ses boules disco sur le ciel halogĂšne des champs ÉlysĂ©es de Bruxelles. La scĂšne me faisant rire, elle fait aussi rĂ©agir un jeune homme qui attend le mĂȘme bus que moi. Alors, on tape la discute, se dĂ©couvre des amis communs, une destination commune, bref, on est voisin, et il est super sympa. Je rentre Ă  pied, et l’accueil de la maison fut plutĂŽt bon, grinçant lĂ©gĂšrement, mais pas au point de devenir sinistre et incommodant, je parle Ă  mon pĂšre, je lui raconte tout comme une madeleine qui s’effondre, je bois un verre d’eau, je fume sur le balcon et parle avec Dieu, je mĂ©dite, me recueille aprĂšs cet effort et cette extase de longue haleine, Dieu merci, et je me pose sur le salon devant cet ordinateur bĂ©ni et cette heure exquise. Je rĂ©ponds Ă  un ami qui veut me voir, pour parler de son avenir certainement, et pour partager ensemble un peu de l’amour du monde. Que Dieu nous bĂ©nisse. Ensuite, je ne sais plus ce que je fais.
Un lien tĂ©nu rĂ©apparaĂźt dans ma vie. Je revois son visage au regard dur acier, la mine d’un enfant battu. Ô mon amour, mon doux, mon tendre amour, mon merveilleux amour. Tu es de retour. J’ai oubliĂ© tous les mots que je veux te dire, mais j’ai des Ă©toiles plein les yeux. Ah, la vie ne m’a pas Ă©pargnĂ©e, mon histoire est vertigineuse, mais je te dirai qu’en deux ans, j’ai pu constituer trois Ɠuvres non nĂ©gligeables, et de registres diffĂ©rents, et une nouvelle Ɠuvre est en train de germer, au fil des coups et des joies de la vie. Je n’ai plus assez de tabac pour contempler le beau, j’écoute de la musique ringarde et j’ai peur de deux choses : la psychiatrie et de vivre Ă  la rue si je dĂ©plais. Vois-tu, on a posĂ© un sceau sur mon Ăąme, mais je m’en libĂšre tout doucement. Ah, je revois ton visage. Ce soir, Satan m’a attaquĂ© et j’ai du mal Ă  m’en remettre. Je suis devenu un combattant de la lumiĂšre, je fais jaillir la joie et l’extase, et je combats les mauvaises ombres. Je sais il faut une certaine rĂ©ciprocitĂ© dans nos rapports. Je commence par lĂ . Ta rencontre fut une brĂšve Ă©claircie qui a traversĂ© la trame de mon existence, fugace mais consistante.
Bonjour, Leyla,
Ce soir, j’ai vu un miracle, une lune Ă©teinte, aux couleurs jaune, orange et rougeĂątre, comme si la planĂšte Mars Ă©tait apparue, mais les cratĂšres restent visibles. Je n’hĂ©siterais pas Ă  partager cette expĂ©rience, Ă  quoi l’on rĂ©pondra : « mais vous devez garder ça pour vous ! » À quoi je rĂ©pondrais : « C’est mon instinct de survie que de tout partager sans rĂ©flĂ©chir. » Peut-ĂȘtre qu’avec des meilleures conditions, en dehors de ce chaos, je me rendrai compte, a posteriori, de l’impudeur vis-Ă -vis de moi-mĂȘme, mais je n’en suis pas encore lĂ . L’école a Ă©tĂ© une perte terrible de temps. J’aurais pu laisser mon intuition enfantine me guider, Ă©veiller mes sens dĂ©jĂ  Ă©veillĂ©s, lire des ouvrages de rĂ©fĂ©rence et cultiver mon esprit tranquillement, je lisais beaucoup dĂ©jĂ  Ă©tant enfant, donc j’avais le mĂ©canisme naturellement. Tous les amis que je me suis faits dans cette pĂ©riode ne riment Ă  rien, car ils sont tous enfermĂ©s dans un mutisme de leur personne, qui se poursuit avec les exigences des parents qui ne connaissent pas la misĂ©ricorde et ne pardonnent pas les manquements Ă  la sociĂ©tĂ© stupide. C’est donc le dernier argument qui tombe, celui de la socialisation, il y a donc tout Ă  refaire. L’intuition est l’alphabet de Dieu, comme le dit Coelho, elle est Ă©touffĂ©e, pour empĂȘcher de l’atteindre et de changer rĂ©ellement le monde corrompu. Il y a la psychiatrie, les denrĂ©es rares, et les mĂ©dicaments.
