Le jour où l'artiste réveillera le monde

Anne Kieffer

• Éditeur: Fauves editions
• Année: 2019
• ISBN:
  9791030217421
• Sujet: Sciences sociales
• Sous-sujet: Dissertations en sociologie

L'art est un puissant levier de transformation de nos sociétés, l'artiste une figure de proue qui part sans cesse à la conquête de nouveax territoires. A toutes les époques de notre histoire, l'artiste a toujours été au coeur des avant-gardes et le reflet des grandes mutations politiques, économiques, sociales, technologiques et spirituelles. L'auteur décrypte l'influence de l'art sur la société, et nous fait partager sa vision d'un monde idéal sauvé par l'action rédemptrice de l'artiste qui lui apporte un souffle nouveau.

Chapitre 1 : Voyage express dans le temps
et l’espace de l’Histoire de l’Art
et des avant-gardes

On ne peut comprendre l’art contemporain, la mission de l’artiste dans la société et ses apports au quotidien que si on le replace dans le contexte d’une évolution historique qui l’explique et lui donne pleinement son sens.

C’est pourquoi il me semblait nécessaire de rappeler dès le départ quelques notions courantes de culture générale avant d’aborder finalement la manière dont j’envisage le futur de l’art et la relation entre l’artiste et le nouveau monde.

Nouveau monde qu’il nous incombe d’enfanter chacun à notre porte, pour notre salut et celui de l’humanité.

Car depuis l’Antiquité, l’art, concept complexe, a fait l’objet de nombreuses interprétations. Platon (428-348 avant J-C) a même fait de la peinture et de la poésie des « arts mensongers » dans son ouvrage « la République ».

Mais une chose est sûre, l’art a toujours été un moyen de communication, un langage avec ses codes, ses signes et ses symboles. L’artiste a toujours rempli plusieurs fonctions : magico-religieuse, pédagogique, sociale, de propagande, de quête spirituelle.

Ainsi je le définirais par-dessus tout comme un « travailleur de lumière », un « passeur entre le ciel et la terre ».

L’ART PRÉHISTORIQUE ET LE MAGIQUE, DES ARTISTES PRÉCURSEURS

« Ils ont tout inventé ! » : c’est le cri du cœur qu’aurait poussé le génial peintre andalou Pablo Picasso (1881-1973) en visitant la grotte de Lascaux, découverte en septembre 1940 par quatre adolescents de Montignac, en Dordogne.

À travers les dernières recherches des préhistoriens, le caractère précurseur et inventif des peintres et chasseurs nomades de la préhistoire ne fait que se confirmer. La leçon qu’ils nous livrent, en creux, sur l’origine et la construction de notre humanité reste, aujourd’hui encore, d’une brûlante actualité.

Les premières manifestations de l’art préhistorique datent de la fin du paléolithique moyen mais ne prennent une réelle ampleur qu’au début du paléolithique supérieur entre moins 30.000 et moins 12 000 avant Jésus-Christ. Cet art est très diversifié dans ses techniques et ses supports. Il inclût des représentations figuratives animales, des représentations anthropomorphes souvent schématiques ainsi que de nombreux signes. Cet art s’effectue à travers des rituels qui doivent être respectés à la lettre et qui évoluent peu sur plusieurs millénaires.

Il semble que dès l’origine de l’art, celui-ci ait été parfaitement dominé par des hommes qui exprimaient la complexité de leurs mythes sous forme de peintures de grands mammifères, observés au préalable dans la nature avant d’être magistralement figurés sur les parois, au terme d’un projet graphique et artistique rendu possible par une maîtrise technique irréprochable. Il est pratiqué par des chamanes, des hommes médecins, des sorciers qui sous des formes culturelles diversifiées développent des connaissances où s’entremêlent des aspects scientifiques, artistiques et spirituels.

Mais, au-delà de leurs talents artistiques, qui en font une véritable avant-garde surgie du passé, les chasseurs-cueilleurs de la période paléolithique furent aussi les inventeurs de nombreux savoirs et concepts modernes, qu’ils portaient déjà en germe et qui n’ont, par la suite, fait que se développer au fil des millénaires.

