Le Tout-monde
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Le Tout-monde

Refuge contre la décolonisation

  1. French
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Le Tout-monde

Refuge contre la décolonisation

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À propos de ce livre

Fanon, combattant pour la libération de l'Algérie, a fait remarquer que où il y a une nation, il doit y avoir une revendication nationale. Quand celle-ci ne se manifeste pas, nous tombons dans un état de confusion néo-libérale universaliste. C'est pourquoi Max-Auguste Dufrénot pense que chez Glissant, dont l'œuvre traite exclusivement de la colonisation, la créolisation qui conduira au Tout-monde est un artifice de celui-ci pour cacher la décolonisation indispensable des Antilles.

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Informations

Année
2021
ISBN
9791037740151

Étapes de la transformation politique de nos pays

1- Résistances de l’Afrique aux colonies
Les peuples des Antilles sont le produit de la rencontre et du métissage partiel de colons blancs, de nègres descendants d’Africains mis en esclavage, et d’autres ethnies arrivées plus tard comme les Indiens des Indes, les Chinois et des apports récents de populations relativement restreintes d’Arabes, Libanais, etc.
Il faut toutefois préciser qu’au départ, les colons blancs, après avoir exterminé les populations autochtones, les Amérindiens (21) ont importé de force de la main-d’œuvre africaine (22).
Dans la colonie il y avait deux races en présence : des Africains réduits en esclavage (AFRES) très nombreux et des colons blancs qui étaient peu nombreux par rapport aux noirs.
Les nègres en arrivant, subissaient ce que les békés, créoles appelaient une créolisation (23).
Parallèlement, il y avait dans les colonies la résistance permanente et multiforme à l’oppression esclavagiste qui se traduisait en général par des révoltes et des empoisonnements de maîtres (24).
Donc les nègres de toutes les colonies ont vécu la même épopée, résistance à l’esclavage.
Deux forces contraires étaient en présence : la créolisation opérée par les colons et la résistance entretenue par les esclaves et même à leur manière par les noirs dits créoles, potentiellement créolisés.
Il est logique de penser que l’identité que se forgeront les populations issues de l’esclavage sera la résultante de ces deux phénomènes.
Un chercheur formé en France, en français, dans une culture française, utilisant les instruments d’analyse que lui a procurés son formatage à l’européenne, peut donner la plus grosse influence à la créolisation en se basant sur les marques de la culture du colon ; mais si l’on connaît la culture des esclaves africains, et que l’on analyse la culture antillaise avec des yeux et le savoir d’Africains, parlant des langues africaines, on voit l’influence primordiale des survivances africaines.
Évidemment, l’analyse à l’européenne trouvera des relais parmi les intellectuels européens, heureux, et les descendants d’esclaves européanisés seront à leur insu les complices du colonialisme, du moins sous sa forme évoluée et moderne.
Nous allons suivre étape par étape les différents évènements qui ont participé à la formation identitaire des Antillais.
a- Résistance sur la terre africaine
Les récits se trouvent largement répandus dans tous les ouvrages écrits par des « spécialistes » européens de l’esclavage.
Même Glissant, dans son roman La case du commandeur, fait s’insurger son héros contre les Africains qui ont vendu leurs frères ; son héros Odono fait état des trahisons séculaires des siens pendant la traite des esclaves (25).
Il ressort de beaucoup d’écrits, à part de rares auteurs, que les Européens recevaient des esclaves des chefs et rois africains en échange de colifichets ; parfois ils parlent aussi de razzias effectuées. Au Congo, par exemple, les Portugais avaient organisé la traite avec des agents à chaque niveau, il y avait les chasseurs, les rabatteurs et les vendeurs (26) et ceux qui achetaient.
Il y a aussi un fait qui doit nous amener à nous poser des questions à la vue de tous ces vestiges de forts que l’on rencontre sur la côte africaine ; ou alors on voit des vestiges de baraquements de façon inopinée sur des plages tranquilles ; par exemple, j’en ai vu une sur la plage de la petite ville côtière de Dénu au Ghana (27).
Ces forts sont des témoignages de la résistance des noirs ; car ils étaient construits pour faire face aux assauts inopinés de rebelles africains contre les envahisseurs. Ce n’étaient pas des constructions de fortune mais de véritables forteresses dotées de pièces d’artillerie. On trouve jusqu’ici les forts d’El Mina, au Ghana (28), d’Arguin, et Saint-Joseph de Galam, au Sénégal (29), de Saint-James et d’Albréda en Gambie (30), dans les rivières du Sud, ceux de Cacheo et de Bissao, sur la côte du Ghana, il y eut plus de quarante forts et loges, comme Takoradi, et Ouidah au Dahomey (31).
On retrouve au Bénin, à Ouidah la même organisation : les métis brésiliens Chacha Ier et Chacha II qui étaient les vendeurs au fort portugais de Ouidah (32).
Et ces lieux où l’on vendait les esclaves ont été érigés par les colons, et les autochtones ont perpétué la coutume après les indépendances, ont érigés en places touristiques : pour Gorée, cela saute aux yeux ; on a fait tellement de propagande pour l’île de Gorée que les Français ont fini par oblitérer le fait que ce n’était pas à Gorée qu’il y avait le plus d’esclaves qui partaient pour le Nouveau Monde mais plutôt à Saint-Louis.
De même le fort de Ouidah est très touristique ; quand j’habitais le Togo, tous les parents et amis qui sont venus me voir là-bas ont eu droit à une visite de Ouidah avant la visite à Abomey, au royaume du Dahomey (33).
Quand vous arrivez à Ouidah, il y a d’abord le temple aux serpents sacrés à visiter ; vous mettez des couleuvres autour du cou ; puis vous allez au musée de Ouidah ; vous y découvrez des objets ayant appartenu aux rois du Dahomey et vous apprenez qu’il y avait connivence entre ces vendeurs brésiliens et les rois du Dahomey.
Mais vous êtes passés sur des sites historiques, sans le savoir, qui se trouvent sur la route menant d’Hillacondji (34), frontière bénino-togolaise, à Ouidah.
Et là où les Africains se laissent avoir, c’est qu’ils ont été longtemps incapables d’écrire leur histoire eux-mêmes ; car, en fait, s’il y eut des vendeurs, il y eut également beaucoup de résistance. Et c’est la raison pour laquelle nous disons que l’épopée des noirs d’outre-Atlantique (1) commence sur le sol africain avant de se poursuivre sur les bateaux et dans les colonies.
Pour étayer mes assertions, je vais relater trois faits que j’ai moi-même « découverts » avec l’aide de mes amis et beaux-parents africains, togolais et béninois.
J’ai séjourné un an au Burkina Faso et seize ans au Togo et j’ai sillonné toute la côte d’Afrique de l’Ouest ; je me cantonnerai au Togo et au Bénin.
Eh bien, dans chacun de ces pays, je peux vous relater des faits de résistance à l’esclavage que vous pouvez aller vérifier.
D’abord au Togo. Je suis allé un jour acheter un hectare planté en maïs dans le petit village de Ahôkpê situé pas loin d’un terrain de l’armée togolaise, au sud du village d’Agouvé (35). Étant curieux de natur...

Table des matières

  1. Étapes de la transformation politique de nos pays
  2. Négritude et théories identitaires
  3. Théorie du Tout-monde
  4. Lutte entre créolisation et résistance,
  5. l’importance de l’épopée