La beautĂ© du monde est saisissante. Les aventures s’enchaĂźnent, les femmes, la fumĂ©e et le bonheur de l’esprit incapable de faire advenir une rĂ©alitĂ© qui s’échafaude petit Ă  petit sans plan particulier. Des mĂ©lodies surtout, et la gloire du jour qui Ă©veille l’esprit endormi, l’amour, le sexe, les cigarettes, la bonne bouffe, le travail aussi. Il Ă©tait une fois, deux amis sĂ©parĂ©s par des mers. L’un s’astreint Ă  une vie de devoir et Ă©touffe son Ăąme, l’autre embrasse son Ăąme et fait jaillir les couleurs comme une fontaine. L’extase et la joie, sĂ©parĂ©es par des mers, ils s’envoient des courriers Ă©lectroniques succincts, incapables de s’unir dans la trame d’existences si diffĂ©rentes. Il s’est mariĂ©, l’autre n’était pas lĂ , occupĂ© Ă  dĂ©crocher les Ă©toiles, Ă  emplir son outre d’un liquide ingrat et brillant, comme une liqueur rĂ©servĂ©e aux vainqueurs qui donnent des Ă©toiles plein les yeux et procure l’ivresse de la vie qui apparaĂźt soudain vĂȘtue de ses plus belles couleurs, et qui lui parle, qui lui transmet une parole divine, et rend le monde palpable comme une chair que l’on palpe Ă  bout de main. SĂ©parĂ©e par des mers, la musique les unit au point que cela brĂ»le la peau, au point que cela devient poignant comme un enfant qui se noie. Il se fait plaisir, son cerveau marche par intermittence, l’harmonie doit jaillir de l’intĂ©rieur mais lui se laisse bercer par des chanteurs qui vendent le rĂȘve. Et Dieu dans tout ça, dans leur cƓur il chante, il laisse apparaĂźtre la substance de vie, les Ăąmes vibrent, chantent, les petites voix se font entendre comme une chorale solitaire dans les trĂ©fonds d’une terre en ruine. Moche laide, pleine d’égoĂŻstes consommĂ©s, qui consomment comme des cochons, et se pavanent dans leur rĂ©ussite prĂ©caire, le suicide guette toujours. Les roues du mĂ©tro dĂ©filent, et n’écrasent personne. La misĂšre nous prend au cou. La pauvre, elle est surmenĂ©e, elle va exploser, pendant un instant, j’ai oubliĂ© son existence, pendant un instant j’ai oubliĂ© que je serais assailli de toutes parts, et que la machine infernale reprendra. Toute l’aprĂšs-midi, ivre, lascif, je laisse pendre le bras dans un courant multi couleurs, et mon bras se chauffe et ressort brillant. Je mets la main Ă  la pĂąte, je suis un orfĂšvre du pain, que je dĂ©core de perles des ocĂ©ans, que je durcis dans le four, pour faire une Ɠuvre d’art incroyable, comme des bananes d’or, je suis l’alchimiste du cƓur qui transforme tout en or, mais je n’ai pas beaucoup de matĂ©riaux sous la main. Dans un domaine prĂ©caire, qui s’en ira, dans quelques minutes, la scĂšne s’évanouira comme une rĂ©union de nymphes et de satyres dans la forĂȘt sylvestre qui s’envole Ă  l’aube. Donc dans cette terre, qui ne laisse pas de rĂ©pit, je m’exprime, je donne ma parole, et la motivation doit ĂȘtre grande, et la perspective de disparaĂźtre prochainement tarit la source. Incapable de s’élever, incapable de dĂ©noncer, pris dans un jeu dĂ©shumanisant qui me laisse pĂąle et livide, le mĂ©dicament n’existe plus. Les effets se sont envolĂ©s, je me gratte la panse avec enthousiasme en attendant mon prochain repas, qui me fera tomber de mon piĂ©destal ascĂ©tique. Ah, je n’aimerais qu’écrire des heures durant, sur mon petit nuage, lĂ -haut, personne ne m’emmerde, et un jour j’exploserai, je m’enflammerai, et le fusible sautera sous la tension Ă©lectrique, et je tuerai quelqu’un et je finirai en prison. Les atomes et les Ăąmes dansent, Ă©perdus d’extase. Un jour, je serai roi et mon royaume dĂ©filera sous mes yeux, je rĂ©gnerai dans l’éther, et j’inviterai le rĂȘve dans la vie, et la vie Ă©ternelle prendra forme sous mes mains, il serait dommage que les rires et les pleurs ne mĂšnent Ă  rien. Ce vieux effrayant m’affirma avec aplomb qu’il ne croyait en rien, qu’il n’y a rien aprĂšs, quelle tristesse indicible qui envahit mon torse Ă  ce moment-lĂ . Donc, je serai roi, sur mon trĂŽne, je parlerai aux donzelles, et ma prose fera de tous des Ă©lus, que le bonheur inonde. La menace est passĂ©e. Parlons du monde.
