Marie-Louise Taos Amrouche
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Marie-Louise Taos Amrouche

Passions et déchirements identitaires

  1. 488 pages
  2. French
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Marie-Louise Taos Amrouche

Passions et déchirements identitaires

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À propos de ce livre

NĂ©e en 1913 d'une famille kabyle chrĂ©tienne d'AlgĂ©rie, Marie-LouiseTaos Amrouche est considĂ©rĂ©e comme l'une des premiĂšres Ă©crivaines algĂ©riennes de langue française.Celle qui fut la soeur du poĂšte et journaliste Jean Amrouche, la maĂźtresse de Jean Giono et l'amie d'AndrĂ© Gide s'installe Ă  Paris, oĂč elle publiera quatre romans et un recueil de contes, largement autobiographiques, et animera plusieurs Ă©missions radiophoniques. DouĂ©e d'une voix exceptionnelle, elle est Ă©galement l'une des grandes voix de la chanson berbĂšre.De Jacinthe noire Ă  L'Amant imaginaire, le sentiment d'exil et de solitude, liĂ©s Ă  sa condition de « transplantĂ©e », trouvent leur Ă©cho dans les textes de Taos Amrouche, tout autant que la difficultĂ© d'exister avec sa singularitĂ© de femme, qui traverse toute son oeuvre. Comment, en effet, vivre ses identitĂ©s multiples lorsqu'on est femme, berbĂšre, chrĂ©tienne et française? En mettant en lumiĂšre la façon dont Taos Amrouche refusa de choisir entre ce qu'elle nommait « les fidĂ©litĂ©s antagonistes », Akila Kizzi rend hommage Ă  celle qui fut l'une des figures majeures de la littĂ©rature fĂ©minine algĂ©rienne, et pose, Ă  travers elle, la question de l'Ă©mancipation crĂ©atrice: que reprĂ©sente l'Ă©criture pour les femmes issues des sociĂ©tĂ©straditionnelles d'Afrique du Nord?

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Informations

Éditeur
Fauves editions
Année
2019
ISBN
9791030217681

PARTIE 1

Généalogie et héritage
de l’écriture francophone
des femmes d’AlgĂ©rie

Chapitre 1

Des femmes et de la société algérienne
pendant la colonisation :
rupture et/ou dissidence ?

