La Démocratie, et après ?
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La Démocratie, et après ?

Vers une nouvelle écologie politique

  1. 236 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La Démocratie, et après ?

Vers une nouvelle écologie politique

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La démocratie, un organisme vivant? Une approche originale qui se propose d'en analyser les mécanismes et les dysfonctionnements.

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Informations

Année
2019
ISBN
9791030217384

VOIR PLUS LOIN

Nous avons dressé le constat des maux qui frappent le modèle démocratique, et conclu sur la perspective inquiétante d’un cercle vicieux qui serait à l’œuvre. Les faiblesses constitutives du modèle sont alimentées par des évolutions externes (liées par exemple au développement d’Internet), et exploitées en interne par les partis politiques qui y voient leur intérêt. Cette évolution est-elle inéluctable, faut-il se résoudre à voir disparaître la forme de gouvernement qui aura accompagné l’humanité dans son accession aux plus hauts niveaux de bonheur collectif qu’elle ait atteint ?
L’ampleur de la question dépasse les prétentions de cet ouvrage. Mais une bonne compréhension des faiblesses qui minent le modèle démocratique, et une analyse des différents facteurs qui ont contribué à son déclin, constituent-elles pour le moins une base de travail pour réfléchir à l’avenir. S’il est vrai que l’incapacité à résoudre les inégalités qui persistent, la déconnexion progressive des élites, l’incapacité à inspirer l’espoir et l’absence d’adversaire extérieur contribuent à ce déclin, on peut focaliser l’étude sur ces différents points. En les conservant à l’esprit on peut chercher dans le moment que nous vivons des occasions de briser ce qui n’est peut-être pas une fatalité.
Mais avant d’évoquer de possibles solutions, les défenseurs du système de la démocratie représentative doivent accepter de porter sur lui un regard lucide. Ce n’est pas en le glorifiant de manière aveugle, ni en diabolisant ses adversaires que le combat sera gagné. Comme on désinfecte une plaie avant de poser un pansement, il semble nécessaire de creuser une part de la critique adressée au système démocratique. On pourra ensuite proposer des pistes pour lui rendre son pouvoir d’attraction.

