Dissidence  Dissonance
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Dissidence Dissonance

Contre la désinformation sur la guerre d'Algérie

  1. 196 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Dissidence Dissonance

Contre la désinformation sur la guerre d'Algérie

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À propos de ce livre

« Durant les années 1990, la recherche historique concernant la guerre d'Algérie fut touchée par un mal insidieux et malheureusement profond. On vit montrer au créneau une génération d'historiens jeunes et prétendument désinhibés, mais n'ayant rien connu du conflit et n'ayant surtout qu'une trÚs faible idée des passions et des déchirements qu'il causa. Encensés par les media auxquels ils facilitÚrent l'étrange travail de repentance qui a transformé notre pays [...], ils acquirent vite le monopole de la parole publique. Le conflit algérien, c'était eux [...].Le résultat est aujourd'hui confondant. En pleine guerre contre l'hydre islamiste, le conflit en Algérie comme la période coloniale tout entiÚre sont devenus les sources inépuisables d'un procÚs de l'armée française et de la France tout court. Ils nourrissent un acte d'accusation partial. Dans cette historiographie jeune et desinhibée, il n'y a guÚre de préoccupation nationale, ni la crainte d'embellir, fût-ce indirectement, la violence révolutionnaire.»

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Fauves editions
Année
2020
ISBN
9791030217841

1.

Les curieuses méthodes
de MM. Stora et Daum

Benjamin Stora est le « spĂ©cialiste » de la Guerre d’AlgĂ©rie. Il a le monopole des interventions tĂ©lĂ©visĂ©es sur le sujet. Aucun Ă©change contradictoire n’est possible avec lui et tous nos prĂ©sidents rĂ©cents se sont crus obligĂ©s de le consulter. Ses prises de position n’en sont pas moins couramment biaisĂ©es. Ainsi en va-t-il de sa dĂ©claration Ă  la revue Philosophie Magazine N° 06296, page 61 : « Je n’approuve pas la position de Camus sur le refus de la violence anticoloniale. Je crois malheureusement
 que, pour les AlgĂ©riens, il n’y avait pas d’autre issue. ». Nous pensons, nous, qu’un historien n’a pas Ă  adhĂ©rer Ă  telle ou telle dĂ©marche rĂ©volutionnaire. Il lui suffit d’en dĂ©crire le dĂ©roulement, les causes et les consĂ©quences. Le reste relĂšve de l’idĂ©ologie.
 
Pierre Daum a soutenu la thĂšse que les Français d’AlgĂ©rie n’étaient pas tous partis le 2 juillet 1962. Il a affirmĂ© qu’Ils y sont restĂ©s dans la proportion d’un sur cinq, ce qui est, en trĂšs gros, exact. L’auteur en conclut que, pour eux, il n’y eut ni valise, ni cercueil. C’est le titre de son livre. C’est vouloir ignorer que ceux qui restĂšrent furent, eux aussi, frĂ©quemment persĂ©cutĂ©s, arrĂȘtĂ©s, dĂ©pouillĂ©s et chassĂ©s Ă  leur tour.
 
Nos articles ont paru en avril et juin 2014 dans les numĂ©ros 153 et 154 de la revue L’AlgĂ©rianiste.