Dans l’élan littĂ©raire gĂ©nĂ©ral qui a animĂ© les femmes Ă©crivaines en MĂ©tropole et par le fait colonial, quelques femmes d’AlgĂ©rie, qui avaient frĂ©quentĂ© l’école française et qui avaient Ă©tĂ© en contact avec les Ɠuvres littĂ©raires françaises, ont Ă©mergĂ© sur la scĂšne littĂ©raire. On peut lier historiquement cette Ă©mergence Ă  la pĂ©riode de l’entre-deux guerres. A ce stade, nous pourrions plutĂŽt parler d’individualitĂ©s que de mouvement collectif. En dĂ©pit du statut d’« indigĂšne » et de colonisĂ©, la pseudo prise de pouvoir par l’instruction n’a pas Ă©tĂ© chose aisĂ©e pour ces premiĂšres gĂ©nĂ©rations de colonisĂ©s - y compris la premiĂšre gĂ©nĂ©ration des femmes lettrĂ©es - qui ont accĂ©dĂ© Ă  l’enseignement.
Dans le processus d’instruction, le colonisĂ© est qualifiĂ© de « voleur de feu » par Jean El Mouhoub Amrouche qui avait analysĂ© dans les annĂ©es cinquante l’état du colonisĂ©, en voici un extrait de sa profonde rĂ©flexion sur le sujet :
[...] Mais, Ă  travers la France, ses arts, ses techniques, sa science, son Ă©thique, et son admirable langue, qu’il [l’Africain] assimile avec une aviditĂ© qui ressemble Ă  la boulimie, ce n’est point la France comme nation particuliĂšre qu’il veut s’incorporer : il cherche un dĂ©bouchĂ© sur la mer libre de la culture humaine [
] Faire de la culture française la justification de la colonisation elle-mĂȘme, c’est une imposture et une indignitĂ©. On sait avec quelle prĂ©cautionneuse parcimonie la culture française a Ă©tĂ© dispensĂ©e, et quels obstacles les maĂźtres coloniaux ont dressĂ©s devant elle. On sait moins que ceux des colonisĂ©s qui ont pu s’abreuver aux grandes Ɠuvres sont tous non point des hĂ©ritiers choyĂ©s, mais des voleurs de feu.20
L’accĂšs de l’ « indigĂšne » Ă  l’enseignement et Ă  la fontaine rĂ©publicaine du savoir Ă©tait soumis Ă  d’innombrables conditions et le prix Ă  payer Ă©tait lourd – car cet enseignement avait pour objectif d’effacer son identitĂ© et faire de lui un dĂ©racinĂ© culturel pour qu’il embrasse une autre identitĂ©. Mais l’« indigĂšne » avait quand mĂȘme pris le risque car sans qu’il soit un objectif tracĂ© et dĂ©cidĂ©, son instruction sera une arme dans son combat pour recouvrer sa libertĂ© et sa dignitĂ©. Comme l’écrit Jean Amrouche :
Lorsque le colonisateur français universaliste arrivait au Cambodge, en Afrique noire ou en Kabylie et commençait son enseignement avec une gĂ©nĂ©rositĂ© illusoire en disant : « Nos ancĂȘtres, les Gaulois
 » Il opĂ©rait immĂ©diatement une coupure dans l’esprit de ses Ă©lĂšves. Il enseignait, pensait-il, la civilisation, et rejetait aussitĂŽt dans les tĂ©nĂšbres, non pas extĂ©rieures mais dans les tĂ©nĂšbres intĂ©rieures toute la tradition des ancĂȘtres et des parents [
] Car ce colonisĂ© a reçu le bienfait de la langue de la civilisation dont il n’est pas l’hĂ©ritier lĂ©gitime. Et par consĂ©quent il est une sorte de bĂątard.21
Comment cette Ă©mergence a Ă©tĂ© vĂ©cue par les Ă©crivaines pionniĂšres et comment les gĂ©nĂ©rations suivantes d’écrivaines d’AlgĂ©rie ont repris cet hĂ©ritage.
Conditions socio - culturelles d’une littĂ©rature naissante de femmes
L’observation de l’émergence d’une littĂ©rature est toujours passionnante. L’étude des littĂ©ratures francophones permet justement cette observation, aussi bien de celle des textes que du discours critique qui accompagne cette Ă©mergence. Les premiers textes ont Ă©tĂ© pour la plupart marginalisĂ©s du fait du statut de leurs auteur(e)s et des thĂ©matiques dont ils traitaient.