Un examen de conscience s’impose

Nous avons au début de cet ouvrage montré à quel point la désaffection du citoyen pour la démocratie était paradoxale au vu des multiples preuves de son apparente supériorité sur les autres modèles. Nous avons aussi laissé en suspens la question de savoir dans quel sens jouait la corrélation entre bien-être et démocratie. Lequel des deux entraine-t-il l’autre ? Plutôt que d’essayer de trancher un débat probablement sans issue claire, nous nous contenterons de consolider un peu le doute méthodique. Nous avons dressé une liste d’éléments constitutifs de la démocratie qui, tout en ayant contribué à son développement, ont également préparé son déclin. Mais celui-ci est également accéléré par des évolutions en cours à l’échelle mondiale. La dégradation de l’environnement, les phénomènes migratoires ou le terrorisme, qui transpose au cœur des démocraties des conflits lointains, représentent des menaces qui frappent l’esprit des électeurs. La bienveillance qu’ils témoignent à des dirigeants autoritaires s’explique aussi par le fait qu’ils doutent qu’une démocratie bavarde et tiraillée en interne sache apporter des réponses à la hauteur de ces dangers.
Les menaces que nous venons d’évoquer suscitent de la peur et parfois de la colère, comme expression d’un sentiment d’impuissance. Quand ce type d’émotion entre en jeu, l’intelligence recule et, nous l’avons vu, une approche émotionnelle favorise les votes en faveur des partis populistes et autoritaires. L’électeur n’attend pas qu’on lui explique l’origine de la menace, mais qu’on l’en protège. Une aubaine pour les populistes qui, s’ils sont incapables d’expliquer, ne manquent pas en revanche d’inspiration en matière de murs, d’armes et de stigmatisations. Refuser d’analyser ces menaces dans leur complexité serait leur paver la voie. Pour risqué que cela puisse être d’un point de vue électoral, il appartient aux démocrates de dénoncer les simplifications et d’oser l’explication. Tâche certes ardue dès lors que, dans un monde devenu totalement interdépendant, une part des causes des désordres du monde est à chercher au cœur même de nos sociétés démocratiques. C’est ce que nous appelons un examen de conscience. Nous verrons plus loin comment le bilan de l’action des régimes démocratiques en matière économique gagne à être analysé au-delà de statistiques trop générales. Mais avant cela on peut questionner la supériorité morale dont elles se prévalent peut-être un peu rapidement.
Le classement des pays en fonction de l’émission de gaz à effets de serre par habitant51 montre qui sont les principaux contributeurs du réchauffement climatique. Certes le leader du classement est l’Arabie Saoudite, mais les principaux régimes démocratiques figurent dans les toutes premières places. On notera par exemple que les émissions cumulées des Etats-Unis du Canada et de l’Union européenne représentent plus de 41 % des émissions mondiales pour une population d’environ 10 % de la population totale. Il s’agit des émissions actuelles, nous verrons que les chiffres sont encore plus frappants si l’on y intègre une perspective historique. Or ces émissions représentent une menace pour l’ensemble de la population de la planète, et pas seulement pour celles qui en portent la responsabilité. Probablement moins en fait. Le confort de vie occidental se paye aujourd’hui par une dégradation environnementale qui frappe au premier rang les pays les plus pauvres. Les démocraties sont aujourd’hui extrêmement sensibles au sujet des migrations. Mais, nous le verrons, une part doit sans doute en être attribuée au dérèglement climatique, dans lequel ces mêmes démocraties ont une part de responsabilité prépondérante. Et renversons un instant la situation : quelle ne serait pas l’indignation des populations des démocraties si leur survie même était menacée par le mode de vie égoïste et dispendieux d’une poignée de pays lointains. Nous reviendrons sur ce point.
La Banque Mondiale publie à intervalle régulier un rapport sur la production de déchets dans le monde52. Il en ressort que chaque mois, un occidental produit en moyenne l’équivalent de son poids en déchets. C’est deux fois plus que ce que génère un citoyen de la Chine ou du Brésil et trois fois plus qu’un résident du continent africain. Quand on étudie la carte de la production de déchets par habitant53 on constate immédiatement la corrélation entre quantité de déchets par habitant et degré de démocratie. Naturellement il ne s’agit pas de tenter d’établir une causalité entre les deux phénomènes, la démocratie ne produisant pas mécaniquement plus de déchets que la dictature. Mais il est utile de rappeler aux démocrates (au rang desquels se compte l’auteur de ces lignes) leur contribution spécifique à l’accroissement constant de la masse de déchets à la surface du globe. La même étude montre que les dynamiques à l’œuvre atténueront probablement la part de l’occident dans un futur plus ou moins proche. Mais il s’agira plus de la conséquence d’une exportation par les occidentaux de leur mode de vie qui « contaminera » le reste du monde, que d’une démarche proprement vertueuse des démocraties occidentales.