Préface de Benjamin Stora au livre
de Pierre Daum

Ni valise, ni cercueil (Actes sud)
Le livre de Pierre Daum fournit un exemple de dĂ©sinformation caractĂ©ristique. PrĂ©cisons : la dĂ©sinformation consiste Ă  induire une affirmation ou une conclusion fausse Ă  partir d’une prĂ©misse vraie ou Ă  moitiĂ© vraie.1 Je commencerai par examiner la prĂ©face que Benjamin Stora a cru devoir ajouter Ă  ce livre peu historique. Dans un second temps, je traiterai du corps de l’ouvrage.
Le prĂ©facier a rĂ©ussi Ă  accumuler sur deux pages un faisceau d’approximations et de demi-vĂ©ritĂ©s particuliĂšrement dense. Il Ă©voque une AlgĂ©rie imaginaire diffĂ©rente de celle, brisĂ©e et divisĂ©e, qui Ă©mergea en 1962. Une AlgĂ©rie comme celle que les Pieds-Noirs qui furent obligĂ©s d’y rester auraient souhaitĂ© qu’elle existĂąt : calme, unie, sans rancune, pragmatique. Bref, tout le contraire de celle qu’ils durent affronter, subir et pour finir, fuir.
L’AlgĂ©rie d’alors est curieusement dĂ©peinte comme respectueuse des accords d’Évian. Les Pieds-Noirs rĂ©siduels (Ă©valuĂ©s tantĂŽt Ă  200 000 tantĂŽt Ă  180 000, chiffres discutables et discutĂ©s notamment par Jean-Jacques Jordi2) sont prĂ©sentĂ©s comme voulant participer Ă  l’aventure « d’une autre AlgĂ©rie plus fraternelle, plus Ă©galitaire. » (p.17)
Le livre de Pierre Daum prendrait, selon Stora, le contre-pied d’une idĂ©e reçue trop rĂ©pandue : « Autre idĂ©e reçue que ce livre prend Ă  contre-pied : celle des accords d’Évian Ă©laborĂ©s trop rapidement qui auraient ensuite Ă©tĂ© trahis par les responsables algĂ©riens arrivĂ©s au pouvoir. »3 Certes, chacun peut prendre le contre-pied de tout. Prendre le contre-pied d’une vĂ©ritĂ© historique dĂ©montrĂ©e est aisĂ©, certains le font constamment. Ils vivent dans le dĂ©ni permanent. Le tout, dĂšs lors, est de ne pas se prendre les pieds dans le tapis. Or, c’est ce qui est arrivĂ© Ă  MM. Stora et Daum.
Nous qui Ă©tions en AlgĂ©rie dans l’étĂ© qui suivit l’indĂ©pendance et qui avons Ă©tĂ© tĂ©moins des enlĂšvements, des agressions, des occupations illĂ©gales d’appartements et d’entreprises menĂ©s par les sbires de Si Azzedine puis de la Wilaya 4 dans la capitale, sommes bien placĂ©s pour juger Ă©tranges les affirmations de ces messieurs4.
Quant aux habitants d’Oran prĂ©sents dans leur ville le 5 juillet 1962, aprĂšs qu’ils aient assistĂ© aux enlĂšvements et aux massacres de ce jour-lĂ , leur nombre se rĂ©duisit fortement. Il diminua trĂšs vite car un nouvel exode se dĂ©clencha sur-le-champ. « L’aventure [
] d’une AlgĂ©rie fraternelle et Ă©galitaire » ne tenta que mĂ©diocrement les Oranais. On les comprend.
Examinons de plus prĂšs l’argumentation de Stora. Une affirmation est montĂ©e en Ă©pingle : tous les Pieds-Noirs ne sont pas partis. Juste. Quelque 180 000 des nĂŽtres (conservons ce chiffre contestĂ© que nous ne discuterons pas, faute de temps et d’espace) seraient restĂ©s aprĂšs l’IndĂ©pendance5.
Cette banalitĂ© est prĂ©sentĂ©e comme un scoop sensationnel. Passons. Jusque-lĂ , nous sommes dans le (mauvais) journalisme. La dĂ©sinformation est ailleurs. Elle rĂ©side dans les motivations que l’on prĂȘte Ă  ces personnes. Une phrase est capitale : « Nombre d’entre eux ont voulu tenter l’aventure d’une AlgĂ©rie plus fraternelle, plus Ă©galitaire. » Certes, Benjamin Stora est habile. Il n’attribue pas cette motivation aux « prĂ©tendus » 180 000 Pieds-Noirs demeurĂ©s sur place, il se contente d’une notation plus floue : « Nombre d’entre eux ». Ce qui est aventureux, en l’occurrence, intellectuellement parlant, c’est