Le cas des Ă©crivaines d’AlgĂ©rie ne diffĂšre pas du reste des femmes du monde. L’émergence d’une littĂ©rature dite « fĂ©minine » fut trĂšs lente et cela est liĂ© Ă  diverses raisons. Je peux prudemment rĂ©sumer l’essentiel de ces raisons par la non prĂ©paration de la sociĂ©tĂ© autochtone de l’époque Ă  voir des femmes Ă©crire et sortir du silence imposĂ© par la tradition.
Cette Ă©mergence lente est liĂ©e aussi aux conditions de la colonisation française de l’AlgĂ©rie. D’une part, les femmes subissaient le poids des traditions, et de l’autre les affres de la colonisation et l’appauvrissement Ă©conomique et mental auxquels elles Ă©taient soumises. Les femmes Ă©taient doublement colonisĂ©es, pour reprendre les mots du constat de Mostefa Lacheraf : « Asservie par la France et par le mĂąle autochtone, le pĂšre, le beau-pĂšre, l’oncle, le frĂšre, l’époux, le cousin et souvent le voisin.22 » Les Ă©crivaines n’ont pas Ă©chappĂ© Ă  cette position de double discrimination : dominĂ©es Ă  cause de leur statut colonial d’ « indigĂšnes » et de femmes. MĂȘme lettrĂ©es et instruites, elles Ă©taient des « indigĂšnes » comme les autres. On peut parler d’intersectionnalitĂ©23, si on considĂšre que les femmes Ă©taient soumises Ă  des dominations multiples et qu’elles ont pu les contourner grĂące Ă  l’accĂšs Ă  l’instruction. Le fait d’appartenir Ă  une sociĂ©tĂ© rĂ©gie par des codes ancestraux rĂ©ducteurs du « sujet femme » et le silence imposĂ© par les traditions, on peut considĂ©rer ces Ă©crivaines par leur rĂ©sistance, comme des miraculĂ©es et des survivantes Ă  l’ordre patriarcal. Djamila DebbĂšche fut l’une des Ă©crivaines pionniĂšres Ă  dĂ©noncer la double aliĂ©nation qui s’exerçait sur les femmes musulmanes durant la colonisation : « La voix de DebĂȘche se distingua des autres, cependant, puisqu’elle fut la seule Ă  Ă©voquer subtilement la double aliĂ©nation des femmes algĂ©riennes, assujetties par les deux formes d’oppression, coloniale et patriarcale.24 ». En effet, la colonisation avait accentuĂ© ces dominations et s’était activĂ©e pour imposer aux femmes d’autres formes d’oppression pour faire d’elles des « sujets infĂ©rieures » et cela Ă  travers une batterie de pratiques comme la hiĂ©rarchisation des « races ». Afin d’installer son hĂ©gĂ©monie sur les populations colonisĂ©es, l’entreprise coloniale se voyait libĂ©ratrice des femmes « indigĂšnes » du joug des traditions. Les femmes algĂ©riennes Ă©taient exposĂ©es Ă  une double oppression puisqu’elles Ă©taient victimes des pratiques ancestrales et des pratiques coloniales.
PremiĂšres expĂ©riences littĂ©raires de femmes d’AlgĂ©rie
Bien que pionniĂšres dans la littĂ©rature francophone d’AlgĂ©rie, la premiĂšre gĂ©nĂ©ration des Ă©crivaines – en nombre trĂšs limitĂ© – avait mal vĂ©cu son entrĂ©e sur la scĂšne littĂ©raire. Si on doit les situer par leur origine, les spĂ©cialistes de la littĂ©rature algĂ©rienne citent Djamila DebbĂšche – nĂ©e en AlgĂ©rie (1926- 2011), d’origine musulmane – auteure de deux romans, LeĂŻla, jeune fille d’AlgĂ©rie (1947) et Aziza (1955), ce dernier roman a reçu le prix Roberge de l’AcadĂ©mie Française en 1957. Dans ses deux romans, que je considĂšre comme des manifestes fĂ©ministes chargĂ©s de revendications pour les droits des femmes musulmanes, l’auteure fait parler ces femmes et leur donne une voix pour exposer et dĂ©noncer leurs conditions dans une sociĂ©tĂ© traditionnelle et ainsi nommer et mettre des mots sur leurs maux. Les hĂ©roĂŻnes des deux romans – Ă  l’image