Le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) publie des statistiques sur les principaux exportateurs et importateurs d’armes dans le monde54. Il ressort de son rapport de 2018 que sur les dix pays responsables de 90 % des ventes d’armes, 8 sont des régimes démocratiques et représentent à eux seuls près de 62 % des ventes totales. Les achats d’armes sont beaucoup plus éclatés que les ventes, il y a bien plus d’acheteurs que de producteurs. Les statistiques sont donc moins frappantes en apparence. Mais on constate tout de même que 51 % des achats d’armes sont le fait de dix pays, dont 30 % (soit près des deux tiers) par des régimes non démocratiques. Encore avons-nous rangé parmi les démocraties l’Indonésie et le Pakistan bien que la solidité de leurs institutions soit aujourd’hui sujette à caution (le chiffre passe à 36 % en incluant ces deux pays). A l’heure de vendre des armes, les démocraties, souvent promptes à défendre des principes humanistes, perdent rapidement leurs scrupules. Que ce soit pour préserver l’emploi, pour se créer une zone d’influence stratégique, ou parfois pour des motifs financiers plus troubles, elles en viennent à trouver fréquentables des pays dont elles dénoncent par ailleurs les violations des droits de l’homme. L’assassinat de Jamal Khashoggi a brutalement mis le sujet sous les projecteurs de la presse internationale en soulignant la brutalité du régime saoudien, qui achète pourtant l’essentiel de ses armes aux Etats-Unis et en Europe (Grande Bretagne, France et Allemagne principalement). Le conflit au Yémen, qui aurait fait plus de 50 000 morts, ne serait guère possible sans l’appui tacite des pays qui en fournissent les armes. Avec les causes environnementales, les guerres contribuent de manière prioritaire aux déplacements de population. Les bénéfices économiques immédiats que les démocraties tirent de leurs exportations d’armement ont sans doute un coût à long terme qui gagnerait aussi à être pris en compte.
Comme vu plus haut, les démocraties pourraient sans doute s’interroger sur la part qui leur revient dans le développement des phénomènes migratoires. Mais elles gagneraient aussi à mesurer la réalité des phénomènes en question. Le Haut Comité pour les Réfugiés des Nations Unies a publié en 2017 son rapport annuel sur la situation des réfugiés dans le monde55. Il apparaît que la somme des personnes déplacées en dehors de leur pays d’origine et des demandeurs d’asile représente 28,5 millions de personnes. 86 % des réfugiés sont situés en dehors d’Europe. Les premiers pays d’accueil sont la Turquie, le Pakistan, l’Ouganda, le Liban et l’Iran. Au Liban, démocratie fragile dans une zone géographique explosive, les réfugiés représentent entre le quart et le tiers de la population totale menaçant d’en déséquilibrer d’abord l’économie puis la société tout entière. En parallèle le Parlement européen fournit des chiffres précis en matière de flux migratoires56 : selon l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes qui collecte des données sur les franchissements illégaux des frontières de l’Union européenne, sur les trois années 2015, 2016 et 2017, le nombre total de franchissements illégaux a été approximativement de 2,5 millions, ce qui, rapporté à la population totale de l’UE qui est de 513 millions d’habitants, donne moins de 0.5 %. Nous reviendrons plus loin sur la place de ce sujet dans le débat politique, mais gardons à l’esprit que les démocraties sont relativement très peu impactées par les phénomènes migratoires, quand leur responsabilité environnementale, militaire ou économique est sans doute significative.
Un autre signe flagrant du double discours des démocraties est celui des paradis fiscaux. Selon l’ONG Oxfam57, Les vingt plus grandes banques européennes réalisent 25 % de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux, soit un total de 25 milliards d’euros en 2015. Ces territoires ne représentant pourtant que 1 % de la population mondiale. Le client français du Crédit Agricole, influencé par le nom, pourrait y voir une banque rurale enracinée dans le terroir. Ce serait ignorer ses 159 filiales implantées dans les paradis fiscaux qui représentent 37 % de ses filiales à l’étranger. Selon la Banque Mondiale, sur l’ensemble des fonds placés dans les paradis fiscaux, environ 40 % seraient issus d’activités délictueuses liées aux mafias et à la corruption. Mais 60 % seraient issus du commerce mondial et en particulier des activités des multinationales dont les principales sont originaires de pays démocratiques. Cette situation difficilement justifiable, certes issue de l’activité d’acteurs privés, est entretenue par les états démocratiques eux-mêmes puisque nombre de ces paradis fiscaux y sont géographiquement localisés (îles anglo-normandes, Luxembourg, île de Man, Andorre, Monaco, Delaware etc.). L’ONG CCFD Terre Solidaire pointait en 201058 que le premier exportateur de bananes à destination de l’Union européenne était… l’île de Jersey. En Europe, cette situation met à nu un manque manifeste de solidarité entre les pays. Dès lors qu’ils les abritent, le sujet des paradis fiscaux provoque embarras et faux fuyants entre les membres de l’UE. Quand il ne s’agit pas explicitement de paradis fiscaux, certains pays recourent au « dumping...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Table des matières
  6. Dédicace
  7. INTRODUCTION
  8. LE RECUL DE LA DEMOCRATIE, UNE MALADIE AUTO IMMUNE ?
  9. QUAND LES CITOYENS REDEVIENNENT DES INDIVIDUS
  10. LES VAUTOURS
  11. VOIR PLUS LOIN
  12. CONCLUSION