Ainsi, la miniaturisation des objets et des composants, qui a conduit à l’essor actuel de la micro-informatique et de ses dérivés numériques : les Aurignaciens, il y a 35 000 ans, se posèrent déjà la question de la limitation de la taille et du poids de leurs objets quotidiens, inventant pour cela les « microlithes », lames et pointes de flèches de quelques millimètres à peine, qui leur permettaient de traverser de vastes territoires avec une réserve lithique moins lourde et encombrante que celle de leurs prédécesseurs. Ainsi ils ont pu investir, au fil de leurs migrations, tout le territoire européen, installant la première culture humaine connue à l’échelle de tout un continent.

Autre innovation profondément humaine remontant à la préhistoire : l’animation et la représentation du mouvement. Les hommes et les femmes du paléolithique ont en effet jeté les bases d’un véritable pré-cinéma, représentant les animaux sur les parois avec des membres démultipliés pour simuler leur course, ou inventant des jouets optiques générant une illusion de mouvement, semblable à la caméra et au projecteur moderne, comme l’ont montré les recherches de Marc Azéma (né en 1967), chercheur archéologue spécialisé dans l’étude de l’art préhistorique, et réalisateur de documentaires cinématographiques, spécialisé dans les nouvelles technologies de l’image (3D, reconstitutions virtuelles de vestiges archéologiques, animations, etc…).

Quant à l’écologie et au développement durable, dont l’humanité du XXIe siècle est contrainte de reconnaître le bien-fondé au risque sinon de mener la planète à sa perte, ne furent-ils pas portés en germe par des hommes et des femmes, parfaitement immergés et adaptés à leur milieu naturel ?

Les grottes d’habitation sont comparables à nos églises et cathédrales où se célèbrent des cérémonies collectives.

La Venus de Willendorf ou les grottes de Lascaux sont des exemples mondialement connus de ce type d’art.

L’ART TRADITIONNEL ET CLASSIQUE, LA RECHERCHE DU VRAI

Au néolithique l’agriculture et l’élevage se développent et avec eux l’écriture et les différentes formes d’art traditionnel et classique. Cet art dit « classique » est produit plutôt par des artisans qui à travers une facture qui reste traditionnelle laisse parfois cours à une expression personnelle. Les Grecs ne faisaient ainsi aucune différence entre l’artisan et l’artiste. En effet, en grec, le mot « art » se disait « tekhné », la technique.

L’art se distingue de plus en plus de la spiritualité et de la science qui s’autonomisent mutuellement. Science, art et spiritualité restent cependant le plus souvent encadrés dans un contexte religieux local et temporel, relativement traditionnel.

L’art recherche l’expression du vrai, de l’ordre, de la puissance. Il est basé sur la sobriété des formes et des effets ainsi que sur l’équilibre. Il est caractérisé par la recherche de l’idéal et de la perfection, l’ordre et la symétrie.

En peinture, le classicisme se préoccupe plus de la recherche du vrai que de susciter l’émotion. Il privilégie le dessin sur la couleur. Une recherche documentaire poussée permet de dessiner les personnages, leurs costumes, les décors au plus près de la vérité. Les contours sont soignés, les détails so...

Table des matières

• Couverture
• 4e de couverture
• Copyright
• Titre
• Sommaire
• À propos
• Introduction
• Chapitre 1 : Voyage express dans le temps et l’espace de l’Histoire de l’Art et des avant-gardes
• Chapitre 2 : Du premier souffle au dernier souffle, l’art comme élixir de vie
• Chapitre 3 : L’artiste miroir de la société pour recréer le monde
• Chapitre 4 : Art et nouvelles technologies, quelles interactions pour repenser demain ?
• Chapitre 5 : L’entreprise du futur ne pourra se passer de l’Art et des artistes pour se réincarner
• Conclusion
• Remerciements