Hier, alors que j’écrivais, l’émotion me prit. Mon sexe bandait en une Ă©rection pour la vie, chose que je n’ai plus ressentie depuis un bout de temps. Ça, c’est avant que Dieu l’ingrat ne m’assaille de mauvais signes et d’insultes, destinĂ©s Ă  me descendre de mon piĂ©destal. Le monde s’ouvrait Ă  moi magnifique et majestueux, et je pĂ©nĂ©trai ses prĂ©mices, le cƓur purifiĂ©, anarchiste au cƓur pur, sauvage et dessillant, comme une dĂ©claration enflammĂ©e au monde, au soleil surtout, qui dissipe l’ombre et les commĂ©rages, et les mauvais ragots, et les prĂ©jugĂ©s, et les idĂ©es prĂ©conçues, et ce que les gens pensent, pour que ne reste plus le vide de Bouddha en personne, que le monde est un vide vertigineux, ce qui en fait quelque chose de plein. Par le pouvoir de l’émotion, j’écrirais, je ne laisserais plus personne me faire taire, et surtout pas une divinitĂ© inconnue qui regarde la misĂšre du monde sans rien faire. Aujourd’hui est un divorce puissant avec Dieu, qui s’est manifestĂ©, qui m’a attirĂ© Ă  lui gentiment avant de m’assĂ©ner des coups de massue qui m’ont abattu, qui m’ont secouĂ© jusqu’à l’os pour me laisser fragile et dĂ©semparĂ©. Un orgue de guerre, comme si l’URSS envahissait maintenant les rues de Paris, encore une fantaisie sans doute. En tout cas, le divorce est consommĂ©. Je suis allĂ© acheter des cigarettes, des fraises tagada, et du coca, et aprĂšs mon Ă©change avec le libraire, je me suis dit que la normalitĂ© est incroyable, j’en suis ressorti comme aprĂšs un bon bain et que l’on m’a grattĂ© le dos avec une pierre ponce ou avec un gant trĂšs rugueux, qui Ă©pure ma peau de toute la peau morte qui roule en rouleaux, ou comme un masseur exotique qui m’a martelĂ© le dos, jusqu’à ce que j’en eusse les larmes aux yeux, dĂ©barrassĂ© de cette quĂȘte stupide et insensĂ©e, une reconnexion avec le rĂ©el avec tous ses charmes, son bonheur et sa joie spontanĂ©e, dĂ©barrassĂ© de tout, libre, oui, enfin libre et beau, jaillissant comme un geyser tiĂšde et chaud, qui rĂ©chauffe mes jambes comme ce soleil intemporel, comme cette douleur brisante qui dure la nuit et le matin sans trouver le repos ni l’oubli. Assailli sans doute, et mais tout est clair aprĂšs une gorgĂ©e de coca qui arrache la gorge et ravit les papilles, et le vent qui hurle, et le chaos qui pĂ©nĂštre par chaque pore de la peau. Oh, l’écriture n’a jamais Ă©tĂ© aussi belle qu’en temps de troubles, le cerveau d’habitue si enclin Ă  ordonner les harmonies ne se retrouve plus et erre, quand le rideau de la scĂšne est tirĂ©, et que le fleuve rugissant se fait ruisselet.
Il n’y a plus grand-chose Ă  dire, il ne me reste plus que de grandes Ă©tendues Ă  parcourir avec mon imagination sclĂ©rosĂ©e, j’ai toujours Ă©crit dans le chaos et l’intranquillitĂ©, avec pour seule compagnie des voix lasses d’inquiĂ©tudes qui chante leur chant angoissant tandis que je baigne dans quelque chose d’autre de bien plus important. Je me dis que tout part, tout est Ă©phĂ©mĂšre on est des comĂštes cĂ©lestes qui traverse le ciel, l’horizon, de certaines personnes et on y laisse de la poussiĂšre d’étoiles patiemment rĂ©coltĂ©e dans des systĂšmes lointains. Je n’ai jamais cherchĂ© Ă  dĂ©ranger personne. L’engouement, la flamme, la danse, les villes fumantes, les talons qui claquent sur les pavĂ©s, les filles en jupes courtes, le printemps au bord des fossettes, sur des joues qui brillent de fard, des sourires contraints, rien de bien beau, mais avec le temps l’illusion nous pĂ©nĂštre et l’on se retrouve Ă  tout aimer comme il est, Ă  se dire, que le monde est ainsi, oubliĂ© les grands idĂ©aux. Tiens, tiens, les idĂ©aux, ah qu’ils sont grands quand ils sont irriguĂ©s par l’énergie de la jeunesse, et par le dĂ©sƓuvrement, on se prend Ă  rĂȘver de mieux, mais qu’en sait on rĂ©ellement, et puis quand on se mĂȘle Ă  l’homme, ils disparaissent, il ne reste plus que notre instinct grĂ©gaire, tellement heureux de se retrouver avec nos semblables, qu’on oublie les grandes idĂ©es et que l’on tĂąche Ă  ĂȘtre compris. Sauf quelques illuminĂ©s irrĂ©ductibles qui s’isolent sans cesse pour poursuivre leurs chimĂšres pleines de sens. N’en suis-je pas un ? Je ne sais pas, la vĂ©ritĂ©, je viens de renvoyer mon pĂšre dans sa chambre sombre, pour avoir le salon que pour moi. Au lieu de retracer la chronique malheureuse de mon foyer, je veux m’enfoncer dans un onirisme. Ah l’onirisme, les belles de grĂące sur leurs nuages suspendus, ces muses qui touchent de leurs doigts dĂ©licats leur harpe pour en tirer des sons merveilleux, pour en tirer une mĂ©lodie harmonique que les nuages dans leur intrĂ©piditĂ© rĂ©pandent sur la terre sous forme de pluie. CƓur fermĂ© Ă  Dieu mais ouvert Ă  ...

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