Tareq Oubrou, l’Escobar de l’islamisme
(14 juillet 2019)
Il faut être deux pour mentir, dirait Homer Simpson, un pour mentir, l’autre pour écouter. Dans « l’archipel français »[1], cette vieille démocratie usée, abusée et défigurée, il semblerait qu’il faille être trois. Certains médias se prêtent hélas à ce jeu d’intermédiaire. Acteurs ultra-puissants, censés honorer ce quatrième pouvoir démocratique indépendant au service du seul intérêt général et du droit à l’information, ils amplifient occasionnellement bien des escobarderies islamistes, à tel point que l’on ne sait pas s’ils assurent, dans la complicité, un rôle actif de « chiens de garde »[2] de quelques intérêts privés, ou s’ils se plaisent dans un rôle passif, par paresse intellectuelle doublée d’une fascination sinistre pour les « marchands du temple » frérosalafiste. On ne sait s’ils s’arrangent avec la vérité par négligence volontaire, et à l’insu de leur plein gré, ou s’ils relayent par imprudence les mensonges de l’islamisme rompu, à dessein, à la désinformation délibérée.
Tel un sermon funèbre précédant l’inhumation de ce qui reste encore de notre République, tel l’ultime acte politique d’une islamisation en marche depuis plus de quarante ans
[3], la vigoureuse promotion multiforme accordée à l’essai signé par l’islamiste Tareq Oubrou (
),
Appel à la réconciliation, foi musulmane et valeurs de la République française (Plan - 2019), en est témoin. Elle résonne comme un triste chant du cygne dans l’esprit de tout citoyen rongé par ce sentiment d’impuissance face à un État peu enclin à entendre les alertes au sujet de l’islamisme, et qui ne les entend pas du tout de cette oreille. Les «
dix-huit ans de terreur »
[4] que l’islamisme a imposés à la terre entière depuis le 11 septembre 2001, et les 146.000 victimes recensées, parmi desquelles des Françaises et des Français, n’y changent presque rien.
Médias de droite. Médias de gauche. Peu importe en vérité la ligne éditoriale. Tareq Oubrou, presque comme hier lors de l’ascension médiatique de son comparse Tariq Ramadan (
), bénéficie d’une bienveillance coupable. Il y est invité pour livrer «
ses » éléments de langage, souvent sans contradicteur avisé. Le Figaro
[5] comme Le Point
[6], Sud Ouest
[7] comme France 24
[8], Valeurs Actuelles
[9] comme RMC
[10], pour ne citer que ces médias, tous ont participé peu ou prou et à divers degrés à cette opération de communication favorable au projet politique des Frères musulmans en France. Même le site Boulevard Voltaire, souvent classé à l’extrême-droite de l’échiquier médiatique, et qui collabore curieusement, de temps en temps, avec Tareq Oubrou
[11], semble lui aussi séduit
[12]. C’est dire !
Introduction au « juste milieu »
Non ! Tareq Oubrou n’a pas changé. Et si on lisait l’intégralité de cet essai de 360 pages pour en être certain ? Et si on ne commençait pas la lecture à la page 9, comme le veut la coutume, mais à la page 189, correspondant au chapitre 7, qui devrait plutôt faire office d’introduction, ou d’avertissement préliminaire ? Et si on ne recommençait la lecture de l’essai, dans le sens croissant des numéros de pages, qu’après avoir lu ce chapitre en premier ? Il est question de mensonges assumés, de ruses théorisées et de choix prémédités de dissimulation avec son lot de contradictions sous-tendant un texte incontestablement polystyle. Serait-ce un ouvrage collectif ? Serait-ce la synthèse de plusieurs auteurs ? Le doute est permis.
En effet, selon les chapitres et les thèmes abordés, avec plus ou moins de précision, avec plus ou moins d’ambiguïté entretenue, on peut avoir l’impression qu’il est le fruit de plusieurs auteurs, chacun avec son style, réunis dans un collectif à intérêts particuliers et résolument convergents, dont Tareq Oubrou ne serait, en vérité, que la tête de gondole qui fait de l’incohérence une trame, et du mensonge, un argument. Passons sur les plagiats, somme toute anecdotiques, comme lorsqu’il fait sienne cette phrase, sans citer Albert Einstein et sans guillemets, « Dieu ne joue pas aux dés »[13]. Passons sur les traductions orientées de versets qui ont conduit Tareq Oubrou à des conclusions insensées[14]. Ce qui devrait mettre la puce à l’oreille des journalistes, ce sont bien d’autres passages où Tareq Oubrou, s’exprimant en casuiste habitué du grand écart, évoque les vertus du « mensonge pieux »[15] et livre sa conception et son usage de la vérité dans son supposé écrit.
« La sagesse – dit-il – exige de ne pas dire la vérité toujours et à tout le monde. Dieu lui-même n’a pas tout dit. »[16] Plus culotté que lui, tu meurs ! « La vérité est comme un médicament, il y a une dose à ne pas dépasser. Une vérité peut tuer non seulement le corps, mais aussi l’âme. »[17] Il ajoute : « Notre livre lui-même s’est imposé cette éthique : ne pas tout dire, de peur d’être mal compris ou de blesser. La sagesse le commande, même si je risque, déjà, d’en trop dire. »[18] Ailleurs, il écrit : « Nous évitons d’être trop précis, trop carrés et trop frontaux, plus que ne l’exige le problème. »[19] Le lecteur doit alors avaler plus d’une centaine de pages avant de comprendre (ou pas) qu’il s’est fait berner en bonne et due forme. J’y reviendrai.
Une lecture sans concession, sans complaisance, s’imp...