de l’auteure Djamila DebbĂšche - sont dĂ©crites comme de jeunes femmes « modernes », instruites et libres mais dĂ©chirĂ©es car prises en Ă©tau par les contraintes que leur impose la sociĂ©tĂ© musulmane en ces temps lĂ . Marie-Louise Taos Amrouche – nĂ©e en Tunisie (1913- 1976), kabyle chrĂ©tienne – auteure d’une riche production tant artistique que littĂ©raire. Ses romans sont d’inspiration autobiographique comme Jacinthe noire (1947). Du fait de la date de publication de son premier roman, elle partage le statut de la premiĂšre Ă©crivaine francophone algĂ©rienne avec Djamila DebbĂšche mĂȘme si les critiques signalent qu’Amrouche a achevĂ© son premier roman en 1939 et qu’il n’a pas pu ĂȘtre publiĂ© qu’en 1947.
Dans toutes les anthologies consacrĂ©es Ă  la littĂ©rature algĂ©rienne dite « fĂ©minine », les noms de Marie-Louise Taos Amrouche et de Djamila DebbĂšche sont citĂ©s comme les deux premiĂšres femmes Ă  avoir Ă©crit et publiĂ© en langue française. Les analyses faites sur cette gĂ©nĂ©ration diffĂšrent, certaines les prĂ©sentent comme Ă©tant une gĂ©nĂ©ration de femmes pionniĂšres dans la matiĂšre, une gĂ©nĂ©ration un peu sacrifiĂ©e et oubliĂ©e car leurs Ɠuvres n’avaient pas reçu la reconnaissance espĂ©rĂ©e de part et d’autre. Souvent les deux Ă©crivaines sont associĂ©es au courant assimilationniste car l’aspect fĂ©ministe et Ă©mancipateur de leurs Ă©critures tendait Ă  faire d’elles des perturbatrices de l’ordre Ă©tabli concernant les femmes « indigĂšnes ». A l’image de Djamila DebbĂšche qui a eu un parcours exceptionnel par rapport Ă  l’époque, qui est nĂ©e et a vĂ©cu en AlgĂ©rie, dans une famille musulmane modeste, mais qui s’est tracĂ©e un chemin parmi ses contemporaines europĂ©ennes. En effet, Djamila DebbĂšche Ă©tait la premiĂšre femme journaliste d’origine musulmane qui avait consacrĂ© des reportages par ses nombreux voyages autour du monde pour comparer la condition des femmes musulmanes en AlgĂ©rie durant la colonisation avec le statut des femmes ailleurs. Sa naissance (fille) dans une famille qui l’avait rejetĂ©e25puisqu’elle n’était pas un garçon, avait dĂ©terminĂ© son parcours d’écrivaine fĂ©ministe et son combat pour les droits des femmes. Il est regrettable que le nom de cette femme ne soit citĂ© que pour dĂ©signer qu’elle fut l’une des deux premiĂšres Ă©crivaines pionniĂšres sans vraiment porter d’intĂ©rĂȘt Ă  son parcours intellectuel et Ă  son combat fĂ©ministe. ClassĂ©e comme « assimilĂ©e » par le courant littĂ©raire nationaliste et plus tard par les anthologies consacrĂ©es Ă  la littĂ©rature fĂ©minine26, tout son combat fĂ©ministe fut oubliĂ©27. Son cĂŽtĂ© Ă©mancipateur de femme libre sans contraintes sociales et culturelles (grĂące Ă  l’effort de son grand pĂšre maternel qui l’avait recueillie et Ă©levĂ©e aprĂšs qu’elle fut abandonnĂ©e par son pĂšre qui voulait avoir un garçon.) avait accentuĂ© son isolement intellectuel et sa marginalisation par ses pairs. Pourtant DebbĂšche Ă©tait plus proche du peuple et de ses problĂšmes sociopolitiques, elle con...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Remerciements
  6. Introduction
  7. PARTIE 1 : GĂ©nĂ©alogie et hĂ©ritage de l’écriture francophone des femmes d’AlgĂ©rie
  8. Partie 2 : Marie-Louise Taos Amrouche ou la naissance d’une Ă©criture Tour d’horizon de son Ɠuvre Ă©crite
  9. Partie 3 : Je est une autre : comment se décline la dynamique des devenirs multiples chez Taos Amrouche ?
  10. Conclusion
  11. Références bibliographiques
  12. Table des matiĂšres