d’en rester lĂ , de ne rien prĂ©ciser en termes de chiffres ou de proportions. Car, nous dit le prĂ©facier : « Tous les Pieds-Noirs n’étaient pas d’affreux colonialistes attachĂ©s Ă  leurs privilĂšges. » En effet ! Merci M. Stora d’enfoncer le clou, et aussi les portes ouvertes. Sur ce point nous ne saurions vous le reprocher. En revanche, nous ne sommes pas d’accord sur le « nombre d’entre eux ». Nous affirmons, nous, que seule une microscopique minoritĂ© de nos compatriotes fut tentĂ©e par la perspective de servir de porte-coton au FLN. Car, enfin, de qui et de quoi parlons-nous ? Pieds-rouges6,pieds-verts7, rescapĂ©s du Parti Communiste AlgĂ©rien, sectateurs trotskistes en mal de rĂ©volution permanente et toujours trahie, rarissimes porteurs de valises originaires d’AlgĂ©rie, libĂ©raux tendance Chevallier (dont certains, comme J.M. TinĂ©, se retrouvĂšrent Ă  l’ombre en 1964), tels Ă©taient les aventuriers de cette arche perdue d’avance. Ils n’ont jamais fourni qu’une trĂšs mince cohorte de gens trĂšs isolĂ©s au sein de la communautĂ© pied-noire. Ils avaient tout ratĂ© en politique et n’avaient Ă  offrir Ă  l’AlgĂ©rie que de tenter des « expĂ©riences ayant Ă©chouĂ© ailleurs ». (dixit Ben Bella en personne.)
Les prĂ©senter comme nombreux ne serait pas conforme Ă  la vĂ©ritĂ©. Laisser entendre que les 180 000 personnes demeurĂ©es en AlgĂ©rie Ă©taient dans cet Ă©tat d’esprit ne serait pas sĂ©rieux. Aussi MM. Stora et Daum n’ont pas la maladresse de l’affirmer platement. Ah ! ce « nombre d’entre eux », quelle astuce !
Mais, et c’est lĂ  que le bĂąt blesse, la quatriĂšme de couverture du livre, elle, l’affirme carrĂ©ment et benoĂźtement. Je cite : « 200 000 pieds-noirs ne sont pas partis aprĂšs l’étĂ© 62, et ont fait le pari de l’AlgĂ©rie algĂ©rienne ». Petits farceurs ! C’est faux, entiĂšrement faux.
Le titre mĂȘme du livre, Ni valise ni cercueil, suggĂšre qu’aucun des EuropĂ©ens restĂ©s en AlgĂ©rie n’eut Ă  souffrir le triste sort que ces quatre mots rĂ©sument. Pourquoi ? Parce que le titre figurant sur la page de couverture du livre accentue l’effet d’optique qu’induit ou que tente d’induire cette suggestion : Les Pieds-Noirs restĂ©s en AlgĂ©rie aprĂšs l’IndĂ©pendance. n’ont connu ni valise ni cercueil. Vous avez bien lu : ce sont les Pieds-Noirs restĂ©s aprĂšs l’IndĂ©pendance et non pas certains Pieds-Noirs, ni mĂȘme d’ailleurs nombre de Pieds-Noirs. Ce sont les Pieds-Noirs, ils n’ont connu ni valise, ni cercueil. L’article dĂ©fini est inclusif, il renvoie Ă  la totalitĂ© du groupe. LĂ  gĂźt le liĂšvre, lĂ  est la dĂ©sinformation. Nous nous inscrivons en faux. L’immense majoritĂ© de ceux qui restaient ne faisait aucun pari. Ils Ă©taient coincĂ©s. Ils se rĂ©partissaient pour l’essentiel dans les catĂ©gories suivantes :
- Fonctionnaires n’ayant pas obtenu leur mutation et contraints d’attendre pour l’obtenir ;
- Chefs d’entreprise, artisans, petits commerçants soucieux d...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Avant-propos – Relever l’histoire
  6. 1. Les curieuses méthodes de MM. Stora et Daum
  7. Préface de Benjamin Stora au livre de Pierre Daum
  8. 2. AlgĂ©rie 1956 : l’embuscade de Palestro vue par RaphaĂ«lle Branche
  9. 3. L’OAS vue par Sylvie ThĂ©nault
  10. 4. Sylvie ThĂ©nault et les disparus de la guerre d’AlgĂ©rie
  11. 5. Le cas significatif du film Hors-la-loi
  12. 6. Affaire Audin : de multiples interrogations demeurent
  13. Postface – Quarante annĂ©es de lutte pour faire reconnaĂźtre le drame des Français disparus en 1962
  14. TABLE DES MATIÈRES